coraux : l’Homme responsable de la perte de biodiversité des poissons coralliens

Une étude internationale montre pour la première fois les effets des activités humaines sur l’ensemble des facettes de la diversité des communautés de poissons coralliens du Pacifique Sud

  • 1/ Les récifs coralliens et les écosystèmes associés sont d’énormes réservoirs de biodiversité
  • 2/ Les coraux sont très fragiles …  Ils sont fortement menacés par les perturbations d’origine naturelle ou anthropique.

Si rien n’est fait,en 2050, il ne restera plus beaucoup de récifs coralliens.

coraux

Assemblage de coraux sur la Grande barrière de corail (Australie).@Toby Hudson

Outre le réchauffement de l’eau de mer, d’autres menaces jouent également en leur défaveur:

    • la pollution
    • la surpêche
    • les maladies
    • l’acidification des océans provoquée par les émissions de dioxyde de carbone

L’acidification des océans / IGBP, IOC, SCOR

  • les espèces invasives
  • l’extension des ports et le trafic maritime
  • l’urbanisation des côtes

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=FyVhxyHhSho[/youtube]

Voir le rapport « Reefs at risk revisited  » du WRI (World Resources Institute) sur les risques qui pèsent actuellement sur les coraux des eaux tropicales…

UN BILAN CATASTROPHIQUE :

  • Le réchauffement climatique est la menace la plus importante pour les coraux du monde.

L’océan se réchauffe: une augmentation de la température de l’eau de mer provoque le blanchiment des coraux et leur mort dans 15 à 60% des cas ….

Voir le dossier « Quand l’océan se réchauffe »:

source http://www.reefvid.org

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xjbnn2_le-cnrs-et-les-recifs-coraliens_lifestyle#.UTtTWzdjaXu[/dailymotion]
-Pourquoi les coraux blanchissent-ils ?

Le blanchiment du corail résulte de la rupture de la symbiose algue/corail.

La symbiose est une une coopération avec des bénéfices mutuels entre deux espèces différentes : le corail , animal qui construit le squelette de pierre et une population d’algues spécialisées connue sous le nom de zooxanthelles.

Ces petites algues vivent à l’intérieur du tissu corallien qui recouvre le squelette : non seulement elles sont protégées mais elles y trouvent des nutriments vitaux.

En retour, elles fournissent au corail une grande quantité de composés carbonés qu’elles produisent par la photosynthèse.

Sans cette algue, le corail devient alors très vulnérable et est incapable de survivre.

Une augmentation de la température de l’eau de mer stresse donc le corail et perturbe la photosynthèse des algues… les coraux expulsent ces algues pourtant indispensables à leur survie…;

Marshall, Schuttenberg, 2006.
« Ce phénomène, lié à l’expulsion de l’algue-hôte qui nourrit le corail et lui donne sa couleur, se produit lorsque la température de l’eau dépasse 30 °C durant deux à quatre semaines consécutives…Il reste difficile de prédire comment le corail s’adaptera à la modification des équilibres actuels. » indique Serge Planes, chercheur CNRS au CRIOBE et co-auteur de l’étude parue dans Nature climate change.

  • La pollution et les coraux :

La pollution chimique, due au rejet d’éléments organiques en grandes quantités, issus d’eaux mal ou non traitées, favorise le développement des algues au détriment de coraux constructeurs.

Le rejet de pesticides ou d’herbicides dans le milieu naturel a un impact majeur sur les algues symbiotiques des coraux, nécessaires à leur survie.

Après trois ans d’études expérimentales (de Juin 2009 à Juin 2012 ), le rapport de Global Change Biology est formel :

– les excès d’azote et de phosphore dans l’océan sont impliqués dans les maladies et le blanchissement des coraux .

