Le généreux orphelin

Et d’un coup, un adolescent d’environ 15 ans entra dans la grande pièce. Mais je ne voyais que sa silhouette car il était  dans l’ombre. Il était grand, robuste et musclé. Puis le garçon, déterminé, s’approcha de moi et je le vis dans la lumière.

Il était métis avec de beaux yeux bleus comme l’océan Indien, des lèvres pulpeuses, des cheveux un peu bouclés, le nez retroussé et les dents blanches. Il portait un vieux pantalon troué, un tee-shirt sale et une paire de chaussures trop petites pour lui. Il avançait d’une démarche assurée, désinvolte.

Je connaissais ce jeune homme et sa vie grâce à une très bonne amie à moi. Il s’appelait André et il était extrêmement impulsif mais très généreux. Il détestait l’injustice et se faisait respecter par son altruisme et sa spontanéité. Le peu d’argent qu’il gagnait et qu’il lui restait, il le donnait aux pauvres de son quartier. Il était extrêmement mature pour son âge car il était orphelin.

Je vais vous raconter son histoire. Tout ceci commença en 1857. Sa mère, Marguerite, était comme André. Elle avait des cheveux noirs bouclés, des yeux bleus et était extrêmement gentille envers ses proches et ses amis. Elle avait 22 ans. Celle-ci travaillait dans le bistrot du coin et puis un jour, elle rencontra Léon. Il avait 24 ans et la même carrure que son fils ; grand, musclé et ténébreux. C’était un ouvrier de la classe moyenne. Ils firent connaissance et trois ans plus tard, elle tomba enceinte. L’accouchement se passa comme prévu et fut très émouvant. La petite famille semblait heureuse et épanouie.    Mais à l’âge des 4 ans d’André, leur vie bascula d’un coup et à jamais. Car l’annonce des docteurs était très triste, douloureuse, affligeante. Oui. C’est le bon mot pour décrire cet instant de malheur, qui se prolongea une éternité pour eux mais qui ne dura, en réalité que quelques secondes, le temps que leur vie chancelle et s’écroule au pied de la maladie. Affligeant. Le « meilleur » mot pour ressentir la même douleur qu’eux, la même tristesse, la même peine qui occupera la même place toute leur vie. Attristant.  

Les médecins avaient décelé chez Marguerite une maladie mortelle à cause de son enfantement. La mère d’André vécut ses derniers instants avec sa famille, certes maintenant brisée, mais toujours aimée et aimante. Elle s’éteignit un an après. Son père ne s’en remit pas et tomba dans l’alcool et ne s’occupait plus de son enfant. Huit mois après, il perdit la garde de celui-ci. On ne sait pas ce qu’il  devint.

Mais là n’est pas « vraiment » le problème. On parle de Léon mais pas du principal intéressé, André. Car imaginez vous, à l’age de 5 ans, votre mère ; votre vie vous abandonnent par votre faute. Parce que c’est ce que son fils a réellement ressenti. Souvenez-vous, cher lecteur, que Marguerite est morte à cause de son accouchement alors comment ne pas éprouver, subir cet impression d’injustice et de mal-être ? Il n’a même pas eu une part de soutien de son père qui est tombé presque directement dans la dépression.. Comment ne pas se sentir rejeté et seul quand on n’a plus rien, plus d’appui, plus d’aide ? Comment ne pas ressentir de la rancœur envers ces docteurs qui auraient pu la sauver ?

André a mis certes, du temps pour s’en remettre mais aujourd’hui, il a pris sa revanche. Il veut réussir dans la vie et devenir ministre pour défendre les droits de l’Homme et du Citoyen car cette loi n’est pas forcément respectée. Il travaille plus de 11 heures par jour et 6 jours sur 7. Mais je dois avouer que moi-même, Lucia, je trouve qu’il est digne de ce métier et qu’il pourra réussir dans celui-ci.

Pour mettre un point final à ce récit, je finis sur une note « positive ». Personne ne le sait, mais pour une raison qu’on ignore, il veut retrouver son père. Peut-être pour lui montrer qu’il a réussi sa vie sans lui, sans personne ? Peut-être pour lui dire qu’il l’aime malgré toutes ces années passées dans la colère, la solitude et la tristesse ? Ou bien, tout simplement, pour lui montrer qu’il lui a pardonné depuis longtemps ? Nul ne le saura sans doute jamais mais c’est mieux ainsi…

Elsa P. et Kellyssa L. 4°E

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