La Chine et le monde depuis 1949

Proclamée le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine a connu une évolution rapide et radicale : encore un pays affaibli sur la scène internationale et économiquement en retard au milieu du XXe siècle, elle est aujourd’hui devenue une véritable puissance mondiale capable de rivaliser avec les États-Unis.

1) La Chine de Mao : un État fort en quête de puissance (1949-1976)

Ce statut de puissance trouve ses fondements dans la « Chine de Mao » (Mao Zedong), lequel dirigea « l’empire du milieu » de 1949 jusqu’à sa mort en 1976. 

Tout en conduisant son peuple d’une main de fer, le « Grand Timonier » (sorte de guide) a tenté de moderniser son pays à marche forcée.

 

Du « Grand Bond en Avant » à la « Révolution culturelle », des dizaines de millions de Chinois seront ainsi victimes de cette volonté affichée (et assumée) de développer le pays en relançant l’économie (agriculture, industrie). Détruire les vestiges de la société traditionnelle pour faire entrer la Chine dans la modernité

Certes Mao Zedong parviendra à faire de la Chine un État fort et reconnu sur le plan international (notamment par les États-Unis et la France), mais les expériences menées dans le domaine économique ne seront pas couronnées de succès. Contesté dans son propre pays, Mao doit finalement céder sa place…

2) La Chine de l’ouverture : l’atelier du monde (1978-2001)

Le grand artisan du décollage économique fulgurant de la Chine demeure Deng Xiaoping (ancien compagnon de route puis opposant de Mao). À la tête du pays de 1978 à 1992, il va faire entrer la Chine dans « l’économie socialiste de marché » ! Un pragmatisme que l’on retrouve dans la formule « un pays, deux systèmes » (communiste et capitaliste). Ci-dessous, Une du Time en 1978.

Initiant une nouvelle politique en introduisant le libre-échange (et donc le capitalisme), le nouvel homme fort du pays va faire de celui-ci la nouvelle « usine du monde ».

Son programme des « Quatre Modernisations » (élaboré dès 1964) dans les secteurs de l’agriculture, l’industrie, la recherche et la défense, est lancé.

Dès 1980, il favorise la création de 4 zones économiques spéciales (ZES) : Shenzhen, Zhuhai, Shantou et Xiamen pour attirer les capitaux ou investissements étrangers. Ces zones franches côtières (qui offrent des avantages fiscaux en même temps qu’une main d’œuvre nombreuse et peu qualifiée donc moins chère) doivent en quelque sorte servir de test.

Ce sont des expériences économiques qui, si elles devaient échouer ou se révéler peu concluantes, n’auraient pas d’impact sur l’ensemble du territoire. En revanche, en cas de succès, elles seraient alors multipliées; une vingtaine verront finalement le jour… 

Cette ouverture économique sur le monde (qui ne s’accompagne cependant pas d’une libéralisation politique, le régime communiste maintenant le parti unique et luttant contre toute opposition), va insérer la Chine dans la division internationale du travail (DIT). C’est ainsi par exemple que de nombreuses usines de confection de multinationales (Puma, Nike, Converse, Adidas) voient le jour dans le Guangdong (province du sud-est).

Le succès étant réel, Deng Xiaoping va donc augmenter le nombre des zones et villes « ouvertes ». La croissance économique s’envole grâce à une augmentation des exportations chinoises, notamment dans le textile, justifiant par là son surnom de « nouvel atelier du monde ». Jusqu’à la crise de 2008 (soit pendant presque 30 ans), la Chine va ainsi afficher une croissance à deux chiffres (environ 12 % par an). De quoi faire des envieux dans les pays riches et développés de la Triade

Le successeur immédiat de Deng Xiaoping (Jiang Zemin) poursuivra dans la même voie.

3) Un pôle de puissance concurrent des États-Unis (depuis 2010)

Avec Hu Jintao et plus encore Xi Jinping (à la tête du pays depuis 2013), la Chine s’impose définitivement comme un acteur majeur et incontournable de la scène internationale. Économiquement forte (même si la croissance n’est plus à deux chiffres, elle demeure élevée), elle fait aujourd’hui jeu égal avec les grandes puissances politiques que sont les États-Unis et la Russie.

La Chine est même un interlocuteur indispensable dès lors qu’il s’agit de la Corée du Nord, son voisin immédiat qu’elle aide et soutient (le plus souvent) depuis le milieu du XXe siècle (la guerre de Corée). La Chine est d’ailleurs le premier partenaire économique de Pyongyang (capitale de la Corée du Nord). Elle seule semble ainsi capable d’infléchir les positions parfois belliqueuses (et menaçantes) du dirigeant Kim Jong-un (depuis 2011).

Les ambitions de la Chine sont grandes et multiples, voire sans limites (?). Xi Jinping ne se cache pas de vouloir transformer ce « géant asiatique » en superpuissance mondiale. Avec un taux de croissance de 6,5 % prévu pour 2018 et le deuxième budget militaire de la planète, le leader de la mondialisation affiche également ses intentions géopolitiques. Le projet De nouvelles routes de la soie (lancé en 2015) en est sans doute le plus bel exemple…