1STG: Corrigé du baccalauréat blanc, commentaire de Thérèse Raquin

Zola, Thérèse Raquin: le meurtre de Camille

de « Assis au fond de la barque qui coulait avec l’eau… » à « Il revint deux ou trois fois sur l’eau, jetaznt des cris de plus en plus sourds »

 

Devoir de Pauline 

Les éléments en italique sont des remarques ou des ajouts pour préciser certains points.

Commentaire :

Remarque: rédigez quelques lignes d’introduction qui présente l’oeuvre:

Avec Thérèse Raquin, son premier roman, publié en 1867, Emile Zola commence à mettre en place les principes du naturalisme, cette théorie littéraire qui considère que le roman a une valeur expérimentale, dans la mesure où il associe un tempérament, lié à une hérédité particulière et un milieu social spécifique.  Dans cette oeuvre, il nous présente deux personnages Thérèse et Laurent, que leur liaison conduit au meurtre.

La scène se passe sur un bateau, une barque plus précisément sur une rivière. Ce passage met en œuvre un meurtre lié à la volonté de faire disparaître Camille, le mari de Thérèse qui vit une histoire d’amour avec Laurent.
Comment Zola met-il en évidence la violence de la scène ?

I. Une atmosphère inquiétante
  1. Un lieu obscur

D’emblée, l’auteur nous décrit un lieu très peu rassurant. Une atmosphère froide et sombre qui nous plonge dans l’histoire. Un sentiment de grandeur est installé, vient alors un sentiment d’insécurité. « Ils regardaient les dernières lueurs quitter les hautes branches », « les grandes masses rougeâtres devenaient sombres ». Un paysage dans lequel nous ne sommes pas très à l’aise, «tout le paysage se simplifiait dans le crépuscule ; la Seine, le ciel, les îles les coteaux n’étaient plus que des tâches brunes et grises qui s’effaçaient au milieu d’un brouillard laiteux » Avec ce premier paragraphe l’auteur prévient le lecteur ; il ne s’agit pas d’une scène comique.

Mettre plus en évidence les transformations du paysage: l’obscurité grandissante, et une sorte de brouillard qui envahit la scène. La fin de la journée, la présence de l’automne se lisent comme une métaphore de la mort à venir.

L’auteur chercher à mettre le lecteur en condition pour la suite. Le premier personnage qui s’exprime est Camille, là aussi il nous informe sur le lieu inquiétant « Fichtre ! Que c’est froid ! Il ne ferait pas bon de piquer une tête dans ce bouillon-là ». Une eau froide et un temps humide sont des éléments supplémentaires qui indiquent l’atmosphère de la scène.

2. La mise en place de l’acte

Petit à petit on sent que Laurent n’est pas à l’aise avec l’acte qu’il va commettre. Il cherche comment commencer à le provoquer, ici, c’est lui qui sera aux commandes « Laurent ne répondit pas. Depuis un instant il regardait les deux rives avec inquiétude ; il avançait ses grosses mains sur ses genoux, en serrant les lèvres » Thérèse, elle, ne peut rien dire ni rien suggérer « Thérèse, roide, immobile, la tête un peu renversée, attendait». Cette énumération fait d’elle une personne sans pouvoir, faible.
Pendant que la mise en place du crime se fait dans une immense tension, en parallèle on retrouve une atmosphère chaleureuse «On entendait, derrière l’une des îles, les chants adoucis d’une équipe de canotiers qui devaient remonter la Seine ». Ici, deux atmosphères s’opposent. Le lecteur voit la différence et c’est ce que l’auteur cherche à faire. En créant cette opposition, il accentue l’atmosphère inquiétante de la scène. Nous retrouvons encore une opposition « Au loin, en amont, la rivière était libre ». Les termes « libres » et « loin » sont en opposition avec la situation du personnage qui lui est déjà trop près de son assassin et qui sera au contraire enfermé dans une horrible souffrance. Pendant ce temps, Camille ne sait pas ce qui se prépare. Cela crée chez le lecteur, un effet d’attente. « Alors Laurent se leva et prit Camille à bras le corps. Le commis éclata de rire » Camille croit à une plaisanterie. Un élément annonce le début de sa bataille « Voyons, finis, tu vas me faire tomber« .

