C’est ici que vous trouverez les bilans d’expériences réalisées par d’autres ou par moi-même.

Le fil du blog change.

Ce que j’affiche aujourd’hui sous forme d’article apparaîtra sous forme de page à la place du « pourquoi et comment du blog ».

Car depuis février, ma vision de la recherche à mener a évolué. Certes je continue à mettre en place ma réflexion sur la révolution du numérique en pédagogie. Je poursuis donc mon analyse sur la manière dont les savoirs sont élaborés avec ces nouveaux outils et les conséquences qui en découlent. Mais je dois y ajouter l’étude des tendances du web 2.0 ainsi que les répercussions sociétales qu’elles impliquent.

Surtout, je suis de plus en plus convaincue qu’on ne peut pas dissocier une recherche sur la pédagogie du numérique d’une réflexion globale sur ce qui fait réellement progresser les élèves que ce soit numérique ou non. Désormais figureront dans le blog aussi des articles n’ayant pas directement trait au numérique.

De la nécessité d’un guidage rigoureux pour construire l’autonomie des élèves dans l’usage des TIC.

Utiliser les Tice en langue étrangère améliore le niveau des élèves, en particulier pour ce qui est des compétences relevant de la réception. Le net a révolutionné la pratique de la compréhension orale grâce aux ressources audio et vidéo.

Cependant, il ne faut pas croire que, parce que nos élèves sont nés avec le support, la navigation sur des sites en langue étrangère soit intuitive ou évidente. Ils acceptent de surmonter l’obstacle linguistique que dans deux cas : soit parce qu’une passion dévorante pour un sujet leur permet de dépasser leur inhibition linguistique. Soit parce que l’enseignant les y a contraints.

La fréquentation des sites en langue étrangère par les élèves nécessite donc un guidage rigoureux. Ils doivent en effet apprendre :

  1. d’abord à se poser sur une page sans se limiter à en regarder les images mais en en consultant les données textuelles
  2. ensuite à utiliser ces sites en en connaissant les modalités de fonctionnement, en particulier pour ce qui relève du téléchargement. J’ai vu des élèves à qui je demandais de travailler sur les « Nachrichten in 100 Sekunden de l’ARD » (les nouvelles en 100 secondes) se retouvés coincés. Ils n’avaient pas su télécharger l’édition (téléchargeable en toute légalité) et quand ils avaient voulu retravailler dessus, elle avait été remplacée par une nouvelle mouture.
  3. enfin à utiliser les bons moteurs de recherche (pas trop généralistes) car la profusion d’informations couplée à un défi linguistique conduit à la noyade.

Cela suppose en amont l’élaboration par le professeur de scénarios de guidage et d’une progression dans ces scénarios. Mais auparavant, il lui aura encore fallu :

  1. débroussailler le champ des ressources disponibles, donc naviguer lui-même et procéder à un tri
  2. bien connaître le fonctionnement des sites et leur ergonomie afin d’y mener les élèves, ce qui implique un travail d’appropriation
  3. avoir les connaissances techniques pour cela.

On peut donc conclure de cette analyse :

  1. que même si les élèves sont nés dans un environnement informatique, il y a des outils pour lesquels ces « digital natives » ont besoin d’aide
  2. que ce guidage relève de celui qui a la maîtrise du contenu
  3. mais que celui qui a la maîtrise du contenu a besoin d’une formation aux outils.

Cet article aurait donc tout aussi bien pu s’intituler : de la nécessité de former les enseignants aux TIC.

Un an plus tard : TIC et langues vivantes : donner une recherche aux élèves.

Oui, j’ai renouvelé cette année l’expérience que j’avais faite l’an dernier et qui avait à moitié réussi. Réussi parce que les élèves en étaient sortis motivés et avaient appris beaucoup de choses sur la région qu’ils allaient visiter. Echoué parce que l’objectif linguistique visé n’avait pas été atteint.