10 mois plus tard: en ce qui concerne les maladies ou le blanchissement des coraux, après l’arrêt de l’enrichissement en nutriments, il n’y avait pas de différences entre le lot étudié et le lot témoin

Ces données suggèrent également que de simples améliorations de la qualité de l’eau peuvent être un moyen efficace de lutte contre la disparition des coraux

  • la surexploitation des écosystèmes récifaux menace les coraux :

Extraire des coraux vivants ou morts, prélever des poissons ornementaux et d’invertébrés, des poissons de consommation, des produits coralliens et des requins sont des pratiques nuisibles à la survie des coraux :

Une étude publiée dans la revue scientifique PLOS One, le 18 septembre, conclut que la surpêche des requins ( intervenant dans la chaine alimentaire ) fragilise les récifs coralliens déjà menacés par la pollution et le réchauffement des eaux.

  • les espèces invasives : l’acanthaster fait des ravages dans la Grande Barrière de corail. Les facteurs à l’origine de ces invasions sporadiques des récifs par cette étoile de mer sont encore à l’étude en 2013.

coraux Acropora groupe d’acanthasters se nourrissant dans du corail (acropora).@JSLUCAS75

  • l’urbanisation des côtes, l’extension des ports et le trafic maritime constituent aussi une menace …

Dans un rapport récent, l’Unesco pointe également du doigt la mauvaise qualité des eaux de la « Grande Barrière  » .

Les récifs coralliens régressent fortement et continuellement. La disparition des récifs représente aussi une énorme perte de biodiversité, puisqu’ils abritent environ le tiers des espèces marines répertoriées aujourd’hui à la surface du globe.

Les coraux sont en sursis, il est grand temps de prendre des mesures efficaces pour les sauver …

N’oublions pas que, si rien n’est fait , en 2050, il ne restera plus beaucoup de récifs coralliens.

  • 3/ Ces récifs subviennent directement aux besoins alimentaires et économiques de nombreux pays en développement. 

La biodiversité exceptionnelle des poissons des récifs coralliens détermine en partie la biomasse directement consommable par l’homme …

  • 4/ Etude de l’érosion des diversités taxonomiques, fonctionnelles et phylogénétiques des communautés de poissons coralliens.

• Diversité phylogénétique : étendue des gènes et des lignées représentées par les espèces.
• Diversité fonctionnelle : valeur et étendue des fonctions assurées par les espèces.

Le corail, comme refuge pour les poissons© IRD/ Jean-Michel Boré

« Grâce à un échantillonnage de 1 553 communautés de poissons réalisés en comptages sous-marins dans 17 pays du Pacifique Sud (figure 1), les chercheurs ont évalué les niveaux de diversité taxonomique, fonctionnelle et phylogénétique d’un groupe d’espèces exploitées le long d’un gradient de densité humaine allant de 1,3 à 1 705 habitants au km2 de récif.

Ces données socio-écologiques ont été collectées dans le cadre des projets PROCFish et CoFish coordonnés par le Secrétariat général de la Communauté du Pacifique et financés par l’Union européenne.

Les résultats montrent la chute très importante des niveaux de diversité fonctionnelle et phylogénétique, notamment au-delà de 20 habitants au km2 de récif, alors que la richesse en espèces reste très peu affectée le long de ce gradient (figure 2).

Ainsi, lorsque la densité de population humaine atteint 1 700 habitants au km2 de récif, l’impact sur les niveaux de diversité fonctionnelle et phylogénétique (respectivement – 46 % et – 36 %) est plus important que sur la richesse en espèces (- 12 %) … »source CNRS

graphique-densite-humaine© D’agata et al. Influence de la densité humaine sur trois composantes de la biodiversité des poissons coralliens : nombre d’espèces (en haut), diversité phylogénétique (au milieu), diversité fonctionnelle (en bas).

Ces scientifiques ont donc montré que la densité de population humaine avait un impact plus fort sur la diversité fonctionnelle et phylogénétique que sur la richesse en espèces.

« Ainsi, au-delà de la perte d’espèces, l’Homme réduit donc considérablement la diversité des fonctions assurées par les communautés de poissons ainsi que la richesse de leur histoire évolutive… » source CNRS

Voir le communiqué du CNRS  ici: cp_impact_homme_poissons_pacifique