J’ai lu : Week-end mortel de jean-Paul Nozière

9 06 2021

Week-end mortel

Jean-Paul Nozière

Résumé : Irma Cole est invitée par sa meilleure amie, Angéline Cosma, à passer un week-end au Moulin du Bief, la maison de campagne d’un ami d’Angéline. Si au début Irma se montre très enthousiaste à cette idée, elle déchante rapidement : pour partir en week-end, elle doit mentir à ses parents, elle leur  dit qu’il n’y aura qu’elle et Angéline au moulin, alors qu’en réalité, trois autres garçons seront présents. De plus, tous les autres sont des gosses de riches, ce qui n’est pas le cas d’Irma… Mais, tout est déjà décidé et voilà qu’elle prend le train, direction le Moulin du Bief. Ce week-end, qui s’annonçait radieux ne se déroule pas comme prévu. En effet, Irma, quoique très impressionnée par le luxe environnant, perçoit très vite une atmosphère tendue entre les autres adolescents. Jean-Alain Ménétrier, le fils des propriétaires de la maison, passe son temps à l’humilier et semble avoir une emprise très forte sur les trois autres. L’ambiance malsaine qui pèse dans le Moulin du Bief laisse à penser qu’un secret lie les adolescents, un secret peu reluisant. Irma ne se sent pas à l’aise. Elle veut rentrer chez elle. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Mon avis : ça fait un moment que ce livre est au CDI et j’avoue que la première de couverture ne m’attirait pas énormément. Mais bon, c’est la fin de l’année et je me suis dit, pourquoi ne pas tenter la lecture. Je n’ai pas été déçue du tout, bien au contraire. Franchement, l’écriture est fluide, limpide et l’auteur a su avec brio créer une atmosphère angoissante dans son roman de seulement 146 pages ! Le personnage d’Irma dénote totalement avec les autres. Il s’agit d’une fille réfléchie et responsable (quand elle ne ment pas à ses parents pour aller se détendre pendant un week-end), qui ne se laisse pas facilement impressionner par l’argent des autres. Elle connaît la valeur des choses. Sa meilleure amie, Angéline, paraissait être une fille intéressante au début du roman : garçon manqué qui s’habille toujours en noir, elle donnait l’impression d’être un peu rebelle sur les bords. Mais on final, on découvre au fil de l’histoire que c’est juste une façade, c’est une nunuche prête à tout pour plaire à Jean-Alan Ménétrier. ce dernier, que peut-on en dire, à part qu’il s’agit d’un fils à papa gâté pourri, auquel on passe tous les caprices. Il a une emprise malsaine sur Angéline, Alphonse et Luc, les deux autres personnages. Luc est du genre anxieux, il semble vouloir se rebeller, mais ne le fait jamais vraiment. Irma est attiré par lui, mais en même temps, la violence sous-jacente qu’elle perçoit en lui l’effraie un peu. Franchement, je ne pourrai vous dire qu’une chose : LISEZ-LE !

Extrait : « Alphonse se colla au grillage du court. Jean-Alain apparut dans l’allée. il tenait un radiocassette sur l’épaule et marchait du pas chaloupé des frimeurs. C’est du moins ce qu’estima Irma, mais son envie de rire s’étrangla quand elle découvrit la tension des autres. Ils suivaient l’approche du garçon sans prononcer un mot. Jean-Alain s’arrêta assez loin de la clôture.

_Tu joues avec moi ? Luc est fatigué. Irma le remplacera, annonça Angéline.

Elle ne manquait pas de culot. Luc ne contesta pas cette décision prise sans son accord. Jean-Alain sourit.

_Je vous entends brailler depuis la maison.

« Pas un vrai sourire, pensa Irma, une gesticulation des lèvres dissimulant sa colère ».

Alphonse s’empressa.

_Excuse-nous, on ne se rendait pas compte. Si tu remplaces Luc, le jeu sera plus équilibré et on criera moins.

Jean-Alain montra le tuyau d’arrosage.

_Et vous mettrez moins de flotte sur le court ? Je ne joue pas. Je vous regarderai, comme ça je comprendrai pourquoi vous beuglez comme des veaux à l’abattoir.

Les mots humiliants s’accompagnaient du sourire.

_Allez, joue avec moi ! insista Alphonse.

_Non, avec moi ! s’écria Angéline.

Le regarde de Jean-Alain passa de l’un à l’autre. Le sourire disparut. un soupir.

