« N’aie pas peur si je t’enlace » de Fulvio Ervas

autisme ervasUn voyage de trente-huit mille kilomètres, qui commencera par la traversée des Etats-Unis en Harley Davidson. C’est cela que Franco Antonello souhaite pour le dix-huitième anniversaire de son fils, diagnostiqué autiste à l’âge de trois ans. Andrea est un ouragan imprévisible. Lorsqu’il marche, c’est sur la pointe des pieds. Les objets, il les aime rangés dans un ordre méticuleux. Quand il veut savoir qui il a en face de lui, il l’enlace afin de sentir ce que l’autre a dans le ventre et pour cette raison ses parents ont inscrit sur ses T-shirts : N’aie pas peur si je t’enlace. Pourtant ce voyage se fera, à travers les Etats-Unis et jusqu’en Amérique latine, mille fois plus inattendu que prévu.

Un road movie à travers des Amériques très différentes, auréolé par cet amour partagé entre père et fils. Découverte de nouveaux décors mais aussi découverte de soi-même. Franco va au contact de la souffrance de son fils Antonello mais loin de plomber l’ambiance, il choisit toujours de laisser son fils décider pour eux deux, de laisser sa part au hasard avec un optimisme invincible. A lire pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur l’autisme, les autistes et leur capacité à déplacer des montagnes…

Mariannick, doc.

« Cher cousin caché… » de Dominique Brisson

cher cousinAlors qu’il est en vacances dans le chalet familial, Emile Hadrien trouve, dans sa doudoune de ski, le forfait d’une certaine Mathilde Hadrien, née la même année que lui, « une cousine cachée ». Fâchés de longue date, les parents des deux enfants viennent en effet à tour de rôle dans le chalet familial en prenant soin de s’éviter. Mais Emile ne veut pas en rester là et décide de contacter sa cousine en glissant dans sa doudoune un pli « confidentiel-secret ». C’est le début d’un véritable jeu de piste à l’intérieur du chalet…

 

Roman épistolaire qui l’on parcourt avec plaisir. Emile et Mathilde nous font aller de surprise en surprise jusqu’au bon tour qu’ils s’apprêtent à jouer à leurs parents respectifs.

Mariannick, doc.

« La fille qui n’aimait pas les fins » de Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac

Maya est une adolescence comme les autres à la différence qu’elle est plutôt solitaire et qu’elle a une passion effrénée pour les livres. Autre papetite fille finrticularité : elle ne lit jamais les livres jusqu’à la fin.

Sa rencontre à la médiathèque avec un vieil  homme va tout changer : sa vision de ceux qui l’entourent, son regard sur son père décédé brutalement, ses aspirations pour l’avenir…

Peu à peu, ce vieil homme va la mettre sur le chemin de la compréhension. Lettres et courriels vont les rapprocher l’un de l’autre naturellement, leur permettant d’accepter le passé et d’entrevoir un avenir plus serein et, pour Maya spécialement, d’oser aller jusqu’au bout de l’histoire…

Roman épistolaire qui se lit avec plaisir. On suit tranquillement le cheminement de Maya jusqu’au dénouement. A conseiller à tous ceux qui, un jour, ont eu maille à partir avec leur propre histoire…

Mariannick, doc.

« Eux sur la photo » d’Hélène Gestern

eux sur photo

 

De sa mère morte alors qu’elle avait trois ans, Hélène ne connaît pas grand chose. Tous ceux qui l’entouraient semblent avoir voulu étouffer leurs souvenirs. Une seule photo va attirer Hélène. Elle va faire une annonce dans un journal pour essayer de comprendre une première énigme : qui est en compagnie de sa mère ?

Cette annonce, lancée comme une bouteille à la mer, va être suivie d’une longue correspondance avec Stéphane, un scientifique, qui a reconnu son père sur la photo. Alors, peu à peu, de photo en photo, les  secrets vont se dévoiler, et permettre peut-être à ces deux êtres de se reconstruire et de se trouver…

Une belle histoire d’amour s’engage entre les lignes des lettres et courriels…

Mariannick, doc.

« La Patiente » de Jean-Philippe Mégnin

C’est l’histoire d’une femme qui ne dit rien. Et d’un homme qui tente de la comprendre. D’elle il sait très peu, elle sait tout de lui.
Quand enfin elle va se livrer, il le regrettera, mais il sera trop tard. C’est elle qui mène le jeu.
Après l’histoire d’un transfert amoureux en montagne pour son premier roman, voici celle d’un trio amoureux entre Paris et la Bretagne.

