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Dans l’anecdote qui nous occupe aujourd’hui, tout est très compliqué dès le départ. Si compliqué qu’il est même impossible de fixer avec certitude un début à cette histoire. Et pourtant, ayant décidé de vous la présenter, il me faut bien commencer quelque part…
Partons de l’année 1912. Wilfrid Voynich, antiquaire (et par ailleurs ancien révolutionnaire) londonien (mais né polonais en Russie), acquiert un mystérieux parchemin de plus de 200 pages auprès de Jésuites italiens. Il s’agit d’un manuscrit sur vélin, abondamment illustré, comme le suggère le folio ci-dessous.

Voynich se rend rapidement compte que l’écriture ne correspond à rien de connu et se trouve bien incapable d’identifier le texte. Cependant, peut-être mu par la volonté de le vendre à un bon prix, il le présente comme un traité de l’illustre Roger Bacon, philosophe et scientifique du XIIIe siècle ayant flirté avec l’alchimie… Tout cela sent déjà le souffre et l’hérésie et ne fait qu’ouvrir le bal d’une très longue série d’hypothèses sur l’ouvrage et son auteur (sur internet, qui recèle décidément bien des trésors, certains avancent évidemment l’idée d’une origine extraterrestre).
Quelques rares demi-certitudes peuvent être avancées (je me réserve la possibilité de modifier cette liste au fur et à mesure de mes recherches) :
– le parchemin a été daté du début du XVe siècle grâce à des techniques scientifiques (au carbone 14), mais l’écriture peut être postérieure (il n’est pas possible de dater les encres avec fiabilité) ;
– la première mention connue du manuscrit date de 1639, la seconde de 1666 (diabolique évidemment) dans une lettre affirmant que l’ouvrage fut acquis par l’empereur germanique Rodolphe II – à qui il aurait été présenté comme un manuscrit médiéval ésotérique ;
– l’écriture est étrangement régulière, des caractères reviennent de manière très (trop ?) fréquente selon plusieurs analyses linguistiques, on trouve parfois le même mot répété trois fois de suite : il s’agirait peut-être d’un système entièrement et volontairement codé et non pas d’une simple écriture.
Le reste nous échappe pour l’instant, à commencer par l’écriture qui résiste à toutes les tentatives de déchiffrement. Peut-être l’un d’entre vous y parviendra-t-il ? Si vous souhaitez essayer, l’ensemble du manuscrit est consultable en ligne (sur le site de l’université de Yale, rien de moins !).
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