J’ai lu : Quand la banlieue dort, de Benjamin et Julien Guérif

12 10 2018

Quand la banlieue dort

Benjamin et Julien Guérif

Résumé : Matthieu s’ennuie ferme dans sa banlieue chic. Ses parents ont acheté un pavillon à Pré-Fleuri, un lieu sans surprise pour l’adolescent. Tous les pavillons sont les mêmes, sans exception. Alors, pour tromper son ennui, le jeune garçon pratique un jeu pour le moins dangereux : entrer par effraction chez ses voisins. Il ne s’est jamais fait prendre. En jeune homme prudent, il observe ses voisins et leurs habitudes, et il pénètre chez eux, en leur absence. Matthieu ne vole jamais rien, il se contente d’observer, de fouiller l’intimité des autres. Il se sert de ce qu’il a découvert contre eux, parfois, comme avec Kévin, ce camarade de classe qu’il déteste cordialement. Tout roule comme des roulettes, ou presque… Matthieu a commis une erreur : il a parlé de son petit jeu à Tristan, son seul pote. Et Tristan, en plus d’être un vrai looser, est entêté. Il veut à tout prix que Matthieu l’emmène dans l’une de ses expéditions. Il ne lâche pas l’affaire, Matthieu n’a pas le choix. Leur prochaine victime, ils l’ont déjà choisie. Ce sera Lucas Bartin, le fils d’un célèbre avocat. Matthieu hésite un peu, car Lucas n’habite pas au Pré-Fleuri. Il ne connaît pas l’intérieur de sa maison. Mais, il se laisse tenter par Tristan et l’emmène avec lui. Au début, tout va bien, mais rapidement, la « visite » ne va pas se dérouler comme prévu… Et c’est le début de la descente aux enfers pour les deux adolescents…

Mon avis : C’est un livre que j’ai emprunté à la BDP, il m’a paru sympa. Deux élèves l’ont lu avant moi et ont littéralement adoré. Du coup, je l’ai lu. Alors, je ne dirai pas que j’ai adoré, mais l’histoire reste prenante. Elle est loin d’être aussi haletante que celle d’A plein tube ! de Librini, mais elle reste très cohérente. Surtout la fin, que j’ai trouvé très réaliste et que, bien entendu, je ne vous raconterai pas ! Par contre, j’ai eu du mal à apprécier pleinement Matthieu, le personnage principal. C’est un garçon solitaire certes, mais qui regarde un peu tout le monde de haut. Je trouve qu’il se donne un petit air supérieur. Lors de l’expédition chez les Bartin, certes, l’inexpérience, voire la bêtise de Tristan les met à mal, mais l’histoire aurait pu s’arrêter sans encombre, si Matthieu n’avait pas commis une bourde monumentale ! Du coup… le personnage ne m’a pas vraiment accroché le cœur. Et Tristan ne m’a pas davantage fait bonne impression : c’est un fanfaron, mais qui perd trop facilement ses moyens. C’est un gamin, sans plus. Mis à part ça, vous pouvez lire cet ouvrage, sans aucune hésitation (sauf peut-être le langage très familier qu’utilisent leurs auteurs, mais bon… on ferme les yeux là-dessus, hein…), je vous assure que vous passerez un bon moment.

Extrait : « Dong ! Tristan sursaute. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Minuit et demi. On ne va pas s’éterniser. J’ai cru entendre un bruit, mais ça doit être un coup de vent. Ou une voiture qui passe, là-bas. Ou mon imagination.

_Bon, on ferait mieux de se tirer, maintenant.

_Attends, on n’a pas tout exploré.

Je ne suis pas tranquille. on ne va pas fouiller chaque pièce, on n’a pas le temps et, de toute façon, on ne veut rien voler.

_Viens, on bouge.

_Attends…

Tristan semble soudain plus à l’aise. Typique de l’abruti qui se sent en sécurité alors qu’il ne devrait pas.

_Attends quoi ? Tu te souviens de ce qu’on avait décidé !

_Ouais, je sais, c’est chacun pour soi. En cas de problème, on balance pas l’autre. Mais ça risque pas d’arriv…

_Non, abruti. On rentre, on visite et on trace !

_Mec, arrête de flipper, tu vois bien qu’y a pas de problème. En plus…

Mon estomac se noue brutalement. Le silence se fait pesant. J’ai l’impression d’avoir entendu un truc grincer. Tristan me dévisage.

