La crise de Cuba

Etats-Unis/Cuba : après le gel, le dégel…

cuba usaLa fin de la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’île voisine de Cuba (à moins de 200 km des côtes de Floride)? Apparemment, malgré lembargo économique étasunien persistant sur Cuba (effectif depuis 1962 et que seul le Congrès étasunien peut décider de lever), les relations diplomatiques entre les deux pays ont repris des couleurs. En témoigne la bannière étoilée de nouveau présente sur le sol cubain.

un-militaire-americain-hisse-le-drapeau à cubaDepuis 1961, le drapeau des Etats-Unis avait cessé de flotter sur l’île communiste des Caraïbes; 54 ans après, le voilà hissé à nouveau avec la réouverture de l’ambassade des Etats-Unis à la Havane. Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères John Kerry, présent pour l’occasion, pouvait donc bien qualifier ce 14 août 2015 de « moment historique ». Preuve supplémentaire du rapprochement des deux nations, Kerry a lu une partie de son discours en espagnol.

Signalons que le drapeau cubain avait pour sa part été de nouveau hissé à Washington le 20 juillet dernier, jour de la reprise formelle des relations diplomatiques entre les deux pays (à l’initiative de Barack Obama et de son homologue cubain Raul Castro, à la tête de l’île depuis le retrait politique en 2006 de son frère Fidel pour raisons de santé).

Obama-Castro-handshakeA l’origine de la mésentente, le coup d’Etat de Castro et sa politique

C’est le 4 janvier 1961, après avoir passé des heures à détruire des documents secrets dans l’incinérateur de l’ambassade américaine de Cuba, que trois marines avaient abaissé le drapeau américain, l‘avaient plié puis remporté aux Etats-Unis. La veille, le président des Etats-Unis Dwight Eisenhower avait rompu les relations avec La Havane…

La raison ? La révolution castriste (du nom de Fidel Castro) qui avait triomphé deux ans plus tôt en 1959. Le régime communiste avait alors nationalisé les plantations de sucre qui appartenaient en grande majorité à de riches Américains. Washington répondra par la rupture des relations diplomatiques avec Cuba puis la mise en place d’un embargo économique, commercial et financier envers l’île (les États-Unis étant le débouché traditionnel de l’économie cubaine); le tout dans le but de précipiter la chute du régime cubain (devenue une priorité pour Washington qui craignait la diffusion du communisme en Amérique latine).

C’est dans ce contexte de tension extrême que, le 20 janvier 1961, John Fitzgerald Kennedy (fraîchement élu) donne l’ordre d’accélérer les préparatifs de l’invasion de l’île des Caraïbes (planifiée sous Eisenhower). L’opération, connue sous le nom de débarquement de la baie des Cochons, sera un cuisant échec.

Entraînés au Guatemala et partis du Nicaragua, les membres de la brigade 2506, constituée de 1 511 hommes, débarquent à Playa Girón le 16 avril à 23 h 45. Mais en moins de soixante-dix heures, la brigade doit s’avouer vaincue : 1 197 brigadistes ont été faits prisonniers et 114 sont morts. De plus, aucune tentative de soulèvement intérieur n’a été observée : la majorité de la population cubaine soutenait Castro, contrairement à ce que pensait la Maison Blanche…Le 24 avril 1961, le président Kennedy ne peut donc que reconnaître l’entière responsabilité des Etats-Unis dans l’invasion ratée ; et Castro peut s’enorgueillir d’avoir fait mordre la poussière à « l’impérialisme yankee ».

Un autre moment fort des relations entre les Etats-Unis et Cuba se déroulera l’année suivante en 1962 : la fameuse crise des missiles, qui plongera le monde au bord de la guerre nucléaire.

En effet, soutenant Cuba, l’URSS de Nikita Khrouchtchev décida de faire démarrer l’opération « Anadyr » et, en mai 1962, expédia par bateau (via l’Atlantique) 50 000 soldats soviétiques et 60 missiles atomiques à destination de Cuba… Les soldats soviétiques étaient en train d’installer les missiles nucléaires à Cuba quand, le 14 octobre 1962, un avion américain U2 d’espionnage en haute altitude les photographia. Washington ne pouvait tolérer la présence de missiles nucléaires si proches de la Floride; il fallait absolument les faire évacuer.

crise de cuba

Le président Kennedy imposa d’abord un blocus maritime autour de l’île pour empêcher les bateaux soviétiques d’introduire d’autres missiles. Puis chacune des parties prenantes de cette « affaire » prit des dispositions qui laissaient craindre le pire : des bombardiers américains porteurs de bombes nucléaires et de plans de vol qui devaient les conduire vers des cibles en Union soviétique; des forces militaires américaines se rassemblant dans le sud des Etats-Unis; des bateaux soviétiques et des sous-marins manœuvrant dans les Caraïbes; des soldats soviétiques travaillant nuit et jour à Cuba pour rendre opérationnels les missiles nucléaires; les forces terrestres soviétiques de l’île pointant leurs missiles nucléaires tactiques sur une possible force d’invasion américaine; Cuba s’attendant à une invasion imminente et positionnant également ses forces armées… A coup sûr, le moment le plus dangereux de la Guerre froide. Cliquer sur l’image pour voir la vidéo correspondant à l’événement.

urss et usa guerre froideFinalement, grâce à la négociation, le pire fut évité. Fermement décidés à éviter la guerre, Kennedy et Khrouchtchev se mirent d’accord pour retirer leurs missiles respectifs de Cuba (URSS) et de Turquie (Etats-Unis). Le monde avait eu chaud !

Et maintenant?

Le drapeau étasunien flotte donc de nouveau à Cuba. Le symbole est fort mais que cela va-t-il changer dans le quotidien des Cubains ? Ceux qui attendent de ce dégel une évolution du régime cubain vers plus de démocratie ne voient pas de signe encourageant. Quid de la protection des droits de l’homme et des dissidents politiques ? Et la base navale de Guantanamo ? La Havane réclame la restitution de cette base étasunienne, installée depuis 1903 à l’extrême pointe orientale de l’île de Cuba et qui s’étend sur près de 120 km². Malgré ces questions en suspens, la population cubaine espère avant tout la fin de l’embargo, synonyme de jours meilleurs…

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