J’ai lu : Week-end mortel de jean-Paul Nozière

9 06 2021

Week-end mortel

Jean-Paul Nozière

Résumé : Irma Cole est invitée par sa meilleure amie, Angéline Cosma, à passer un week-end au Moulin du Bief, la maison de campagne d’un ami d’Angéline. Si au début Irma se montre très enthousiaste à cette idée, elle déchante rapidement : pour partir en week-end, elle doit mentir à ses parents, elle leur  dit qu’il n’y aura qu’elle et Angéline au moulin, alors qu’en réalité, trois autres garçons seront présents. De plus, tous les autres sont des gosses de riches, ce qui n’est pas le cas d’Irma… Mais, tout est déjà décidé et voilà qu’elle prend le train, direction le Moulin du Bief. Ce week-end, qui s’annonçait radieux ne se déroule pas comme prévu. En effet, Irma, quoique très impressionnée par le luxe environnant, perçoit très vite une atmosphère tendue entre les autres adolescents. Jean-Alain Ménétrier, le fils des propriétaires de la maison, passe son temps à l’humilier et semble avoir une emprise très forte sur les trois autres. L’ambiance malsaine qui pèse dans le Moulin du Bief laisse à penser qu’un secret lie les adolescents, un secret peu reluisant. Irma ne se sent pas à l’aise. Elle veut rentrer chez elle. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Mon avis : ça fait un moment que ce livre est au CDI et j’avoue que la première de couverture ne m’attirait pas énormément. Mais bon, c’est la fin de l’année et je me suis dit, pourquoi ne pas tenter la lecture. Je n’ai pas été déçue du tout, bien au contraire. Franchement, l’écriture est fluide, limpide et l’auteur a su avec brio créer une atmosphère angoissante dans son roman de seulement 146 pages ! Le personnage d’Irma dénote totalement avec les autres. Il s’agit d’une fille réfléchie et responsable (quand elle ne ment pas à ses parents pour aller se détendre pendant un week-end), qui ne se laisse pas facilement impressionner par l’argent des autres. Elle connaît la valeur des choses. Sa meilleure amie, Angéline, paraissait être une fille intéressante au début du roman : garçon manqué qui s’habille toujours en noir, elle donnait l’impression d’être un peu rebelle sur les bords. Mais on final, on découvre au fil de l’histoire que c’est juste une façade, c’est une nunuche prête à tout pour plaire à Jean-Alan Ménétrier. ce dernier, que peut-on en dire, à part qu’il s’agit d’un fils à papa gâté pourri, auquel on passe tous les caprices. Il a une emprise malsaine sur Angéline, Alphonse et Luc, les deux autres personnages. Luc est du genre anxieux, il semble vouloir se rebeller, mais ne le fait jamais vraiment. Irma est attiré par lui, mais en même temps, la violence sous-jacente qu’elle perçoit en lui l’effraie un peu. Franchement, je ne pourrai vous dire qu’une chose : LISEZ-LE !

Extrait : « Alphonse se colla au grillage du court. Jean-Alain apparut dans l’allée. il tenait un radiocassette sur l’épaule et marchait du pas chaloupé des frimeurs. C’est du moins ce qu’estima Irma, mais son envie de rire s’étrangla quand elle découvrit la tension des autres. Ils suivaient l’approche du garçon sans prononcer un mot. Jean-Alain s’arrêta assez loin de la clôture.

_Tu joues avec moi ? Luc est fatigué. Irma le remplacera, annonça Angéline.

Elle ne manquait pas de culot. Luc ne contesta pas cette décision prise sans son accord. Jean-Alain sourit.

_Je vous entends brailler depuis la maison.

« Pas un vrai sourire, pensa Irma, une gesticulation des lèvres dissimulant sa colère ».

Alphonse s’empressa.

_Excuse-nous, on ne se rendait pas compte. Si tu remplaces Luc, le jeu sera plus équilibré et on criera moins.

Jean-Alain montra le tuyau d’arrosage.

_Et vous mettrez moins de flotte sur le court ? Je ne joue pas. Je vous regarderai, comme ça je comprendrai pourquoi vous beuglez comme des veaux à l’abattoir.

Les mots humiliants s’accompagnaient du sourire.

_Allez, joue avec moi ! insista Alphonse.

_Non, avec moi ! s’écria Angéline.

Le regarde de Jean-Alain passa de l’un à l’autre. Le sourire disparut. un soupir.

_Vous êtes sourds ? J’écoute de la musique, on verra après !

J’ai une cassette super, mets-là ! proposa Angéline.

Elle courut vers la chaise d’arbitre, fourragea dans son sac. Pendant ce temps, Luc ramassait les balles. Jean-Alain l’interpella.

_Eh Luc, il y en a trois dans l’herbe, dehors. c’est toi le pro qui confond tennis et badminton ?

Luc continua tranquillement à rassembler  les balles. Il attendit qu’Angéline revienne vers le groupe pour dire :

_J’en ai marre du tennis? Je ne joue plus.

_Du rap, annonça Angéline.

Jean-Alain s’approcha de la clôture et tendit la main à travers un trou du grillage.