_Matthieu, qu’est-ce qu’il y a ?

Mon index sur mes lèvres, je tends l’oreille.

_Arrête d’essayer de me faire f…

_Merde, tais-toi !

Là, j’en suis sûr, j’ai entendu quelque chose. Des voix en bas. C’est pas vrai, on n’était pas tout seuls, alors qu’il n’y avait ni lumière ni caisses !

_Y a quelqu’un, on se tire !

Tristan se pétrifie. Je le pousse vers le salon.

_Grouille.

A la porte du bureau, je me fige. Quelqu’un a allumé la lumière en bas. L’étage est toujours plongé dans les ténèbres, mais le chemin de la sortie me paraît soudain bien risqué. On quitte la pièce à quatre pattes. Ne reste plus qu’à traverser le palier et grimper l’escalier jusqu’à la chambre de Lucas. Des rires éclatent en bas.

Ils sont plusieurs !

_Bon c’est parfait. on boit un verre ?

Merde ! J’agrippe la manche de Tristan et le traîne derrière moi dans un recoin sombre. Je n’entends pas de bruit de pas sur les marches. Je me faufile vers l’escalier et risque un oeil au rez-de-chaussée. Trois types, six mètres plus bas, devant la porte entrouverte. Je reconnais le père de Lucas, mais pas les deux autre (…) Soudain, le père de Lucas leur fait signe de se taire. Il tend l’oreille, regarde autour de lui, lève les yeux. il a entendu quelque chose. Je me retourne pour dire à Tristan qu’on se tire, mais il n’est plus là. Pris de panique, je scrute le palier et le salon plongés dans les ténèbres. il n’est nulle part. Le con. »




J’ai lu : Pleins feux sur scène, de Hubert Ben Kemoun

8 10 2018

Pleins feux sur scène

Hubert Ben Kemoun

Résumé : Sabine, élève de 3ème est dans tous ses états ! Le célèbre metteur en scène Jean Corrèze lui offre la chance de sa vie. Elle, mordue de théâtre, incarnera Chimène, le personnage dramatique du Cid, l’une des pièces de Corneille. Et la représentation sera filmée et diffusée dans tout le pays ! Elle ne pense qu’à ça, elle ne vit que pour ça, au point de souler ses amis et plus particulièrement Max, son petit ami depuis toujours. Le problème de Max, c’est que depuis cette histoire de pièce, il ne voit plus Sabine, elle est devenue distante. Elle est toujours en répétition. Mais ce qui lui fait le plus peur, c’est surtout qu’elle doit jouer des scènes d’amour avec Romain, qui interprétera Rodrigue, l’amoureux de Chimène. Pourra-t-il supporter cela, saura-t-il contrôler sa jalousie ? Et Romain dans tout ça, aura-t-il la patience de supporter le caractériel Jean Corrèze, qui pousse des gueulantes pour tout et pour rien ? Et qui est de la mystérieuse Stéphanie, qui ne cesse de rôder dans l’ombre ?

Mon avis : Quand j’ai choisi ce livre à la BDP ( Bibliothèque Départementale de Prêt), je dois avouer que j’étais pleine d’espoir. La 4ème de couverture m’avait franchement emballée. Eh bien… finalement, j’ai été déçue. Le problème c’est que je m’attendais à une toute autre histoire : j’avais vraiment imaginé un récit dans lequel les élèves seraient en compétition pour obtenir les rôles principaux, enfin quelque chose du genre. Mais finalement, ce n’était pas du tout ça. En même temps, me direz-vous, c’est aussi de ma faute, je n’aurais pas dû construire des châteaux en Espagne en imaginant l’histoire que JE voulais lire. Les personnages ne m’ont pas non plus transcendée, à part peut-être Romain, qui, quand il ne part pas dans ses envolées lyriques, est tout de même intéressant. Par contre, Sabine, je ne l’ai pas du tout aimée. Elle n’est pas présentée sous son meilleur jour par l’auteur… Bref. J’ai été déçue, mais ça ne veut pas dire que ce sera votre cas. Donc, le livre est au CDI, faîtes-vous votre propre idée.