_Vous êtes sourds ? J’écoute de la musique, on verra après !

J’ai une cassette super, mets-là ! proposa Angéline.

Elle courut vers la chaise d’arbitre, fourragea dans son sac. Pendant ce temps, Luc ramassait les balles. Jean-Alain l’interpella.

_Eh Luc, il y en a trois dans l’herbe, dehors. c’est toi le pro qui confond tennis et badminton ?

Luc continua tranquillement à rassembler  les balles. Il attendit qu’Angéline revienne vers le groupe pour dire :

_J’en ai marre du tennis? Je ne joue plus.

_Du rap, annonça Angéline.

Jean-Alain s’approcha de la clôture et tendit la main à travers un trou du grillage.

Du rap ? La musique des banlieues ! Tu écoutes ces connards ? Tu trouves qu’ils ne nous font pas assez chier comme ça !

Les mâchoires du garçon se soudèrent l’une à l’autre. Les fossettes s’ouvrirent aussi profondément que s’il riait.

_Voilà ce que j’en fais de ta musique de singe !

Son bras décrivit une courbe. La cassette monta haut, passa par-dessus la haie de résineux et disparut de leur vue.

Plus un bruit, à part le roucoulement d’un pigeon qu’ils ne voyaient pas. le sourire de Jean-Alain était revenu. Son regard se posa sur leurs visages. L’un après l’autre. Longtemps. Il les défiait. Leur disait : « Râlez, je vous écoute. » Irma attendit son tour.

_Tu n’es qu’un sale con, dit-elle, sans hausser la voix. Je vais jusqu’à la ferme, ça me donnera l’occasion de respirer l’air pur.

_Je t’accompagne, annonça Luc.

Jean-Alain éclata de rire.

_Bonne idée ! Rapportez donc une douzaine d’œufs, au moins vous rendrez service. Irma, surveille Luc : il a un air de chien battu, mais ne t’y fie pas, c’est un dragueur ! »




J’ai lu : Ni no Kuni, de Ran Kuze

8 06 2021

Ni no Kuni

Ran Kuze

Résumé : Tasuku Arisawa est un jeune garçon qui excelle au kendo. Il vit avec son petit frère Tsubasa et s’occupe de lui depuis que ses parents sont morts dans un accident. C’est la seule famille qui lui reste et il donnerait sa vie pour lui. Un jour, Tasuku se fait attaquer par un mystérieux inconnu vêtu de noir et se retrouve projeté à Ni no Kuni, un monde parallèle, dans lequel tout le monde utilise la magie. Le mystérieux inconnu s’appelle Rosso Gattonello, l’ex-prince du royaume de Carabas et lui explique que le seul moyen de rentrer chez lui est de vaincre Sham, un ennemi redoutable. Tasuku n’en croit pas ses oreilles quand Rosso lui dit qu’il est le seul à pouvoir les aider, car il possède un pouvoir particulier : le pouvoir de l’Unimagic. Tasuku se retrouve donc dans un combat qu’il n’a pas choisi et auquel il ne comprend rien. Mais, les apparences ne sont-elles pas trompeuses ? Qui est le véritable ennemi ? A qui Tasuku peut-il réellement faire confiance ?

Mon avis : Un petit manga sympathique qui a la chance de ne compter que 2 tomes. Les sagas sont intéressantes, mais quand il y a trop de tomes, ça peut vite devenir contraignant ! Bref… L’histoire n’est certes pas originale, mais tient tout de même en haleine, d’autant plus qu’on ne s’attend pas du tout à ce dénouement-là ! Évidemment, comme vous vous en doutez, je suis obligée de commander le tome 2 et de lire la suite !!! Pas le choix !

 




J’ai lu : Le petit seigneur, d’Antonio Ferrara

8 06 2021

Le petit seigneur

Antonio Ferrara

Résumé : L’histoire se situe à Naples. Tonino est un jeune garçon de 13 ans qui vit avec ses parents et ses deux petites sœurs, Assunta et Titina. Il aurait pu être un adolescent comme les autres et mener une vie normale, s’il n’était pas un dealer confirmé. Chez Tonino, la drogue, c’est une affaire de famille. Ses petites sœurs remplissent les sachets et lui, il les vents toutes les nuits, aux habitants du quartier. Tonino a un rêve dont il n’a jamais osé parler à sa famille : il veut devenir journaliste. Pourtant, le chemin qu’il a emprunté l’éloigne de plus en plus de son rêve. A cause de ses nuits blanches, il ne peut pas aller à l’école. Son professeur d’italien tente tous les jours de le faire revenir en classe. C’est le seul à avoir les bons mots, le seul à croire vraiment en lui c’est un personnage extraordinaire qui a une si bonne influence sur Tonino. Le jeune garçon reprend espoir en son rêve, il retourne sur les bancs de l’école, il est si désireux d’apprendre. Cependant, un jour, le professeur d’italien est très en retard en cours. Il a visiblement eu un grave accident…

Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai lu en heure environ. Les chapitres sont très cours et s’enchaînent de façon très fluide, si bien qu’on en arrive au bout sans bien même s’en rendre compte. Le sujet n’est pas banal, je trouve. Alors, oui, beaucoup d’auteurs ont déjà abordé le thème de la drogue chez les adolescents, mais je n’avais pas encore lu de roman qui traite d’ados qui dealent pour sa famille. L’auteur, avec son style assez haché, voire sec par moment, décrit très bien les émotions de son protagoniste. Il aborde ce thème avec une certaine pudeur, sans toutefois omettre la violence que peut engendrer ce genre de milieu. Je ne vous en dis pas plus et je vous invite vraiment à vous plonger dans cette histoire, sans aucune retenue.

Extrait : « Dans certains quartiers de certaines villes, il est plus difficile d’être un enfant, plus difficile de grandir, plus facile de faire des erreurs. Dans certains quartiers de Naples, des enfants vivent la nuit, vendent de la drogue et ne vont jamais à l’école. Mais grâce à des hommes et à des femmes qui devinent ce que ces enfants et ces ados pourront devenir, la nuit n’est pas faite que pour ça. La nuit est faite aussi pour montrer son courage, son sens du sacrifice, sa détermination. La nuit est aussi faite de métiers honnêtes et courageux. »




J’ai lu : Demon Slayer Kimetsu no Yaiba (tomes 1 et 2) de Koyoharu Gotouge

28 05 2021

Demon Slayer : Kimetsu no Yaiba

Koyoharu Gotouge

Résumé : L’histoire se situe  au début du XXe siècle, au Japon. Tanjiro est un jeune garçon qui vient d’une famille extrêmement pauvre. Son père est décédé et c’est lui l’aîné d’une nombreuse fratrie. Un jour, il quitte son village pour vendre du charbon et ne peut pas rentrer chez lui car il est déjà très tard. A son retour le lendemain, il retrouve son village dévasté. Les membres de sa famille sont tous morts, à l’exception de sa sœur Nezuko. Mais même si elle est encore en vie, Nezuko n’est plus comme avant. Elle semble possédée. Tanjiro est dévasté. Pour sauver sa sœur et venger sa famille, il décide de devenir un Demon Slayer, un pourfendeur de démons ! Il suivra un entraînement long et difficile avec maître Sakonji Urokodaki et il partira sur les traces du terrible Muzan Kibutsuji, le démon qui a massacré sa famille et transformé sa sœur …

Mon avis : C’est à la demande des élèves que j’ai commandé ce manga pour le CDI. J’ai lu les deux premiers tomes et je le trouve sympathique. Après, pour moi, il n’y a rien de bien transcendant, c’est un peu du déjà vu, avec un personnage en apprentissage et en quête de vengeance. Mais, je dois aussi avouer que ce manga m’a aussi beaucoup rappelé Inuyasha de Rumiko Takahashi, aussi bien dans le dessin que dans l’ambiance même de l’histoire. N’empêche que, comme d’habitude, je tombe dans le piège : je veux savoir si Tanjiro pourra sauver sa sœur et se débarrasser du méchant de l’histoire. Je suis donc obligée de lire la suite !

 




J’ai lu : Le photographe, d’Irina Drozd

20 01 2021

Le photographe

Irina Drozd

Résumé : Vivien Claret est un jeune garçon qui vit à Tignes avec ses parents depuis un an. Même si Paris lui manque, il est tout de même heureux d’avoir déménagé, car ça lui a permis de se faire deux bons amis, Luc et sa jumelle Annie, dont Vivien est secrètement amoureux. Un jour, il rencontre Lucien Mortagne, un photographe qui désire faire de lui son modèle. Vivien accepte et se prête volontiers aux séances du Lucien. Cependant, il est de plus mal à l’aise par les demandes excentriques de l’homme. Pourquoi veut-il toujours que Vivien prenne un air effrayé sur les photos. Et pourquoi, depuis qu’il a commencé les séances, Vivien se sent-il si fatigué et effrayé ? Il y a visiblement quelque chose qui cloche, mais quoi ?

