Greenwashing

11 juillet 3012158

Assis sur ma chaise faite principalement de bois, je regarde le monde qui m’entoure. J’admire cette terre qui m’éblouit. Il faut dire que chaque jour, je l’examine comme si c’était la première fois que je la voyais. J’ai quand même un âge assez avancé. Ça pourrait bien être la dernière fois qu’il me soit donné de contempler ce monde, la dernière fois que je pourrai voir ces prairies verdoyantes s’étendre à l’infinie, entendre ses oiseaux chanter comme des maestros et les animaux gambader sans se soucier de la chaîne alimentaire. Bon, assez de nostalgie, il est l’heure de ma sieste.

-Papy tu es là? Cria une voix.

C’est ma petite fille qui encore une fois, ne veut pas dormir. Ma petite fille est menue, assez grande pour son âge. Elle a 7 ans et elle est très intelligente. Elle a des yeux espiègles et un sourire à faire fondre toute personne voulant la gronder. Je me demande bien quel prétexte elle a inventé pour ne pas dormir. Peut-être qu’elle va changer de stratégie et me faire du chantage.

-Grand-père, papi chou, raconte-moi une histoire s’il te plaît, dit-elle, en me regardant avec son regard d’un ange descendu du ciel.

-Tu devrais être au lit au lieu de venir me faire les yeux doux.Tu sais que tes parents vont se fâcher s’ils te trouvent debout, Roseline Azader 650 me du nom, soupirai-je.

-De toute façon, papa et maman sont partis se promener, me répliqua-t-elle. Allez, s’il te plaît papy, fais-le pour ton sucre d’orge. Après, je m’endors promis. Si tu ne le fais pas, je dirais que c’est toi, qui as failli mettre le feu à la maison en cuisinant hier.

– D’accord, bougonnai-je. Je vais te raconter une histoire, mon histoire celle de ton vieux papy de 10000 ans, pendant son enfance.  Mon histoire se passait en l’an 3012. Le monde tournait autour des trafics de drogue, des assassinats et des trafics d’humains. La police municipal ne pouvait rien faire face à ce carnage. On ne pouvait même pas avoir le soutien des forces de l’ordre, réservées à la sécurité des chefs d’états. La terre était parsemée de déchets, on la comparait à une grande déchetterie. Le sol était jonché de détritus, de verre, de nylon et de produits technologiques. L’air était presque irrespirable et l’eau potable manquait. Ne parlons même pas de l’éducation, on ne savait même plus lire ou écrire. Il n’y avait plus aucune école disponible sauf pour les scientifiques.

-On ne pouvait pas ramasser les détritus comme maintenant ? me demanda ma petite fille.

-Non. Enfin si, répondis-je. Il y avait des robots qui ramassaient les déchets mais ceux-ci avaient été accumulés depuis tant d’années que c’était difficile de tous les détruire.

-Hum, répondit-elle songeuse

– Dans ce monde,  il n’y avait pas de riche ou de pauvre. Les seuls riches qui existaient, étaient les chefs d’états, les chefs d’entreprises et leurs enfants. A l’époque, j’étais un enfant qui ne se souciait guère des ennuis qui l’entouraient. J’avais une taille assez grande pour les enfants de mon âge et je préférais travailler  seul depuis que mes parents avaient été tués lors de la grande épidémie de gastro. Pour moi, la vie était assez facile. Si je voulais manger, je n’avais qu’à voler, si je voulais dormir, je dormais sur mon lit de fortune. J’habitais dans un bidonville fait principalement d’acier trouvé par terre. Un jour, en rentrant chez moi, j’entendis les rumeurs des habitants disant que la moitié de la population mondiale était morte à cause d’une nouvelle épidémie. Il faut dire qu’on était déjà à la 7 me épidémie cette année-là. En seulement un an, 50% de la population mondiale était morte, soit 10 milliards d’habitants en moins, il n’en restait qu’un milliard maintenant. Ce qui ne causait que plus de problèmes, le décroissement alarmant de la démographie causait une baisse anormale de main-d’œuvre. Le monde ne pouvait plus répondre à ses besoins, on était au bord du gouffre.

-Il n’y avait pas une solution pour vous sauver ? s’interrogea-t-elle.

-J’y arrive, mais pour le moment, il n’y avait pas de solution. A ce rythme, les scientifiques prévoyaient la fin de l’espèce humaine un an plus tard, dans un bain de maladies et de virus. La population fut prise de panique. On demanda aux scientifiques de se dépêcher. L’ambiance dans les pays était devenue plus macabre que d’habitude. Deux mois plus tard, une nouvelle se fit entendre, à la télé. Les scientifiques avaient enfin trouvé un moyen de détruire tous les déchets de la terre, grâce à un désintégrateur focalisé sur l’anéantissement des rayonnements produits par les déchets. Cette machine marchait en plusieurs étapes.

