J’ai lu : Felicidad, de Jean Molla
1 11 2018Felicidad
Jean Molla
Résumé : La ville de Felicidad, dans la Grande Europe, se veut le prototype de la ville parfaite. Le Bonheur y est obligatoire. Il y a même un Ministre du bonheur ! Le gouvernement fait tout pour que la perfection soit le maître mot du peuple. L’immense groupe Génégène a fabriqué des parumains, des androïdes destinés à servir les humains. Ils ont quasiment toutes les caractéristiques humaines, mais ils sont génétiquement modifiés pour ne pas se rebeller. Mais, ne voila-t-il pas qu’un groupe de parumains, les Delta 5, montre des signes de rébellion. Ils sont même accusés d’avoir tués, Julien Choelcher, le généticien génial qui les a créés. Quand on découvre que Claude Buisson, le ministre du Bonheur obligatoire, a lui aussi été assassiné, rien ne va plus. La Sécurité intérieure fait donc appel à Alexis Decked, un flic de renom, et le charge de retrouver ces parumains défectueux, afin qu’ils soient éliminés. Mais cette enquête, qui ne devait être qu’une simple quête, se révélera être la source de révélations qui auraient mieux valu de rester dans l’ombre…
Mon avis : Je ne suis en général pas fan de la SF, mais là, c’est un roman à lire. L’histoire est prenante, l’auteur écrit bien, même si le thème des androïdes a déjà été battu et rebattu ! J’ai beaucoup aimé le personnage de Decked et j’ai aussi apprécié que les personnages principaux soient des adultes, pour une fois ! Decked est un bon petit soldat. Il a été mandaté pour retrouver des parumains et il fait ce qu’on lui demande de faire. Et malgré toutes les questions qu’il se pose, malgré Majhina, la parumaine dont il est fou amoureux. Il se plie aux ordres. Jusqu’où ira-t-il et surtout, quelles vérités mettra-t-il à jour ? Je vous laisse le découvrir. Vraiment, je vous invite vivement à lire cet ouvrage qui pose des questions existentielles. Qui sait, vu à quelle vitesse évolue le monde aujourd’hui, peut-être serons-nous un jour amenés à nous poser les mêmes.
Extrait : « A ce jour, personne n’aurait pu s’en passer, même si certains économistes avaient pointés les effets pervers induits par l’arrivée des parumains sur le marché de l’emploi : baisse généralisée des salaires les plus faibles, augmentation du chômage dans les milieux modestes, fragilisation de certaines catégories socioprofessionnelles. Les analystes évoluant des les hauts sphères gouvernementales préféraient souligner que les parumains avaient permis de fermer définitivement les frontières de la Grande Europe aux candidats à l’immigration tout en compensant le déficit démographique lié à une dénatalité préoccupante.
Alexis soupira. Ces arguments étaient-ils moralement défendables ? Il n’en savait rien. Ce n’était pas à lui de changer la société. Elle fonctionnait très bien en l’état. Il en était un des rouages, les parumains un autre.
Majhina revint vers sa table et posa devant lui une cafetière fumante, une tasse et un panier rempli de croissants.
_Je t’ai dit que je n’ai pas faim ! protesta Decked.
La parumaine lui adressa un sourire désarmant.
_Je sais, mais j’ai été créée pour faire le bien. Et le bien, c’est que tu t’alimentes correctement avant de tomber d’inanition. (…)
_Dis-moi, est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’avoir envie de renverser un verre sur la tête d’un client particulièrement goujat ?
_Souvent, admit Majhina.
_ Et pourquoi ne l’as-tu jamais fait ?
D’un geste tendre, la parumaine effleura la joue de Decked.
_Parce que je ne le peux pas, Alexis. Un biocontrôle m’en empêche. Je te l’ai dit, j’ai été créée pour faire le bien et soulager ton portefeuille.
_Et le bien, c’est d’accepter n’importe quoi d’un humain ?
_Selon mes concepteurs, oui.
_Et selon toi ?
Elle éclata de rire.
_Il n’y a pas de « selon moi ». C’est mon plus gros défaut. Ou ma plus grande qualité peut-être. A toi de cocher la bonne case ! »