Et je vous raconte !

C’est tous les deux ans et c’est à Doha Qatar, c’est le sommet mondial de l’innovation en Education et cela s’appelle le WISE et … je suis bien aise d’y avoir été invité. Je vous raconte.

wise-2017

Ce sommet est une initiative de la fondation du Qatar, pays qui au-delà du football s’intéresse aussi à l’éducation, thématique sans doute moins onéreuse et plus intéressante. Si donc vous êtes au Qatar, vous êtes aussi dans une zone soumise au blocus de son puissant voisin saoudien. Vous vous en rendez vite compte, dès le discours d’inauguration de Cheikha Moza Bint Nasser qui dans un texte très politique fait un lien hasardeux entre fake news, invasion de l’Irak et enjeux de l’éducation. Passons sur donc sur ce maladroit écart politique, personne n’est dupe de ce qu’un tel évènement contribue à la construction d’un soft power. Le plus intéressant n’est pas là.

Il s’agit d’un sommet mondial, d’une approche globale de l’éducation et c’est bien là son principal intérêt. Sans déprécier plus que nécessaire les évènements se tenant Porte de Versailles ou à la Belle de mai, on conviendra de leur caractère très franco-français pour ne pas dire parisien. Or, les problématiques éducatives sont de véritables thématiques globales où les questions émergentes sont non seulement les mêmes mais trouvent aussi leurs racines dans des évolutions sociétales globales elles aussi. Comment éduquer dans un monde devenu numérique, la question semble la même en Chine et au Bénin. Ainsi nous étions à Doha, 2 000 participants et sans doute 3 000 nationalités, car la moindre des choses pour les participants est d’être né en Norvège, travailler en Argentine et être marié à un ressortissant ougandais (je ne caricature pas, je raconte !). Ah vous doutez, jetez un œil à la liste des intervenants ici : http://www.wise-qatar.org/speakers-2017

Le WISE c’est aussi une ambiance vaguement américaine construite sur un optimisme matinée de packaging marketing bien fait. Une petite vidéo (https://www.youtube.com/user/WISEQatar/featured) qui vous invite à croire en un monde meilleur par l’éducation, des habillages sonores digne des Oscars quand un intervenant monte sur scène et ainsi de suite. Le Parisien que je suis sourit d’un air narquois mais cède cependant au charme du bon spectacle, pardon du show. Le lauréat du prix Wise 2017, fondateur d’une université au Ghana après avoir travaillé pour Microsoft, atteste que cette énergie positive se partage formidablement bien (voir la remise du prix).

Reste la question du fond, de ce qu’on pouvait apprendre durant ce WISE qui se veut être à la pointe de la recherche en innovation. Le programme était alléchant. On y parlerait d’intelligence artificielle, de réalité virtuelle, d’éducation aux médias dans un monde de post vérité, d’utilisation des nudges dans l’augmentation de l’efficacité des politiques publiques et ainsi de suite. Certes, nous n’avons pas pu assister à tous les ateliers, mais de l’un à l’autre nous n’avons rien appris de véritablement nouveau. L’intelligence artificielle est une perspective enthousiasmante pour les geeks, qui n’a de sens qu’au service d’objectifs pédagogiques identifiés tels que la personnalisation des apprentissages (soit). Les politiques publiques sont plus efficaces en utilisant les outils conceptuels du nudge qui invitent à créer des incitations positives à agir selon ses propres intentions (soit). Dans un monde où la vérité est revendiquée par ceux qui professent des mensonges, l’éducation et ses valeurs sont des solutions pratiques à déployer, à défendre (soit).

Bref, je suis revenu du WISE sans véritable illumination, mais content tout de même et surtout plus conscient de la nécessité de penser l’école dans un périmètre plus large, dans une vision globale, c’est-à-dire celle d’un monde où les idées circulent encore plus vite que les marchandises.

À suivre donc, par exemple en mars 2019 à Paris, où le Wise fera étape pour quelques jours.

Vincent

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