J’ai lu : Quand la banlieue dort, de Benjamin et Julien Guérif

12 10 2018

Quand la banlieue dort

Benjamin et Julien Guérif

Résumé : Matthieu s’ennuie ferme dans sa banlieue chic. Ses parents ont acheté un pavillon à Pré-Fleuri, un lieu sans surprise pour l’adolescent. Tous les pavillons sont les mêmes, sans exception. Alors, pour tromper son ennui, le jeune garçon pratique un jeu pour le moins dangereux : entrer par effraction chez ses voisins. Il ne s’est jamais fait prendre. En jeune homme prudent, il observe ses voisins et leurs habitudes, et il pénètre chez eux, en leur absence. Matthieu ne vole jamais rien, il se contente d’observer, de fouiller l’intimité des autres. Il se sert de ce qu’il a découvert contre eux, parfois, comme avec Kévin, ce camarade de classe qu’il déteste cordialement. Tout roule comme des roulettes, ou presque… Matthieu a commis une erreur : il a parlé de son petit jeu à Tristan, son seul pote. Et Tristan, en plus d’être un vrai looser, est entêté. Il veut à tout prix que Matthieu l’emmène dans l’une de ses expéditions. Il ne lâche pas l’affaire, Matthieu n’a pas le choix. Leur prochaine victime, ils l’ont déjà choisie. Ce sera Lucas Bartin, le fils d’un célèbre avocat. Matthieu hésite un peu, car Lucas n’habite pas au Pré-Fleuri. Il ne connaît pas l’intérieur de sa maison. Mais, il se laisse tenter par Tristan et l’emmène avec lui. Au début, tout va bien, mais rapidement, la « visite » ne va pas se dérouler comme prévu… Et c’est le début de la descente aux enfers pour les deux adolescents…

Mon avis : C’est un livre que j’ai emprunté à la BDP, il m’a paru sympa. Deux élèves l’ont lu avant moi et ont littéralement adoré. Du coup, je l’ai lu. Alors, je ne dirai pas que j’ai adoré, mais l’histoire reste prenante. Elle est loin d’être aussi haletante que celle d’A plein tube ! de Librini, mais elle reste très cohérente. Surtout la fin, que j’ai trouvé très réaliste et que, bien entendu, je ne vous raconterai pas ! Par contre, j’ai eu du mal à apprécier pleinement Matthieu, le personnage principal. C’est un garçon solitaire certes, mais qui regarde un peu tout le monde de haut. Je trouve qu’il se donne un petit air supérieur. Lors de l’expédition chez les Bartin, certes, l’inexpérience, voire la bêtise de Tristan les met à mal, mais l’histoire aurait pu s’arrêter sans encombre, si Matthieu n’avait pas commis une bourde monumentale ! Du coup… le personnage ne m’a pas vraiment accroché le cœur. Et Tristan ne m’a pas davantage fait bonne impression : c’est un fanfaron, mais qui perd trop facilement ses moyens. C’est un gamin, sans plus. Mis à part ça, vous pouvez lire cet ouvrage, sans aucune hésitation (sauf peut-être le langage très familier qu’utilisent leurs auteurs, mais bon… on ferme les yeux là-dessus, hein…), je vous assure que vous passerez un bon moment.

Extrait : « Dong ! Tristan sursaute. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Minuit et demi. On ne va pas s’éterniser. J’ai cru entendre un bruit, mais ça doit être un coup de vent. Ou une voiture qui passe, là-bas. Ou mon imagination.

_Bon, on ferait mieux de se tirer, maintenant.

_Attends, on n’a pas tout exploré.

Je ne suis pas tranquille. on ne va pas fouiller chaque pièce, on n’a pas le temps et, de toute façon, on ne veut rien voler.

_Viens, on bouge.

_Attends…

Tristan semble soudain plus à l’aise. Typique de l’abruti qui se sent en sécurité alors qu’il ne devrait pas.

_Attends quoi ? Tu te souviens de ce qu’on avait décidé !

_Ouais, je sais, c’est chacun pour soi. En cas de problème, on balance pas l’autre. Mais ça risque pas d’arriv…

_Non, abruti. On rentre, on visite et on trace !

_Mec, arrête de flipper, tu vois bien qu’y a pas de problème. En plus…

Mon estomac se noue brutalement. Le silence se fait pesant. J’ai l’impression d’avoir entendu un truc grincer. Tristan me dévisage.