Du rap ? La musique des banlieues ! Tu écoutes ces connards ? Tu trouves qu’ils ne nous font pas assez chier comme ça !

Les mâchoires du garçon se soudèrent l’une à l’autre. Les fossettes s’ouvrirent aussi profondément que s’il riait.

_Voilà ce que j’en fais de ta musique de singe !

Son bras décrivit une courbe. La cassette monta haut, passa par-dessus la haie de résineux et disparut de leur vue.

Plus un bruit, à part le roucoulement d’un pigeon qu’ils ne voyaient pas. le sourire de Jean-Alain était revenu. Son regard se posa sur leurs visages. L’un après l’autre. Longtemps. Il les défiait. Leur disait : « Râlez, je vous écoute. » Irma attendit son tour.

_Tu n’es qu’un sale con, dit-elle, sans hausser la voix. Je vais jusqu’à la ferme, ça me donnera l’occasion de respirer l’air pur.

_Je t’accompagne, annonça Luc.

Jean-Alain éclata de rire.

_Bonne idée ! Rapportez donc une douzaine d’œufs, au moins vous rendrez service. Irma, surveille Luc : il a un air de chien battu, mais ne t’y fie pas, c’est un dragueur ! »




J’ai lu : Le photographe, d’Irina Drozd

20 01 2021

Le photographe

Irina Drozd

Résumé : Vivien Claret est un jeune garçon qui vit à Tignes avec ses parents depuis un an. Même si Paris lui manque, il est tout de même heureux d’avoir déménagé, car ça lui a permis de se faire deux bons amis, Luc et sa jumelle Annie, dont Vivien est secrètement amoureux. Un jour, il rencontre Lucien Mortagne, un photographe qui désire faire de lui son modèle. Vivien accepte et se prête volontiers aux séances du Lucien. Cependant, il est de plus mal à l’aise par les demandes excentriques de l’homme. Pourquoi veut-il toujours que Vivien prenne un air effrayé sur les photos. Et pourquoi, depuis qu’il a commencé les séances, Vivien se sent-il si fatigué et effrayé ? Il y a visiblement quelque chose qui cloche, mais quoi ?

Mon avis : Alors j’avais déjà lu « Un tueur à ma porte » de la même auteure et j’avais beaucoup aimé. Par contre, pour Le photographe, je l’ai trouvé assez moyen. L’intrigue est originale, il y a certes un petit côté surnaturel qui rappelle un peu celui du roman Le miniaturiste de Virginie Lou, mais j’ai eu du mal à accrocher. C’est peut-être parce que le livre a moins de 100 pages et que les personnages ne sont pas assez développés à mon goût. Je n’ai pas réussi à avoir de connexion avec les personnages : Lucien est rebutant dès le début, Vivien continue à accepter les séances photos malgré le fait qu’il sente bien qu’il y a un problème et Luc et Annie prennent bien part à l’action, mais en même temps, ils sont tellement effacés dans l’histoire que ça n’est pas crédible. C’est dommage, parce que ça aurait pu donner quelque chose de vraiment pas mal. Lisez-le et faîtes-vous votre propre idée.

Extrait : « Vivien se retourna dans son lit. Il se sentait très fatigué et pourtant ne parvenait pas à trouver le sommeil. Dès qu’il laissait vagabonder son esprit, les séances de pose lui revenaient en tête. il se revoyait adossé à un arbre, le visage livide, imaginant un monstre à sa poursuite, ou bien recroquevillé dans un fauteuils de Lucien, attendant qu’une hideuse sorcière s’empare de lui. Il avait essayé de demander à Lucien d’abandonner pour quelques séances son thème fantastique, mais le photographe avait fait la sourde oreille, arguant qu’il avait presque fini la série, refusant de l’écouter.

Vivien poussa un profond soupir. il avait promis au photographe de faire toute la série mais, à présent, il regrettait sa promesse tout en n’envisageant pas une seconde de ne pas la tenir. Il se jura d’essayer encore de convaincre Lucien de faire des photos « normales » au moins le temps de le laisser se remettre un peu. Pour une fois, Vivien se reprocha d’avoir trop d’imagination.« 




J’ai lu : Deux roues de travers, de Jean-Christophe Tixier

6 01 2021

Deux roues de travers

Jean-Christophe Tixier

Résumé : Eva rêve d’être comme toutes les autres adolescentes ; malheureusement pour elle, elle n’a jamais pu marcher et passe sa vie dans un fauteuil. A cause de cela, sa mère la surprotège et l’étouffe. C’est pourquoi, quand Mika, son grand-frère de 20 ans, l’emmène en vacances à Hendaye, elle est heureuse comme jamais. C’est enfin la liberté ! En plus, elle adore son grand-frère, car il est le seul à ne pas la regarder comme une handicapée et à comprendre son besoin d’autonomie et d’indépendance. Eva se fait une joie de ce voyage. Pourtant, quand Mika vient la chercher, elle se rend bien compte qu’il y a un problème. Il paraît plus soucieux et secret que d’habitude. D’où vient cette décapotable qu’il conduit ? Comment se l’est-il procurée ? Et puis, c’est quoi cette obstination à vouloir exhiber le fauteuil roulant de sa sœur sur le siège arrière, alors qu’il pourrait très bien le ranger dans le coffre ? Eva se pose mille et une questions auxquelles Mika n’est pas enclin à répondre. Elle se rendra vite compte que ce voyage synonyme de liberté qu’elle attendait tant se transformera en un cauchemar angoissant.

