Vestiges de guerre sous-marine

Cet été, en mer du Nord, au large d’Ostende (côte belge), l’épave d’un sous-marin allemand de la Première Guerre mondiale a été localisée à une trentaine de mètres de profondeur.

L’engin, de type U-Boot II (photo ci-dessous), a été découvert par un chercheur et plongeur belge (Tomas Termote) ; le bâtiment de guerre pouvait embarquer une vingtaine de personnes.

Probablement les corps de l’équipage se trouvent-ils toujours à bord. L’appareil, un lance-torpilles de 27 m de long et 6 m de large, se présente dans un très bon état de conservation.

Les dégâts causés à la proue (seule partie endommagée) laissent penser que le sous-marin a été victime d’une mine de contact « stabilisée entre deux eaux, à l’aide d’un câble ancré au sol ».

Durant la Grande Guerre de 1914-1918, l’Allemagne a utilisé le port de Zeebruges comme base de stationnement pour ses Unterseeboote (U-Boote). C’est pourquoi plusieurs épaves de sous-marins allemands ont déjà été retrouvées dans les eaux territoriales belges ; celle repérée cet été serait la 11e. Sur les 19 appareils que comptait la Flandern Flottille allemande, 15 avaient été coulés.

Cette découverte nous rappelle que les côtes belges ont été une zone de combats navals particulièrement intenses entre les Alliés de la Triple Entente (Royaume-Uni, France et Russie) et ceux de la Triple Alliance (Empire allemand, empire austro-hongrois et Italie). Pour neutraliser la flottille allemande, l’Angleterre décidera d’ailleurs en avril 1918 de saborder certains de ses propres navires de guerre à l’entrée du chenal de Zeebruges pour empêcher les bateaux et U-Boote de sortir.

Le « raid sur Zeebruges » ou « l’embouteillage de Zeebruges » demeure un épisode fameux de cette guerre maritime.

C’est pendant la Première Guerre mondiale que le véritable sous-marin, furtif et rapide, est inventé et développé, pour devenir une arme de guerre redoutable et redoutée. En août 1914, à la veille du conflit, les quelques U-Boote allemands existants de type U 1 (construits dès 1906) étaient davantage des torpilleurs pouvant s’immerger en cas de danger.

Le radar et le sonar n’existant pas encore, le submersible est en capacité de se déplacer rapidement et d’attaquer sans se faire remarquer. Les attaques sous-marines sont alors fulgurantes. Les sous-marins allemands auraient ainsi coulé plus de 5 000 navires.

C’est d’ailleurs en coulant le paquebot Lusitania en provenance de New-York en mai 1915, tuant près de 1 200 passagers dont une centaine d’Étasuniens près des côtes irlandaises, que l’Allemagne facilita l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917.

Ce drame (assimilé à un crime de guerre) sera en effet utilisé comme un argument essentiel dans la mobilisation étasunienne contre l’Allemagne.

Depuis leurs bases flamandes, les U-Boote avaient un rayon d’action très large, allant notamment des côtes écossaises à l’extrémité occidentale de la Manche. Ils furent nombreux à s’en prendre aux navires marchands, aux transports de troupes et d’approvisionnement, par exemple entre la Grande-Bretagne et la France…

Mais beaucoup subirent aussi les contre-offensives alliées (notamment anglaises) ; les bombardements de l’aviation navale ennemie et les champs de mines ont ainsi permis de couler plusieurs sous-marins allemands.

La carte marine actuelle des bancs de Flandre met parfaitement en évidence un nombre important d’écueils, d’épaves. Autant d’obstructions à la navigation dont doivent avoir connaissance les marins ou les usagers de la mer. 3 % de ces épaves seraient des U-Boote. Les eaux territoriales belges fourmillent ainsi de vestiges qui, pendant la guerre, mirent à mal la domination de la Marine britannique, manquant même de la mettre à genoux…

Mais d’autres cimetières de sous-marins de cette période existent ailleurs. Comme au large des côtes sud et est de l’Angleterre où une quarantaine de submersibles (41 allemands et 3 anglais), reposant à 15 m de profondeur, ont été localisés en juillet 2013.

Au final, ce sont pas moins de 380 U-Boote que l’Allemagne utilisa pendant la Guerre 14-18. Près de 200 disparurent, coulés (surtout durant les deux dernières années du conflit). Pouvant transporter aussi bien des tubes lance-torpilles que des mines et de l’armement de pont, les U-Boote furent un des acteurs majeurs de la guerre totale que se livrèrent les grandes puissances; et qui secoua le monde au début du XXe siècle.

Pour une vue d’ensemble des progrès de la marine de guerre pendant la Première Guerre mondiale, voyez ce documentaire, très instructif.

« Le dernier assaut », ultime opus de Tardi sur la Guerre 14-18

Avec cet album de bande dessinée, publié en octobre dernier chez Casterman, Jacques Tardi clôture plus de quarante années de recherches consacrées à la Première Guerre mondiale, et notamment à la guerre des tranchées. Comme une dernière mise au point sur l’horreur de ce conflit présenté comme la première guerre industrielle. Cliquer sur l’image pour découvrir les premières pages de l’album.

le dernier assautAccompagné d’un CD audio de 12 chansons, interprétées par Dominique Grange (une chanteuse engagée, également compagne de Tardi) et les musiciens d’Accordzéâm, ce livre nous plonge dans l’enfer de la guerre de position (autre appellation de la guerre des tranchées) en compagnie du brancardier Augustin Broutille.

broutille brancardierCelui-ci appartient au 98e régiment d’infanterie de la Somme. La bataille (de juillet à novembre 1916) qui oppose les Britanniques et les Français d’un côté aux Allemands de l’autre, fait rage. Augustin se trouve au milieu de cet enfer, la peur au ventre…

Pour découvrir l’atelier de Tardi et sa façon de travailler, voyez ce reportage très éclairant et instructif.


Ce livre est un véritable « bijou noir », que le CD d’accompagnement sublime encore davantage. A lire et écouter sans modération !