Enseigner par temps de confinement : pourquoi j’ai aimé.

Oui, j’ai aimé enseigner par temps de confinement pour trois raisons :

  1. D’abord parce que je considère cette expérience comme un recentrage sur le coeur de mon métier à savoir l’enseignement et l’apprentissage.

  2. Ensuite parce que ce temps m’a permis d’explorer d’autres manières de faire apprendre.

  3. Enfin parce que cette distance physique a permis des échanges individuels plus suivis avec les élèves.

Pour ce qui est du recentrage sur l’enseigner et l’apprendre, il s’est imposé dès l’annonce du confinement. Les questions essentielles à ce moment-là étaient : qu’est-ce que je vais proposer aux élèves, quel enseignement vais-je délivrer pour qu’ils conservent des habitudes d’apprentissage ? Comment vais-je m’y prendre ? Avec quels supports ? Diffusés comment ? Concrètement, c’était une libération par rapport aux tâches administratives et matérielles habituelles. Pas de photocopies à faire sur une photocopieuse en panne, par exemple. Ou pas d’information sur la prochaine portes ouvertes à faire passer aux élèves. Pas de choix cornélien non plus entre le fait d’assister à l’un de mes 17 conseils de classe ou faire cours. Juste enseigner et faire apprendre.

Ce temps à l’écart m’a aussi permis d’expérimenter des stratégies pédagogiques différentes. J’ai fait mes premières capsules vidéo. Parce que j’avais envie que la bonne prononciation accompagne les éléments de correction ou de synthèse de travaux soumis. J’ai aussi essayé ce que j’appelle aujourd’hui des mix : soumettre aux élèves des vidéos en allemand (lexicales, grammaticales, thématiques) à partir desquels ils doivent présenter un travail personnel. Par exemple, les secondes devaient présenter leur logement à partir de deux vidéos allemandes, l’une décrivant les différents types de logement et les différentes pièces, l’autre décrivant différentes chambres. L’objectif, les préparer à me raconter comment ils ont vécu le home-schooling.

Enfin, j’ai beaucoup apprécié une nouvelle forme d’échanges avec certain(e)s élèves, plus continu en fait, grâce au chat, aux mails et aux discussions sur le cahier de textes en ligne. Car quand un élève vous envoie un message et que vous y répondez, l’échange s’instaure en continu. Et même si vous reprenez cette discussion plus tard dans le temps, l’historique en a été gardé. Ce qui n’est pas le cas en présentiel. En classe, la communication est d’abord collective et peu se hasarderont à évoquer des choses personnelles devant le groupe classe : qui, devant ses camarades, osera dire qu’il n’a pas de traitement de textes à disposition ? De plus, les instants de dialogue en fin d’heure sont toujours tronqués, rapides, un peu volés. Car autant l’élève que le professeur doit se rendre vers le cours suivant, ou libérer la salle, ce qui implique, échanger dans le couloir.

Certes, la réflexion collective, le côté ruche de la salle de classe me manque. En même temps, quand je tends un miroir attentif à la situation d’enseignement par temps de confinement, j’y trouve des éléments de satisfaction. D’autres perspectives sur la pédagogie.