« Léonore » de Frédérique Niobey

leonoreDepuis la disparition de leur mère, Gabi, lycéenne, vit avec son frère et l’amie de celui-ci. Ninou, la grand-mère, veille à quelques rues de distance. Gabi découvre bientôt qu’elle est enceinte, d’un inconnu. Elle décide de garder l’enfant, une petite fille qu’elle prénomme Léonore.

Ici pas de jugement. On est au coeur de cette « maternité surprise » de Gabi, lycéenne et tous les changements qui s’opèrent non seulement dans son corps mais dans son âme. Léonore n’est pas encore là qu’elle communique avec sa maman. Un beau roman sur l’aventure d’une grossesse pleine d’espoir à venir.

Mariannick, doc.

« La femme de l’Allemand » de Marie Sizun

femme allemandFanny est une mère célibataire, Marion une petite fille aimante. Tout pourrait être normal mais une ombre rôde, une dissonance s’installe qui fausse leur relation. La petite fille est alertée, par instinct : la voix de sa mère un ton trop haut, ses emportements inexplicables, ses silences terribles, où plus rien ne semble la rattacher au réel. L’enfant sent le monde vaciller. Elle ne comprend pas pourquoi sa mère n’est pas comme celles de ses amies d’école, différente, si fragile, si fantasque. Si oublieuse lorsque Marion lui pose des questions sur son père qu’elle ne connaît pas, cet Allemand dont on sait bien peu de choses.

Puis Marion comprend : Fanny est « maniaco-dépressive ». Les rôles s’inversent alors. Adolescente, Marion endosse cette raison qui doucement quitte sa mère. Elle la protège, la couvre en taisant ses excès. Elle peut tout endurer. Tout plutôt que ces séjours à l’hôpital, qui les séparent. Mais il faut davantage que l’amour fou d’une petite fille pour terrasser la folie.

Ce n’est pas Marion qui raconte, c’est quelqu’un d’autre qui lui parle. Il la voit évoluer, de la petite fille au regard ébloui par sa mère à l’adolescente méfiante qui finit par rejeter sa mère pour mieux se protéger. Roman touchant qui n’accuse personne mais qui nous conduit à comprendre ce que la maniaco-dépression peut engendrer comme mal-être entre des gens d’une même famille, même s’ils s’aiment fort.

Mariannick, doc.

 

 



« La lettre à Helga » de Bergsveinn Birgisson

lettre helgaAvant de mourir, Bjarni se tourne vers son seul amour de jeunesse, Helga, qu’il a aimée d’un amour impossible. Il se confesse à elle avec une sincérité émouvante, sans peur de lui décrire sa passion tendre et charnelle ni les obstacles qui l’ont conduit au sacrifice de cet amour : les préjugés des uns, la maladie de sa femme, l’attachement à cette campagne islandaise.

Et voilà le lecteur plongé dans des paysages rudes mais parfois aussi lumineux où la nature fait loi et même si les règles qu’elle impose sont difficiles,  le narrateur garde la nostalgie d’un temps révolu : celui des traditions du clan.

On ne peut lâcher ce livre jusqu’à son dénouement final !

Mariannick, doc.

« De là, on voit la mer » de Philippe Besson

de la on voit la merHabituée à manier la fiction et à dominer le réel, une romancière part travailler en Italie sans imaginer que des accidents vont venir bouleverser le cours de son existence et l’obliger à s’interroger sur ses choix, ses renoncements, ses attentes.

Une femme écrivain s’isole en Italie pour écrire le roman d’une femme qui doit réapprendre à vivre après la disparition de son mari.

Ce qu’elle écrit lui vient facilement. Elle navigue sereinement entre le virtuel et le réel jusqu’au jour où le réel la rattrape et où sa réflexion porte davantage sur elle que sur son personnage.

L’amour, la passion, la sensualité, la raison, elle doit faire des choix non sans conséquence pour elle et pour les autres. Elle nous entraîne sur ce chemin de doute, en quête de sa liberté.

Mariannick, doc.

« Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal

reparer vivantsRéparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.

A chaque chapitre, un  nouveau coeur bat, une tête pense. Chaque être est unique et joue sa partition dans une symphonie universelle, celle des vivants.

Malgré la tragédie qui ouvre le roman, ce livre est un appel à la vie. Mais sans oublier le difficile travail du choix des parents alors que le deuil n’est pas encore consumé.

Le lecteur est amené aussi à revenir sur les fondements de la vie. Autre argument pour désigner ce livre comme un livre à lire ABSOLUMENT !

Mariannick, doc.

« N’aie pas peur si je t’enlace » de Fulvio Ervas

autisme ervasUn voyage de trente-huit mille kilomètres, qui commencera par la traversée des Etats-Unis en Harley Davidson. C’est cela que Franco Antonello souhaite pour le dix-huitième anniversaire de son fils, diagnostiqué autiste à l’âge de trois ans. Andrea est un ouragan imprévisible. Lorsqu’il marche, c’est sur la pointe des pieds. Les objets, il les aime rangés dans un ordre méticuleux. Quand il veut savoir qui il a en face de lui, il l’enlace afin de sentir ce que l’autre a dans le ventre et pour cette raison ses parents ont inscrit sur ses T-shirts : N’aie pas peur si je t’enlace. Pourtant ce voyage se fera, à travers les Etats-Unis et jusqu’en Amérique latine, mille fois plus inattendu que prévu.

