Le mythe de « la France résistante » (1944-1969)

1) Tous résistants ?

Alors que Paris vient d’être libérée, que la France est toujours en partie occupée et que la guerre n’est pas encore finie en Europe, l’accueil réservé par les Parisiens au général de Gaulle le 26 août 1944 est littéralement euphorique. Cliquer sur l’image pour accéder à la vidéo correspondante.

À croire que tous les Français présents, acclamant le chef de la Résistance (depuis son fameux discours du 18 juin 1940 à la B.B.C.), étaient derrière lui pendant les heures sombres de l’Occupation. Image d’Épinal…

Car si le bonheur de la victoire (libération de Paris le 25 août 1944) est légitime, ceux qui applaudissent et crient leur joie au passage du général ne sont pas tous des résistants, moins encore de la première heure ; beaucoup ont été attentistes durant les années noires… Jusqu’en juillet 1944, les résistants ont représenté une minorité. Le film documentaire de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié, réalisé en 1969, se chargera de le rappeler.

Toutefois, le film étant censuré par l’ORTF, il ne sera diffusé en France qu’en 1971. L’idéalisation d’une France résistante ne doit pas être mise à mal…

2) L’héroïsation des gaullistes

En effet, le pouvoir veut plutôt mettre à l’honneur les grands noms de la Résistance, particulièrement gaulliste. Il s’agit d’honorer la mémoire de ceux qui ont combattu et sacrifié leur vie pour la France, une France libre.

Parmi eux, Jean Moulin (ci-dessus) occupe une place de choix. Sa panthéonisation le 19 décembre 1964 est un événement national ; le discours de Malraux (alors ministre de la Culture du général de Gaulle) est resté mémorable.

Parce que la France fait partie du camp des vainqueurs contre l’Allemagne nazie, parce qu’il faut être à nouveau heureux et unis après des années de souffrance ; parce qu’il faut reconstruire, repartir de l’avant et donc se retrousser les manches, il est inutile de s’attarder sur les sujets qui fâchent et divisent. Parmi eux, les circonstances de l’arrestation de Jean Moulin à Caluire le 21 juin 1943, attribuée à René Hardy (alors chef de la Résistance-Fer)… malgré les deux acquittements dont il bénéficia en 1947: d’abord en janvier (faute de preuves) puis en mars (minorité de faveur)…

Ci-dessous un documentaire revenant sur cet événement marquant de l’histoire de la France pendant la Seconde Guerre mondiale.