Anecdote du dimanche (39) – La Croisade des Enfants de 1212
Voici encore un texte du vaillant Fabien. Il s’est lancé dans l’histoire médiévale sans frémir.
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La croisade des enfants, que l’on devrait plutôt mettre au pluriel, désigne deux mouvements populaires qui se sont créés en France et en Allemagne durant l’année 1212. Elles avaient pour but, comme toute croisade qui se respecte, de « délivrer Jérusalem ». Nous ne les connaissons qu’à travers des sources si incertaines que leur récit s’apparente bien souvent au légendaire.
En Allemagne, le leader du groupe aurait été un jeune (entre 12 et 14 ans) prénommé Nicolas. Il réunit à Cologne une foule de 20 000 personnes environ (dont beaucoup d’enfants, mais pas uniquement) et les mena ensuite le long du Rhin, puis à travers les Alpes jusqu’à Gênes. Bien que la croisade ait été rejointe par de nombreux pèlerins, le passage par les Alpes décima leur rang et ils ne furent que 7 000 à réellement atteindre l’Italie. A Gênes ils s’attendaient à voir la mer s’ouvrir devant eux, comme l’avait promis leur meneur. Mais rien ne se produisit et devant l’absence de miracle, la foule se dissipa, retourna chez elle, et la croisade prit ainsi fin, assez piteusement.
Du coté français, la réalité est difficile à cerner tans les nombreuses versions des faits sont différentes ! En mai-juin 1212, un peu moins de 30 000 enfants se seraient réunis dans le bassin parisien pour partir en croisade. Étienne, leur leader, les aurait d’abord menés à Paris pour parler au roi Philippe Auguste, et recevoir sa bénédiction. Mais le roi la leur refusa catégoriquement !
Selon plusieurs sources, la croisade se serait ainsi arrêtée avant même d’avoir commencé. Mais d’après un certain Albéric, moine à l’abbaye des Trois-Fontaines (en Champagne) ayant vécu au XIIIe siècle, les enfants seraient descendus jusqu’à Avignon puis Marseille, pillant tout sur leur passage. Mais ici encore la mer ne s’ouvrit pas pour eux et la déception fut au rendez-vous. Mais une opportunité s’offrit alors à eux : deux commerçant leur proposèrent de les emmener sur leurs bateaux jusqu’à Jérusalem. Les enfants s’empressèrent d’accepter et d’embarquer… Mais une fois en mer, les marchands les enfermèrent dans les cales et les conduisirent… en Algérie, où ils furent vendus comme esclaves. Une fin bien ironique pour ces enfants persuadés d’être chargés d’une mission divine !
Malgré les diversités des versions laissées par les sources trop peu nombreuses, contradictoires et lacunaires, il est certain qu’aucune de ces croisades n’arriva jusqu’à la Ville Sainte. Il est donc impropre, finalement, de les appeler croisades…
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Sources : L’Encyclopédie du savoir relatif et absolu de Bernard Werber; Wikipédia ; http://beaujarret.fiftiz.fr/blog/4684,les-croisades-des-enfants.html
image : La Croisade des enfants vue par Gustave Doré, illustrateur et graveur du XIXe siècle.
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