J'enseigne l'allemand depuis 34 ans. J'ai commencé ce blog en 2013 parce que l'internet a révolutionné et facilité ma pratique personnelle de la langue. Je suis convaincue qu'il peut aussi améliorer notre enseignement au quotidien et les apprentissages des élèves. J'ai donc créé ce blog pour documenter mes réflexions et mes pratiques. Depuis mars 2020, à cause de l'enseignement à distance mis en place avec le confinement, j'ai repris la plume. L'objectif : faire honnêtement le bilan des opportunités et des limites de l'enseignement avec le numérique.

J'enseigne l'allemand depuis 34 ans. J'ai commencé ce blog en 2013 parce que l'internet a révolutionné et facilité ma pratique personnelle de la langue. Je suis convaincue qu'il peut aussi améliorer notre enseignement au quotidien et les apprentissages des élèves. J'ai donc créé ce blog pour documenter mes réflexions et mes pratiques. Depuis mars 2020, à cause de l'enseignement à distance mis en place avec le confinement, j'ai repris la plume. L'objectif : faire honnêtement le bilan des opportunités et des limites de l'enseignement avec le numérique.

Réflexions autour de l’ouvrage de France Henri, Karin Ludgren-Cayrol : « L’Apprentissage collaboratif à Distance ». 2001 (Presses de l’Université du Québec)

A l’origine, je me demandais ce que pouvaient être des pratiques collaboratives d’enseignement avec les TIC. Je cherchais un manuel pratique contenant toutefois des pistes théoriques à méditer. Je n’ai pas été déçue. D’où cet article : conçu au départ comme une fiche de lecture, il est devenu questionnement introspectif de pédagogue. En tout cas, une chose est sûre : ce livre fera l’objet d’autres fiches de lecture.

Dans « L’Apprentissage collaboratif à Distance », tous les mots du titre ont été pesés. L’apprentissage, ce n’est pas l’enseignement. Collaboratif ne veut pas dire participatif. A distance ne se définit pas par mise de cours en ligne, mais par création d’environnements d’apprentissage virtuels où les apprenants collaborent.

Dans une première partie, les auteures passent en revue les théories pédagogiques qui leur ont permis de développer leur réflexion et leurs pratiques. Elles présentent d’abord une définition claire et efficace du constructivisme, du psycho-cognitivisme, du socio-cognitivisme et de la théorie de la flexibilité cognitive. Puis, elles en exposent les avantages pour ce qui touche de l’apprentissage à distance.

Elles aboutissent à la conclusion que la meilleure efficacité est obtenue grâce aux principes du socio-constructivisme que le meilleur outil à exploiter dans le cadre collaboratif est le forum.

Cette réflexion dont je n’esquisse ici que quelques traits mène à une redéfinition du métier d’enseignant partagé entre deux rôles qui peuvent ou non être investis par la même personne. Il y a d’une part l’expert et d’autre part le formateur.

Et là, de nouveau, l’usage des TICE pose la question des pratiques pédagogiques. Certes, j’utilise les TIC pour préparer mes cours. Je peux aussi les utiliser pour faire cours. Je peux aussi demander aux élèves de les utiliser. Mais cela m’interroge plus loin : je le fais dans quel but ? Pour me faciliter la vie ? C’est possible. Pour que les élèves apprennent quelque chose ? Cela est vivement souhaitable. Mais qu’ils apprennent quoi au juste ? Et comment ? Utiliser les TICE interroge les pratiques et les choix pédagogiques. Pour moi, la question est devenue incontournable.

Le blog de M@rcel

De Marcel Lebrun dont vous pouvez découvrir le CV sur le site de l’Université catholique de Louvain, je retiendrai deux choses.

La première, c’est sa compétence dans le domaine des TIC. Il est à l’origine de la plateforme de cours en ligne Claroline.

La seconde, c’est que « dans e-learning, ce n’est pas le e qui compte le plus ». Son approche n’est donc pas techniciste mais pédagogique.

Les TICE sont alors une chance à saisir pour mieux apprendre, dans tous les sens que le mot français donne à ce terme. Découvrir le blog de M@rcel est donc l’occasion de réfléchir à ses pratiques, de les interroger, d’en approfondir la portée philosophique, éthique et humaine.

TIC, langues vivantes et nouveaux champs pédagogiques : donner une recherche aux élèves.

Il y a quinze ans, il ne m’était pas possible de donner à mes élèves germanistes une recherche à faire. Faute de ressources accessibles.

Aujourd’hui, grâce à internet, il en va autrement. On peut aisément leur demander d’aller chercher des informations sur une ville, sur les monuments à visiter et les activités possibles.

Sauf que l’objectif linguistique qui est le fondement du cours de langue risque de passer à la trappe.