Un road movie à travers des Amériques très différentes, auréolé par cet amour partagé entre père et fils. Découverte de nouveaux décors mais aussi découverte de soi-même. Franco va au contact de la souffrance de son fils Antonello mais loin de plomber l’ambiance, il choisit toujours de laisser son fils décider pour eux deux, de laisser sa part au hasard avec un optimisme invincible. A lire pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur l’autisme, les autistes et leur capacité à déplacer des montagnes…

Mariannick, doc.

« J’ai eu vingt ans à Ravensbrück » de Béatrice de Toulouse Lautrec

20 ans ravensbruckBéatrix de Toulouse-Lautrec et sa mère ont été arrêtées par la Gestapo de Lyon en juin 1944, internées au fort de Montluc, puis déportées à Ravensbrück en août et libérées en avril 1945.  L’auteur, qui avait vingt ans en 1944 et était alors Mlle de Gontaut-Biron, a raconté son épreuve dès 1946, sans intention de publication, pour se libérer de ce qu’elle venait de vivre. Mais le manuscrit a circulé anonymement, signé « matricule 75 537 »; dès 1948, trente-trois ans avant sa première édition en 1981. On ne saurait mieux définir ce document très différent des ouvrages postérieurs sur la déportation que par ce jugement de Martin du Gard : « Peu de ces rescapés ont su rendre si fidèlement, si humblement, avec une telle absence de cabotinage et de tricherie, ce qu’a été leur vie de tous les jours, ses grandes angoisses, ses dangers, ses petites peines, ses petites joies. » Et par celui d’Albert Camus qui le reçut lui aussi sans nom d’auteur: « On ne peut pas ne pas être profondément touché par le ton même du récit. Garder l’amour de la vie, la confiance, l’humour quelquefois, la tendresse toujours au milieu des charniers, c’est un tour de force ou une grâce, je ne sais pas. »

Procédant par une succession de scènes et de dialogues qui forment un tableau riche de spontanéité, d’émotion, d’amour et de simplicité, Béatrix de Toulouse-Lautrec fait surgir, sans chercher à philosopher, les mille misères de la vie carcérale, l’angoisse de la mort, mais aussi l’espoir et les petites joies qu’un rien suffisait à faire jaillir dans le malheur.

Ce que je retiens de ce livre : de vrais fous rires lancés à la barbe des tortionnaires !

A lire aussi un livre fort : « Kinderzimmer » de Valentine Goby

Mariannick, doc.

« Kinderzimmer » de Valentine Goby

kinderzimmerAu printemps 1944, Mila entre au camp de concentration de Ravensbrück. Elle est plongée alors dans un monde infernal où l’horreur prend toutes les formes : le froid, la maladie, les expériences médicales, la faim, les poux, les coups. Et cette horreur pénètre par tous les sens : les yeux, les oreilles, le nez,… Mais, dans cette horreur absolue, il reste encore la vie, l’amitié, l’amour, l’attention quotidienne aux autres. Comme Mila ou Teresa, chacun décide de vivre ou non.  Pour Mila, enceinte, le risque de vivre est encore plus grand, mais plus miraculeux encore, le risque d’aimer un enfant qui est voué à la mort, le risque d’aimer l’enfant d’une autre. Jusqu’au bout, l’on se demande si cette opiniâtreté à défier la mort sera gagnante.

C’est un livre grave, bouleversant qui rappelle l’existence, souvent ignorée, d’une « kinderzimmer » , une pièce dévolue aux nourrissons dans un camp de la mort.

En rappel, le très beau livre de Béatrice de Toulouse-Lautrec « J’ai eu vingt ans à Ravensbrück » où elle témoigne de son internement dans ce camp.

Deux livres à lire absolument !

Mariannick, doc.

« La fille qui n’aimait pas les fins » de Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac

Maya est une adolescence comme les autres à la différence qu’elle est plutôt solitaire et qu’elle a une passion effrénée pour les livres. Autre papetite fille finrticularité : elle ne lit jamais les livres jusqu’à la fin.

Sa rencontre à la médiathèque avec un vieil  homme va tout changer : sa vision de ceux qui l’entourent, son regard sur son père décédé brutalement, ses aspirations pour l’avenir…

Peu à peu, ce vieil homme va la mettre sur le chemin de la compréhension. Lettres et courriels vont les rapprocher l’un de l’autre naturellement, leur permettant d’accepter le passé et d’entrevoir un avenir plus serein et, pour Maya spécialement, d’oser aller jusqu’au bout de l’histoire…

Roman épistolaire qui se lit avec plaisir. On suit tranquillement le cheminement de Maya jusqu’au dénouement. A conseiller à tous ceux qui, un jour, ont eu maille à partir avec leur propre histoire…

Mariannick, doc.

« Eux sur la photo » d’Hélène Gestern

eux sur photo

 

De sa mère morte alors qu’elle avait trois ans, Hélène ne connaît pas grand chose. Tous ceux qui l’entouraient semblent avoir voulu étouffer leurs souvenirs. Une seule photo va attirer Hélène. Elle va faire une annonce dans un journal pour essayer de comprendre une première énigme : qui est en compagnie de sa mère ?

Cette annonce, lancée comme une bouteille à la mer, va être suivie d’une longue correspondance avec Stéphane, un scientifique, qui a reconnu son père sur la photo. Alors, peu à peu, de photo en photo, les  secrets vont se dévoiler, et permettre peut-être à ces deux êtres de se reconstruire et de se trouver…

Une belle histoire d’amour s’engage entre les lignes des lettres et courriels…

Mariannick, doc.