Le 8 avril 1692 naissait Giuseppe Tartini dans la petite ville italienne de Pirano (aujourd’hui Piran, en Slovénie). Bien que clerc, il se maria en 1710, ce qui ne fut pas du goût de sa hiérarchie. Partiellement écarté de la carrière religieuse, il se passionna dès lors pour la musique et y excella rapidement comme chef d’orchestre et compositeur. Il ne créa pas moins de 130 concertos et 200 sonates ! Pourtant, le songe qu’il fit une nuit de 1713 faillit définitivement changer le cours de son existence, comme il l’a lui-même conté :
» (…) je rêvais que j’avais fait un pacte, et que le Diable était à mon service. Tout me réussissait au gré de mes désirs, et mes volontés étaient toujours prévenues par mon nouveau domestique. J’imaginai de lui donner mon violon, pour voir s’il parviendrait à me jouer quelques beaux airs ; mais quel fut mon étonnement lorsque j’entendis une sonate si singulièrement belle, exécutée avec tant de supériorité et d’intelligence que je n’avais même rien conçu qui pût entrer en parallèle. J’éprouvai tant de surprise, de ravissement, de plaisir, que j’en perdis la respiration. Je fus réveillé par cette violente sensation. Je pris à l’instant mon violon, dans l’espoir de retrouver une partie de ce que je venais d’entendre ; ce fut en vain. La pièce que je composais alors est, à la vérité, la meilleure que j’aie jamais faite, et je l’appelle encore la Sonate du Diable ; mais elle est tellement au-dessous de celle qui m’avait si fortement ému, que j’eusse brisé mon violon et abandonné pour toujours la musique, s’il m’eût été possible de me priver des jouissances qu’elle me procurait (…). «
Tartini avoua à plusieurs reprises que s’il avait su gagner sa vie autrement, il aurait dès lors cessé de composer. Heureusement pour nous, il persévéra et nous laissa des pièces magnifiques, comme cette Sonate des Trilles du Diable directement inspirée de son rêve et créée à tout juste 21 ans !
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Notons que la musique et les songes ont souvent fait bon ménage. Ainsi Paul Mc Cartney a-t-il composé la chanson Yersterday en rêve, à ceci près qu’elle aurait dû s’appeler « scrambled eggs » (œufs brouillés) s’il avait été fidèle à ce qui lui était apparu nuitamment. Quant au diable comme source d’inspiration pour les musiciens, les références sont légion. Je viens ainsi de retrouver le clip Tribute de Tenacious D, groupe de l’acteur et réalisateur Jack Black, dont vous connaissez sans doutes les interprétations déjantées. L’univers musical est légèrement différent de celui de Tartini…
http://www.dailymotion.com/video/x24hzf
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source de l’image (pour la vidéo de Tartini) : Louis Léopold Bailly, Le songe de Tartini, 1824.
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