En effet, dans ce type de démarche, deux objectifs coexistent. Le premier consiste à trouver les informations demandées. Le second à travailler dans la langue cible. Or si le premier objectif qui est à la portée de l’élève éveille sa curiosité et le motive, le second suscite des obstacles qu’il va tenter de contourner. Peut donc alors se mettre en place le scénario de cours suivant.

L’élève :

  1. traduit les consignes
  2. mène sa recherche en français
  3. si celle-ci n’aboutit pas, la poursuit en anglais
  4. copie et colle le texte anglais dans un traducteur
  5. rend le texte ainsi produit en allemand
  6. sans avoir travaillé son allemand.

L’objectif linguistique, essentiel, est donc manqué.

Une conclusion s’impose : la nécessité de baliser, dans ce projet de recherche, un parcours qui oblige l’élève à la confrontation linguistique. Cela veut dire être directif, ou pour utiliser une version plus soft élaborer des scénarios de guidage.

Le numérique, simple outil ou nouveau paradigme ?

Soit le numérique est un simple outil et, dans ce cas, enseigner le numérique consiste à concevoir des tutoriels (mot nouveau qui sert à désigner le mode d’emploi)

Soit le numérique est un nouveau paradigme qui questionne la manière dont nous élaborons nos connaissances et, dans ce cas, enseigner le numérique consiste d’abord à établir une épistémologie dédiée pour ensuite mettre en place des procédures qui deviendront des réflexes à acquérir valant la peine d’être enseignés.

Le cahier de textes en ligne : le parcours du combattant d’un outil simple d’utilisation.

Depuis la rentrée 2011, le cahier de textes en ligne est obligatoire. Et c’est un bon outil dont on voit vite l’intérêt. Il permet aux élèves de suivre le fil directeur du cours, de récupérer les documents perdus de cliquer directement sur des liens pour trouver les documents en ligne avec lesquels l’enseignant a travaillé.

Pourtant peu d’élèves s’en servent. D’abord, parce qu’à l’instar de son homologue en papier, il est référencé de manière incomplète et aléatoire. Ensuite, parce que bon nombre d’élèves sont réticents à l’utiliser. Il les oblige, en effet, à fréquenter des supports différents de ceux auxquels ils sont habitués. Les espaces numériques de travail utilisés dans l’enseignement présentent deux caractéristiques : ils sont sécurisés et multifonctions. Qui dit sécurisé dit usage de mots de passe plus complexes comportant lettres majuscules et minuscules ainsi que des chiffres : cette exigence ne va pas de soi pour certains élèves. Qui dit multifonctions, dit interface plus complexe, moins ergonomique, mais aussi plus riche.

D’où la question qui me travaille depuis quelque temps : ils sont nés avec des écrans, mais que savent-ils vraiment faire avec ? En savent-ils tant que ça, de plus que nous ?

Elèves et TIC : de la nécessité de l’accompagnement pédagogique.

L’accompagnement pédagogique est nécessaire dans l’usage des TICE. Ce constat émerge de l’étude d’un article relatant une expérience pédagogique conduite auprès d’étudiants de l’université d’Avignon. Le projet des enseignants consistait à renoncer au cours magistral habituel pour proposer un cours en ligne ponctué de liens hypertextes censés permettre un approfondissement du travail. Il s’adressait à des étudiants en licence de culture et communication. Le thème central était l’étude du lien entre la culture et les technologies du numérique.

Les enseignants se sont d’abord heurtés à des difficultés en terme de préparation de cours. Il n’est en effet pas possible de concevoir le cours en ligne comme une démonstration didactique suivant un fil conducteur. Pour que ce type de cours fonctionne, il doit être élaboré selon des objectifs à atteindre et des tâches à accomplir.

Mais les principales résistances sont venues des étudiants eux-mêmes qui n’étaient pas prêts à entrer dans la démarche. Ils jugeaient que l’écart entre celle-ci et le norme habituelle était trop important. Ils le vivaient mal, ce qui amène les auteurs à parler de « crise identitaire ». Se sont posées surtout deux questions fondamentales. La première concerne les prérequis : comment savoir s’ils sont présents et sous quelle forme ils sont là ? La seconde concerne les représentations préalables des étudiants : quelles sont-elles et comment interagissent-elles avec le cours.

Les auteurs aboutissent aux conclusions suivantes :

  1. Un cours bien construit avec des liens bien choisis est une condition nécessaire mais pas du tout suffisante.

  2. La question majeure qui se pose est aussi celle de l’accompagnement, de la médiation et de l’interaction.

Ce qui m’amène moi à une réflexion sur l’autonomie. On la croit acquise. Ne mérite-t-elle pas d’être construite ? Quelle réflexion de fond est déjà engagée sur le sujet dont on nous rebat les oreilles sans le définir ?

