1STG: La Vie devant soi, présentation des personnages

Madame Rosa, M. Hamil, Le docteur Katz

(Les références sont données par rapport à l’édition Folio)

Madame Rosa :

Décrite par Momo, elle est vieille, grosse et a perdu beaucoup de ses cheveux. Le narrateur insiste cependant sur ses « beaux yeux bruns ». Sa santé est particulièrement mauvaise, et on peut penser que tout ce qu’elle a vécu a contribué à cette dégradation. Mais son âge précis n’est pas indiqué.
Sa vie en revanche est bien connue. Elle est née en Pologne. La beauté de Mme Rosa jeune est évoquée par Momo (chapitre 16) : « Elle a une photo où elle avait 15 ans…Madame Rosa à 15 ans avait une belle chevelure rousse et un sourire comme si c’était plein de bonnes choses devant elle, là où elle allait » (p.134).
Elle s’est prostituée déjà en Pologne(le terme que Momo emploie pour la prostitution est « se défendre »), avant de venir en France à Paris, puis de partir au Maroc et en Algérie : « Elle avait même fait la légion étrangère à Sidi Bel Abbès » (chap.8, p.69). Ce séjour lui a permis d’apprendre l’arabe, qu’elle parle couramment : « Elle parlait très bien l’arabe, sans préjugés», (chap.8, p. 69).
De retour en France, elle a continué dans la prostitution, elle est tombée amoureuse, mais l’histoire s’est mal terminée : l’homme lui a volé ses économies et l’a dénoncée comme juive. Elle a été alors arrêtée, lors de la rafle du Vel d’Hiv : « Elle s’était protégée de toutes parts depuis qu’elle avait été saisie à l’improviste par la police française, qui fournissait les Allemands et placée dans un Vélodrome pour Juifs » (Chapitre 4, p.35), « elle avait été réveillée une fois à six heures du matin par un coup de sonnette à l’aube, et on l’avait emmenée dans un Vélodrome et de là dans les foyers juifs en Allemagne » (Chapitre 5, p.54). « Elle avait une peur bleue des Allemands…C’était du dernier comique, cette peur que madame Rosa avait des coups de sonnette » (Chapitre 6, p.59 et 60).
Le « foyer pour juifs » est une expression pour désigner Auschwitz qui relève de l’humour noir, si l’on se souvient que les juifs, pour  la plupart, y étaient gazés et brûlés dès leur arrivée. Ce type de formulation se retrouve également au chapitre 20 : « Madame Rosa quand elle avait toute sa tête, m’avait souvent parlé comment Monsieur Hitler avait fait un Israël juif en Allemagne pour leur donner un foyer et comment ils ont tous été accueillis dans ce foyer sauf les dents, les os, les vêtements et les souliers en bon état qu’on leur enlevait à cause du gaspillage » (p.165).
Tout au long du livre, se manifestent les séquelles de ce que madame Rosa a vécu à Auschwitz : elle craint les coups de sonnette, n’a aucun papier légal « Depuis la rafle de la police française, quand elle était encore jeune et utile comme j’ai eu l’honneur, elle ne voulait figurer nulle part » (Chapitre 20 p.170), et à l’inverse possède toute une série de faux papiers, qui lui ont été fournis par un juif déporté comme elle. Elle cache sous son lit un portrait d’Hitler, qu’elle regarde pour se persuader que sa situation présente, toute difficile qu’elle soit n’a rien à voir avec l’horreur qu’elle a connue : « Je ne sais pas si je vous ai fait savoir que Madame Rosa avait toujours le portrait de monsieur Hitler sous son lit, et quand ça allait très mal, elle le sortait,  elle le regardait, et ça allait tout de suire mieux » (Chapitre 30, P.259), voir aussi chapitre 5 p. 53.


Madame Rosa a également emménagé dans la cave de son immeuble ce qu’elle appelle « son trou juif », c’est-à-dire une cachette où elle pourrait se réfugier au cas où (Chapitre 4, p.38). La pièce comporte un vieux fauteuil, un chandelier à sept branches, un lit (matelas, couvertures et oreillers). « Il y avait aussi des sacs de pommes de terre, un réchaud, des bidons, et des boîtes à carton pleines de sardines » (p. 38).
Revenue d’Auschwitz, Madame Rosa a repris la prostitution, et s’est arrêtée « à cinquante ans passés » (chapitre 19 p. 154). Elle a commencé alors à accueillir en pension les enfants que les prostituées ne pouvaient garder avec elles, de peur qu’ils ne leur soient retirés par l’Assistance Publique.
Elle est finalement atteinte de gâtisme, ce qui lui vaut de longs moments d’absence. Elle meurt en se souvenant de son enfance en Pologne et en murmurant « Blumentag » (chapitre 30 p. 263).