Mon avis : Petit ouvrage certes, mais intrigue bien menée. L’histoire se déroule à travers les yeux d’Eva. L’auteur dépeint bien ses émotions, ses peurs, son besoin d’émancipation. Eva est en fauteuil roulant oui, mais elle a surtout beaucoup de caractère. Elle ne veut pas de la pitié des autres, elle ne veut pas obtenir de privilège à cause de son handicap, elle veut vivre comme tout le monde. Même si elle est consciente de tout ce qu’elle doit à sa mère, elle ne supporte plus que cette dernière décide de tout à sa place et la considère comme une petite fille fragile. L’aventure haletante qu’elle vivra avec son frère à Hendaye lui montrera que même si elle est forte, elle a aussi besoin des autres et que l’aide qu’ils peuvent lui apporter n’est pas toujours synonyme de pitié. Je vous invite vraiment à lire cette ouvrage qui traite du thème du handicap d’une façon assez originale et qui propose une intrigue prenante. Je l’ai lu en un pu moins de deux heures, tant je me suis laissée prendre par le flot du suspense. je voulais à tout prix savoir ce qui allait arriver aux personnages. Pour ceux qui ont peur des gros livres, ce petit roman d’une centaine de pages est fait pour vous !

Extrait : « _ça va ? interrogea Eva alors que son frère vidait un des sacs pour en vérifier le contenu. A ces mots, Michael suspendit son geste.

_Pourquoi tu me demandes ça ? s’étonna-t-il en la fixant dans les yeux.

Eva sentit une légère pointe d’agacement dans sa question.

_Je voulais m’assurer que tu tiendrais mon rythme, plaisanta-t-elle pour se redonner un peu de contenance. Le visage de son frère aussitôt se détendit et s’illumina d’un sourire.

_Plus endurant que moi, tu meurs, plaisanta-t-il à son tour. En fin de semaine prochaine, tu imploreras ma pitié et tu ne rêveras que d’une seule chose, retrouver ta mère.

_Il n’y a pas de risque, grogna Eva en accompagnant sa remarque d’une grimace.

_Tu es dure avec elle, tempéra son frère. Elle ne le mérite pas.2

_Et si on s’occupait de mes affaires ? se déroba Eva, qui refusait d’entrer dans un débat sans fin. J’ai décidé que cette semaine à Hendaye serait la plus belle de ma vie, lança-t-elle dans une effusion de joie.

_Ce ne sont que des vacances, rétorqua Michael en évitant son regard.

Elle sentit que quelque chose le préoccupait. Quelque chose d’intense, de grave, qui fit glisser une ombre dans ses yeux. Elle se remémora ses paroles sur la terrasse, juste avant le repas. « Si je vous dis que dans huit jours tout sera réglé, vous pouvez me croire. » Ce n’était pas tant les mots qui avaient surpris Eva, que le ton employé. Un mélange d’impatience et d’anxiété. Comme si son frère appréhendait un péril imminent. Alors que Michael sortait un à un les vêtements du premier sac, Eva détailla les traits de son visage. Que lui cachait-il ? »




J’ai lu : Genesis Alpha, de Rune Michaels

11 01 2019

Genesis Alpha

Rune Michaels

Résumé : Max et Josh sont deux frères. Ils sont plus que ça même, Josh lui a sauvé la vie. Quand il était petit, Max était gravement malade, il avait le cancer. Josh est né pour le sauver, c’est ce qu’on appelle un bébé-médicament. Depuis ce jour, ils sont en symbiose, particulièrement quand ils jouent à Genesis Alpha, un jeu en ligne particulièrement prenant. C’est le lien qui les unit depuis que Max a quitté la maison pour l’université. Josh aime son grand-frère, c’est son idole. Mais un jour, leur vie à tous les deux bascule : Max est accusé d’avoir tué quelqu’un. Tout l’accuse ! Est-il vraiment le monstre que tout le monde décrit ? A-t-il vraiment commis ce crime affreux ? Et lui, Josh, le bébé-médicament ? N’est-il pas aussi responsable d’avoir sauvé la vie d’un présumé meurtrier ? C’est pourtant ce qu’affirment les médias et Rachel, la sœur de la victime. Josh ne sait plus quoi penser. Ce drame le fera plonger au plus profond de lui-même et découvrir des secrets qu’il aurait préféré ne jamais mettre en lumière.