Extrait : « Avec Sabine, nous étions dans la même classe de troisième et faisions du théâtre ensemble depuis plusieurs années. Au départ — j’entrais alors en sixième –, mes parents m’avaient inscrit dans un cours amateur de notre quartier sur les conseils d’amis versés dans la psychologie et les conseils à trois balles et des poussières. On me trouvait trop timide, trop réservé. Travailler des textes et les déclamer sur une scène ne pouvait que m’aider à m’exprimer plus aisément dans tous les domaines. Pour Sabine, l’affaire était différente. Son père et sa mère rêvaient pour elle d’une vraie carrière de comédienne. ils lui avaient tatoué ça dans la tête avec une foi inébranlable. C’était tout juste s’ils n’avaient pas déjà rédigé son futur discours de remerciements pour le Molière de la meilleure actrice, prévu la robe qu’elle porterait pour gravir les marches du Palais des festivals, à Canne… Mais après tout, Sabine avait du talent, une rage de jouer impressionnante et une capacité assez époustouflante à mémoriser ses textes qui nous laissait ébahis. Si, pour moi, le théâtre était surtout une activité plaisante — mes copains de collège transpiraient bien sur des terrains de foot, des tatamis de judo ou de karaté, des pistes d’escrime –, pour Sabine, la voie était déjà tracée. D’ailleurs, tout semblait tracé pour elle. Sa relation avec Max par exemple. ils sortaient ensemble depuis le début de la cinquième et avançaient côte à côte comme un bon vieux petit couple qui nous amusait autant qu’il nous intriguait. A l’heure où, en classe, les histoires d’amour se nouaient et se dénouaient plus vite que se rendaient nos contrôles d’anglais, cette relation qui durait avait quelque chose d’extraterrestre et de touchant. Mais, j’avoue que j’avais parfois pensé que, si Sabine restait avec Max, c’était par facilité et pour ne pas perdre de temps à se chercher un autre copain. Elle savait parfaitement ce qu’elle voulait, et cela se résumait en un verbe de cinq lettres : jouer. Moi, je prenais simplement goût à tenir les rôles de personnages qui ne me ressemblaient en rien; elle, elle visait une vraie carrière et la gloire qui parfois allait avec. Aussi, dès que le projet avec Corrèze avait été évoqué au collège, elle avait sauté sur l’occasion. L’opportunité était trop « merveilleueueueuse », avait-elle répété. Elle s’enivrait de ce genre de certitude et nous saoulait à la répéter sans arrêt. Si Corrèze m’énervait avec son insupportable caractère, Sabine, elle, lui vouait une adoration sans bornes. »




J’ai lu : Je manque d’assurance, d’Agnès Desarthe

16 04 2018

Je manque d’assurance

Agnès Desarthe

Résumé : Louis a 13 ans et est dans une drôle de situation. Issu d’une famille brisée par le divorce, il ne compte que sur Edson, son grand frère. Lors de la séparation de leurs parents, ils partent vivre tous les deux avec leur mère. Bientôt, Edson quitte la famille et part dans une école à Nice. Louis se sent seul et perdu. Il a le sentiment que ses parents ne le comprennent pas. Il se sent abandonné par Edson et vu qu’il a changé d’école, il a du mal à nouer des amitiés solides avec ses camarades, sauf peut-être avec Sandra Tournachère, une camarade de classe. Il est même un peu amoureux d’elle, mais tout le monde la déteste. Il est bien désemparé. Mais sa situation empire quand il décide de dépenser tout l’argent que sa mère lui avait donné pour payer l’assurance scolaire, en place de cinéma ! Il est dans de beaux draps. Et toutes ses tentatives pour récupérer l’argent se solderont par des échecs, pire, il se retrouvera encore plus endetté qu’auparavant ! Et bien sûr, il ne peut rien dire à ses parents !

Mon avis : Un petit livre sympathique, mais qui ne m’a pas transcendée plus que ça. Le personnage de Louis n’a que 13 ans mais je trouve qu’il a des réflexions un peu poussées pour son âge. Sinon, l’auteure traduit bien le mal-être dans lequel il se trouve et le fait qu’il rate toutes ses tentatives pour gagner de l’argent le rendent attachant. Par contre, la fin m’a laissée sur ma faim, si je puis dire…

Extrait : « 120 francs, ai-je écrit en haut de la page.

Comment se procurer 120 francs ? ai-je ajouté en dessous.

Solution n°1 : le vol.

Jiminy Criquet est intervenu — « impossible pour toi mon gars ».

Solution n°2 : l’emprunt.