La tâche à effectuer n’a pas beaucoup évolué et consiste à :

  1. choisir un lieu éloigné d’au plus 150 km de notre ville jumelle
  2. imaginer pour ce lieu une visite de musée et une activité
  3. préparer une présentation assistée par ordinateur et un exposé oral en allemand afin de convaincre leurs camarades que ce programme est génial.

Les différences concernent l’approche pédagogique et se concentrent sur deux points :

  1. la préparation en amont : elle a consisté à familiariser les élèves avec l’utilisation de sites en allemand et à rendre systématique cette utilisation
  2. l’accompagnement des élèves pendant la réalisation du travail et qui a comporté quatre aspects :
    1. définir les différentes étapes à parcourir pour réaliser le produit final
    2. formaliser ces étapes sur une fiche indiquant à quel stade les élèves étaient parvenus (sous forme de cases à cocher : fait, en cours, non fait)
    3. organiser le planning des séances où les élèves peuvent se retrouver pour travailler en groupe
    4. élaborer des fiches de travail individuel où l’élève explique ce qu’il a fait lui dans le cadre du travail de groupe.

Les points positifs du bilan sont les suivants :

  1. les élèves n’ont utilisé que très rarement des sites qui n’étaient pas en allemand. Ils ont donc réellement travaillé la compréhension écrite et la recherche d’informations en allemand
  2. ils ont utilisé le dictionnaire en ligne leo.de : c’est devenu automatique
  3. ils ont tous travaillé (sans doute dans l’objectif de compléter la fiche « parcours individuel »)
  4. ils étaient concentrés sur leur travail et enthousiastes (ils n’entendaient pas la sonnerie)
  5. ils ont beaucoup apprécié d’avoir la liste de sous-tâches à accomplir et de pouvoir cocher les cases au fur et à mesure de l’avancement de leurs travaux.

Les points à améliorer :

  1. la plupart des élèves ont rencontré des difficultés à travailler en groupe en dehors des séances prévues parce qu’ils habitent loin les uns des autres. Un groupe a contourné la difficulté en se créant une page sur Facebook
  2. certains élèves, bien qu’ayant le B2I n’ont jamais réalisé de présentation assistée par ordinateur. Si le travail de groupe a compensé ce manque, on observe sur ce genre de travaux une inégale maîtrise de l’outil
  3. je pense ne pas les avoir assez préparés à l’argumentation non pas d’un point de vue linguistique mais du point de vue de ce que signifie « argumenter ». Certains ont semblé découvrir à l’occasion qu’argumenter servait à convaincre l’autre. J’envisage donc de réfléchir à une meilleure manière de présenter l’argumentation en situation de communication.

Voilà donc trois points qui me permettent de prendre rendez-vous avec vous l’an prochain, pour une nouvelle mouture de cette tâche complexe.

En tout cas, pour ceux qui souhaitent connaître la première version de l’expérience, je les renvoie à mon premier article sur le sujet.

La partie immergée du blog.

Le blog, c’est comme une plante verte. Si on ne l’arrose pas régulièrement, si on ne le taille pas au bon moment, il dépérit.

Derrière ces quelques articles (au maximum deux par semaine), il y a du travail.

  1. D’abord, je prospecte pour trouver des sources fiables et renouvelées.

  2. Ensuite, il y a la lecture de ces sources pour les transformer en fiches de lecture.

  3. Puis vient le classement de ces fiches en catégories. Derrière celles-ci, j’envisage de créer des tags car je sais que certains articles se font écho et que je dois mettre cela en valeur. Mais ce que j’ai vu jusqu’à maintenant des tags me paraît trop embrouillé pour être vraiment utilisable.

  4. Plus loin en amont, il y a la réalisation d’un fonds documentaire sur support durable car dans peu de temps, les liens aujourd’hui actifs deviendront d’illisibles « erreurs 404 ».

  5. Enfin, il y a les concepts qui n’apparaissent pas encore mais s’élaborent progressivement.

TIC, langues vivantes et nouveaux champs pédagogiques : donner une recherche aux élèves.