Mon avis : Ce roman est très bien écrit et aborde des sujets douloureux avec justesse. L’auteure a vraiment la capacité de bien cerner le personnage principal. C’est Josh le narrateur, il raconte tous les événements tels qu’il les perçoit, tels qu’il les ressent. Le roman est surtout centré sur lui, on voit tout de son point de vue à lui. Tous ses questionnements sont incroyablement réalistes. Vraiment, je me suis plongée dans l’histoire mais pourtant, elle est très dérangeante. Elle aborde des thèmes tels que le statut des bébés-médicaments, qui ne naissent au final que pour sauver quelqu’un d’autre. Ont-ils une existence à part entière ? Et quand le bébé-médicament a sauvé la vie de quelqu’un qui sera accusé de meurtre des années plus tard, à qui la faute ? Toute l’histoire tourne autour de cette confusion. Josh est complètement perdu : il veut croire en son frère qu’il adule, mais tout l’accuse ! Et lui, dans tout ça, a-t-il vraiment joué un rôle dans ce qui s’est passé ? S’il n’avait pas sauvé Max en naissant, la victime serait probablement encore en vie. C’est ce que quasiment tout le monde s’accorde à croire, notamment Rachel, la petite sœur de la victime. Il est vrai que les discussions entre les deux personnages sont assez dérangeantes, notamment parce qu’on sent bien que Rachel est fragile psychologiquement, mais aussi parce que le sujet en lui-même est dérangeant. Rachel veut à tout prix démontrer à Josh que Max est un monstre et Josh a du mal à le défendre. Il a du mal à se défendre lui-même. Un petit bémol tout de même : Rachel et Josh ont quasiment le même âge, 14 et 13 ans et parfois j’ai trouvé que leurs réflexions étaient un peu trop poussées, trop philosophiques pour des ados de cet âge.

Franchement, cet ouvrage est très bien écrit, l’histoire est prenante, mais le thème est vraiment sombre. Je n’ai pas passé un bon moment à le lire, mais je ne regrette pas de l’avoir lu.

Extrait : « _ Josh, comment te sens-tu ?

C’est tout lui. Son fils aîné est en prison, accusé du plus horrible des crimes et c’est à moi qu’il propose une séance de thérapie.

_ Je vais bien.

Il se penche pour ramasser le journal. Il le pousse vers moi. Juste sous mon nez. je suis bien forcé de voir les deux photos, Max et moi, côte à côte.

_ Tu es d’accord avec ce qu’ils disent là-dedans ?

Je jette un coup d’œil vers les gros titre.

_ Que c’est ma faute, c’est ça ? Mais Max n’a rien fait, donc la question ne se pose pas.

Il me fixe droit dans les yeux, comme il sait si bien le faire. Je suis incapable de détourner mon regard.

_ D’accord, mais si un jour, il commettait quelque chose de grave, que se passerait-il ? Crois-tu que, parce que tu lui as sauvé la vie, tu te sentirais responsable ?

La question essaie de s’insinuer dans mon esprit, mais je l’arrête en chemin. Elle n’a aucune raison d’être. Max n’a rien fait de mal.

_ Parce que je t’assure que ce serait absurde, Josh, reprend papa. Il y a une grande différence entre se sentir responsable de ses propres actions, et prendre sur ses épaules la responsabilité d’un acte qu’on n’a pas commis et qu’on ne pouvait ni prévoir ni empêcher. Tu le sais, au moins ?

Je murmure :

_ Je pense que oui.

Je replonge la tête dans ce qui me reste de céréales, pour éviter un nouveau débat philosophique avec papa. Je suppose qu’il a raison. Mais pourquoi cette différence dont il parle me semble-t-elle si difficile à concevoir ? »

 




J’ai lu : Les regards des autres, d’Ahmed Kalouaz

8 11 2018

Les regards des autres

Ahmed Kalouaz

Résumé : Laure vit des moments difficiles au collège. Elle est victime de harcèlement, victime de la bande d’Emilie, cette fille qui la tourmente depuis son entrée en 6ème. Mais Laure se tait, elle se mure dans le silence. Après tout, elle n’est pas la seule à souffrir. Il y a aussi ce garçon en surpoids que les autres appellent « le sumo », ou encore Kenz, le syrien, qui vient d’arriver en France et ne parle pas très bien le français, ou encore ce petit haïtien adopté, dont la couleur de peau dérange… Laure trouve qu’elle ne devrait pas se plaindre, car eux, souffrent plus qu’elle. Pourtant, elle ne peut se débarrasser de l’angoisse qui la ronge de l’intérieur, elle ne peut nier cette envie de fuir qui la taraude, qui l’empêche de dormir. Elle n’arrive pas à en parler, elle a peur, car elle sait que si elle « balance », elle s’en mordra les doigts.