Mon avis : Alors j’avais déjà lu « Un tueur à ma porte » de la même auteure et j’avais beaucoup aimé. Par contre, pour Le photographe, je l’ai trouvé assez moyen. L’intrigue est originale, il y a certes un petit côté surnaturel qui rappelle un peu celui du roman Le miniaturiste de Virginie Lou, mais j’ai eu du mal à accrocher. C’est peut-être parce que le livre a moins de 100 pages et que les personnages ne sont pas assez développés à mon goût. Je n’ai pas réussi à avoir de connexion avec les personnages : Lucien est rebutant dès le début, Vivien continue à accepter les séances photos malgré le fait qu’il sente bien qu’il y a un problème et Luc et Annie prennent bien part à l’action, mais en même temps, ils sont tellement effacés dans l’histoire que ça n’est pas crédible. C’est dommage, parce que ça aurait pu donner quelque chose de vraiment pas mal. Lisez-le et faîtes-vous votre propre idée.

Extrait : « Vivien se retourna dans son lit. Il se sentait très fatigué et pourtant ne parvenait pas à trouver le sommeil. Dès qu’il laissait vagabonder son esprit, les séances de pose lui revenaient en tête. il se revoyait adossé à un arbre, le visage livide, imaginant un monstre à sa poursuite, ou bien recroquevillé dans un fauteuils de Lucien, attendant qu’une hideuse sorcière s’empare de lui. Il avait essayé de demander à Lucien d’abandonner pour quelques séances son thème fantastique, mais le photographe avait fait la sourde oreille, arguant qu’il avait presque fini la série, refusant de l’écouter.

Vivien poussa un profond soupir. il avait promis au photographe de faire toute la série mais, à présent, il regrettait sa promesse tout en n’envisageant pas une seconde de ne pas la tenir. Il se jura d’essayer encore de convaincre Lucien de faire des photos « normales » au moins le temps de le laisser se remettre un peu. Pour une fois, Vivien se reprocha d’avoir trop d’imagination.« 




J’ai lu : Deux roues de travers, de Jean-Christophe Tixier

6 01 2021

Deux roues de travers

Jean-Christophe Tixier

Résumé : Eva rêve d’être comme toutes les autres adolescentes ; malheureusement pour elle, elle n’a jamais pu marcher et passe sa vie dans un fauteuil. A cause de cela, sa mère la surprotège et l’étouffe. C’est pourquoi, quand Mika, son grand-frère de 20 ans, l’emmène en vacances à Hendaye, elle est heureuse comme jamais. C’est enfin la liberté ! En plus, elle adore son grand-frère, car il est le seul à ne pas la regarder comme une handicapée et à comprendre son besoin d’autonomie et d’indépendance. Eva se fait une joie de ce voyage. Pourtant, quand Mika vient la chercher, elle se rend bien compte qu’il y a un problème. Il paraît plus soucieux et secret que d’habitude. D’où vient cette décapotable qu’il conduit ? Comment se l’est-il procurée ? Et puis, c’est quoi cette obstination à vouloir exhiber le fauteuil roulant de sa sœur sur le siège arrière, alors qu’il pourrait très bien le ranger dans le coffre ? Eva se pose mille et une questions auxquelles Mika n’est pas enclin à répondre. Elle se rendra vite compte que ce voyage synonyme de liberté qu’elle attendait tant se transformera en un cauchemar angoissant.

Mon avis : Petit ouvrage certes, mais intrigue bien menée. L’histoire se déroule à travers les yeux d’Eva. L’auteur dépeint bien ses émotions, ses peurs, son besoin d’émancipation. Eva est en fauteuil roulant oui, mais elle a surtout beaucoup de caractère. Elle ne veut pas de la pitié des autres, elle ne veut pas obtenir de privilège à cause de son handicap, elle veut vivre comme tout le monde. Même si elle est consciente de tout ce qu’elle doit à sa mère, elle ne supporte plus que cette dernière décide de tout à sa place et la considère comme une petite fille fragile. L’aventure haletante qu’elle vivra avec son frère à Hendaye lui montrera que même si elle est forte, elle a aussi besoin des autres et que l’aide qu’ils peuvent lui apporter n’est pas toujours synonyme de pitié. Je vous invite vraiment à lire cette ouvrage qui traite du thème du handicap d’une façon assez originale et qui propose une intrigue prenante. Je l’ai lu en un pu moins de deux heures, tant je me suis laissée prendre par le flot du suspense. je voulais à tout prix savoir ce qui allait arriver aux personnages. Pour ceux qui ont peur des gros livres, ce petit roman d’une centaine de pages est fait pour vous !