Il y a quinze ans, il ne m’était pas possible de donner à mes élèves germanistes une recherche à faire. Faute de ressources accessibles.

Aujourd’hui, grâce à internet, il en va autrement. On peut aisément leur demander d’aller chercher des informations sur une ville, sur les monuments à visiter et les activités possibles.

Sauf que l’objectif linguistique qui est le fondement du cours de langue risque de passer à la trappe.

En effet, dans ce type de démarche, deux objectifs coexistent. Le premier consiste à trouver les informations demandées. Le second à travailler dans la langue cible. Or si le premier objectif qui est à la portée de l’élève éveille sa curiosité et le motive, le second suscite des obstacles qu’il va tenter de contourner. Peut donc alors se mettre en place le scénario de cours suivant.

L’élève :

  1. traduit les consignes
  2. mène sa recherche en français
  3. si celle-ci n’aboutit pas, la poursuit en anglais
  4. copie et colle le texte anglais dans un traducteur
  5. rend le texte ainsi produit en allemand
  6. sans avoir travaillé son allemand.

L’objectif linguistique, essentiel, est donc manqué.

Une conclusion s’impose : la nécessité de baliser, dans ce projet de recherche, un parcours qui oblige l’élève à la confrontation linguistique. Cela veut dire être directif, ou pour utiliser une version plus soft élaborer des scénarios de guidage.

Le cahier de textes en ligne : le parcours du combattant d’un outil simple d’utilisation.

Depuis la rentrée 2011, le cahier de textes en ligne est obligatoire. Et c’est un bon outil dont on voit vite l’intérêt. Il permet aux élèves de suivre le fil directeur du cours, de récupérer les documents perdus de cliquer directement sur des liens pour trouver les documents en ligne avec lesquels l’enseignant a travaillé.

Pourtant peu d’élèves s’en servent. D’abord, parce qu’à l’instar de son homologue en papier, il est référencé de manière incomplète et aléatoire. Ensuite, parce que bon nombre d’élèves sont réticents à l’utiliser. Il les oblige, en effet, à fréquenter des supports différents de ceux auxquels ils sont habitués. Les espaces numériques de travail utilisés dans l’enseignement présentent deux caractéristiques : ils sont sécurisés et multifonctions. Qui dit sécurisé dit usage de mots de passe plus complexes comportant lettres majuscules et minuscules ainsi que des chiffres : cette exigence ne va pas de soi pour certains élèves. Qui dit multifonctions, dit interface plus complexe, moins ergonomique, mais aussi plus riche.

D’où la question qui me travaille depuis quelque temps : ils sont nés avec des écrans, mais que savent-ils vraiment faire avec ? En savent-ils tant que ça, de plus que nous ?

Bloguer, c’est produire du contenu.

Tenir un blog, c’est écrire, écrire sur du contenu. Cette semaine, l’acte d’écrire m’a semblé laborieux. Parce que les contenus longs et argumentés que j’ai retenus portaient certes sur la même thématique, mais divergeaient fondamentalement dans leurs approches. Parce que aussi je veux faire des notes de lecture synthétiques dont la longueur dépasse à peine celle d’un écran. Un blog se feuillette avant de se lire. Et l’écriture n’en devient que plus exigeante.

Tenir un blog ? Pas si simple.

Créer un blog prend trois minutes. Le concevoir, autrement plus longtemps. Pas question ici de comptabiliser le temps consacré à la lecture d’ouvrages ou à la rédaction d’articles. Mais observer l’architecture du blog pour déterminer comment le lecteur pourra au mieux y naviguer. Comment l’accueillir ? Directement, par une porte d’entrée lui fournissant le mode d’emploi ? Ou par les fenêtres empilées des articles ouvertes sur l’instant?

Dans un blog, deux niveaux de structures se superposent. La première émane du chronologique, de son allure imprévue, décousue, feu d’artifice. L’autre relève de la pensée profonde : comment, grâce à ce carnet de notes, suis-je en train de construire la trame de ma réflexion ? Conclusion : un blog se pense.