Mon avis : J’ai déjà lu plusieurs livres qui traitent du harcèlement en milieu scolaire et je dois dire que j’ai été frappée par celui-ci. Vraiment, les mots de l’auteur sonnent si juste. On se met aisément à la place de Laure, le personnage principal. Elle exprime tout en douceur l’horreur qu’elle vit chaque jour, à travers des monologues poignants de vérité. Ce que j’ai apprécié aussi, ce sont les discussions qu’elle a avec Léo, un harceleur d’une bande qui s’est donné le non de « Red Army », dans lesquelles le jeune homme exprime, avec une déconcertante franchise pourquoi il prend part à ce déchaînement de violence. Je dois avouer que ça m’a interpellée. Je me suis souvent demandé pourquoi les harceleurs faisaient ce qu’ils faisaient. Et là, la cruelle vérité m’a éclaté au visage : « J’aime bien cette impression d’être du côté des forts. De régner sur les autres, c’est tout ». Alors, si c’est vraiment le cas, qui est vraiment vulnérable, le harcelé qui subit des brimades tous les jours, ou le harceleur qui a besoin d’être entouré par d’autres pour sentir qu’il existe vraiment ? Laure parle aussi du regard des adultes. Elle ne se sent pas entourée, ni protégée par les enseignants ou la communauté éducative. Elle a l’impression que les adultes détournent le regard, ne savent pas comment faire, ce qui entraîne un sentiment d’impunité pour les harceleurs. Je pense vraiment qu’il faudrait que chacun, enfants comme adultes, ouvrent les yeux pour lutter contre ce fléau qui pullule dans nos établissements scolaires.

Extrait : « Dernièrement, j’ai appris par hasard que Léo, un copain de classe de l’an dernier, se trouve dans un de ces groupes de harceleurs. Quand je lui ai demandé ce qui l’animait, il m’a répondu qu’il était persuadé de ne rien faire de mal.

_J’aime bien cette impression d’être du côté des plus forts. De régner sur les autres, c’est tout.

_Et tu n’as jamais de remords ?

_ Non. Hier on a coincé l’Africain, le con, il a voulu se défendre.

_Quel Africain ?

_ Celui qui s’appelle Kenia, un truc comme ça…

_ Tu parles de Kenz ? C’est un Syrien, pas un Africain.

_ Peut-être. C’est pareil, bon, il est pas d’ici. Et d’abord, pourquoi j’aurais des remords? Mes parents sont sur mos dos et me gonflent à longueur de temps. Moi, ça me fait du bien de brimer les autres. Il dit aussi que persécuter les plus vulnérables décuple sa confiance en lui, et qu’il n’a pas l’impression, le soir, de souffrir seul dans son lit comme avant. Lorsqu’il veut bien parler avec moi, il le fait calmement, sans avoir l’impression de mal agir. »




J’ai lu : Le Cachot de la Sorcière, de Joseph Delaney

15 10 2018

Le Cachot de la Sorcière

Joseph Delaney

Résumé : Billy Calder, jeune orphelin, est gardien de nuit dans une prison. Mais attention, il ne s’agit pas de n’importe quelle prison. Dans ce lieu terrifiant se trouvent de drôles de détenus en plus des assassins et des criminels : des fantômes, des monstres, des êtres maléfiques. Billy a très peur, mais il doit bien gagner sa vie, alors, sous les ordres d’Adam Colne, il apprend le métier. Adam est un gardien de nuit très expérimenté, mais assez effrayant tout de même. Il montre les moindres recoins de la prison à Billy et lui prodigue de précieux conseils. Ainsi, Billy apprend qu’une détenue a spécialement recommandé sa venue. Il s’agit de Netty, Netty au long cou, le fantôme d’une sorcière qui a été pendue. Pourquoi veut-elle à tout prix que ce soit Billy qui monte la garde la nuit ? Et que renferme ce mystérieux cachot dont Adam Colne a si peur et qu’il a recommandé à Billy de ne jamais pénétrer ?

Mon avis : J’ai pris ce livre à la BDP, premièrement parce que d’un point de vie graphique, il est magnifique et deuxièmement, parce que l’histoire m’inspirait. Joseph Delaney est l’auteur de la saga L’Apprenti Epouvanteur. L’univers du Cachot de la Sorcière ne se démarque pas de la saga. C’est une ambiance, sombre, angoissante, terrifiante. Il se lit très facilement, il ne possède qu’une centaine de pages, l’histoire de Billy est prenante. Néanmoins, je ne m’attendais pas du tout, mais alors là, pas du tout, à cette fin-là. Je vous invite à le lire… enfin si vous n’avez pas peur de ce genre d’ambiance un peu lugubre… 

Extrait : « Je savais pourquoi ils pensaient que j’avais peur. A cause de ceux que je garderais : des assassins, des criminels, des sorcières. C’étaient ces gens-là que je devrais surveiller, du moins quand j’aurais terminé mon apprentissage. Une nouvelle lune s’était levée, un fin croissant qui ne tarderais pas à disparaître derrière les nuages noirs poussés par la vent d’ouest. Je frissonnai, mais seulement de froid. On racontait des tas d’histoires sur ce château, des histoires de revenants qui hantaient les couloirs, la nuit. Tout le monde au village avait entendu les cris qui venaient de là-haut : de longues plaintes à fendre l’âme, des rires hystériques, de lugubres sanglots… Situé à plus d’une lieue de la ville la plus proche, cet édifice sévère aux dimensions impressionnantes était perché sur une colline et entouré d’un bois épais de frênes et de sycomores. Il était construit en pierres sombres, froides et humides, avec des tourelles, des remparts, des douves nauséabondes qui, d’après certaines rumeurs, contenaient les squelettes de ceux qui avaient essayé de s’évader. »




J’ai lu : Traces, de Florence Hinckel

12 10 2018

Traces

Florence Hinckel

Résumé : Thomas Codislo, 13 ans, vit un véritable cauchemar. Le nouveau logiciel de détection des crimes, Traces, a prédit qu’il commettrait un meurtre, le 13 août, à 15 heures. Thomas tombe des nues, quand la police vient l’interpeller chez lui, devant tout le monde. Heureusement, il peut s’enfuir. Sa cavale commence alors. Entre les détracteurs de Traces qui croient en l’innocence du jeune garçon et le Préfet de police qui ne veut pas perdre la face, Thomas aura fort à faire pour prouver son innocence. Y parviendra-t-il ?

