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Pourquoi la guerre a t’elle éclaté en Ossétie du Sud ?

Le 8 août 2008, l’armée géorgienne a lancé une vaste opération militaire pour reprendre le contrôle de sa province sécessionniste d’Ossétie du Sud, dont la capitale, Tskhinvali, est le théâtre d’intenses combats avec les forces séparatistes. Très sincèrement, une telle opération militaire apparaissait plus que déraisonnable : elle était tout simplement irréaliste. Malgré cela, dans la nuit du 7 au 8 août, l’armée géorgienne – qui demeure l’une des mieux équipées et des mieux entraînées des anciens pays composant l’U.R.S.S – a lancé une attaque massive contre la république séparatiste prorusse d’Ossétie du Sud. Selon les autorités géorgiennes, il s’agissait de riposter à « des agressions récurrentes sud-ossètes » contre des villages à majorité géorgienne et de rétablir « la paix et l’ordre constitutionnel » dans la république rebelle [d’après Izvestia, quotidien moscovite ].

SI la Géorgie a décidé de passer à l’action, c’est officiellement en raison de la poursuite des bombardements de villages géorgiens par les séparatistes ossètes. La Géorgie a donc décidé d’envoyer les blindés dans cette enclave qui a fait sécession en 1992, avec la bénédiction de Moscou… Très vite, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili affirma alors que l’armée géorgienne contrôlait la capitale de l’Ossétie du Sud, ce que le gouvernement de la république indépendantiste (non reconnu) a immédiatement démenti. La guerre a en fait d’abord frappé les habitants de Tskhinvali pendant la nuit, quand les forces géorgiennes ont commencé à pilonner massivement la ville. Maïa Kharibova, correspondante sur place de la radio Echo de Moscou, reprise par le quotidien russe Kommersant, a déclaré que les citoyens ossètes, dont beaucoup ont la nationalité russe, avaient demandé à Dimitri Medvedev sa protection.

Carte_Georgie_2008

La Russie est alors passée à la contre-attaque. Les unités blindées de la 58e armée, stationnée en Ossétie du Nord (une république autonome côté russe du Caucase), sont entrées dans Tskhinvali, la capitale sud-ossète, alors qu’elle était sur le point d’être prise par les troupes géorgiennes. Selon les autorités géorgiennes, l’aviation russe a bombardé plusieurs villes géorgiennes ainsi que des bases militaires aux environs de Tbilissi. Même si le président Dmitri Medvedev n’avait pas réagi avant que son Premier ministre Vladimir Poutine, depuis Pékin où il était venu assister à l’ouverture des Jeux, n’annonce que l’agression géorgienne appellerait une réaction russe, Moscou avait clairement fait le choix de la défense de « ses citoyens » – les Ossètes du Sud se sont presque tous vus attribuer la nationalité russe.

Tbilissi et Moscou se disputent depuis le contrôle de la province. D’un côté, la Géorgie accuse la Russie d’agresser ouvertement son territoire : Moscou aurait bombardé des bases aériennes, son port de Poti sur la mer Noire et dépêché des blindés et des troupes en Ossétie du Sud en renfort de son contingent de maintien de la paix. Un journaliste de Reuters a par ailleurs vu un avion de combat russe larguer une bombe sur un immeuble résidentiel de la ville géorgienne de Gori, située à une cinquantaine de kilomètres de Tskhinvali.

