Affiche de propagande nazie, tirée à 15 000 exemplaires, et placardée en Février 1944 jusque dans les plus petits villages français est une offensive médiatique pour discréditer la résistance dans l’opinion.
Depuis l’été 1943, le groupe FTP-MOI ( Francs tireurs et Partisans-Main d’œuvre Immigrée) composé de travailleurs immigrés et proche du parti communiste s’était engagé dans la lutte armée contre l’occupant multipliant attentats et sabotages. Les membres du groupe Manouchian sont arrêtés et condamnés. Présentés comme » une armée de terroristes juifs immigrés à la solde de l’Angleterre et du bolchevisme », ils seront fusillés en Février 1944.
L’Affiche Rouge par portail_culture_lyon
A la veille de sa mort, Manouchian écrira une lettre d’adieu à sa famille. Lettre qui inspirera à Louis Aragon, douze ans plus tard, le poème « Strophes pour se souvenir » 1956.
Lire « Strophe pour se souvenir »Aragon 1956
Poème interprété aussi par Bernard Lavilliers
Bernard Lavilliers – L’Affiche Rouge par Sozaze
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Le chant des partisans
30 Mai 1943 à Londres. musique d’Anna Marly, paroles de Kessel et Druon, interprété par Germaine Sablon. Hymne de la résistance, la chanson est diffusée clandestinement en France, parachutée par les avions anglais et chantée par les résistants au moment de leur exécution
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite…
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève…
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute… »
Ils me dirent de me rendre,
Ça, je ne pouvais pas le faire;
J’ai pris mon arme et j’ai disparu.
J’ai changé de nom si souvent,
J’ai perdu ma femme et mes enfants
Mais j’ai beaucoup d’amis,
Et certains sont avec moi
Nous a tenu caché dans le grenier,
Et les soldats sont arrivés;
Elle est morte sans un soupir.
Je suis seul ce soir
Mais je dois poursuivre;
Les frontières sont ma prison.
Entre les tombes le vent souffle,
La liberté naîtra bientôt;
Et nous sortirons de l’ombre.
Ils me dirent « Signe-toi »,
Mais je n’ai pas peur.
J’ai repris mon arme,
J’ai changé cent fois de nom,
J’ai perdu femme et enfants,
Mais j’ai tant d’amis.
J’ai la France entière.Un vieil homme dans un grenier,
Pour la nuit nous a caché,
Les allemands l’ont pris
Il est mort sans surprise.Oh, le vent, le vent souffle,
Entre les tombes le vent souffle,
La liberté naîtra bientôt:
Et nous sortirons de l’ombre.
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«
Dans le poème La rose et le réséda. Aragon rend hommage aux résistants exécutés en 1941 .
Les couleurs de ces fleurs évoquent métaphoriquement la couleur des affiches annonçant leur condamnation, l’une était jaune (le réséda), l’autre, rouge.
Gabriel Péri, député communiste, fusillé le 15 décembre 1941
Honoré d’Estienne d’Orves, catholique, exécuté le 29 Août 1941
Guy Moquet, fils d’un député communiste, exécuté à 17 ans, le 22 Octobre 1941, en tant qu’otage, en représailles à l’assassinat d’un officier allemand. .
Gilbert Dru, militant catholique, fusillé le 17 Juillet 1944.
Ce poème parut le 11 mars 1943 et fut ensuite distribué sous forme de tracts anonymes jusqu’à la fin de la guerre.
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