Princesse Mononoké (par Clément)
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Voici un nouvel article d’élèves, présentant un film du réalisateur japonais désormais habitué de ces lieux : Hayao Miyazaki. Je remercie Clément pour sa patience – car ce texte est prêt depuis bientôt un mois maintenant. N’hésitez pas à le commenter !
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Les films d’animation ont généralement tendance à rebuter les adolescents et les adultes car ils pensent que ce sont des films pour enfants, sans grand intérêt. Cependant, ils ne savent pas à quel point ils peuvent avoir tort de passer à côté de ce genre de films, notamment ceux du studio Ghibli. Si certains sont en effet enfantins, ce n’est pas toujours le cas. Ils apportent souvent un message universel et une réflexion sur l’Homme en général et sur le monde.
Princesse Mononoké (Mononoke Hime de son nom original qui signifie approximativement princesse des esprits vengeurs), conte l’histoire d’un jeune prince, Ashitaka. Le récit prend place au Japon durant le XVe siècle. La forêt est alors protégée par des animaux géants, les anciens dieux, mais elle se dépeuple à cause de l’action de l’homme. Un de ces dieux, un sanglier, est transformé en démon dévastateur et attaque le village d’Ashitaka. En voulant le tuer, le prince est touché au bras par la malédiction du démon. Pour être guéri, Ashitaka est forcé de partir à la recherche du dieu Cerf, le dieu de la forêt, et doit porter sur le monde un regard sans haine.
Au cours de son périple, Ashitaka se rend rapidement compte que la forêt du dieu Cerf est menacée par les hommes, notamment par les forgerons. Cependant, ce n’est pas l’habituelle lutte entre le bien et le mal. Il n’y a ni méchants ni gentils, mais seulement des protagonistes qui partagent une vision différente de l’avenir et qui défendent leurs propres intérêts. Les animaux comme les forgerons combattent pour leur survie. Le conflit naît de l’absence de dialogue entre les deux clans.
La nature est omniprésente dans le film. Avec Princesse Mononoké, Miyazaki souhaite donner une vision plus réaliste la concernant, contrairement à Mon Voisin Totoro où la nature est sublimée. Ici, elle est dangereuse et impitoyable lorsqu’elle est menacée, et cela se ressent particulièrement à travers le personnage de Moro, la déesse louve, qui lutte avec rage contre les humains.
Cependant, Princesse Mononoké n’est pas un film écologique basique qui prétend apporter une solution. Il se contente de présenter les deux camps et leurs motivations. Miyazaki insinue d’ailleurs une question : qui peut prétendre détenir la solution ? Avec ce film, l’auteur nous invite à une prise de conscience. Il nous montre notamment comment l’homme peut s’exclure d’une dimension pourtant essentielle à son existence. Miyazaki nous laisse réfléchir sur l’action de l’homme. Il dit lui-même :
« Notre espèce exploite la nature sans réfléchir un seul instant aux conséquences. En revanche, dès que la nature exerce sa fureur sur l’humanité, nous préférons nous plaindre plutôt que de nous interroger sur la valeur de nos actes ».
Avec leur technologie, les hommes se sentent supérieurs aux dieux de la forêt, à tel point qu’ils dévastent la nature sans réaliser qu’ils risquent de se détruire eux-mêmes. Leur aveuglement est symbolique d’une espèce qui perd le contact avec ses racines les plus anciennes, au point de se croire capable d’exister en malmenant leur environnement. Implicitement, tout ceci est contenu dans un dialogue entre Ashitaka et Moro :
Ashitaka – Quelle magnifique forêt. Okkoto n’a pas encore chargé ?
Moro – Les sangliers sont en marche. La forêt dévastée pleure à leur passage. Mais tu ne peux pas entendre le sanglot des arbres. Moi, je demeure ici à écouter leur lente agonie. Ces cris réveillent en moi la blessure de la balle, et je rêve du jour où je pourrais enfin broyer de mes crocs la tête de la femme qui nous tue !
Ashitaka – Moro, cette guerre a trop duré. Pourquoi n’y mets-tu pas un terme ? Vous pourriez vivre en paix avec les humains !
Moro – Les humains se rassemblent pour une dernière bataille. Leur feu bientôt viendra nous brûler.
Le récit épique du film est accompagné de musiques magnifiques composées par Joe Hisaishi. Ses compositions nous entraînent littéralement dans l’aventure. Elles retranscrivent vraiment bien l’atmosphère onirique présente dans le film. Princesse Mononoké est donc un film vraiment très mature. Riche en émotions et révélateur d’un message universel, ce film est pour moi un véritable chef-d’œuvre.
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source de l’image : Chris73, Wikimedia Commons
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