La citation du dimanche – la dialectique est un sport de combat
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Dans l’article suivant, Quentin M. a relevé un défi : commenter en quelques lignes une citation célèbre. J’ai coupé sauvagement son texte, mais vous pourrez le lire dans son intégralité en cliquant ici. Je lui laisse la place.
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Petit travail expérimental, sorte de chewing-gum intellectuel dont le goût s’efface lentement, le travail d’analyse et de commentaire d’une citation s’accorde pour décortiquer, subdiviser et pénétrer les idées d’un auteur, là où elles demeurent les plus fortes.
« La meilleure façon d’imposer une idée aux autres, c’est de leur faire croire qu’elle vient d’eux. » Alphonse Daudet
J’ai envie de m’attacher ici à une analyse très générale, englobante, qui puisse faire de nombreux et divers liens : philosophie, sciences politiques, etc. Je vais (étant tout de même limité) m’intéresser uniquement à 3 passages qui me paraissent essentiels :
1- « imposer une idée aux autres »
2- « leur faire croire »
3- « qu’elle vient d’eux »
1. Le fait d’imposer ses idées aux autres revient finalement à une problématique à la fois moderne et traditionnelle : des Sophistes de la Grèce antique aux totalitarismes du XXe siècle. L’imposition d’une idée revient ainsi à structurer et limiter la communication. Par suite, tous les avantages de la discussion orale ou écrite s’effacent : disparition de l’approfondissement, banalités, pertes d’idées, exclusivité des manières de penser… Je vous laisse réfléchir à la question de Musset : « Pourquoi l’esprit humain est-il ainsi rétréci qu’il lui faille toujours se montrer exclusif ? »
2. L’illusion, le faux et le mensonge symbolisent une partie non-négligeable de la création des idées : faire croire oriente les individus vers une autocensure.
3. J’aimerais enfin me concentrer uniquement sur un exemple ancien, les dialogues de Platon. Faisant parler Socrate, Platon le montre en plein exercice perpétuel de « maïeutique », « d’accouchement des idées » : autrement dit, Socrate utilise et emploie l’autre pour travailler sur la voie d’une pensée commune. En fait, il choisit avec habilité les mots et exploite les idées pour montrer à l’autre que leur pensées ne sont pas si éloignées, qu’il faut impérativement se fier à l’idée de la personne avec laquelle on discute, puisque nous-mêmes, nous ne savons rien.
Riche, dense, dévorante, une citation est un exercice de style et de réflexion à part entière ! Il est bon, souvent, de savoir démêler le vrai du faux concernant la pensée d’un auteur en revenant aux plus fondamentales de ses idées : ses textes, et ses extraits. Cet article n’a comme volonté que d’entraîner une réflexion personnelle. Alors, à vos commentaires !
Sources, idées et lectures complémentaires :
N. Chomsky – Comprendre le pouvoir (Premier mouvement), 2002
Pétrarque – Sur sa propre ignorance et celle de beaucoup d’autres
Plutarque – Comment tirer profit de ses ennemis
J. Searle – La construction de la réalité sociale, 1995
T. Paine – Common sense, 1776
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