« La Liste de mes envies » de Grégoire Delacourt

Jeune fille, Jocelyne rêvait de mode et de prince charmant. Mais la vie est passée par là, et à 47 ans, la mercière d’Arras doit se contenter d’un mari indifférent et d’un blog sur la dentelle. Quand un heureux concours de circonstances lui offre le gros lot du loto, Jocelyne réalise qu’elle a de quoi réaliser tout ses désirs. Grisée par cette perspective, elle décide de prendre son temps avant d’en parler à ses proches et en attendant, fait la liste de tout ce qu’elle pourrait s’offrir, achats utiles ou folies inconsidérées …

J’ai lu ce livre d’un trait. J’ai tout de suite eu de la sympathie pour ce personnage de femme à un tournant de sa vie. Le roman traite aussi des rapports entre l’amitié, l’amour, l’argent, le bonheur. Jocelyne, l’héroïne, est désorientée devant sa « chance ».  Elle a gagné à l’Euromillion.  Elle craint le changement, elle qui a dû reconstruire sa vie, sa relation de couple, lentement, douloureusement. Alors, elle dresse la petite liste de ses envies avant que son avenir ne bascule…

Mariannick, doc.

« Des grains en or » d’Isabelle Peltier Mignot

Au début du XXe siècle, au Brésil, vingt années après l’abolition de l’esclavage, alors que la production de café est à son apogée, un grand besoin de mains-d’œuvre favorise l’immigration vers cette terre promise où l’or se cueille à la main. Après 52 jours de voyage depuis le Japon, le navire Kasatu-Maru accoste au port de Santos au Brésil en 1908. Pour Uta et ses compagnons, l’espoir est grand mais l’avenir incertain. Avec leur famille fuyant la misère du Japon à la fin de l’ère Meiji, ils sont venus récolter le café, promesse de fortune. Ils ne savent pas encore quelles difficultés ni quel avenir les attendent dans ce pays où tout est si différent, la langue, les coutumes, le climat. Leur volonté, leur courage et leur sens de l’honneur les aideront à affronter les périodes de crises économiques, de guerre puis de rejet ethnique afin de conquérir ce monde en contribuant à son développement agraire et tertiaire.

Cette histoire rappelle le livre de Julie Otsuka « Certaines n’avaient jamais vu la mer ».

« La fille du papillon » d’Anne Mulpas

Solveig commence un journal intime lorsqu’elle rencontre un garçon, surnommé par ses soins « le Monde ». Elle raconte la douleur depuis la mort de sa mère, le quotidien avec son père coureur de jupons (le papillon du titre), la relation très forte avec Manon sa meilleure amie, l’attente des venues du Monde qui habite une ville plus loin. Qu’elle le provoque ou non, tout est conflit pour Solveig. Encore enfant un peu capricieuse, elle teste les limites de ses proches, y compris le petit ami qu’elle malmène au gré de ses humeurs. Elle va jusqu’à fuguer, se saouler, puis retrouve un semblant d’équilibre offert par sa grand-mère à la neutralité bienveillante, et surtout par une deuxième chance du Monde.

 

Plongée dans le monde d’une adolescente. C’est à travers ses yeux, sa peau, son coeur que l’on pressent le monde, un monde qui inquiète parce qu’il change, parce que l’on ne domine pas le contexte, qui réjouit autant qu’il irrite ou blesse. Et l’écriture d’Anne Mulpas suit le rythme des impulsions de Solveig : tantôt rêveuse et poétique, tantôt rebelle, parfois même écoeurée, mitraillant la page de mots forts pour dire son malaise.

Mariannick, doc.