Poésie en images

Entre expression plastique et design graphique

Si l’on observe les Tarots d’Elisabeth de Senneville et les Karimagologos de Karim Rashid,on remarque que des invariants rendent homogène l’identité visuelle de chaque « table » et que malgré leurs différences,  que ce sont des langages à la fois économe et chargé de sens.

Jeu de Tarots Elisabeth de Senneville, 1978

Le travail d’Elisabeth de Senneville se rapproche des graffitis : choix de  signes graphiques simples et mise en œuvre qui semble rapide : taches, traces de doigt, formes abstraites libres, couleurs vives, légende, composition dans une même rectangle. Ces invariants, les font appartenir à une même langue.

 

Le choix du « mal fait » accentue l’impression que le signe a été dessiné dans l’émotion du moment à saisir et l’urgence du message à délivrer. Le choix de la typographie des machines à écrire ancienne accentue la sensation que ces images sont des réminiscences de choses anciennes, connues, senties.

Basquiat

L’écrivain-critique d’art belge Pierre Sterckx nous présente deux tableaux de 1982, “Boy and Dog in a Johnnypump” et “Charles The King”

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=D5YoKhdWmCI[/youtube]

Elisabeth de Senneville est une styliste. Ellefera des ses tarots des imprimé ses messages pour ses robes.

E de Senneville, Défilé 1985

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Karimagologos Karim Rashid 1998-2004

Les pictogrammes de Karim Rashid ont un aspect très simples, ils sont constitués de formes géométriques élémentaires, et s’inscrivent dans un carré qu’ils occupent en hauteur, en largeur ou dans les deux dimensions. Ils semblent ainsi faire parti d’une même langue.

Ils rappellent le travail de Jean Widmer pour le centre de Création Industriel, dont les formes issues d’une grille ont ainsi une parenté, partage une identité visuelle.

Karim Rashid va utiliser ses Karimagologos pour personnaliser des objets et sa communication graphique.

Carte de voeux

Vase symbolic

Communication graphique pour Kouple

Tatouage

SUJET

Un poème en image

Dans les planches « Tarot » d’E de Senneville et Karimagologos de Karim Rashid, on remarque que l’image et le texte se renforcent pour hypertrophier le sens de l’objet graphique/plastique et susciter nos sens (les 5)….nous mettre dans un état d' »étrangeté »… Le sens n’est pas donné, il est à chercher dans l’entre-deux poétique de l’écrit et du visuel, qui fait appel à nos sensations et notre mémoire.

  1. Vous choisirez un Tarot d’E de Senneville et un Karimalogo de Karim Rashid que vous analyserez en les comparant, sur une planche format A4 (travail personnel : analyse syntactique, pragmatique, sémantique, synthèse)
  2. Vous imaginerez des pictogrammes entre expression plastique et design graphique (en utilisant une grille) pour ré-écrire chaque mot du poème en prose « Aube » d’Arthur Rimbaud :
  • En exprimant votre ressenti.
  • Les différents niveaux de compréhension du poème d’Arthur Rimbaud, que vous avez mis en évidence en cours de français : le cheminement (émerveillé) du poète devant l’éveil de la nature, l’ascension de l’aube, le passage à l’age adulte et la « mort » de l’enfance (moment aussi éphémère que l’aube).

Présentation finale de l’ensemble du poème sur un format A2. Travail de groupe : réflexion sur la cohérence de l’identité visuelle par le choix d’invariants, choix d’une trame, d’une dimension, progression de l’écriture du graphisme de communication à l’expression plastique par exemple), puis chacun(e) étant ensuite responsable d’un mot.

 

Aube

J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombre ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.

Arthur Rimbaud


Identité visuelle
La notion d’identité visuelle comprend l’ensemble des éléments graphiques permettant d’identifier une entreprise : logotype, typographie, couleurs, signalétique, dont l’usage est cadré par la charte graphique. Ces éléments sont déclinés dans une cohérence visuelle sur l’ensemble des supports utilisés et assurent une perception globale de l’entreprise et de ses valeurs.

Logotype
Le logotype plus communément appelé logo est une représentation typographique et/ou graphique d’une société, une entreprise, une institution, un organisme ou une association. Son développement correspond à l’essor de l’industrialisation ainsi qu’au besoin croissant de se démarquer de la concurrence tout en communiquant sur le marché. Le sentiment d’identité qu’il génère fait du logo un élément fédérateur de l’entreprise à même de véhiculer ses valeurs et caractéristiques. Son impact visuel dépend de sa qualité graphique et typographique dont la conception revient au graphiste. À quelques exceptions près, les logos sont fréquemment réactualisés afin de suivre l’évolution d’une entreprise : positionnement sur le marché, impact, modernisation de l’image, etc

Pictogramme
Les pictogrammes sont des signes graphiques normalisés faciles à identifier car ils doivent, au-delà des barrières linguistiques, être compris de tous. Ils constituent un ensemble d’informations imagées notamment dans les espaces publics destinés à identifier un service, un espace ou à signifier une interdiction (de fumer, de circuler…). Lisibles et faciles à repérer, ils sont le plus souvent traduits sous forme de silhouette simplifiée et stylisée dont l’aplat coloré contraste avec le support. La famille des pictogrammes englobe également des signes plus schématiques et abstraits qui nécessitent un apprentissage comme pour le code de la route.

http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-identite-visuelle/lexique.html#art

 

Organisation des groupes de 4

Groupe 1

J’ai embrassé l’aube d’été.
L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.

Groupe 2
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombre ne quittaient pas la route du bois.

Groupe 3
J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

Groupe 4
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Groupe 5
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Groupe 6
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.

Groupe 7
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

Groupe 8
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps.