Bilan Tice 2013-2014 ou la création d’un espace de parole.

Richesse, mais déséquilibre. Variété des approches, mais dispersion de la pensée. Besoin de recentrage. « Au fil des tice » est devenu « dans le tourbillon des tice ». Tel est mon ressenti en fin d’année.

Le point fort a été la formation personnelle aux outils et aux pratiques. Aux dépens de la recherche fondamentale. Sans que cela ne profite plus que cela aux élèves. Cette étape était cependant nécessaire. Egoistement. Pour moi. Pour gagner en assurance et en confiance. Car ce n’est pas toujours facile, dans le domaine des tice, d’être une femme et, qui plus est, une femme de plus de cinquante ans. Il suffit d’observer les organigrammes tice de l’Education Nationale pour constater que les ABCD de l’égalité ont encore du chemin à parcourir. Donc, même si les « geeks » de service et autres codeurs ne reconnaissent pas toujours mes compétences, d’autres collègues ont bien perçu une évolution. Les élèves aussi.

D’où un bilan difficile à établir quant à ce que ces formations m’ont apporté. Concrètement, peu de ce que j’ai appris à été transféré directement dans mes pratiques pédagogiques. Par exemple, alors que les trois quarts de nos élèves dépendent du ramassage scolaire dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour de notre ville, je n’ai toujours pas introduit de pratiques collaboratives instrumentées. En fait, seule la formation à l’orientation des secondes a bénéficié de la veille et du travail sur la formation tout au long d’une vie initiés par Itypa, ainsi que de la pratique réfléxive liée au C2i.

En réalité, les vrais gains sont indirects. Dans un changement d’état d’esprit. Préjugés et appréhensions irraisonnés ont cédé la place, ni à la diabolisation, ni à l’angélisme, mais au pragmatisme. Les choses sont ce qu’elles sont : autant les regarder en face pour les tourner à notre avantage. Le numérique est partout et j’en prends acte. Il modifie mes façons de faire. Parfois, je ne sais pas manipuler les outils. Je me lance, fais des erreurs, et alors ? Devant les autres, qu’importe ? J’ose faire des choses, même petites, même devant les élèves, même devant les collègues. Et de fil en aiguille, mes relations en vrai avec les membres de la communauté éducative évoluent. Mes petits outils simples tels que mon blog intéressent mes collègues. Surtout ceux qui n’en ont jamais fait mais m’entendent dire en quoi cela m’aide dans mon travail. Mais c’est surtout auprès des élèves que je peux observer un réel changement. Quand ils commencent par me dire « vous, vous êtes plutôt ouverte à l’informatique » ou bien « vous vous débrouillez plutôt bien », je sais qu’il va se passer des choses. Le summum, c’est Gabin. Il code, depuis quatre ans déjà. Le blog, cela lui donne envie de me faire un site de cours, avec des exercices interactifs. Mes devoirs de vacances : préparer une maquette pour un site vraiment conçu pour les élèves.

Je pourrais citer d’autres exemples. Mais la réflexion que je me fais est ailleurs. Quelle image, nous adultes, renvoyons-nous aux jeunes des technologies dans lesquelles ils ont grandi ? Entre ceux qui croient que les jeunes savent tout de cet univers et ceux qui n’y voient que danger, quel espace de réflexion et d’appropriation leur reste-t-il ? Aujourd’hui, je suis donc convaincue que le gain indirect majeur de toutes les formations que j’ai suivies est là : pouvoir parler avec calme des évolutions actuelles, n’éluder aucune question, réfléchir avec sang-froid. Mon espace numérique est devenu un espace de parole avec et pour, autant les collègues que les élèves.