De son côté, l’armée russe, qui a reconnu  depuis que deux de ses avions de combat avaient été abattus par les forces géorgiennes, mais dément avoir « bombardé des populations civiles », affirme ne mener qu’une simple opération de « maintien de la paix », et a déjà prévu d’envoyer des troupes supplémentaires. « Nos soldats de la paix et nos unités venues en renfort mènent actuellement une opération destinée à contraindre la partie géorgienne à accepter la paix« , a déclaré le président russe, Dmitri Medvedev. « Ils ont également la responsabilité de protéger la population. C’est ce que nous faisons en ce moment« , a-t-il assuré, selon les propos rapportés par les agences de presse russes. Moscou accuse par ailleurs l’Ukraine d’encourager la Géorgie à mener un nettoyage ethnique en Ossétie du Sud en fournissant des armes à Tbilissi. Moscou affirme enfin que c’est le soutien de Washington à Tbilissi qui a rendu possible ce conflit… En réponse aux protestations européennes, le président russe a appelé les Occidentaux à ne pas reproduire l’erreur des «accords de Munich», qui ont conduit à une «tragédie», en se montrant conciliant avec l’agresseur. Et d’ajouter: la Russie ne sera jamais «un observateur passif» de la situation dans le Caucase.

Le conflit trouva un nouveau terrain d’expression le 9 août, avec l’entrée en jeu de l’Abkhazie. Comme l’Ossétie du Sud, l’Abkhazie, située dans le nord-ouest de la Géorgie, réclame son indépendance depuis le début des années 1990 et la chute de l’URSS. Les séparatistes abkhazes ont lancé une offensive aérienne et terrestre dans la seule zone encore sous contrôle géorgien. Des villages auraient été bombardés. Pour la Géorgie, l’ouverture de ce second front, après celui ossète, s’annonce comme autant de difficultés supplémentaires sur le terrain. Pourtant, l’Abkhazie est considérée comme une province sécessionniste presque indépendante, depuis l’expulsion par la force de quelque 200 000 Géorgiens en 1993, quand l’Ossétie du Sud, elle, n’est qu’une république séparatiste.

Le 13 août, Nicolas Sarkozy, en sa qualité de « président tournant de l’UE » – et selon les termes l’objectif les 27 lui avaient fixé – a entrepris une médiation entre la Géorgie et la Russie pour régler le conflit en Ossétie du Sud. Le plan, validé par Dmitri Medvedev dans l’après-midi, a été accepté par Tblissi. Le plan établit que les forces militaires géorgiennes doivent retourner « dans leur lieu habituel de cantonnement« , tandis que les forces russes doivent se retirer « sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités« . En outre, des discusions porteront « seulement » sur « les modalités de stabilité et de sécurité » des deux provinces sécessionnistes.

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Même s’il reste bien décidé à lutter pour « préserver l’intégrité de son territoire« , c’est surtout face à la démonstration de force de la Russie que le gouvernement géorgien a dû se résoudre à accepter la proposition de paix élaborée par l’Union européenne. La Russie, quant à elle, a obtenu gain de cause : la Géorgie sanctionnée, contrainte à la paix, et la sécurité des ressortissants et des soldats de la paix russes rétablie.Dés lors, il ne faut aps s’y tromper, l’intervention musclée de la Russie sur le territoire géorgien a totalement bouleversé la donne stratégique du Vieux Continent. Pour preuve, si les troupes russes se sont retirées du territoire géorgien, elles ne quitteront pas le port de Poti et établiront une zone tampon ! L’état-major laisse en effet entendre que les forces géorgiennes, fournies en armes par les Américains, seraient en passe de lancer une nouvelle offensive…

Qu’il y a t’il de surprenant alors d’entendre Dmitri Medvedev, le 26 août, que la Russie reconnaissait l’indépendance des deux républiques séparatistes de Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud ? Il a confié «n’avoir peur de rien», y compris d’une nouvelle «guerre froide» avec l’Occident, tout en assurant ne pas la vouloir. C’est clairement un pied de nez à la communauté internationale et à la Géorgie, qui refusent depuis le début des années 90 de reconnaître ces deux républiques séparatistes…

Quelques piste pour suivre et approfondir ce dossier :

– le dossier de Courrier International

– le dossier du journal 20 minutes.fr

– le dossier consacré par le journal JDD

– le Retour russe par Serge HALIMI sur Le Monde Diplomatique

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