Le Louvre-Abu Dhabi, musée de sable et de lumière

Ou l’art au service du « soft power »

Le musée a été inauguré le 9 novembre dernier à Abu Dhabi, capitale des Émirats Arabes Unis (E.A.U.). Le Président de la République française Emmanuel Macron a fait le déplacement pour visiter le premier musée à porter le nom du Louvre hors de France. En effet, on connaissait déjà le Louvre-Lens (ouvert en décembre 2012) dans les Hauts-de-France ; mais le musée national n’avait encore jamais essaimé hors de l’Hexagone. Une première donc, logiquement fêtée en grandes pompes !

En compagnie de Mohammed ben Zayed Al-Nahyane (l’actuel homme fort des E.A.U.) et d’invités de marque à l’image du roi du Maroc Mohammed VI, le chef de l’État français a ainsi pu admirer le splendide édifice, véritable « écrin des joyaux du classicisme européen » et de toutes les grandes civilisations.

Situé sur l’île de Saadiyat où doit prochainement s’implanter un autre grand nom de la muséographie (le musée d’art moderne et contemporain Guggenheim), le Louvre-Abu Dhabi aura pourtant mis du temps à sortir du sable. Débuté en 2007, le chantier a rencontré maints problèmes, notamment de nature financière. C’est ainsi que, initialement prévue en 2012, l’ouverture du musée fut maintes fois reportée ; jusqu’à enfin accueillir le public le 11 novembre 2017.

Conçu par l’architecte français Jean Nouvel (déjà connu pour des réalisations comme l’Institut du Monde Arabe à Paris en 1981-1987, la Tour Agbar à Barcelone en 2001-2003), ce nouveau musée lui a été inspiré par les médina et coupoles islamiques. L’idée était de bâtir un musée en forme de ville blanche… Pari réussi.

Le monument est constitué de 55 bâtiments cubiques abrités sous un dôme d’acier de 180 m de diamètre, aussi lourd que la Tour Eiffel ! On mesure déjà mieux la véritable prouesse technologique.

Cette coupole (en dentelle d’inox et d’aluminium) n’a d’ailleurs pas qu’une raison d’être esthétique : elle doit également protéger des très fortes chaleurs. En faisant de l’ombre et donc en rafraîchissant la température à l’intérieur du musée, on veut aussi garantir le bien-être des visiteurs.

Ces derniers vont pouvoir déambuler dans une vingtaine de galeries permanentes donnant à voir ou admirer 600 œuvres d’art.

Parmi celles-ci, 300 sont prêtées par 13 musées français (en échange d’une compensation financière d’un milliard d’euros sur 30 ans). On peut citer La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci (peinture venant du Louvre, photo ci-dessous), Bonaparte franchissant les Alpes de Jacques-Louis David (toile issue de Versailles), ou encore un Autoportrait de Vincent Van Gogh (en provenance du musée d’Orsay).

Le Louvre-Abu Dhabi se présente comme le premier musée universel du monde arabe. Nouveau temple de la culture, il se veut porteur d’un message de tolérance, permettant le dialogue entre toutes les grandes civilisations. Sa vocation à s’ouvrir aux autres est donc clairement mise en avant.

Principal pays producteur d’hydrocarbures (pétrole, gaz) de la région et du monde, l’émirat d’Abu-Dabi semble vouloir diversifier ses activités ; et gagner en visibilité et influence mondiales. Un peu à l’image de ce qu’a parfaitement réussi le Qatar voisin, petit émirat aujourd’hui grand investisseur: anticipant « l’après pétrole », il est ainsi présent dans une quarantaine de pays et divers secteurs (finance, industrie, tourisme, médias, sports). Déjà propriétaire du club de foot du PSG via QSI, il sera par exemple l’organisateur de la coupe du monde de football en 2022.

Outre des musées de prestige, Abu Dhabi accueille également sur son sol une université non moins prestigieuse que le Louvre : la Sorbonne.

L’Université Paris-Sorbonne Abu Dhabi (UPSAB), fondée en 2006, doit elle aussi contribuer au rayonnement de l’émirat (et de la France). Construite sur le modèle des campus américains, elle accueille aujourd’hui 800 étudiants.

On peut donc lire dans cette nouvelle stratégie géopolitique l’illustration d’un véritable « soft power ». En favorisant les arts, en attirant les touristes comme les étudiants du monde entier, Abu Dhabi montre par la manière douce sa volonté de créer des ponts avec le reste du monde ; d’apparaître comme une nation tolérante et ouverte à la diversité.

Le désir de splendeur rime bien ici avec désir de grandeur… pour le meilleur des relations internationales !

Le Louvre-Lens, 3 ans déjà

Quand le Louvre se délocalise…

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Trois années de chantier ont été nécessaires pour offrir à la région Nord-Pas-de-Calais un merveilleux écrin de culture, un véritable « Louvre hors-les-murs ». Situé en plein coeur de la mégalopole européenne, le musée compte cinq corps de bâtiments qui jouent avec la lumière.

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Inauguré en décembre 2012 par le Président de la République en personne, l’antenne du plus célèbre musée du monde a depuis accueilli près de 2 millions de visiteurs. Construit sur une ancienne mine de charbon, Le Louvre-Lens a pour mission de redynamiser un territoire durement touché par la crise de l’industrie sidérurgique.

Le succès de ce musée, qui attire autant de « régionaux » (habitants de la région Nord-Pas-de-Calais) que de visiteurs étrangers, s’explique notamment par la qualité des œuvres qui y sont exposées. Parmi elles, des peintures de Raphaël, Rubens, Delacroix et Botticelli. Des restaurations en public (comme celle d’une momie égyptienne de crocodile) participent également à la médiatisation et au rayonnement du Louvre-Lens dans le monde.

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Le musée se distingue également par une scénographie originale (basée sur la chronologie) qui caractérise la Galerie du Temps, où sont exposées des chefs-d’œuvre du Louvre parisien. Davantage d’explications ici.

De fait, les répercussions économiques sont réelles : le tourisme dans la région s’est développé et a généré des dizaines de millions d’euros ; sans compter les hôtels et restaurants construits pour faire face à l’afflux de visiteurs, parfois venus de très loin (ex : Japon, Chine). Pour autant, des mécontents existent : ce sont notamment les commerçants du centre-ville de Lens, a priori délaissé par les touristes…

A noter qu’une nouvelle antenne du Louvre doit prochainement ouvrir ses portes à Abou Dabi, capitale des Emirats Arabes Unis. Débuté en 2010, le chantier est sur le point d’être achevé. Le bâtiment, conçu par l’architecte français Jean Nouvel, doit être inauguré en 2016.

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