Ça ? Les résultats du mouvement…

nébuleuse

 

Comme chaque année, j’angoisse depuis une bonne semaine car jeudi, nous aurons les premiers résultats du mouvement (i.e. les résultats des demandes d’affectation pour l’an prochain). Pourquoi j’angoisse ? Non titulaire d’un poste, je risque encore d’être envoyée loin de chez moi…

Les enseignants sont vraiment veinards, plein de vacances, un boulot sympa… Je l’entends parfois, même dans ma propre famille. Alors, maintenant, je rétorque : « Si c’est si génialissime, mieux que tout autre emploi : passez le concours, venez, il en manque des profs ! ». Mais là, plus personne. J’explique aussi (en pédagogue) le fonctionnement de cette grosse machine qu’est l’éducation nationale et, là, beaucoup de gens découvrent. Moi aussi, je vous avoue que je découvre encore, même après cinq ans dans les rangs de notre chère administration.

Le plus nébuleux, c’est le mouvement. Notre administration nous explique sans cesse qu’il faut des fonctionnaires pour couvrir tout le territoire, ça paraît bien légitime. Mais, après avoir passé le concours (pas forcément facile, il faut bachoter un peu), obtenu le département souhaité, on croit que c’est bon : on va pouvoir s’investir dans une école, créer des projets, tester, s’améliorer, etc. Oui, mais non, pas tout de suite, en fait. Dans mon département, il y a de vraies oppositions géographiques : la côte qui attire, la campagne qui rebute ; l’est qui grossit et l’ouest qui stagne (fermetures de classes…). Donc, quand vous habitez à l’ouest et près de la mer, c’est raté pour un poste. Quand on passe le concours – a fortiori tardivement – on n’a pas cela en tête et, notre cher et tendre a un travail dans un lieu donné, on a peut-être une maison, des enfants, bref, une vie ! Alors, chaque année, on attend le tirage de la loterie.

Oui, le mouvement, pour moi c’est un peu la loterie. Théoriquement, le principe est simple. Un algorithme confronte postes libres versus professeurs ayant fait des vœux, selon le principe d’un barème décroissant. Ça paraît simple, cohérent. En fait, c’est bien plus complexe : on peut demander des vœux par école, par commune ou par zone géographique. Et, surtout, personne n’explique le fonctionnement de l’algorithme de la même manière. Alors, quand je fais mes vœux, je fonctionne un peu à l’aveuglette : je choisis tout ce qui est assez proche de mon domicile. Y-a-t-il des stratégies : faut-il plutôt faire des vœux larges par zones géographiques pour couvrir plus de postes ? Je ne sais pas clairement, alors je mixte. Et, bien sûr, comme mon barème est faible, le résultat est « Nous avons le regret de vous annoncer que vous n’avez pas obtenu satisfaction. N’étant actuellement pas titulaire de votre poste vous allez être affecté à titre provisoire. ». C’est pareil cette année, les pré-résultats ont déjà été mis en ligne par certains syndicats. Et après, que se passe-t-il ?

On attend les affectations provisoires, faites manuellement, et ça, ça peut-être long. Au mieux, je saurai fin juin / début juillet, mais peut-être fin août, comme les années précédentes. Dans ce cas, comment préparer au mieux la rentrée ? Impossible. L’avantage, c’est que vous ne risquez pas de prendre de l’avance pendant les vacances d’été, bref, farniente total ! Par contre, à la rentrée, c’est la course. Toute l’organisation familiale de l’année est pendue à cette affectation : horaires de crèche, de garderie, loisirs, etc. Toute l’organisation de la classe se met en place en temps réel jusqu’aux vacances de Toussaint, on dort peu. Si on a la chance d’obtenir un niveau que l’on a déjà eu, on gagne du temps… Et je ne vous parle même pas de recommencer chaque année à travailler avec de nouveaux collègues, un nouveau fonctionnement d’école et donc la difficulté à s’investir dans la durée.

Je sais qu’il faut des professeurs des écoles dans tous les territoires, même les plus ruraux. Mais j’aimerais qu’on ait plus de considération pour nous, surtout de la part de notre hiérarchie. J’aimerais qu’on nous explique clairement les différents fonctionnements du mouvement, et BIEN d’autres éléments de notre carrière. Tout plein de questions auxquelles, souvent, seuls les syndicats tentent de répondre… J’aimerais qu’on prenne en compte les contraintes de chacun, j’aimerais qu’il y ait une bourses aux postes provisoires pour que l’on puisse faire des échanges entre collègues pour faciliter notre quotidien. Les outils numériques actuels devraient faciliter ces fonctionnements. Mais, rien, on doit juste attendre que le verdict tombe et accepter. Peut-être que les services font déjà leur maximum pour nous en tant qu’individu, et non en tant que pion à placer sur la carte du département mais, même cela, on ne le sait pas : une grande nébuleuse.

 

Une chronique de Sophie Dupré

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