Extrait : « _ça va ? interrogea Eva alors que son frère vidait un des sacs pour en vérifier le contenu. A ces mots, Michael suspendit son geste.

_Pourquoi tu me demandes ça ? s’étonna-t-il en la fixant dans les yeux.

Eva sentit une légère pointe d’agacement dans sa question.

_Je voulais m’assurer que tu tiendrais mon rythme, plaisanta-t-elle pour se redonner un peu de contenance. Le visage de son frère aussitôt se détendit et s’illumina d’un sourire.

_Plus endurant que moi, tu meurs, plaisanta-t-il à son tour. En fin de semaine prochaine, tu imploreras ma pitié et tu ne rêveras que d’une seule chose, retrouver ta mère.

_Il n’y a pas de risque, grogna Eva en accompagnant sa remarque d’une grimace.

_Tu es dure avec elle, tempéra son frère. Elle ne le mérite pas.2

_Et si on s’occupait de mes affaires ? se déroba Eva, qui refusait d’entrer dans un débat sans fin. J’ai décidé que cette semaine à Hendaye serait la plus belle de ma vie, lança-t-elle dans une effusion de joie.

_Ce ne sont que des vacances, rétorqua Michael en évitant son regard.

Elle sentit que quelque chose le préoccupait. Quelque chose d’intense, de grave, qui fit glisser une ombre dans ses yeux. Elle se remémora ses paroles sur la terrasse, juste avant le repas. « Si je vous dis que dans huit jours tout sera réglé, vous pouvez me croire. » Ce n’était pas tant les mots qui avaient surpris Eva, que le ton employé. Un mélange d’impatience et d’anxiété. Comme si son frère appréhendait un péril imminent. Alors que Michael sortait un à un les vêtements du premier sac, Eva détailla les traits de son visage. Que lui cachait-il ? »




J’ai lu : Ippon, de Jean-Hugues Oppel

5 01 2021

Ippon

Jean-Hugues Oppel

Résumé : Sébastien espère passer une bonne soirée, il a tout prévu : de sortie chez des amis, ses parents l’ont laissé avec Justine, une étudiante qui l’aide à faire ses devoirs. Ah Justine, si belle… Sébastien aimerait bien lui plaire, mais il n’a que treize ans… La soirée se déroulait bien, il s’était arrangé avec la jeune fille pour ne pas faire ses devoirs et lui permettre à elle, de travailler de son côté. Tout était prévu pour qu’après le match de foot à la télé, elle vienne le border dans son lit. Mais, rien ne se passe comme prévu. Alors que Justine doit lui ramener un verre d’eau pour qu’il prenne ses médicaments, elle ne vient pas. Que se passe-t-il ? Sébastien s’inquiète. Et s’ils n’étaient pas seuls dans la maison…

Mon avis : En commençant ma lecture, je n’ai pas du tout accroché avec le style d’écriture de l’auteur. Une écriture hachée, comme coupée au couteau, dure, brute de décoffrage. Il a planté un décor glauque, sale, dans lequel on n’a vraiment pas envie de traîner les pieds. Mais, au fur et à mesure de ma progression dans l’histoire, ce style haché est devenu approprié parce qu’il a donné une cadence, un rythme haletant à l’intrigue. Sébastien se retrouve nez à nez avec un intrus dans sa maison et il doit se débrouiller pour rester en vie. L’histoire rappelle un peu celle de « Un tueur à ma porte » d’Irina Drozd, mais elle est plus noire, plus intense. C’est un petit roman de 83 pages, pour les petits lecteurs. Je vous invite à le lire, il n’est pas mal.

Extrait : « A 23 : 34, il n’en peut plus et se lève. Sort de son lit et s’habille sommairement, pantalon et polo. Il enfile ses chaussons, des mules en velours côtelé à semelle élastomère, modèle économique en vente dans les supermarchés. il en use une demi-douzaine de paires durant l’année. Ne peut pas souffrir les pantoufles, ça tient trop chaud et ça conserve les odeurs.