1: Elle enverrait des nano robots au corps 100% biologiques, qui détruiraient les déchets avec des puissants acides bio.

2: Les nano robots absorberaient tous les rayons nucléaires des déchets.

3:Ils recycleraient ses rayonnements en engrais, en air pur, en eau ou encore utiliseraient les rayonnements pour s’alimenter.

4:Et enfin, ils se dégraderaient en engrais ou nourriture pour les insectes.

-wolof, c’était l’engin parfait papy ! S’exclama-t-elle.

-Oui, répondis-je, l’engin parfait. À l’annonce de cette nouvelle, la population entière commença à s’exciter, pensant être enfin sauvée de l’apocalypse. Mais il y avait deux gros problèmes. D »abord,les rayonnements causés par le désintégrateur pouvaient bien être nuisibles pour les hommes, voire être mortels pour nous. Ensuite,pendant que les nano robots biologiques rétablissaient l’équilibre sur Terre, les forces naturelles allaient se déchaîner pour reprendre leur place. Les scientifiques estimaient qu’il pourrait y avoir des rafales de plus de 300km/h, des tempêtes monstrueuses et même des éruptions volcaniques, les plus puissantes rendant l’air presque irrespirable. Les scientifiques avaient bien sûr trouvé un moyen pour nous épargner ces phénomènes. Il avait construit des cabines pressurisées, faites d’un alliage de titane et de diamants. Les cabines nous permettraient de ne pas subir les changements de température et la violence qui nous attendait dans le monde extérieur, grâce à des climatiseurs intégrés. Ils avaient tous acquis la science de la cryogénisation.

-C’est quoi la créo truc machin? demanda-t-elle.

La cry-o-gé-nie, cryogénie, répétai-je. La cryogénie est une méthode médicale qui permet au corps du patient, de dormir durant une durée voulue. Les gens comprenant qu’ils ne survivraient pas tous, commencèrent à s’enflammer. Tout le monde pensait à survivre, personne ne voulait perdre la vie dans cette apocalypse.  Le cœur de chacun s’enragea. Leur colère était si immense qu’ils allèrent jusqu’à essayer de détruire leur seul moyen d’être sauvé. Les combats faisaient rage dehors, même l’armée n’arrivait pas à calmer les ardeurs de la foule.

– Pendant ce temps, où te trouvais-tu papy? demanda-t-elle. Est-ce-que tu participais aux manifestations?

-Non, je ne participais pas aux manifestations. Je me trouvais chez moi, en essayant de me tenir à l’écart des manifestants. Pendant ce temps, les chefs d’états complotèrent en secret. Ils savaient tous que le monde entier ne pouvait survivre. Il fallait donc tuer. Ils décidèrent d’envoyer une bombe sur la terre appelée green washing. Cet obus avait la faculté de tuer la moitié de la population, grâce à un virus dont la fabrication est toujours secrète. Sans demander l’avis de la population, ils envoyèrent le projectile. Celui-ci en décima 45%. Cinq millions d’habitants moururent sur un milliard.

-Mais c’est horrible grand-père ! Toutes ces personnes ne méritaient pas de mourir aussi cruellement !

-Oui, ils ne méritaient pas tous de mourir, mais c’est la dure loi de la vie. Souvent, je me demande si tout ce sang versé était nécessaire, si nous en valons vraiment la peine.

Nous entrâmes dans nos capsules sans grand enthousiasme, pensant toujours aux personnes innocentes qui étaient mortes. Une fois la porte des capsules fermées, ce fut le flou total.

Quand nous fûmes réveillés, nous sortîmes de nos capsules. Tout le monde avait du mal à marcher. Cela faisait quand même je ne sais pas combien de temps que nous n’avions pas marché. Ce que je vis me vida les poumons. Il n’y avait plus aucun déchets, le sol était rempli de petites choses vertes. Il y avait aussi plein d’animaux grands comme petits. C’est à ce moment que nous réalisâmes tous, que nous devions absolument protéger ce paradis afin que nos descendants puissent vivre dans la prospérité. Mon récit est fini, maintenant tu connais l’histoire de ton grand-père. Allez dodo.

-Oui, j’y vais, bougonna-t-elle, bonne sieste grand-père. Merci pour l’histoire tu es un grand héros. Elle s’en alla donc dans sa chambre pour dormir comme promis.

Bientôt ça serait à son tour de raconter mon histoire à ses petits enfants et ainsi de suite.

                                                                                                     Junior 5°A

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