Alexander Hamilton, un Père fondateur des États-Unis

Du billet vert de 10 dollars à la comédie musicale

Son nom est en haut de l’affiche de l’un des spectacles les plus appréciés du moment outre-Atlantique, aux États-Unis : la comédie musicale Hamilton fait en effet salle comble depuis juillet 2015 à Broadway, dans la ville de New York. Les billets s’arrachent comme des petits pains ; et la pièce a déjà remporté un Prix Pulitzer et pas moins de 16 Tony Awards !

hamilton theater-picRacontant un morceau de l’histoire étasunienne sur fond de hip-hop, rap et R & B, cette comédie musicale multiraciale (les acteurs sont majoritairement de couleur) met en scène « le parcours du premier secrétaire au Trésor des États-Unis qui, de pauvre orphelin immigré des Caraïbes, devait se distinguer dans la guerre d’indépendance de son nouveau pays et défendre sans relâche sa Constitution ». Il faut donc situer l’action dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cliquer sur l’image pour lire la vidéo correspondante

Alexander_HamiltonMais qui était Alexander Hamilton ? Presque oublié, puis revenu au premier plan par la magie du théâtre, Hamilton est l’un des Pères fondateurs des États-Unis.

Né en 1757 dans une colonie britannique des Antilles, il s’installe à New York et y étudie lorsque la guerre d’indépendance éclate en 1775. Il se distingue lors d’affrontements et devient alors officier militaire. En 1777, il est placé sous les ordres de George Washington (futur premier Président des États-Unis) dont il devient le secrétaire personnel. En 1781, il participe à la bataille de Yorktown qui voit la victoire des insurgés américains (aidés par les Français de La Fayette) contre les Anglais.

Devenu Secrétaire au Trésor (équivalent du ministre des Finances) de ce nouveau pays appelé États-Unis d’Amérique, Hamilton est chargé par G. Washington de mener un programme économique de modernisation de la toute jeune nation : urbanisation, industrialisation, protectionnisme. En 1791, il crée la Banque fédérale. Son portrait illustre d’ailleurs les billets de 10 dollars…

aaMais il y a peu, l’homme faillit disparaître du « billet vert ». En effet en 2015, l’actuel secrétaire au Trésor souhaitait un autre visage pour succéder à Hamilton : celui d’une femme, qui « devra avoir agi pour promouvoir la démocratie » ; et dont l’identité devait être désignée après consultation des citoyens étasuniens.

Finalement, face aux nombreuses protestations auxquelles le succès de la comédie musicale n’est pas étranger (on ne touche pas à un Père fondateur de la Constitution des États-Unis!), c’est le portrait d’Andrew Jackson, 7e président étasunien (beaucoup moins populaire qu’Hamilton) qui va disparaître des billets de 20 dollars…remplacé par une femme noire : la militante contre l’esclavage et les discriminations Harriet Tubman (1822-1913).

Harriet_Tubman_1895Le nouveau billet pourrait être mis en circulation en 2020, pour le 100e anniversaire du droit de vote des femmes aux États-Unis. 

A noter qu’Alexander Hamilton fut tué en 1804 lors d’un duel au pistolet qui l’opposa à Aaron Burr, alors vice-président des États-Unis.

Pour vous faire une idée du spectacle qui retrace la vie mouvementée d’Hamilton, voyez cet extrait vidéo (en anglais).

Ces visages reconstitués par le miracle de la 3D

Redonner vie à des visages oubliés

Le roi de France Henri IV (qui a régné de 1589 à 1610), l’inconnu de Vanikoro (membre de l’expédition de Lapérouse en 1785-1788), ou encore tout dernièrement Thomas Craven, un jeune noble anglais mort en 1636… Tous les trois ont en commun d’avoir bénéficié de la reconstitution faciale (notamment) en 3D; et ainsi de reprendre vie en quelque sorte.

