Interview avec Olivier Erzscheid : l’identité numérique.

L’interview donnée par Olivier Erzscheid et relayé par ItyPA2 comporte deux parties.

  1. La première est consacrée à l’identité numérique et s’appuie sur la publication récente de l’ouvrage « Qu’est-ce que l’identité numérique ? » aux éditions OpenEditionPress.

  2. La seconde traite du blog d’Olivier Erzscheid « Affordance », de ses raisons d’être, des problématiques qui y sont développées et des prises de position de l’auteur.

Pour ce qui est de l’identité numérique, l’auteur évoque d’abord les traces que nous laissons sur le web. Mais il insiste sur le remixage que subissent ces traces, avec les conséquences que cela implique : nous perdons la main sur nos données puisqu’elles sont compilées, indexées et mixées à notre insu dans le but de « faire tourner un régime économique qui est le régime publicitaire ».

Ce traitement de nos données personnelles correspond à une évolution du web. D’un outil centré autour de documents dont on espérait qu’ils nous permettraient de constituer une intelligence collective, nous passons à un outil centré autour des individus et de leur profil.

Olivier Erzscheid pense donc que nous devons reprendre la main sur nos données. Pour cela, il préconise quatre attitudes :

  1. être proactif, c’est-à-dire, être à l’origine des informations qui circulent à notre sujet sur le web

  2. mettre en place une surveillance à l’aide d’outils simples

  3. se réserver un nom de domaine

  4. bien définir son périmètre de confidentialité sur les réseaux sociaux.

Il recommande aussi un changement d’approche de l’ouverture par défaut des sites. Fixer un délai limite d’archivage de nos données. Laisser, dans le cadre du délai précédemment nommé, à l’usager la définition des paramètres d’utilisation. Maintenir des services personnalisés mais uniquement dans le cadre des deux conditions précédemment citées.

Pour ce qui est du blog et de la deuxième partie de l’interview, il commence par expliquer le pourquoi de celui-ci. D’abord, il ressentait la nécessité de mettre en forme les résultats de ses recherches et de les diffuser. L’intérêt et les attentes de ses lecteurs l’ont ensuite encouragé à poursuivre. Aujourd’hui, il y développe à la fois des problématiques actuelles telles que celles du droit d’auteur, mais aussi des problématiques qu’il considère poindre à l’horizon. Il cite alors l’importance croissante des objets connectés et des capteurs qui se répandent dans nos environnements ou bien la philosophie transhumaniste qui conduit Google à mettre au service de la recherche sur le génome sa puissance de calcul afin de mieux traiter certaines maladies.

Mais ce blog est aussi celui d’un chercheur engagé. Il insiste par exemple autant sur la nécessité de protéger le droit des auteurs que sur celui des lecteurs de faire valoir leurs droits à la réalisation de copies privées. Il proteste contre les pratiques autour du livre numérique qui consistent à restreindre le nombre de prêts pour un ouvrage qu’on a acquis en espèces sonnantes et trébuchantes. Son objectif est alors de lutter contre les « systèmes qui ajoutent une couche de fermeture ».

En l’écoutant, je me demande s’il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour notre liberté d’apprendre, de connaître, de savoir et de rencontrer.