Jiminy Criquet m’a fait remarquer que ça ne servirait qu’à repousser le problème, puisqu’il faudrait bien un jour que je rembourse.

Solution n°3 : le travail.

Jiminy Criquet est resté muet.

Quel genre de travail ?

1. Baby-sitting.

Changer des couches –aaaargh. Consoler un enfant qui pleure parce que ses parents sont sortis — hors de question, je pleure avec lui.

2. Soutien scolaire.

Pourquoi pas ? Jusqu’au CM2, je maîtrisais à peu près le programme. A raison de soixante francs l’heure, en deux semaines je serais sorti d’affaire. Caramba. Les portes du paradis s’ouvraient sans grincer devant moi.

J’ai entouré 120 francs, Soutien scolaire et j’ai posé l’addition : 60+60 = 120.

Épuisé par tant d’efficacité, je me suis allongé sur mon lit. J’avais à peine fermé les yeux que je dormais profondément. »




J’ai lu : L’étincelle, de Jean-Marie Defossez

12 12 2017

L’étincelle

Jean-Marie Defossez

Résumé : Emmanuel est un jeune garçon du lycée technique, en Belgique. Son rêve, c’est de devenir soudeur comme son père. Il est extrêmement doué pour ça, son professeur de soudure, M. Laloux, n’arrête pas de dire qu’il est son meilleur élève ! Mais, concernant les autres matières, ce n’est pas vraiment la même chose. Emmanuel accumule les lacunes et la mauvaise volonté. Pour lui, un soudeur n’a pas besoin des maths, ni de l’anglais. Alors il ne fournit aucun effort. Pourtant, il est très mal dans sa peau, à cause de cette étiquette de mauvais élève qui lui colle à la peau. C’est mal vu d’être élève en lycée technique. Ce genre d’établissement, tout le monde dit que c’est pour les râtés ! Emmanuel essaie de ne pas trop y penser, car toutes ses pensées sont focalisées sur Sabine, une jeune fille qu’il contemple le soir après les cours. Quand il apprend qu’il devra travailler avec elle sur un projet artistique, Emmanuel est littéralement fou de joie. Il ne voit que par elle. Mais Sabine fait des études artistiques. Elle a besoin de lui pour réussir son projet et quand elle commence à se rapprocher de lui,  Emmanuel a peur qu’elle ne se serve de lui pour mieux le larguer plus tard. Après tout, que ferait une fille comme elle avec un moins que rien comme lui ? Emmanuel finira-t-il par dépasser les préjugés et son propre mal-être ?

Mon avis : Ce roman est une pépite. J’ai beaucoup aimé cette histoire d’amour loin d’être guimauve. L’auteur met face à face deux adolescents que tout devrait opposer : Emmanuel, l’élève du lycée technique, qui a du mal à voir en quoi l’enseignement de matières telles que le français et les maths peuvent l’aider dans son futur métier et Sabine, une fille pleine d’enthousiasme et de passion pour l’art et pour le métal en particulier. Jean-Marie Defossez aborde un sujet qui est encore d’actualité aujourd’hui : la mauvaise image de la voie professionnelle. Emmanuel est fier de son talent de soudeur, mais en même temps, il souffre de l’image de raté qu’il traîne depuis un moment. Et quand Sabine, une fille brillante s’intéresse à lui, il ne peut s’empêcher de la repousser, parce qu’il n’arrive pas à s’aimer lui-même. Vraiment, je vous invite à lire ce livre qui traite de sujet encore d’actualité. C’est un vrai coup de cœur.

Extrait :  » Je tourne la tête et tombe en arrêt devant une toile signée Magritte au coins supérieur gauche. Elle fait plus d’un mètre carré et est intitulée Le Double Secret. Il s’agit d’un buste d’homme peint sur fond d’une mer calme et sombre. l’individu semble triste. Une grande partie de son visage est découpée et entièrement décalée à gauche, ce qui permet de regarder à l’intérieur du crâne. Au lieu d’y voir des os, le cerveau, on le découvre creux et truffé de grelots prêts à tinter au moindre mouvement. D’un seul coup d’œil, je comprends ce qu’a voulu exprime l’artiste et je me retrouve la respiration bloquée. J’ai l’impression d’être devant un miroir : les grelots représentent les bruits du jugement des autres. Comme le sujet de la peinture, j’ai la tête remplie de grelots. Comme lui, il y a deux parties en moi qui vivent déchirées et séparées. Au-devant, il y a Emmanuel passionné de soudure qui ne jure que par le travail bien fait. Derrière, se trouve le cancre, mal dans sa peau à cause de ses résultats scolaires lamentables et des on-dit. Le regard, la mélancolie, le vide qui entoure le personnage, m’amènent au bord des larmes…

_Emmanuel ?