Mon avis : Pour ceux qui ont vu le film Minority Report, ils ne seront pas du tout impressionnés par ce roman. C’est exactement le même principe. Un système prédit les délits avant qu’ils ne se produise et ce, pour faire diminuer la criminalité. Un personnage accusé à tort est traqué à travers toute la ville (connectée de partout, bien évidemment, sinon ce n’est pas drôle) et doit prouver son innocence. Voilà. Du coup, rien d’original. Néanmoins, l’histoire est prenante, le suspense, bien présent. L’auteure fait référence à des organismes français bien connus (CNIL, Médiapart, Anonymous…) et donne un caractère réel à sa fiction. Alors franchement, cet ouvrage ne changera sans doute pas votre vie, mais vous ne vous ennuierez pas en le lisant.

Extrait : « C’est alors qu’une agitation inhabituelle se manifeste dans la cage d’escalier. Est-ce encore le couple du troisième étage qui se dispute ? Lorsque cela arrive, ma mère entrouvre la porte de l’appartement, tout en chuchotant :

_Si ça dégénère, je cours protéger le petit Léo.

Léo est le fils de ces voisins agités. Il a quatre ans, une bouille d’ange, un sourire à tomber raide… sauf quand il pleure, bien sûr, la plupart du temps à cause de ces disputes parentales.

Ma mère est au boulot et je suis seul dans l’appartement. C’est mon devoir de m’assurer que Léo va bien. Mais il ne s’agit pas du tout des parents de Léo. J’entends d’autres voix inconnues, sèches et autoritaires. Puis celle de monsieur Foch, le voisin du premier, le type le plus râleur et le plus avide des commérages de la cité, qui leur répond :

_Thomas Codislo ? Oui, il habite au deuxième. Il a fait une connerie ? Les jeunes, de nos jours, tous des délinquants ! Oui, par là, porte 203.

Mon sang se glace dans mes veines. Thomas Codislo, c’est moi ! Et… des flics me recherchent ? POURQUOI ? Je fouille dans mes souvenirs récents. Avec les copains, quand on s’ennuie dans la cité, il arrive qu’on fasse une bêtise ou deux… mais jamais rien de très grave. Rien qui nécessite qu’on vienne me cueillir chez moi comme ça. Peut-être que c’est juste pour que je témoigne à cause d’un pote qui aurait dérapé ? Si ça se trouve, c’est Steven. Je dois toujours lui conseiller de s’arrête avant qu’il n’aille trop loin. Il se croit parfois dans un jeu sur son ordinateur, où les limites de la vraie vie sont repoussées, parfois même abolies. Pas le temps de réfléchir davantage : les flics reprennent leur ascension dans l’escalier, et monsieur Foch leur crie :

_ Il a fait quoi comme connerie ?

Une demi-seconde de silence, puis une voix grave et sans émotion lui répond :

_Rentrez chez vous, monsieur… Votre jeune voisin va commettre un meurtre. Nous sommes là pour l’en empêcher. »




J’ai lu : Quand la banlieue dort, de Benjamin et Julien Guérif

12 10 2018

Quand la banlieue dort

Benjamin et Julien Guérif

Résumé : Matthieu s’ennuie ferme dans sa banlieue chic. Ses parents ont acheté un pavillon à Pré-Fleuri, un lieu sans surprise pour l’adolescent. Tous les pavillons sont les mêmes, sans exception. Alors, pour tromper son ennui, le jeune garçon pratique un jeu pour le moins dangereux : entrer par effraction chez ses voisins. Il ne s’est jamais fait prendre. En jeune homme prudent, il observe ses voisins et leurs habitudes, et il pénètre chez eux, en leur absence. Matthieu ne vole jamais rien, il se contente d’observer, de fouiller l’intimité des autres. Il se sert de ce qu’il a découvert contre eux, parfois, comme avec Kévin, ce camarade de classe qu’il déteste cordialement. Tout roule comme des roulettes, ou presque… Matthieu a commis une erreur : il a parlé de son petit jeu à Tristan, son seul pote. Et Tristan, en plus d’être un vrai looser, est entêté. Il veut à tout prix que Matthieu l’emmène dans l’une de ses expéditions. Il ne lâche pas l’affaire, Matthieu n’a pas le choix. Leur prochaine victime, ils l’ont déjà choisie. Ce sera Lucas Bartin, le fils d’un célèbre avocat. Matthieu hésite un peu, car Lucas n’habite pas au Pré-Fleuri. Il ne connaît pas l’intérieur de sa maison. Mais, il se laisse tenter par Tristan et l’emmène avec lui. Au début, tout va bien, mais rapidement, la « visite » ne va pas se dérouler comme prévu… Et c’est le début de la descente aux enfers pour les deux adolescents…