II. La lutte et la mort
1.    Seul contre deux

Camille doit se battre seul contre Laurent et Thérèse. En réalité Thérèse ne commet pas l’acte mais elle ne soutient pas son mari. De plus, on sait que Camille ne sait pas nager. Il part avec un handicap. « Laurent serra plus fort, donna une secousse » Camille ne comprend pas ce qui lui arrive. « Camille se tourna et vit la figure effrayante de son ami, toute convulsionnée. Il ne comprit pas, une épouvante vague le saisit. Il voulut crier, et sentit une main rude qui le serrait à la gorge » Les termes « effrayant » et « convulsionnée » traduisent déjà une certaine violence. Mais surtout, Laurent veut en finir vite. Il est tout seul « Thérèse ! Thérèse! Appela de nouveau, d’une voix étouffée et sifflante » On comprend alors qu’elle ne répond même pas. L’auteur met en évidence la solitude du personnage pour émouvoir le lecteur, voire le révolter.

Noter: l’horreur de la scène est accentué par le choix du point de vue interne: Camille comprend en voyant Laurent que celui-ci a décidé de le tuer. La narration change de point de vue, et le lecteur se retrouve ici du côté de la victime. La prise de conscience est d’autant plus terrible que jusque là, Zola insiste bien sur le fait que Camille n’avait aucun soupçon. Sa plaisanterie initiale « Fichtre ! Que c’est froid ! Il ne ferait pas bon de piquer une tête dans ce bouillon-là ! », citée au style direct  le montre clairement, de même qu’il croit au début à un jeu de la part de Laurent.

2.    La volonté de survivre

Camille veut survivre. Le lecteur a presque envie de l’aider. « Avec l’instinct d’une bête qui se défend, il se dressa sur les genoux, se cramponnant au bord de la barque. Il lutta ainsi pendant quelques secondes » Le termes « quelques secondes » est un euphémisme qui signifie que pour lui c’était une éternité. Sa peur se ressent au travers de cette phrase. La scène est décrite comme « un spectacle horrible de la lutte ». Le lecteur va alors avoir un sentiment de compassion à l’égard de la victime qui se défend tant bien que mal pour sa vie. «Comme il penchait la tête, découvrant le cou, sa victime, folle de rage et d’épouvante, se tordit, avança les dents et les enfonça dans ce cou ».

Noter: l’instinct de survie animale est confirmé par la morsure même, qui apparaît davantage comme la réaction d’un animal que d’un être humain. En même temps, elle imprime une trace sur le meurtrier lui-même.

3.    Une mort brutale.

La mort de Camille se fait très rapidement. La violence et la brutalité sont alors à leur comble. « Et lorsque le meurtrier retenant un cri de souffrance, lança brusquement le commis à la rivière, les dents de celui-ci lui emportèrent un morceau de chair. » Ce passage nous renvoie à une image de torture mais aussi à une animosité cruelle. Camille est réduit à une chose, un vulgaire objet qu’on lance à la rivière sans scrupule.
Enfin, sa mort n’est pas dite, seulement suggérée par l’auteur, ce qui va accentuer l’agonie de Camille « Camille tomba en poussant un hurlement. Il revint deux ou trois fois sur l’eau, jetant des cris de plus en plus sourds » Le mot « sourd » nous fait comprendre alors sa mort.

III. Les réactions de Thérèse.

Thérèse n’est pas en confiance avec l’acte qu’elle et Laurent vont commettre. « La jeune femme regardait, se tenait des deux mains à un banc du canot qui craquait et dansait sur la rivière ». Elle ne veut pas être témoin de ce qui se passe sous ses yeux «Elle était rigide, muette » Finalement, elle s’en veut,  n’arrive pas et ne veut pas se dire qu’elle est à l’origine de cette violence terrible. « A ce dernier appel, Thérèse éclata en sanglots. Ses nerfs se détendaient. La crise qu’elle redoutait la jeta toute frémissante au fond de la barque. Elle y resta pliée, pâmée, morte ».

Noter l’ambivalence de cette évocation: la mort de Laurent apparaît aussi comme la mort de Thérèse.

Pour conclure, l’écrivain met en évidence la violence de façon très brutale, en abordant la culpabilité, la passion, l’incertitude et la souffrance, il veut faire naître chez son lecteur une prise de conscience, un état d’esprit peut-être plus réfléchi.

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