Henri IV

L’inconnu de Vanikoro (cliquez sur l’image pour lire la vidéo)

vanikoroThomas Craven

Reconstitution faciale 3D de Thomas Craven. Etape finale vue de face

Reconstitution faciale 3D de Thomas Craven. Etape finale vue de face

C’est en 1986, à Saint-Maurice (Val-de-Marne), que le squelette du jeune protestant anglais (fils de Lord William Craven, maire de Londres en 1610-1611) est retrouvé dans un cercueil de plomb parfaitement bien conservé.

sarcophage thomas cravenSur le sarcophage, une plaque de métal en cuivre permet de lire l’épitaphe suivante (écrite en latin):

Epitaphe en alliage cuivreux du sarcophage de Thomas Craven.«?Dans ce cercueil repose [] Thomas Craven, très noble jeune Anglais []. Les ministres de l’Eglise réformée de Paris ont voulu par une faveur exceptionnelle que, en souvenir de sa piété, son cercueil fût placé dans ce temple []. Il est mort à 18? ans et quelques mois, à Paris, à l’académie de M. de Benjamin, le vingtième jour du mois de novembre de l’an 1636.?»

Le sarcophage a été retrouvé dans les sous-sols d’un conservatoire de musique situé sur le terrain d’un ancien cimetière protestant. Ce dernier avait été détruit au XVIIe siècle, lors de la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV (1685) qui avait mis fin à la tolérance envers les protestants ; le catholicisme devenait alors la seule religion reconnue dans le royaume de France.

Après 30 ans d’études en tout genre menées sur le corps embaumé de Thomas Craven, il est apparu que celui-ci était en fait un jeune huguenot (protestant) venu étudier à Paris où il a contracté la peste : des prélèvements réalisés dans la pulpe dentaire et des analyses génétiques ont conduit à identifier la présence du bacille Yersinia pestis.

Yersinia-pestisC’est Philippe Froesch, le fondateur de la société Visual Forensic (spécialisée dans les reconstructions numériques de personnages historiques), qui a redonné ses traits au jeune homme. A partir du scanner du crâne, il a reconstruit le visage avec l’équipe d’anthropologie légale et médico-légale UFR UVSQ. Cliquez sur l’image pour lire la vidéo du travail de reconstruction faciale.

thomas-craven-visage reconstituéLa dépouille de Thomas Craven repose aujourd’hui dans une chambre froide à 4°C, dans le service d’archéologie du Conseil départemental du Val-de-Marne.

La chasse au trésor est lancée !

Soif de l’or, quand tu nous tiens…

Avec la découverte annoncée au début du mois de l’épave du fameux galion espagnol San José, coulé par la marine anglaise en juin 1708 au large de Carthagène en Colombie (principal port d’exportation vers l’Espagne des richesses exploitées en Amérique latine aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles), c’est l’espoir de mettre la main sur un trésor fabuleux qui s’est emparé de toute une nation… Et en tout premier lieu de son président : le Colombien Juan Manuel Santos.

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Venant de Portobelo au Panama, le galion transportait une importante quantité de richesses provenant en grande partie du Pérou et destinées à la couronne d’Espagne : pas moins de 200 tonnes d’or, de l’argent et des coffres remplis d’émeraudes. La valeur de la cargaison serait aujourd’hui estimée entre 5 et 10 milliards de dollars…De quoi attiser la convoitise et les appétits !

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En effet, outre le Pérou, la Colombie et l’Espagne, une autre partie est tout aussi intéressée et revendique sa part du butin : il s’agit d’une société privée américaine, la Sea Search Armada (SSA), que le gouvernement colombien avait chargée à la fin des années 1970 de rechercher le San José. C’est cette même société, spécialisée dans la recherche des trésors sous-marins, qui a découvert l’épave du Titanic en 1985…

Toutefois, le gouvernement colombien a estimé que les coordonnées fournies en 1981 par la société spécialisée dans la recherche d’épaves ne correspondaient pas au bateau recherché. Cela a donné lieu à une longue bataille juridique qui s’est terminée devant une cour de l’État de Washington ; laquelle a donné raison à la Colombie par deux fois en 2011 et 2015.