Mon avis : C’est un livre que j’ai emprunté à la BDP, il m’a paru sympa. Deux élèves l’ont lu avant moi et ont littéralement adoré. Du coup, je l’ai lu. Alors, je ne dirai pas que j’ai adoré, mais l’histoire reste prenante. Elle est loin d’être aussi haletante que celle d’A plein tube ! de Librini, mais elle reste très cohérente. Surtout la fin, que j’ai trouvé très réaliste et que, bien entendu, je ne vous raconterai pas ! Par contre, j’ai eu du mal à apprécier pleinement Matthieu, le personnage principal. C’est un garçon solitaire certes, mais qui regarde un peu tout le monde de haut. Je trouve qu’il se donne un petit air supérieur. Lors de l’expédition chez les Bartin, certes, l’inexpérience, voire la bêtise de Tristan les met à mal, mais l’histoire aurait pu s’arrêter sans encombre, si Matthieu n’avait pas commis une bourde monumentale ! Du coup… le personnage ne m’a pas vraiment accroché le cœur. Et Tristan ne m’a pas davantage fait bonne impression : c’est un fanfaron, mais qui perd trop facilement ses moyens. C’est un gamin, sans plus. Mis à part ça, vous pouvez lire cet ouvrage, sans aucune hésitation (sauf peut-être le langage très familier qu’utilisent leurs auteurs, mais bon… on ferme les yeux là-dessus, hein…), je vous assure que vous passerez un bon moment.

Extrait : « Dong ! Tristan sursaute. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Minuit et demi. On ne va pas s’éterniser. J’ai cru entendre un bruit, mais ça doit être un coup de vent. Ou une voiture qui passe, là-bas. Ou mon imagination.

_Bon, on ferait mieux de se tirer, maintenant.

_Attends, on n’a pas tout exploré.

Je ne suis pas tranquille. on ne va pas fouiller chaque pièce, on n’a pas le temps et, de toute façon, on ne veut rien voler.

_Viens, on bouge.

_Attends…

Tristan semble soudain plus à l’aise. Typique de l’abruti qui se sent en sécurité alors qu’il ne devrait pas.

_Attends quoi ? Tu te souviens de ce qu’on avait décidé !

_Ouais, je sais, c’est chacun pour soi. En cas de problème, on balance pas l’autre. Mais ça risque pas d’arriv…

_Non, abruti. On rentre, on visite et on trace !

_Mec, arrête de flipper, tu vois bien qu’y a pas de problème. En plus…

Mon estomac se noue brutalement. Le silence se fait pesant. J’ai l’impression d’avoir entendu un truc grincer. Tristan me dévisage.

_Matthieu, qu’est-ce qu’il y a ?

Mon index sur mes lèvres, je tends l’oreille.

_Arrête d’essayer de me faire f…

_Merde, tais-toi !

Là, j’en suis sûr, j’ai entendu quelque chose. Des voix en bas. C’est pas vrai, on n’était pas tout seuls, alors qu’il n’y avait ni lumière ni caisses !

_Y a quelqu’un, on se tire !

Tristan se pétrifie. Je le pousse vers le salon.

_Grouille.

A la porte du bureau, je me fige. Quelqu’un a allumé la lumière en bas. L’étage est toujours plongé dans les ténèbres, mais le chemin de la sortie me paraît soudain bien risqué. On quitte la pièce à quatre pattes. Ne reste plus qu’à traverser le palier et grimper l’escalier jusqu’à la chambre de Lucas. Des rires éclatent en bas.

Ils sont plusieurs !

_Bon c’est parfait. on boit un verre ?

Merde ! J’agrippe la manche de Tristan et le traîne derrière moi dans un recoin sombre. Je n’entends pas de bruit de pas sur les marches. Je me faufile vers l’escalier et risque un oeil au rez-de-chaussée. Trois types, six mètres plus bas, devant la porte entrouverte. Je reconnais le père de Lucas, mais pas les deux autre (…) Soudain, le père de Lucas leur fait signe de se taire. Il tend l’oreille, regarde autour de lui, lève les yeux. il a entendu quelque chose. Je me retourne pour dire à Tristan qu’on se tire, mais il n’est plus là. Pris de panique, je scrute le palier et le salon plongés dans les ténèbres. il n’est nulle part. Le con. »




J’ai lu : J’ai osé dire non !, de Roland Godel

30 01 2018

J’ai osé dire non !