Sabine m’appelle. Ma colère est passée. Le bruit des grelots est parti. Je soupire et me tourne vers elle, confus :

_Je te demanda pardon.

Le regard de mon amie va et vient plusieurs fois de mon visage à la toile.

_Si quelque chose ne va pas, il faut le dire. Je ne peux pas comprendre sinon. Je ne t’ai jamais pris pour un idiot. Même ton prof a reconnu que tu étais le meilleur soudeur de ton lycée. pourquoi imagines-tu des trucs pareils ?

Un vide glacé me remplit la tête. Je baisse les yeux et murmure :

_Et si je ne savais pas souder, je te plairais ?

_ Mais tu sais souder, et comme personne ! Alors à quoi ça sert de jouer avec des si ?

_Parce que j’ai besoin de savoir, j’ai besoin de savoir pourquoi une fille comme toi s’intéresse à moi. »

 




J’ai lu : Les coups durs, d’Elizabeth Laird

10 11 2017

Les coups durs

Elizabeth Laird

Résumé : Jake est un jeune garçon en souffrance. Steve, son beau-père, le maltraite sans arrêt. Sa mère Marie, ne peut pas y faire grand-chose, elle est, elle aussi victime de la violence de son conjoint. Alors Jake passe son temps à mentir, à cacher ses bleus. Il ne se débrouille pas trop mal dans ce domaine, d’ailleurs. Il a appris à encaisser les coups. Il ne fait qu’imaginer un monde meilleur, dans lequel il vivrait avec son père, son vrai père, Danny, qui les a abandonnés, lui et sa mère. Il rêve de pouvoir le retrouver et de nouer des liens avec lui. Mais, un beau jour, Steve dépasse les bornes et frappe Jake plus durement que d’habitude, sans même prendre la peine d’épargner son visage. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Marie trouve alors le courage de quitter son bourreau et se réfugie chez Mme Judd, la mère de Danny, celle qui a forcé son fils à l’abandonner. La cohabitation sera-t-elle facile ? Jake réussira-t-il à se reconstruire ? Retrouvera-t-il enfin son père ?

Mon avis : Ce roman traite d’un sujet assez lourd : la maltraitance des enfants. C’est un sujet difficile que l’auteur a réussi à aborder avec une certaine légèreté dans l’écriture. Du coup, le roman se lit très facilement. Toutefois, je trouve que certains points de l’histoire semblent un peu faciles, notamment les retrouvailles entre Jake et son père. Après plusieurs années d’absence et d’abandon (Jake a presque seize ans et Danny l’a abandonné à sa naissance), ils se retrouvent sans aucune gêne, sans rancœur et tout se passe comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Alors oui, c’est vrai qu’on a envie que ce jeune garçon ait des moments de joie, mais tout de même, ça m’a paru un peu gros.

Extrait : « Si je tourne la tête, même à peine, des élancements me brûlent comme des flammes, jusqu’aux épaules. Ma bouche gonflée est engourdie. J’ai mal. Partout. Il a attendu qu’on soit rentrés pour commencer. Il ne me touche jamais devant les autres. Cette fois, il ne s’est pas donné la peine d’éviter mon visage. Il y est allé de bon cœur, n’épargnant aucune partie de mon corps, à coups de poing, à coups de pied, m’envoyant valser partout. (…) Il faut que je parte. Je ne peux plus rester avec eux. Je dois m’en aller avant qu’il ne me tue. J’ai mis quelques affaires dans mon sac — un pull, mon ciré, des chaussettes et mon canard en peluche. Dans ma cachette, tout ira bien, tant qu’il fera beau. J’ai un peu d’argent. Pas des masses, de quoi tenir quelques jours, le temps que je m’organise. Que j’élabore un plan. Que je m’organise. »




An tchè Kolej Mona

11 06 2017

Chose promise, chose due ! Voici la dernière émission du club webradio du collège.