M. Hamil et Momo

Quelques planches de BD illustrant le roman

Extrait Bande dessinée

M. Hamil :

M. Hamil est d’origine algérienne (« Monsieur Hamil nous vient d’Alger où il a été il y a trente ans en pèlerinage à la Mecque » (Chapitre 4, p. 41). Ancien marchand de tapis, il est désormais à la retraite et passe la plupart du temps dans le café de M. Driss, en bas de l’immeuble où habite Momo. Il a été amoureux d’une jeune femme, Djamila, dont il craint d’oublier le souvenir (chapitre 1). C’est de fait ce qui arrive dans la suite du roman : sous l’effet de l’âge, (il a plus de 85 ans, cf chapitre 17, p.138), il finit par ne plus se préoccuper que de ce qui lui est donné à manger : « J’ai eu un bon couscous hier à manger et aujourd’hui à midi j’aurai du riz avec du bouillon. » (Chapitre 31, p.267).
Le regard du personnage est là encore essentiel : « Il a de beaux yeux qui font du bien autour de lui » (chapitre 1, p. 10). M. Hamil représente une certaine forme de sagesse. Il apprend à Momo comment écrire l’arabe, il lui fait lire le Coran et  lui parle des saints musulmans : Sidi Abderrahmân, et Sidi Ouali Dada (Chapitre 4, p. 41).
L’autre référence du personnage, c’est Victor Hugo, et en vieillissant il en arrive à confondre les œuvres du poète avec le Coran : «Il avait toujours son livre de Victor Hugo sous la main, mais il était confusé et croyait que c’était le Koran, car il avait les deux. Il les connaissait par cœur en petits bouts, et il parlait comme on respire mais en faisant des mélanges» (Chapitre 12 p. 106). Même confusion au début du chapitre 17 : le poème de Victor Hugo que M. Hamil destine à Mme Rosa est en fait un texte religieux : « Ça commençait par soubhân ad daîm lâ iazoul, ce qui veut dire que seul l’éternel ne finit jamais» (p. 138).
A la fin du roman, M. Hamil confond Momo avec le poète lui-même. Il ne cesse de l’appeler Victor. De fait, le narrateur au fil de l’œuvre affirme de plus en plus sa volonté de ressembler à l’écrivain :
« Non, ce que j’aimerais, c’est d’être un mec comme Victor Hugo. Monsieur Hamil dit qu’on peut tout faire avec les mots mais sans tuer des gens» (Chapitre 15, p. 128). « Un jour j’écrirai les misérables, moi aussi, Monsieur Hamil» (chapitre 19 p.156). « Monsieur Hamil a un Livre de Monsieur Victor Hugo sur lui et quand je serai grand j’écrirai moi aussi les misérables parce que c’est ce qu’on écrit toujours quand on a quelque chose à dire »  (Chapitre 24, p.217).
De fait, de nombreuses expressions utilisées par Momo lui ont été apprises par M. Hamil, qui apparaît ainsi comme la source de tout savoir pour Momo (« croyez-en ma  vieille expérience », « comme j’ai l’honneur », « vous n’êtes pas sans ignorer », chapitre 26, p. 235).

Le docteur Katz

Le docteur Katz est le médecin dont les visites ponctuent l’ensemble du roman : au début, c’est Madame Rosa qui emmène Momo chez lui, lorsqu’elle craint pour la sante mentale du jeune garçon, étant donné  son hérédité. Le médecin la renvoie à chaque fois en lui adressant des reproches et en lui donnant des tranquillisants. Ensuite, c’est Momo qui fait appel au docteur pour qu’il vienne soigner Mme Rosa.  Tous deux sont par ailleurs d’origine juive, ils sont plutôt âgés, et le docteur éprouve de grandes difficultés à monter les escaliers, tout comme Madame Rosa. Ce qui les caractérise l’un et l’autre, c’est la bonté. Cependant si Momo au début apprécie  le médecin (« Je pensais souvent en le regardant que si j’avais choisi un père, ce serait le docteur Katz que j’aurais choisi» (Chapitre 3, p.31), il lui fait de violent reproches lorsque celui-ci veut envoyer la vieille femme à l’hôpital et refuse de « l’avorter », c’est-a-dire de l’euthanasier : « Si elle veut se faire avorter, c’est son droit. Et c’est vous qui devriez le faire parce qu’il faut un médecin juif pour ça pour ne pas avoir d’antisémitisme. Vous ne devriez pas vous faire souffrir entre Juifs. C’est dégueulasse» (Chapitre 26, p. 235).

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