Roland Godel

Résumé : Thomas est un bon élève et a toujours de bonnes notes à l’école. Pourtant, ces derniers jours, il semble un peu perturbé. En effet, Thomas a un problème : il est tombé dans un piège tendu par les gros durs de la classe, Quentin et Pedro. Du coup, il est maintenant obligé de faire leurs devoirs, sinon, ce seront les représailles. Thomas est mort de peur, il ne sait pas comment se sortir de cette situation délicate. Il n’ose pas en parler autour de lui et cache ses problèmes à ses parents. Pourtant, sa petite sœur Mélissa remarque bien qu’il a des problèmes. Contre son avis, elle décide de l’aider…

Mon avis : Un petit roman très sympathique sur la notion de harcèlement à l’école. L’auteur démontre bien les sentiments de Thomas qui croit naïvement au début que les choses vont s’arranger s’il fait ce que lui ordonnent ses tortionnaires. Mais, bien évidemment, la situation s’aggrave à tel point que Thomas se rend bien compte qu’il est obligé de parler pour sortir de la situation difficile dans laquelle il se trouve. Cela prouve bien qu’on ne peut pas sortir du harcèlement tout seul. Parler, dénoncer, c’est déjà lutter.

Extrait : « Au petit déjeuner, je touche à peine ma tartine. Je n’ai pas faim du tout, et j’ai un mal fou à garder les yeux ouverts. Maman m’observe d’un air inquiet pendant que je me force à avaler mon chocolat chaud.

_Qu’est-ce qui se passe, mon chéri ? Tu as très mauvais mine. Tu es malade ?

_Non, c’est juste que j’ai eu un peu mal au ventre, cette nuit. C’est pas grave, ça va déjà mieux…

Je plonge le nez dans mon bol pour dissimuler le mensonge. La vérité, c’est que mon ventre est comme un ballon de foot crevé ! Maman fronce les sourcils et reprend :

_ Il vaut mieux que tu restes à la maison. Ce n’est pas un drame de manquer quelques heures ! Si ça ne va pas mieux à midi, on ira voir le médecin.

Un vent de panique me chatouille la nuque. Il faut absolument que je donne leurs devoirs à Quentin et Pedro, sinon, ils risquent d’aller me dénoncer tout de suite !

Je grommelle :

_ça va, je te dis. Je ne suis pas malade. J’ai trop mangé hier soir, c’est tout.

Maman soupire et passe ses doigts dans mes cheveux.

_Bon. Mais si tu te sens mal, tu m’appelles et je viendrai tout de suite te chercher. Tu sais que tu peux compter sur ta maman, n’est-ce pas ?

Je presse la joue contre son bras frais. J’aimerais tellement pouvoir lui raconter, qu’elle annule mon mauvais sort d’un coup de baguette magique… Je dois faire un gros effort pour ne pas me mettre à sangloter comme un gosse. »




J’ai lu : Les coups durs, d’Elizabeth Laird

10 11 2017

Les coups durs

Elizabeth Laird

Résumé : Jake est un jeune garçon en souffrance. Steve, son beau-père, le maltraite sans arrêt. Sa mère Marie, ne peut pas y faire grand-chose, elle est, elle aussi victime de la violence de son conjoint. Alors Jake passe son temps à mentir, à cacher ses bleus. Il ne se débrouille pas trop mal dans ce domaine, d’ailleurs. Il a appris à encaisser les coups. Il ne fait qu’imaginer un monde meilleur, dans lequel il vivrait avec son père, son vrai père, Danny, qui les a abandonnés, lui et sa mère. Il rêve de pouvoir le retrouver et de nouer des liens avec lui. Mais, un beau jour, Steve dépasse les bornes et frappe Jake plus durement que d’habitude, sans même prendre la peine d’épargner son visage. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Marie trouve alors le courage de quitter son bourreau et se réfugie chez Mme Judd, la mère de Danny, celle qui a forcé son fils à l’abandonner. La cohabitation sera-t-elle facile ? Jake réussira-t-il à se reconstruire ? Retrouvera-t-il enfin son père ?

Mon avis : Ce roman traite d’un sujet assez lourd : la maltraitance des enfants. C’est un sujet difficile que l’auteur a réussi à aborder avec une certaine légèreté dans l’écriture. Du coup, le roman se lit très facilement. Toutefois, je trouve que certains points de l’histoire semblent un peu faciles, notamment les retrouvailles entre Jake et son père. Après plusieurs années d’absence et d’abandon (Jake a presque seize ans et Danny l’a abandonné à sa naissance), ils se retrouvent sans aucune gêne, sans rancœur et tout se passe comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Alors oui, c’est vrai qu’on a envie que ce jeune garçon ait des moments de joie, mais tout de même, ça m’a paru un peu gros.

Extrait : « Si je tourne la tête, même à peine, des élancements me brûlent comme des flammes, jusqu’aux épaules. Ma bouche gonflée est engourdie. J’ai mal. Partout. Il a attendu qu’on soit rentrés pour commencer. Il ne me touche jamais devant les autres. Cette fois, il ne s’est pas donné la peine d’éviter mon visage. Il y est allé de bon cœur, n’épargnant aucune partie de mon corps, à coups de poing, à coups de pied, m’envoyant valser partout. (…) Il faut que je parte. Je ne peux plus rester avec eux. Je dois m’en aller avant qu’il ne me tue. J’ai mis quelques affaires dans mon sac — un pull, mon ciré, des chaussettes et mon canard en peluche. Dans ma cachette, tout ira bien, tant qu’il fera beau. J’ai un peu d’argent. Pas des masses, de quoi tenir quelques jours, le temps que je m’organise. Que j’élabore un plan. Que je m’organise. »