Emission 3




J’ai lu : A Silent Voice (Tome 2), de Yoshitoki Oima

15 03 2017

A Silent Voice (tome 2)

Yoshitoki Oima

Résumé : Après le départ de Shoko, Shoya est devenu le nouveau souffre-douleur de sa classe. Il subit maintenant les brimades et les humiliations de ses camarades, qui lui reprochent d’avoir harcelé une handicapée. Ils ont vite oublié qu’ils en faisaient autant. Shoya, lui, n’a pas oublié Shoko. Pire ! Avec le recul, il a fini par se rendre compte que Shoko voulait simplement devenir son amie. Il s’en veut doublement. Les années ont passé et les personnages ont bien grandi. Shoya a passé sa scolarité coupé des autres, il n’a pas réussi à nouer de nouvelles amitiés. Il a perdu toute envie de vivre et a décidé de mettre fin à ses jours. Mais avant, il doit faire une chose : retrouver Shoko et lui présenter ses excuses. L’écoutera-t-elle ?

Mon avis : Magnifique ! Ce tome est aussi excellent que le premier ! Que dire de plus, à part « Lisez-le ! » et « J’ai trop hâte de lire la suite ! » ? Tout est dit.




J’ai lu : Celle que je voudrais être, de Vanyda

15 03 2017

Celle que je voudrais être

Vanyda

Résumé : ça y est ! Valentine est au lycée maintenant. Mais manque de peau pour elle, aucune de ses trois copines n’est dans sa classe. Valentine est triste de leur séparation, mais en même temps, est-ce vraiment un mal ? Elle se rend compte qu’il y a tout de même des élèves plutôt intéressants dans sa classe aussi, comme Juliette, Gaëlle, Jessie et même Baptiste, qui soit dit en passant est assez bizarre et collant ! Hors de son train-train quotidien avec Yamina, Julie et Emilie, Valentine se dévoile peu à peu et commence à s’affirmer. C’est le temps des premières soirées, des premiers flirts. Elle n’oublie pourtant pas Félix qu’elle aime toujours autant, mais qu’elle a moins de mal à aborder. Pourtant, ce n’est pas la fête tous les jours : Valentine se sent de moins en moins proche d’Emilie et elle voit à peine Julie qui refait son année de troisième. Yamina est toujours là, mais passionnée de Japon et de mangas, elle a toujours beaucoup d’activités. Valentine se sent parfois délaissée et paumée, surtout quand elle apprend que Félix sort avec quelqu’un…

Mon avis : Quoique l’évolution de Valentine soit lente, elle commence à sortir de sa coquille et révéler sa vraie personnalité. Déjà, elle ne se contente plus de suivre les directives de l’exubérante Emilie. Elle assume ses choix et ne se laisse plus dicter sa conduite. Elle prend peu à peu conscience qu’elle doit vivre sa vie selon ses propres règles et non être un simple mouton de Panurge. Elle fait de nouvelles rencontres et vit ses premières expériences. Même si elle reste fragile et encore influençable, même si elle s’imagine vouloir être quelqu’un d’autre, même si elle ne fait pas toujours les meilleurs choix, elle avance. Et c’est pour ça qu’on l’aime.




J’ai lu : Naufragés, de Siobhan Curham

14 03 2017

Naufragés

Siobhan Curham

Résumé : Grace et quelques autres élèves d’une troupe de danse doivent animer une croisière, pendant deux mois. Quoiqu’un peu anxieuse à l’idée de partir, Grace voit cela comme une expérience. Et puis, Jenna, sa meilleure amie est aussi de la partie et Todd, le petit ami de Grace sera là, lui aussi. C’est Yago, un marin ténébreux, qui sera chargé de les amener jusqu’au bateau de croisière. Pourtant, les choses ne vont pas se dérouler tout à fait comme prévu. Une brusque tempête les fait échouer sur une île perdue. Apeurés, ils décident tous d’attendre les secours et commencent à organiser leur vie sur l’île. Mais peu à peu des tensions apparaissent au sein du groupe et des clans se forment. Grace voit sa meilleure amie Jenna se rapprocher de plus en plus de la détestable Cariss, une fille à papa gâtée et capricieuse. Jimmy et Bella s’écartent de plus en plus des autres. Quant à Grace, plus les jours passent et plus Todd, son petit ami, l’insupporte. Et la présence de Yago n’est pas étrangère à tout cela. Mais au delà des animosités, c’est sutout l’île qui semble vivante. Grace se sent irrésistiblement attirée par la forêt sauvage qui les environne. Quelqu’un semble l’appeler, tout cela n’est pas naturel. Les phénomène étranges se succèdent. Les jeunes réussiront-ils à quitter cette île maudite ?

