J’ai lu : Je suis un Hikikomori, de Florence Aubry
15 09 2020Je suis un Hikikomori
Florence Aubry
Résumé : Hugo, un ado de 16 ans et sa mère, ont déménagé. Ils habitent maintenant à Paris. Le jeune garçon souffre de ce changement, car il perd ses repères et tous ses amis. Dans son nouveau collège, il n’arrive pas à nouer de liens avec ses camarades. Il se sent seul et abandonné. Sa mère, elle-même assez instable, ne lui est pas d’un grand secours. Son père, il ne le voit plus depuis des années, depuis que ses parents se sont séparés. Hugo se sent désemparé par la solitude, rejeté par tout le monde, abandonné par la société. Pourtant, tout change quand Jules, un nouvel élève, arrive dans sa classe. Ils se rapprochent, deviennent amis. Mais, Hugo, épris de reconnaissance commet l’irréparable et perd l’amitié de Jules. Il sombre alors dans une profonde dépression et se cloître dans sa chambre. il se coupe de toute relation sociale, même avec sa mère. Sa vie est rythmée par son ordinateur, son lit, sa télévision et la fenêtre de sa chambre qu’il n’ouvre même pas. Comment va-t-il se sortir du gouffre dans lequel il s’est jeté ?
Mon avis : Ce roman se lit très rapidement, il ne possède que 155 pages. Il traite d’un sujet de société, les hikikomori, qu’on retrouve souvent au Japon et traduit le mal-être des adolescents, qui se coupent d’une société dans laquelle ils ne se retrouvent plus et qui les opprime. Le ton employé par l’auteure est sec, détaché et l’histoire s’articule entre des flashbacks qui relatent comment Hugo en est arrivé à se couper du monde et des passages au présent, qui traduisent le mal-être profond que vit le personnage. J’ai apprécié ce livre parce qu’on y entre tout de suite, on veut comprendre, savoir pourquoi le personnage agit de la sorte. On veut savoir ce qu’il s’est réellement passé, on veut savoir s’il réussira à s’en sortir. On se rend compte, au fil de la lecture, que la mère d’Hugo, qui devrait le soutenir, ne l’aide pas vraiment. Oui, elle s’inquiète pour lui quand elle se rend compte qu’il y a un problème, mais elle agit comme une adolescente, elle ne prend rien au sérieux, elle s’enflamme pour des projets qu’elle ne mène pas à terme et au final, c’est Hugo qui s’inquiète pour elle, qui s’inquiète pour eux et pour leur avenir. C’est un roman bien mené, sans fioritures et qui vaut la peine d’être lu. Je vous le recommande.
Extrait : « Il s’était très vite trouvé dans l’obligation de revoir à la baisse ses ambitions en matière de vie sociale. Il s’était bientôt contenté de ce qu’il avait : des camarades, auquel il se joignait quand ils étaient en groupe, qui ignoraient la plupart du temps sa présence mais qui ne le repoussaient pas, dont il arrivait, avec beaucoup d’effort à capter ponctuellement l’attention par une histoire cochonne bien sentie qu’il avait dénichée sur internet ou entendue à la radio.Il aurait pu s’en contenter, il y en a tellement qui s’en contentent ! Des isolés. Des qui marchent dans la cour seuls, à chaque récré. Il y en a parmi eux qui s’étaient fait une raison, en attendant de plus jolis jours !
Lui, non.
Lui souffrait. Lui perdait ses repères tout doucement. Lui ne cessait de mesurer, de comparer, de se souvenir. Il avait besoin d’être entouré, il avait besoin de partager et de briller un peu, quelquefois. D’être quelqu’un. Que chacun soit capable de prononcer son nom sans l’écorcher, comme à l’école primaire. De quoi ça pouvait bien venir, ça n’était quand même pas l’histoire d’avoir grandi à la ville et d’avoir grandi à la campagne ? ça devait venir d’autre chose ? Un handicap qu’il aurait en lui, et qui se serait révélé tardivement.
Surtout, il avait peur que ça continue, il était terrorisé de laisser cet état de fait s’installer et de se retrouver le même dans dix ans. Sans amis. A s’épuiser à rechercher des trucs pour se faire aimer. »
Tags : adolescence, amitié, fait de société, famille, hikikomori, isolement, mal-être, relations sociales, tristesse