Reste maintenant à extraire des fonds marins le fabuleux trésor. Mais ce ne sera pas chose facile : le galion est a priori couché sur le flanc, en équilibre instable en bordure d’une fosse sous-marine ; donc au-delà des limites de la plongée humaine, située aux alentours de 100m pour de grands professionnels. Il va forcément falloir faire appel aux technologies les plus sophistiquées (engins submersibles, robots) pour espérer récupérer les trésors enfouis…

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La soif de l’or est certes toujours omniprésente, 300 ans après le naufrage du galion espagnol, mais le San José n’a pas encore livré toutes ses richesses. Coulé, localisé mais pas encore pillé (ou dépouillé)…

Les bruits de Paris au XVIIIe siècle

Une reconstitution historique sonore

La musicologue Mylène Pardoen nous propose une visite pour le moins originale et très instructive dans la ville capitale française du XVIIIe siècle. Son travail s’inscrit dans le cadre du projet Bretez. Cette reconstitution historique sonore a en effet pour décor le Paris du XVIIIe siècle cartographié par le célèbre plan Turgot-Bretez de 1739 : Turgot, prévost des marchands de Paris, en était le commanditaire; et Bretez était l’ingénieur chargé du relevé des rues et immeubles de la capitale. Cliquer sur l’image pour voir les différents quartiers détaillés.

Turgot_map_of_Paris,_Kyoto_University_LibraryC’est plus précisément dans le quartier du Grand Châtelet, entre le pont au Change et le pont Notre-Dame (maquette ci-dessous), que la vidéo réalisée (et à visionner plus bas) transporte le visiteur. « J’ai choisi ce quartier car il concentre 80 % des ambiances sonores du Paris de l’époque, raconte Mylène Pardoen. Que ce soit à travers les activités qu’on y trouve (marchands, artisans, bateliers, lavandières des bords de Seine…), ou par la diversité des acoustiques possibles, comme l’écho qui se fait entendre sous un pont ou un passage couvert… ».

bretez_maquetteC’est la première fois qu’une reconstitution en 3D est bâtie autour de l’ambiance sonore. Et tous les sons sont naturels. Le paysage sonore a été reconstitué à partir de documents d’époque, notamment Le Tableau de Paris, publié en 1781 par Louis-Sébastien Mercier ; et des travaux d’historiens comme Arlette Farge (spécialiste du XVIIIe siècle), Alain Corbin (connu pour ses recherches sur l’histoire des sens), ou encore Youri Carbonnier (spécialiste des maisons sur les ponts).

Pont ND

Au cours de la visite, on entend notamment : le caquètement des volatiles du marché aux volailles, le métier à tisser de la bonneterie située à la pointe du pont au Change, les grattoirs des tanneurs de la rue de la Pelleterie, les cris incessants des mouettes attirées par les nombreux déchets qu’elles trouvaient dans la capitale. La vidéo donne donc une idée de ce que pouvait entendre un piéton du XVIIIe siècle en passant d’une rive à l’autre de la Seine.

Il est tout aussi intéressant d’écouter Mylène Pardoen expliquer sa démarche dans une interview télévisée en juin 2015.

Il y a 300 ans, à Versailles, mourait Louis XIV

Ce monarque surnommé le « Roi Soleil » est décédé le 1er septembre 1715 au château de Versailles (acte de décès ci-dessous)acte décès de louis XIVLouis XIV est mort de la gangrène (du latin gangraena qui signifie putréfaction) ; en médecine, cela signifie la mort des tissus, une nécrose. Après 72 ans de règne, Louis XIV laisse donc la place à Louis XV, son arrière-petit-fils.

Grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), il est aujourd’hui possible de revivre, comme si on y était, les derniers instants du roi ; c’est en tout cas ce que propose le château de Versailles à l’occasion du tricentenaire de la mort du Roi Soleil.

twitter mort du roiEn effet depuis le 10 août, les internautes peuvent revivre au jour le jour, presque d’heure en heure, les derniers moments du vieux monarque. Chaque information est historique: il s’agit de témoignages de l’époque, principalement tirés du journal des garçons de chambre de Louis XIV (des hommes qui sont donc au plus près du roi) jusque dans les derniers instants. Parmi les documents rares publiés sur internet : l’acte de décès du roi.

Pour commémorer le tricentenaire de la disparition de Louis XIV, une exposition intitulée « Le roi est mort! » sera également visible au château de Versailles à partir d’octobre prochain, jusqu’à la fin février 2016.