Mon avis : On se croirait dans une série américaine, tant les personnages sont caricaturaux ! Il y a l’inévitable peste, l’enfant riche et gâtée du groupe, Cariss, que quasiment tout le monde a du mal à supporter, Jenna, la superficielle, Todd le beau gosse, Dan, le garçon des cités, Ron l’amoureux transis, Jimmy surnommé la Puce, l’homosexuel plus que maniéré, Belle la boursière et l’héroïne, Grace, la sympathique, soucieuse du bien-être de tout le monde. Mais n’oublions pas Yago, le beau ténébreux du Costa Rica qui, contrairement aux autres garçons du groupe, sait se débrouiller avec trois fois rien dans une jungle hostile ! Bref, mis à part tout ces détails, l’histoire en elle-même n’est pas mal, même s’il faut avouer qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le premier tome se terminant évidemment sur un suspense insoutenable, j’ai bien envie de lire le tome 2, histoire de savoir ce qui va se passer. Mais, le vrai bémol de ce roman, ce sont les personnages, qui sont vraiment trop stéréotypés et je trouve ça bien dommage. Cependant, ce n’est que mon avis, car j’ai quelques élèves qui l’ont lu (principalement des filles, bien sûr, vu la couverture rose du livre !!) et qui l’ont adoré !!! Alors, faîtes-vous votre propre idée.

Extraits :« Lorsque, enfin, je repère mes amis dans le terminal bondé, il s’avère que rien ne va. Je remarque d’abord Jenna. Elle porte un survêtement ultrablanc dans lequel sa peau bronzée me rappelle la couleur luisante du sirop d’érable. Mais elle affiche une mine terriblement renfrognée.

_Un gros crétin vient de marcher sur mon vanity-case. Il est tout cassé, m’explique-t-elle dès qu’elle me voit.

J’examine sa mallette en cuir blanc immaculé. Il me faut un moment pour repérer une très légère trace, à peine visible, de ce qui pourrait être , je suppose, une empreinte de pied. (…) Juste en face de Jenna, Cariss se tient droite comme un top model, au milieu d’une foule de valises Louis Vuitton. Elle est vêtue d’un jean rose pâle si serré qu’il a dû être cousu sur elle, et se dispute avec quelqu’un sur son nouvel iPhone rose assorti… tout en ayant l’air totalement serein. Un exploit. (…)

Todd porte un nouveau jean baggy et un tee-shirt Abercrombie. Les pointes de ses cheveux châtains qui tombent sur son front sont blondies par le soleil. On dirait un mannequin d’un magazine pour adolescentes. (…)

_Oh, mon Dieu ! s’exclame Jenna.

_Quoi ? je lui demande.

Rivés sur l’entrée du terminal, ses yeux bleu pâle sont remplis d’un dédain glacial. Je me retourne et suis son regard. Belle Sanchez se tient devant les portes. Elle est vêtue d’un survêtement orange vif et ses cheveux bruns sont attachés en une queue de cheval haute. Comme d’habitude, elle porte de lourdes créoles en or. Mais je ne pense pas que ce soit son look qui énerve autant Jenna. Belle est agrippée à sa mère et pleure bruyamment.

_On ne part que pour quatre semaines , siffle Jenna dans mon oreille. C’est quoi son problème ? (…)

_Les latinos sont comme ça, explique Ron. Toujours à faire un drame d’un rien.

_Ouais, eh bien moi, je trouve ça pathétique, renchérit Jenna.

Ron approuve d’un signe de tête. Son visage rond et ses cheveux bruns épais me font penser à un bonhomme Lego. ça me fiche un peu la trouille. (…)

Sur ce , la porte s’ouvre en coulissant et Jimmy-la-Puce entre en trombe. Il porte une chemise hawaïenne et une guirlande, avec un pantalon à fines rayures et un chapeau en feutre rond. Bizarrement, cette drôle de tenue lui va bien.

_Oh mon Dieu ! Mais comment il est fagoté, celui-là ? critique Jenna. Ce mec est un abruti fini.

Je la considère en me demandant pourquoi elle fait des commentaires si méchants. Sa dispute avec sa mère a dû vraiment l’affecter.