Il quitte sa chambre. S’arrête un instant dans le couloir et écoute.

Rien.

Pas même un murmure de voix étouffée, ou les roucoulades que pousse Justine chaque fois qu’elle parle à son chéri au téléphone. Sébastien descend l’escalier, un peu alarmé. il lui est arrivé quelque chose, un malaise, elle est tombée dans les pommes, ce n’est pas possible autrement. Ou elle se cache pour le taquine. Hypothèse saugrenue, l’étudiante a passé l’âge de se livrer à ces jeux puérils. Sébastien atteint le niveau du salon. De l’autre côté, un peu de lumière se reflète dans les carreaux dépolis de la porte vitrée entrouverte. Elle vient de la cuisine, située en retrait. Silence total dans la maison. Sébastien n’ose pas appeler, les mots restent bloqués dans sa bouche. il se sent stupide. Très enfant tout à coup. Trop. C’est ridicule. La semaine dernière encore, au club, il ratatinait son copain Fernand qui est pourtant plus vieux que lui, et ceinture marron. Bientôt ceinture noire, même. Le salon est éclairé, touts les appliques halogènes accrochées aux murs sont allumées. Les affaires de Justine n’ont pas bougé du canapé, devant la télévision éteinte ; il peut les apercevoir d’où il se tient. Sa veste en jean et son sac à main sont pendus au dossier d’un gros fauteuil occupant un coin de la vaste pièce.

Difficile d’imaginer décor moins effrayant. Mis à part le silence anormal. »




J’ai lu : Nox : Ici-bas, d’Yves Grevet

23 11 2020

Nox : ici-bas (tome 1)

Yves Grevet

Résumé : Nox. C’est ainsi qu’on appelle l’épais brouillard qui recouvre la ville basse, celle qui ne voit jamais la lumière du soleil. Les habitants de la ville basse sont régis par un système d’ascension géographique : il existe plusieurs niveaux et plus on habite vers le haut, plus on est côté. Cela va des Moincents aux habitants de la ville haute. Pour ces derniers, tout est normal, ils mènent une vie parfaite dont sont exclus les « sauvages de la ville basse ». Lucen appartient à cette dernière catégorie, la catégorie de ceux qui ne voient jamais la lumière du soleil, qui ne mangent que des produits reconstitués et qui doivent s’alimenter eux-même en électricité par un système de chenillettes aux pieds et de pédalage derrière les murs. Il est amoureux de Firmie, une amie d’enfance qu’il rêve d’épouser, malgré le désaccord de ses parents. Sans compter que ses relations avec ses meilleurs amis se dégrade de plus en plus : Gerges, le fils du chef des miliciens violents et arbitraires, marche sur les pas de son père, tandis que Maurce et Jéa rejoignent des groupuscules terroristes, qui veulent l’égalité entre les gens d’en bas et ceux d’en haut. Tout change, la tension monte et atteint son summum quand Ludmilla, une jeune fille riche de la ville haute fait irruption dans la vie de Lucen

Mon avis : Je l’ai dévoré ! Si vous avez lu mes posts sur la saga Méto, vous devez savoir que je suis fan d’Yves Grevet. Il a l’art et la manière de nous plonger dans des univers clos, plein de mystères et de rebondissements. L’univers de la ville basse est très bien dépeint et on arrive sans peine à nous imaginer la vie des personnages qui y vivent. Ce système d’élévation sociale par rapport au lieu d’habitation est très bien expliqué par l’auteur : les moincents, ceux qui vivent au dessous du niveau cent, sont vraiment considérés comme les moins que rien, alors que plus on monte, 600, 700, 800 et 900, mieux on est perçu. On respire mieux la-haut, la Nox y est moins présente. Ainsi, la mère de Lucen refuse que son fils épouse Firmie qui est d’un niveau social inférieur au sien, verrait plus son fils avec Mihele, qui habite au niveau 400. L’auteur aborde aussi le thème de l’amitié qui se brise : finie l’innocence de l’enfance, quand on restait ami même si les parents se détestaient. Là, en grandissant, les enfants reproduisent les actes de leurs parents, tout comme Gerges qui intègre la milice et commet des actes que Maurce et Jéa réprouvent. Même Lucen, qui est souvent neutre, a du mal à fermer les yeux sur les exactions commises tous les jours. Quant à ceux qui vivent dans la ville haute, ils s’encombrent facilement des mensonges véhiculés sur ceux d’en bas : sauvages, sales, violents… Sauf Ludmilla, dont la gouvernante, Martha, lui a parlé de tout ça. Elle sait qu’elle n’a pas le droit de les côtoyer, mais elle veut les aider.

