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Le roi est mort ! Vive le roi ! (par Quentin M.)

Voici un nouvel article de Quentin M., aujourd’hui en classes préparatoires au lycée Carnot. Il nous y fait part de réflexions sur quelques-unes de ses dernières lectures. Les liens qu’il propose avec l’actualité politique seront propices, je l’espère, à l’ouverture d’une discussion.
Parfums d’élections, relents de changements politiques dans les pays constituant le quart de l’économie mondiale… Le pouvoir sent fort le renouvellement en ce moment. Or, à de nombreuses reprises dans l’histoire, les périodes de mutation politique ont été favorables aux troubles en tout genre et notamment aux coups d’États. Dès lors surgit une question fondamentale : comment assurer la stabilité de l’État malgré les changements de dirigeants (pour cause d’élections ou plus encore de décès) ? comment ne pas sombrer dans le chaos dès que le pouvoir change de tête ou de mains ?
Une maxime bien connue y répond de manière saisissante : Le roi est mort ! Vive le roi ! Intrigant ? Déstabilisant ? Inquiétant ? Pas du tout. Simple formule qui permet de penser de manière dialectique la relation entre renouvellement et continuité du pouvoir.
Comme l’a montré de manière magistrale l’historien Ernst Kantorowicz dans son maître-ouvrage Les deux corps du roi, publié en 1957, cette maxime élabore en six mots les fondements de l’État moderne, notamment monarchique. Selon cette théorie, l’individu incarnant le pouvoir a deux corps : un corps terrestre, car il est homme, né et prompt à mourir ; mais aussi un corps politique et immortel, car il incarne le pouvoir, l’État. Ainsi, le corps politique du roi survit à la mort de son corps terrestre.  Autrement dit, le roi meurt mais le Roi ne meurt jamais.
Toute cette logique d’incarnation et de continuité du pouvoir n’a pas disparu : d’après-vous, que symbolise la rupture vie privée/vie publique des Présidents de la République en France aujourd’hui, si ce n’est une survivance des deux corps au roi ? Pour poursuivre la réflexion, observez les obsèques, dédoublées en quelque sorte, de l’ancien président François Mitterrand sur cette vidéo de l’INA. Regardez bien le drapeau… Intrigant ? Déstabilisant ? Inquiétant ?

Le pamphlet du lundi (1) – saudade (par Quentin M.)

Dans son souci de bonté et de fainéantise (non, il n’a pas touché à vos copies !), votre professeur d’Histoire/Géographie m’a confié une tentative de « pamphlet » (le mot est fort !). Secondes, Premières et Terminales, évitez de le pousser à la fantaisie !
Dans la dépression post-traumatique des premières neiges et le reniflement constant des manteaux et chapeaux qui pullulent dans les rues, il fallait bien que l’Histoire s’en mêle. Triste week-end en effet ; entre le décès de la « diva aux pieds nus » alias Cesaria Evora, la mort de Vaclac Havel, ancien (et premier) président de la Tchèquie et l’incendie de l’Institut d’Égypte fondé par Napoléon en 1798 (qui correspond à la perte de documents précieux concernant la géographie européenne et les archives égyptiennes), la demande de Fluoxétine risque d’augmenter chez les historiens…
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Ici, non point l’intention de conter les faits (je ne voudrais en aucun cas me faire d’ennemis dans le milieu journalistique…) ; simplement l’idée de lancer une réflexion sur cette dimension de l’Histoire : n’est-il que quelques fous pour vivre, au milieu des végétaux ronflants, plantés sur une chaise et buvant le soleil traversant les fenêtres d’une salle, cette impression d’une Histoire floue, plaquée sur un livre, dont le récit s’apparente à ces contes qui finissent mal, ceux qu’on nous susurrait à l’oreille quand nous étions encore en âge de croire à ce bon vieux Santa ?
L’Histoire semble en effet se nourrir de l’ennui des élèves. La bave dégoulinant sur la page 62 du manuel semble égayer la vie des éditeurs. La construction de l’Histoire s’est ainsi apparentée (s’apparente toujours) à une donnée de valorisation d’un passé que même notre élite ne semble plus connaître. Le souci est là : l’Histoire ne demande pas une valorisation du passé. Elle en demande sa compréhension, pour en induire ou en déduire les erreurs humaines. Non, l’Histoire n’est pas une histoire, chers parents. L’Histoire est avant tout une science, l’Histoire est avant tout une expérience humaine, l’Histoire est avant tout une donnée d’avenir.
Les déprimés reniflant revoient leurs mauvais souvenirs resurgir avec la mort de ces personnages, ou les incidents d’ordre architectural. Quel triste constat. Combien de personnes se sont aujourd’hui fait la remarque suivante : « tiens, mais oui, Vaclac Havel, il était en vie ». Il est temps de réinventer la vision que l’on offre : l’Histoire n’est pas lointaine. Vaclav Havel n’était pas une photographie du manuel, page 62. L’histoire est proche de l’homme, plus que l’éditeur ne veut le faire croire… C’est en réinventant le goût d’apprendre que l’on va préparer les hommes à leur avenir : l’humanité est un processus de long terme. Le faire vivre sur le court terme lui correspond certes bien ; mais l’Histoire n’est pas celle d’un homme.
image : Danse Macabre de Bernt Notke, fin du XVe siècle, église saint Nicolas de Tallinn (Estonie)

1ere S3 – JM Boivin : les totalitarismes

Pour patienter en attendant que je mette en ligne le tableau complété, une petite vidéo où un prof d’histoire et une prof de philo donnent leur définition du totalitarisme. Vous verrez qu’ils abordent à peine le fascisme mussolinien.

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Hanna Arendt le totalitarisme