Tout de suite après, Dan Charles entre dans le terminal, le dos voûté. Il porte ses habituels débardeur et pantalon de survêtement, ainsi qu’un immense sac de sport en bandoulière sur son épaule musclée et bronzée.

-Belle, ma chérie ! appelle Jimmy-la-Puce, en imitant l’accent britannique.

Il est de New York , mais la plupart du temps, il s’exprime à la manière d’un membre de la famille royale d’Angleterre. C’est une sorte de Prince William surexcité. »




J’ai lu : L’ombre du loup, de Frédérique Lorient

13 03 2017

L’ombre du loup

Frédérique Lorient

Résumé : Les parents d’Enguerrand, Robin et Mélusine sont divorcés et depuis, leur mère collectionne les petits amis. Le dernier en date s’appelle Serge. Et depuis qu’il est arrivé, les enfants ont changé : Robin est de plus en plus hargneux et se replie sur lui même. Quant à à Mélusine, surnommé Lulu, elle est devenue capricieuse et a recommencé à faire pipi au lit. Robin déteste Serge et le surnomme « Sauron« , personnage maléfique du Seigneur des Anneaux. La mère devant se rendre au Japon pour son travail, décide de laisser ses enfants sous la surveillance de son petit ami. Un soir qu’Enguerrand, l’aîné de douze ans, lave sa petite sœur de cinq ans, cette dernière lui révèle un terrible secret : Serge a abusé d’elle. Enguerrand sent la terre se dérober sous ses pieds. Poussé par Robin, il entreprend alors une folle épopée. Il décide de traverser la forêt et de rejoindre leur père, à Sainte-Marie-aux-Mines. Les enfants s’enfuient donc de nuit, bien décidés à s’éloigner le plus du monstre censé veiller sur eux. Ils affrontent le froid, la pluie, la faim. Mais le pire reste à venir. Serge, qui s’est aperçu de leur fugue, ne tarde pas à les poursuivre…

Mon avis : C’est un livre qui se lit très facilement (122 pages). L’auteure a décidé d’aborder un thème grave : l’abus sexuel sur mineur. Toutefois, elle le fait sans vraiment entrer dans le détail. Les sentiments des enfants abusés ne sont pas réellement exprimés, il y a peu d’introspection. C’est Enguerrand, le narrateur, l’aîné, qui parle de ses frustrations, qui livre sa douleur et son besoin de protéger Robin et Mélusine. De plus, la majeure partie du récit est axée sur le périple des enfants dans la forêt. Du coup, malgré un thème difficile à aborder et qui met franchement mal à l’aise, l’histoire se lit sans trop de difficultés.

Extrait : « Voilà ce que m’a chuchoté ma toute petite sœur, son visage d’ange éclairé de quelques perles d’eau tout près du mien :

« Je lui ai dit , à Serge, qu’il avait les doigts tout noirs et que je ne voulais pas qu’il me touche là, quand on était dans le garage, et il l’a fait quand même. »

J’ai lâché la bouteille de savon de savon liquide et l’eau est devenu opaque. Lulu s’est assise dans la baignoire, a baissé la tête en faisant son espèce de moue annonciatrice de pleurs et a ajouté d’une voix à peine audible :

« Serge, il a dit qu’il faut pas le dire à maman, sinon elle m’aimera plus, ni à papa, sinon il voudra plus jamais me faire venir chez lui. Lui dis rien surtout… »

Je n’ai pas bougé; j’aurais aussi bien pu être transformé en statue de sel. Alors, Mélusine m’a attrapé la manche du tee-shirt et a secoué :

« Enguerrand !

_Oui…

_Enguerrand, faut rien dire à maman…

_Oui, Mélusine. »

Comme d’ordinaire, je ne daignais prononcer son prénom en entier qu’une fois par mois, ma sœur a été surprise.

« Je ne dirai rien, Mélusine, ai-je encore réussi à articuler d’une voix bizarre, calme. Toi, par contre, tu as eu drôlement raison de m’expliquer ce qui s’est passé. Je te jure que personne ne te grondera. Maintenant, lave-toi, sors de l’eau et mets ton pyjama. »

Mélusine a obéi immédiatement, en oubliant de me réclamer la serviette d’un rose ridicule qui passe son temps à déteindre sur mes chaussettes. Je la lui ai tendue quand même. Ses cheveux fins, emmêlés et humides, s’embrouillaient sur sa tête. »