_Matthieu, qu’est-ce qu’il y a ?

Mon index sur mes lèvres, je tends l’oreille.

_Arrête d’essayer de me faire f…

_Merde, tais-toi !

Là, j’en suis sûr, j’ai entendu quelque chose. Des voix en bas. C’est pas vrai, on n’était pas tout seuls, alors qu’il n’y avait ni lumière ni caisses !

_Y a quelqu’un, on se tire !

Tristan se pétrifie. Je le pousse vers le salon.

_Grouille.

A la porte du bureau, je me fige. Quelqu’un a allumé la lumière en bas. L’étage est toujours plongé dans les ténèbres, mais le chemin de la sortie me paraît soudain bien risqué. On quitte la pièce à quatre pattes. Ne reste plus qu’à traverser le palier et grimper l’escalier jusqu’à la chambre de Lucas. Des rires éclatent en bas.

Ils sont plusieurs !

_Bon c’est parfait. on boit un verre ?

Merde ! J’agrippe la manche de Tristan et le traîne derrière moi dans un recoin sombre. Je n’entends pas de bruit de pas sur les marches. Je me faufile vers l’escalier et risque un oeil au rez-de-chaussée. Trois types, six mètres plus bas, devant la porte entrouverte. Je reconnais le père de Lucas, mais pas les deux autre (…) Soudain, le père de Lucas leur fait signe de se taire. Il tend l’oreille, regarde autour de lui, lève les yeux. il a entendu quelque chose. Je me retourne pour dire à Tristan qu’on se tire, mais il n’est plus là. Pris de panique, je scrute le palier et le salon plongés dans les ténèbres. il n’est nulle part. Le con. »




J’ai lu : La mafia du chocolat, de Gabrielle Zévin

23 02 2016

La mafia du chocolat

Gabrielle Zévin

Résumé : L’histoire se déroule en 2083, dans un New-York soumis à la prohibition : café, chocolat, papier et livres anciens sont interdits, l’eau est rationnée et coûte des fortunes. Anya Balanchine, fille du défunt Léonyd Balanchine, parrain de la mafia du chocolat, veut mener une vie tout ce qu’il y a de plus normale. Elle est sous la tutelle de Nana, sa grand-mère malade et vit avec Léo, son grand-frère de dix-neuf ans, devenu simplet à la suite d’un accident, et Nataliya, surnommée Natty, sa petite sœur de douze ans. Leurs parents ont tous les deux été assassinés et Anya refuse strictement de se mêler des affaires de sa famille mafieuse. Elle veut être une jeune fille normale. Mais quand, Gable Arsley, son ex petit-ami, est empoisonné par du chocolat produit illégalement par la famille d’Anya, c’est la catastrophe. Cette dernière est aussitôt accusée et se retrouve sous les feux des projecteurs ! Comment va-t-elle se sortir de cette situation ? Et surtout, comment limiter l’intrusion de sa famille mafieuse dans sa vie si rangée ? Elle se retrouve vite rattrapée par son milieu… Et ce ne sont pas ses sentiments grandissants pour Win, le fils du nouvel assistant du procureur aux dents longues, qui vont arranger les choses !mafia chocolat

Mon avis : En toute franchise, je ne m’attendais pas du tout à cette histoire quand j’ai acheté ce livre. J’imaginais plutôt une comédie désopilante, mais finalement j’ai dû me rendre à l’évidence : l’histoire n’est pas si drôle que ça. Le personnage d’Anya est assez particulier : le fait d’avoir vu son père adoré mourir sous ses yeux l’a endurcie. Elle veut se montrer forte et indépendante. Elle n’a pas le temps d’être futile comme les jeunes filles de son âge : elle doit gérer les affaires de sa famille (sa grand-mère malade, son frère dépendant, sa petite sœur fragile), tout en la préservant du business illégal du reste de la famille. Elle reste froide, lucide, voire calculatrice. La plupart des personnages ont beaucoup souffert. Toutefois, l’auteur apporte tout de même une lueur d’humour : quoique fille d’un malfrat, Anya n’en n’a pas moins seize ans pour autant et reste une jeune fille. Elle tombe évidemment amoureuse d’un garçon. Manque de peau pour elle, il s’agit du fils de l’assistant du procureur ! Bref, c’est une histoire intéressante, quoique irréaliste par moments.