Après Manon A. il y a quelques semaines, Jane H., élève de Seconde prend dignement la relève avec un brillant article sur le premier film de H. Miyazaki (si celui-ci lit ce blog, il peut venir faire un tour au lycée J.-M. Boivin, il sera accueilli par une foule d’admirateurs).
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Hayao Miyazaki
Le château dans le ciel (1986)
(Tenkû no shiro Rapyuta)
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Tout premier film d’Hayao Myazaki pour le studio Ghibli, Le château dans le ciel est sûrement une des plus belles œuvres du réalisateur. Mélangeant humour, magie et émotion, il plonge le spectateur dans une incroyable aventure, vraie et touchante, qui vous envoûte littéralement.
L’histoire se passe au Japon, à l’époque de la révolution industrielle (vers la fin du XIXe siècle). Sheeta, une adolescente d’environ treize ans, possède une pierre volante qui suscite bien des convoitises. Enlevée par Muska, un agent du gouvernement, elle parvient à s’échapper et rencontre Pazu, un orphelin de son âge travaillant, dans les mines. Leur rencontre les mènera, après de multiples péripéties, sur la mythique cité volante de Laputa, le château dans le ciel.
Si le film est magnifique, c’est tout d’abord grâce à ses personnages. Effectivement, que cela soit Sheeta ou Pazu, les pirates de l’air ou encore les habitants de la cité minière, tous ou presque attirent la sympathie du spectateur. De plus, en mettant en vedette un couple d’enfants, Miyazaki s’adresse à un public plus jeune que Nausicaä de la Vallée du Vent par exemple. Il arrive ainsi à nous faire retomber en enfance, dans un univers où l’on se laisse emporter par le courage, la pureté et la sensibilité des deux protagonistes.
Il faut également souligner la beauté des décors. En effet, malgré « l’âge » du film, les paysages sont déjà magnifiques, et les scènes déjà époustouflantes (notamment, comme souvent dans les films miyazakiens, celles qui se passent dans le ciel).
Mais Le château dans le ciel n’est pas qu’un simple film d’aventure à la narration parfaitement maîtrisée : il est aussi porteur d’un message et dénonciateur d’un monde matérialiste, qui mise tout sur le pouvoir et la technologie.
En effet, le pouvoir destructeur de l’île volante est immense. Cette dernière est armée de robots guerriers quasi-indestructibles, et possède un dôme capable de créer une sorte de bombe atomique, dont le personnage de Muska fait une démonstration. Au moment de s’en servir, il prononce les paroles suivantes :
Dans les saintes écritures, c’était le feu sacré qui détruisit Sodome et Gomorrhe. Dans le Ramayana, c’était la flèche d’Indra. Et prochainement, le monde entier se prosternera à nouveau devant Laputa.
Cela nous fait comprendre qu’il fut un temps où Laputa dominait le monde. En invoquant des événements aussi importants, des mythes provenant de religions différentes (Sodome et Gomorrhe étant deux villes qui auraient été anéanties pour des raisons qui diffèrent selon les textes religieux), Miyazaki augmente considérablement la puissance de la cité volante car cette dernière explique tous les événements divins survenus depuis le ciel. Elle devient la cité des maîtres du monde et symbolise le pouvoir destructeur universel venu du ciel.
De plus, le réalisateur nous met en garde contre la fascination des hommes pour la technologie, au détriment de la nature et de son équilibre. Par ailleurs, elle ne peut pas résoudre tous les problèmes, bien au contraire, et c’est ce que Sheeta explique parfaitement à Muska dans la salle du trône :
À présent, je sais pourquoi Laputa a été détruite. Comme le dit une chanson à Gondoa : plonge tes racines dans la terre ; laisse nous vivre avec le vent ; passe l’hiver comme les graines ; et chante au printemps comme les oiseaux. Pour vivre on n’a pas besoin de semer la mort. Et on n’a pas besoin de milliers de misérables robots. Mais personne ne peut vivre loin de la terre !
Elle justifie ainsi le départ des humains, qui ne peuvent remplacer le lien profond qu’ils ont eu avec la nature et s’en éloigner.
Oui, s’il y a bien un film du studio Ghibli que j’aime par dessus tout, c’est Le château dans le ciel. Et pourtant, avec Le Voyage de Chihiro, Nausicaä de la vallée du vent ou bien encore Princesse Mononoké, la concurrence est rude ! De par les décors splendides, l’histoire captivante, la pureté des deux enfants ou encore les messages qu’il fait passer, il est et restera selon moi la plus belle réussite d’Hayao Miyazaki.
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source de l’image : Toei Company (image en faible résolution pour éviter les problèmes de copyright)
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