Découverte d’un mode de vie pluricellulaire pour un virus, une première en virologie

Découverte d’un mode de vie pluricellulaire pour un virus, une première en virologie

Des chercheurs de l’Inra, du Cirad et du CNRS ont montré que les différents segments constitutifs du génome d’un virus dit multipartite1 peuvent exister dans des cellules distinctes de l’organisme cible, et travailler ensemble pour provoquer une infection. Ce résultat inédit va à l’encontre du paradigme fondateur en virologie, qui considère que le génome entier d’un virus pénètre et se réplique à l’intérieur d’une même cellule, puis passe à une autre cellule où il se réplique à nouveau, et ainsi de suite pour développer l’infection. Ce mode de vie pluricellulaire viral montré pour la première fois, pourrait exister pour d’autres systèmes viraux. Ces travaux ouvrent donc d’importantes perspectives de recherche en virologie.

Les virus multipartites sont des systèmes mal connus, alors qu’ils constituent près de 40 % des genres et familles virales chez les plantes. Les chercheurs de l’Inra, du Cirad et du Cnrs ont étudié le « Faba Bean Necrotic Stunt virus » (FBNSV), un virus multipartite de plante provoquant de graves maladies sur les légumineuses. Son génome est constitué de 8 segments différents, chacun encapsidé dans une particule virale distincte. Les chercheurs ont étudié le mécanisme d’infection par ce virus en détectant la présence des différents segments viraux dans les cellules de la plante en utilisant la microscopie en fluorescence. Ils ont ainsi montré que les différents segments du virus peuvent exister dans des cellules distinctes mais travaillent ensemble pour causer l’infection. Les scientifiques ont toujours considéré que les segments du génome viral devaient systématiquement se retrouver dans la même cellule, ces résultats originaux prouvent le contraire.

Une accumulation indépendante des segments génomiques dans différentes cellules

Imagerie par fluorescence montrant deux segments différents du génome du virus FBNSV localisés par hybridation in situ, l’un en vert et l’autre en rouge, dans des cellules différentes de la plante hôte.
Imagerie par fluorescence montrant deux segments différents du génome du virus FBNSV localisés par hybridation in situ, l’un en vert et l’autre en rouge, dans des cellules différentes de la plante hôte.
Les premiers résultats suggèrent que le virus peut fonctionner alors que ses différents segments apparaissent dans des cellules distinctes. Pour préciser ces observations, les chercheurs ont quantifié la fluorescence des segments marqués (en rouge et vert). Ils ont ainsi pu mesurer la quantité de chacun des segments dans les différentes cellules, et montrer qu’ils s’y accumulent de façon totalement indépendante, quel que soit le stade de l’infection.

Le virus peut être fonctionnel à l’échelle pluricellulaire

Pour mettre en évidence que la fonction d’un gène viral peut être effective dans une cellule où le gène en question est absent, les chercheurs ont étudié en particulier la fonction de réplication portée par le segment R. Dans les cellules où un autre segment (le segment S) est répliqué, donc dans les cellules où la fonction de réplication est présente, le segment R ainsi que la protéine de réplication (M-Rep) pour laquelle il code ont été recherchés. Les scientifiques ont démontré que bien que le segment R soit détectable dans une minorité de ces cellules (environ 40 %), la protéine M-Rep y est retrouvée dans 85 % des cas. Ceci suggère que la protéine M-Rep est présente dans des cellules où le segment R est absent, et que la protéine M-Rep ou son ARN messager sont capables de se déplacer de cellules à cellules, après leur production. Les chercheurs prouvent ainsi que les gènes viraux sont dispersés dans des cellules différentes mais « communiquent » et se complémentent au niveau intercellulaire pour assurer la fonctionnalité du système viral.

Ce mode de vie très particulier, démontré pour la première fois en virologie, ouvre de grandes perspectives de recherches dans ce domaine. Il est probable que les systèmes viraux multicomposants soient plus répandus. Désormais, pour nombre d’entre eux, un mode de vie pluricellulaire pourra maintenant être testé.

1. Dans les virus multipartites, le matériel génétique (ADN ou ARN) est constitué de plusieurs segments, chacun protégé dans une capsule protéique appelée capside. Les autres catégories de virus sont les virus monopartites comme la polio ou HIV ou Ebola (1 seul brin dans une capside) et les virus segmentés comme celui de la grippe (plusieurs brins dans une seule capside).

Contact(s)
Contact(s) scientifique(s) :
  • Stéphane Blanc (04 99 62 48 04 ) Unité mixte de recherche « Biologie et Génétique des Interactions Plante-Parasite » Inra-Cirad-Montpellier SupAgro
Contact(s) presse :
Inra service de presse (01 42 75 91 86)
Département(s) associé(s) :
Santé des plantes et environnement
Centre(s) associé(s) :
Occitanie-Montpellier

En savoir plus

Anne Sicard, Elodie Pirolles, Romain Gallet, Marie-Stéphanie Vernerey, Michel Yvon, Cica Urbino, Michel Peterschmitt, Serafin Gutierrez, Yannis Michalakis and Stéphane Blanc A multicellular way of life for a multipartite virus
eLife DOI: 10.7554/eLife.43599

Le virus Zika émerge sur la plupart des continents

Zika émerge aujourd’hui sur la plupart des continents, dans le sillage du moustique tigre.

Profitant de la mondialisation et du changement climatique, des moustiques vecteurs de maladies autrefois cantonnées aux Tropiques colonisent l’Europe..