En tout cas, merci à Caroline Angé, Juliette Dalbavie et Claude Lacotte d’avoir mis en ligne le bilan de leur expérimentation.

Le mystère de la génération Y.

Qui est la génération Y ? La définition dépend de l’organe de presse auquel on se réfère. « Die Zeit » et « Le Monde » nous proposent deux articles, deux visions qui, toutes deux, s’appuient sur des paroles d’experts et divergent.

Jean Pralong, cité par « Le Monde » , estime que le concept de « génération Y » n’est pas fondé. Il ne fait, en effet, l’objet d’aucune étude scientifique. Il émane des recruteurs issus de la génération X qui agitent l’épouvantail du péril jeune pour faire aboutir des revendications qui leur sont propres. Pour le démontrer, Monsieur Pralong a conduit une recherche sur les schémas cognitifs de trois catégories d’individus : les salariés de la génération précédente, les jeunes de la génération Y avant et après leur premier recrutement. Et il observe une différence d’état d’esprit uniquement entre les membres de la génération Y avant et après recrutement. Selon lui, une fois recrutés, les Y adoptent les schémas cognitifs des X.

Klaus Hurrelmann, sociologue lui aussi et cité par « Die Zeit » définit la génération Y comme la troisième génération d’après deuxième guerre mondiale. Alors que leurs grand-parents étaient préoccupés par la reconstruction de leur pays, leurs parents ont profité de la prospérité économique pour se construire un statut. Quant à eux, ils ont grandi centrés sur eux-mêmes mais dans un monde sans frontière. Et leur vision de la vie est la suivante : tout est possible mais tout change vite et rien ne reste. Alors, ils veulent tout tout de suite : la famille et les loisirs, un travail mais aussi du plaisir et du sens.

Quelle place pour les TIC dans ce discours ? On les incrimine souvent en leur imputant l’évolution actuelle de notre jeunesse. Mais quelle est notre part en tant qu’adultes responsables et éducateurs ? Sommes-nous prêts à observer lucidement nos jeunes ainsi que notre attitude vis à vis d’eux ? La génération Y, est-ce donc un concept que nous nous sommes inventé pour faire valoir, sur le plan social, une recherche d’épanouissement personnel dans le cadre de notre travail ou est-ce une génération que nous avons créée par les principes éducatifs que nous avons mis en oeuvre ?

Bloguer, c’est produire du contenu.

Tenir un blog, c’est écrire, écrire sur du contenu. Cette semaine, l’acte d’écrire m’a semblé laborieux. Parce que les contenus longs et argumentés que j’ai retenus portaient certes sur la même thématique, mais divergeaient fondamentalement dans leurs approches. Parce que aussi je veux faire des notes de lecture synthétiques dont la longueur dépasse à peine celle d’un écran. Un blog se feuillette avant de se lire. Et l’écriture n’en devient que plus exigeante.

Trois degrés d’intégration des TICE, trois rôles différents pour l’enseignant.

Cette fiche de lecture est réalisée à partir d’un article intitulé « Mieux comprendre les rôles exercés par le personnel enseignant et les étudiants dans un contexte d’intégration des TIC », rédigé par Christian Barrette, publié dans le bulletin Clic du mois d’octobre 2009 et que vous trouverez sous le lien : http://clic.ntic.org/cgi-bin/aff.pl?page=article&id=2147.

Dans une précédente fiche de lecture, il était question de trois degrés d’intégration des TICE (article du 10 mars 2013 sur l’effet nul : http://lewebpedagogique.com/aufildestice/2013/03/10/de-leffet-nul-…-lenseignement/ ?)

Selon le degré d’intégration choisi, le rôle de l’enseignant change.

  1. Dans le premier cas, il est didacticien : c’est lui qui décide du contenu à connaître et de la démarche à suivre. Il sélectionne les éléments qu’il estime devoir être connus et les organise de manière à en assurer l’appropriation par les élèves.
  2. Dans le deuxième cas, il est facilitateur ou médiateur : c’est ce que fait l’élève qui est au coeur de l’activité . L’enseignant fournit alors le dispositif permettant à celui-ci de mener à bien son projet et l’accompagne dans la construction de son savoir.
  3. Dans le troisième cas, il est animateur : car il met en place une action collective impliquant la collaboration des individus au sein d’un groupe. Il gère dès-lors les modalités de l’interaction entre les membres du groupe. Il veille à ce que les objectifs soient atteints, à ce que des stratégies de groupe soient élaborées dans ce but et enfin à ce que le rapport entre démarche collective et apport individuel soit équilibré.