Ce sont plusieurs histoires imbriquées en une seule qu’Yves Grevet nous donne à lire. Je vous recommande fortement d’emprunter ce livre.

Extrait : »Je pédale en écrivant pour alimenter la plaque chauffante et la petite ampoule qui éclaire les casseroles. Ici, dans la ville basse, la seule énergie dépensée est celle que nous produisons nous-mêmes à la force de nos muscles. La-haut, chez les riches, les lampes s’allument quand on appuie sur un bouton et brillent sans qu’on s’en occupe. On nous l’a expliqué à l’école professionnelle. Y en a qui ont de la chance.

Ici les rues sont obscures même dans la journée car un brouillard noir et opaque enveloppe la ville basse en permanence. On appelle ça la nox. Depuis qu’on sait marcher, on est tous équipé de chenillettes sous les chaussures. Leur frottement sur le sol entraîne un mécanisme qui conduit l’énergie produite jusqu’à une dynamo qui elle-même convertit notre force motrice en éclairage. C’est le fonctionnement en mode lumière. On peut aussi, quand on sait se diriger dans le noir, se mettre en mode stockage et remplir des piles-réserves que l’on utilisera par exemple pour alimenter le frigo familial. Nos muscles des jambes, travaillant sans arrêt sans qu’on y fasse d’ailleurs attention, se développent excessivement et sous la peau apparaissent de grosses veines violettes et disgracieuses. Les mollets sont donc la partie du corps dont tout le monde a honte ici.« 




J’ai lu : Cherub Mission 01 : 100 jours en enfer, de Robert Muchamore

23 11 2020

Cherub Mission 01 : 100 jours en enfer

Robert Muchamore

Résumé : James Choke est un garçon un peu mal dans sa peau. Sa mère, obèse et alcoolique, vit de revente d’objets volés. Elle a eu un autre enfant avec Ron, une fille, Lauren, que James adore. Mais Ron est un moins que rien, qui passe son temps à soutirer de l’argent à sa mère. Concernant la scolarité de James, ce n’est guère brillant : l’école l’ennuie. Suite à un accrochage avec une peste de sa classe, il se fait exclure. Voilà sa vie, une vie médiocre dont il ne sait que faire. A la mort de sa mère, il se retrouve dans un orphelinat minable, le Centre Nebraska, dans lequel il ne tarde pas à se lier d’amitié avec les mauvaises personnes. Il tombe dans la délinquance. Heureusement, il est recruté par CHERUB, une organisation qui vise à former des espions. Mais pas n’importe lesquels : ce sont tous des enfants et des adolescents. Afin de devenir un espion de premier ordre et rejoindre les rangs de CHERUB, il va devoir suivre un entraînement infernal de 100 jours, entrainement durant lequel ses nerfs et son corps seront mis à rude épreuve. James parviendra-t-il à le suivre jusqu’au bout ? Et Lauren qui a été vivre chez son père Ron, pourra-t-il la retrouver ?

Mon avis : J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, parce que franchement, bien que le récit soit fluide et l’intrigue haletante, ça reste un peu tiré par les cheveux pour moi. James a 11 ans et la plupart de ses « collègues » aussi. Pourtant, quand on lit le récit de l’entraînement qu’ils doivent subir, leurs aptitudes et même certaines de leurs réactions, on a l’impression de faire face à des adultes. C’est déconcertant et peu crédible parfois. Si James avait eu 15 ans, ça serait mieux passé. Mis à part ça, c’est un roman qui se lit facilement, l’histoire est prenante et on a envie de lire les autres tomes, évidemment. Alors, n’hésitez pas à l’emprunter, il vous attend au CDI !

Extrait : « James pénétra dans une pièce dont les murs, à l’exception de deux hautes fenêtres et d’une cheminée, étaient entièrement recouverts de livres reliés de cuir. Un homme au crâne dégarni, grand et mince, d’une soixantaine d’années, se leva de son bureau pour lui serrer la main avec énergie.

_Bienvenue au campus de CHERUB, James. Je suis le docteur McAfferty, directeur de cet établissement. Mais tout le monde m’appelle Mac. Assieds-toi, s’il te plaît.