« Après la dengue et le chikungunya, c’est désormais la fièvre zika que l’on redoute de voir débarquer par l’intermédiaire du moustique tigre. « Aedes albopictus, ou moustique tigre, est originaire d’Asie, »explique Frédéric Simard, directeur du laboratoire Mivegec

 

© IRD/ M. Jacquet Moustique tigre, vecteur du virus Zika

© IRD/ M. Jacquet Moustique tigre, vecteur du virus Zika

Aujourd’hui  une épidémie est en cours au Brésil, des cas d’infections ont été signalés en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique.

Le virus Zika pourrait toucher la France métropolitaine

Des chercheurs de l’IRD  surveillent le virus Zika depuis longtemps  dans son biotope d’origine, les forêts africaines.

 

 

Mieux comprendre, prévenir et combattre l’infection.

Le virus Zika a été révélé par une épidémie en Micronésie en 2007, puis il a sévi en Polynésie fin 2013 (55 000 personnes atteintes) et en Amérique latine.

Des pistes de recherche majeures sont aujourd’hui ouvertes pour mieux comprendre, prévenir et combattre l’infection.

Des précisions sur Zika sur le site de l’Institut Pasteur

Un virus passeur de gènes entre insectes

Des transferts horizontaux de gènes  par un virus ont été identifiés entre deux espèces de papillons d’Amérique du nord : la fausse arpenteuse du chou et le sphinx du tabac.

Ils possèdent des gènes quasiment identiques. Ce transfert de gènes serait fait par l’intermédiaire d’un virus connu pour infecter les papillons.

Cette étude a été réalisée par une équipe de chercheurs français de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte – IRBI (CNRS/Université Francois-Rabelais de Tours) et du laboratoire Ecologie et biologie des interactions – EBI (CNRS/Université de Poitiers) .

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Les chenilles des papillons (à gauche, la chenille du sphinx du tabac, à droite la fausse arpenteuse du chou) se sont échangés des gènes par l’intermédiaire d’un virus connu pour les infecter. (© IRBI)

La transmission verticale de l’information génétique

Elle s’effectue de parents à descendants, c’est l’un des piliers de la biologie évolutive moderne.

La transmission horizontale de gènes

De nombreuses études la décrivent. Elle se produit entre des organismes incapables de se reproduire entre eux:

  • Chez les bactéries: ce type de transfert d’un morceau de génome est  impliqué par exemple dans la résistance aux antibiotiques. Ce transfert de gènes est fréquent et son mécanisme est bien connu.
  • Chez les organismes multicellulaires, un nombre croissant de transferts horizontaux est aussi décrit, y compris entre des animaux.

Ex: chez une espèce de puceron  on a trouvé des gènes de champignon permettant de synthétiser des caroténoïdes (qui lui confèrent une belle couleur orange).

Cependant, les mécanismes et les vecteurs impliqués dans les transferts horizontaux entre animaux restent inconnus.

Comment ce transfert  horizontal de gènes chez les animaux pluricellulaires  est-il possible?

Les chercheurs ont étudié le cas de deux espèces de papillons : la fausse arpenteuse du chou et le sphinx du tabac.

Ils ont montré qu’elles possédaient en commun plusieurs copies de deux gènes quasiment identiques.

Ils ont ensuite émis  l’hypothèse qu’un virus connu pour infecter les deux espèces d’insectes, un baculovirus, pouvait avoir joué le rôle de passeur.

Comment valider cette hypothèse de transfert horizontal de gènes par ce virus  ?

Pour la valider, ils ont séquencé plus de 180 000 génomes de virus récoltés sur des chenilles infectées.

Résultat : non seulement les gènes « sauteurs » des papillons ont été identifiés dans le génome du baculovirus, mais la fréquence à laquelle on les retrouve est loin d’être anecdotique, puisqu’un virus sur 8500 les possède.

« Dans la nature, les chenilles s’infectent en ingérant des dizaines de milliers de particules virales collées sur les végétaux qu’elles consomment. La possibilité qu’elles ingèrent des gènes d’un papillon tué par le virus est donc non négligeable », commente Clément Gilbert, chercheur CNRS au laboratoire EBI et co-auteur de l’article paru dans Nature Communications.

 

virusPopulation de baculovirus observée en microscopie électronique à transmission/ source université de Poitiers

La prochaine étape sera de vérifier si les virus jouent les passeurs entre d’autres êtres multicellulaires…

Sources partielles de l’article: CNRS, Université de Poitiers

Nouveau virus géant dans la mer

Un nouveau virus géant vient d’être découvert dans la mer : Les résultats de cette collaboration de chercheurs français, hollandais et américain coordonnées par le Laboratoire IGS (UMR7256 CNRS-AMU) de Marseille sont publiés dans les comptes-rendus de l’académie des sciences des états-unis (PNAS) du 10 juin 2013.

 Il y a dix ans, on découvre et décrypte  le génome du premier virus géant, baptisé « Mimivirus » …..A la suite de cette découverte on traque les éventuels « cousins » de « Mimivirius  » : Un progrès décisif s’en suit avec le décryptage du génome d’un virus d’une microalgue très commune et sujette à de grandes efflorescences mousseuses, Phaeocystis globosa.

Phaeocystis globosa, microalgue unicellulaire domine la communauté phytoplanctonique sur les côtes de  l’Atlantique et de la Mer du Nord . Elle est connue pour ses efflorescences spectaculaires, produisant d’importantes quantités de mousse blanchâtre sur les plages.

Le virus géant découvert s’appelle  » PgV-16T «  . C’est l’un des virus responsables de l’interruption de ces efflorescences et donc un acteur majeur de l’équilibre écologique des différentes populations planctoniques….. voir les articles:

File:PhaeocystisFortd'Ambleteuse5.jpgEcume caractéristique de Phaeocystis globosa
Crédits: Lamiot