La conquête des droits politiques

C‘est le 21 avril 1944 que les femmes françaises obtiennent (enfin) le droit de vote et celui d’être élues (le droit d’éligibilité); le général de Gaulle, alors président du Comité français de Libération nationale, a souhaité par là, entre autres raisons, les récompenser de leur rôle essentiel dans la Résistance pendant l’Occupation (1940-1944).

Il leur faudra toutefois attendre un an avant de pouvoir effectivement user de ce droit : le 29 avril 1945, jour des élections municipales.

Le droit de vote acquis, reste à se faire élire et à accéder à des postes importants (ex : ministériels) au même titre que les hommes. Or c’est loin d’être facile !

Certes quelques femmes ont pu participer à des gouvernements avant la Seconde Guerre mondiale : en juin 1936, le Front populaire conduit par Léon Blum comptait trois femmes sous-secrétaires d’État, en l’occurrence Cécile Brunschvicg (Éducation nationale), Irène Joliot-Curie (Recherche scientifique) et Suzanne Lacore (Protection de l’enfance). Mais leur visibilité est quasiment nulle : elles ne prirent jamais la parole devant les députés de l’Assemblée nationale.

Il faudra attendre 1947 pour qu’une femme soit ministre de plein exercice (Germaine Poinso-Chapuis à la Santé). Mais c’est seulement avec la présidence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) que la nomination de femmes ministres s’impose. Soucieux de moderniser la vie politique, le nouveau et tout jeune président de la République (il a seulement 48 ans) agit pour féminiser le gouvernement. Simone Veil, magistrate, est nommée ministre de la Santé et le restera jusqu’à sa nomination à la présidence du Parlement européen en 1979. Ci-dessous, le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing, aux côtés de Simone Veil, Ministre de la Santé, en 1975.

Depuis, les ministres femmes sont régulièrement présentes dans les gouvernements, de droite comme de gauche. Mais la plupart se voient confier des « portefeuilles » de moindre importance comparés aux ministères dits régaliens (la Justice, la Défense, les Affaires étrangères et l’Intérieur). Quelques exceptions néanmoins, la plus « fameuse » étant Michèle Alliot-Marie qui, de 2002 à 2011, occupera tour à tour les ministères de la Défense (2002-2007), de l’Intérieur (2007-2009), de la Justice (2009-2010) et des Affaires étrangères (2010-2011).

Sans doute la loi « parité hommes-femmes » en politique, votée en 2000 et inscrite dans la Constitution depuis 2008, explique-t-elle aussi en partie cette évolution. Favorisant l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, elle a permis une meilleure représentation des femmes au Parlement (surtout à l’Assemblée nationale). Aujourd’hui, les femmes politiques sont assurément plus nombreuses, même si la situation demeure encore insatisfaisante : à l’issue des élections législatives de 2012, sur les 577 députés siégeant au Palais Bourbon, seules 155 sont des femmes (à peine 27 % de l’effectif) ; elles n’étaient que 107 en 2007…

Dans le domaine de la parité, la gauche semble plus ouverte que la droite : en 2012 par exemple, pour les Législatives, le parti socialiste avait réservé 49 % des circonscriptions à des femmes (contre 28 % de femmes présentées à droite par l’UMP) ; même si au final les femmes députées ne représentent que 37 % du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.

Ci-dessous, un exemple de parité dans le deuxième gouvernement de Manuel Valls en août 2014.

Notons cependant que pour les prochaines élections législatives en 2017, le parti Les Républicains (ex UMP) s’est engagé à investir 50 % de femmes…

La gauche est également celle qui, la première, a confié un gouvernement à une femme : c’était en mai 1991 sous la présidence de François Mitterrand (1981-1995). Ce dernier nomma la socialiste Edith Cresson Premier ministre (en remplacement de Michel Rocard) ; elle le restera jusqu’en avril 1992.

Depuis, plus aucune femme n’a exercé cette responsabilité… Mais il n’est pas exclu de penser qu’une femme pourrait bientôt devenir Présidente de la République. Si Ségolène Royal (première femme à accéder au 2e tour de l’élection présidentielle) fut finalement battue par Nicolas Sarkozy en 2007 (47 % des voix contre 53%), peut-être Marine Le Pen réussira-t-elle son pari en mai 2017 ?