James tira l’une des chaises placées devant le bureau.

_Non, pas ici. installons-nous près de la cheminée. Nous avons beaucoup de choses à nous dire. Ils s’installèrent dans de profonds fauteuils de cuir. James ne s’attendait pas à un tel traitement. Il se demandait si son hôte n’allait pas lui poser une couverture sur les genoux et lui offrir une tasse de thé.

_Je sais que ça peut paraître dingue, mais je vous avoue que je n’ai pas la moindre idée de la façon dont je suis arrivé ici.

Mac sourit.

_La personne qui t’a conduit jusqu’à nous t’a administré une piqûre sédative pour t’aider à dormir. C’était plutôt agréable, non ? Je suppose que tu ne ressens aucun effet secondaire.« 




J’ai lu : Stage de survie, de Christine Avel

16 10 2020

Stage de survie

Christine Avel

Résumé : Abel est bien embêté : il doit trouver un lieu de stage et rédiger un rapport d’activité. Quelle poisse ! Et ce ne sont pas sa une mère complètement farfelue et son père totalement amorphe qui pourront l’accompagner dans sa quête ! Il aime bien faire des pâtisseries, pourquoi ne pas trouver son stage dans une pâtisserie ?Il se voit déjà évoluer parmi les gourmandises les plus alléchantes. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et le pauvre Abel, qui a horreur des chiffres, se retrouve à faire son stage dans les service comptabilité de Big Box, une entreprise de fabrication de boîtes en carton ! Ce n’est vraiment pas amusant, mais il n’a pas le choix. Abel se prépare déjà à vivre une semaine d’ennui complet ! D’autant plus que José, son maître de stage, n’a pas vraiment l’air ravi de l’avoir dans les pattes. Pourtant, entre un audit, un cambriolage et un accident suspect, ce stage risque d’être bien plus animé que prévu…

Mon avis : Très sympa à lire. Le personnage d’Abel est très drôle car il a une imagination débordante et bien entendu, tout ce qu’il imagine ne se passe jamais comme prévu, sinon, ce ne serait pas drôle ! Le roman est écrit à la première personne, ce qui permet vraiment de se mettre dans la peau du personnage et plonger au cœur de l’intrigue. Le pauvre Abel n’est pas vraiment chanceux : ses parents sont complètement à la ramasse, son meilleur ami est un mytho de première et lui, il est du genre à faire des bourdes. Enfin, heureusement, parce que sinon, on s’ennuierait à la lecture de ce livre !

Extrait : « Notre conversation l’avait dopé. De retour dans le bureau, José voulait mettre les bouchées doubles. Ses doigts filaient sur les touches du clavier, il ne m’écoutait plus du tout. J’ai encore posé une question, il m’a interrompu net.

_Arrête Abel, tu me ralentis.

J’ai réfléchi un moment, puis je me suis décidé.

_Je peux t’aider, si tu veux.

José m’a regardé un instant, l’air dubitatif.

_Je pourrais lire les chiffres et cocher les lignes, pour te faire gagner du temps.

_Tu saurais faire ?

_Je ne suis pas complètement idiot, quand même, ai-je répliqué d’un ton vexé.

Alors nous avons fait équipe. c’est en tout cas ce que j’ai pensé fièrement, imaginant déjà ce que j’en dirais dans mon rapport de stage.

José et moi contre le reste du monde.

José et moi bravant les auditeurs.

José et moi sauvant Big Box grâce à nos seuls neurones, sous les applaudissements de Jean-Yves, Françoise, la responsable des ressources humaines, et tous les autres. José nommé PDG à la fin du film, et moi, son fidèle compagnon, souriant modestement, dans l’ombre, au soir de son triomphe.

Je devais être un peu trop dans mon film, justement. Je ne sais pas ce qui s’est passé –comme d’habitude un chiffre a voulu me jouer un tour, les autres s’y sont mis, résultat, j’ai dû me tromper de ligne. Ou confondre un neuf avec un six, comme souvent. Toujours est-il qu’au bas de la page, au moment de faire une toute petite marque au crayon, ça ne tombait pas juste.

_Mais pas du tout, on devrait avoir 113 458 ! s’est exclamé José. Tu t’es trompé d’une ligne depuis le début ! Mais quel…

Il est resté en suspens, me regardant d’un air stupéfait et furieux — les mots « crétin », « andouille », ou pire, se lisaient dans ses yeux. »