Deux personnages qui se croisent : Vincent le gynécologue et Camille, sa patiente qu’il n’a jamais vue mais qui semble savoir tout de lui. Leur lien : David. Pas de cri, pas de saute d’humeur dans ce roman. Camille à l’air si forte, si calme, s’impose dans l’univers de Vincent. Quelques mots d’elle suffisent pour déclencher le cataclysme dans la vie rangée et sereine de Vincent. Un secret lourd plane…

Alors, pour le connaître, on ne lâche plus le livre, on le dévore jusqu’au dernier mot…

Mariannick, doc.

« Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka

Elles avaient entre 13 et 20 ans, étaient presque toutes vierges, se trouvaient sur un bateau qui les amène vers les États-Unis, la plupart rêvent encore. Elles vont rejoindre le mari qu’on leur a imposé dont elles ne connaissent que les lettres et quelques photos. A l’arrivée, la réalité est très loin de leurs rêves.Ces jeunes Japonaises subiront une double peine : celle des femmes attachées à un labeur pénible et à des maris pas toujours compréhensifs ; elles subiront aussi l’indifférence des Américains, l’éloignement de leurs enfants qui ne partagent pas la même culture, puis l’humiliation et le rejet des Blancs et enfin l’angoisse des enlèvements à l’entrée en guerre des Américains contre leur pays.À la façon d’un choeur antique, fort de leurs multiples voix, elles racontent leurs vies. Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre, et l’oubli.

Le talent de Julie Otsuka vient de son écriture poétique, incantatoire qui arrive à nous transporter en mille lieux dans cette Amérique du début du XXè siècle. Son mérite est aussi de faire remonter de l’oubli la tragédie vécue par des milliers de femmes. Ce livre mérite complètement le Prix Femina 2012. A lire absolument ! L’an dernier, j’ai lu un autre livre sur la triste condition de ces immigrés Japonais du début du siècle mais au Brésil cette fois.

« Des grains en or » d’Isabelle Peltier-Mignot.

Mariannick, doc.

« Il n’y a pas d’ange » d’Anne Mulpas

Du haut d’une tour, la jeune L. s’apprête à commettre l’irréparable, elle qui aurait voulu une vie « un peu pailletée et plus légère » . Un ange descend vers elle, et, aidé d’une étrange régie qui fonctionne plus ou moins bien, lui propose à sa demande un kaléidoscope de souvenirs joyeux ou non, des moments volés de scènes que la jeune fille n’a pu voir, des entrées dans la tête de ses proches… Soit l’ange montre, soit l’héroïne raconte. De fil en aiguille, la vie de L. se déroule , et l’ange espère la sauver…

Un roman poignant  car il touche jusqu’au plus profond de l’âme de cette ado meurtrie par la vie, désespérée par l’abandon des adultes qui l’entourent. Le dialogue s’instaure entre elle, réaliste, lucide et l’ange qui s’exprime avec le langage du coeur et incarne l’espoir. Un roman très actuel par les thèmes qu’il aborde : il est difficile aujourd’hui d’être un  jeune dans un monde sans pitié. Mais un thème aussi récurrent : ce personnage à la révolte pure fait penser à « La Sauvage » de Jean Anouilh : « Tout au bout du désespoir, il y a une blanche clairière où l’on est presque heureux » .

Mariannick, doc.

« La fille du papillon » d’Anne Mulpas

Solveig commence un journal intime lorsqu’elle rencontre un garçon, surnommé par ses soins « le Monde ». Elle raconte la douleur depuis la mort de sa mère, le quotidien avec son père coureur de jupons (le papillon du titre), la relation très forte avec Manon sa meilleure amie, l’attente des venues du Monde qui habite une ville plus loin. Qu’elle le provoque ou non, tout est conflit pour Solveig. Encore enfant un peu capricieuse, elle teste les limites de ses proches, y compris le petit ami qu’elle malmène au gré de ses humeurs. Elle va jusqu’à fuguer, se saouler, puis retrouve un semblant d’équilibre offert par sa grand-mère à la neutralité bienveillante, et surtout par une deuxième chance du Monde.

 

Plongée dans le monde d’une adolescente. C’est à travers ses yeux, sa peau, son coeur que l’on pressent le monde, un monde qui inquiète parce qu’il change, parce que l’on ne domine pas le contexte, qui réjouit autant qu’il irrite ou blesse. Et l’écriture d’Anne Mulpas suit le rythme des impulsions de Solveig : tantôt rêveuse et poétique, tantôt rebelle, parfois même écoeurée, mitraillant la page de mots forts pour dire son malaise.

Mariannick, doc.