Le Mystère Jessica
Michel Amelin
Résumé : Quel destin peut-on bien avoir quand on s’appelle Jessica Radis, qu’on est folle amoureuse de Kévin Coste qui aime la lecture et rêve de devenir un grand écrivain ? Il ne peut être que rocambolesque ! Jessica s’est mise dans une drôle de situation. Kévin, passionné de littérature, s’est inscrit à l’atelier d’écriture proposé par la Maison des Jeunes, pendant les vacances de Pâques, et qui sera animé par l’écrivain Axel Michelin, auteur de romans policiers. Qu’à cela ne tienne, Jessica fait comme lui, heureuse de pouvoir rester à ses côtés. Problème : elle est nulle en littérature et son orthographe laisse grandement à désirer. En plus, Pauline Turk, la meilleure amie moche de Kévin s’est inscrite aussi ! Mais, le pire reste à venir ! Le jour de l’atelier, Jessica se retrouve seule avec Axel Michelin. Kévin est malade et Pauline, qui n’avait pas reçu l’autorisation de sa mère pour s’inscrire, a été expédiée chez sa grand-mère ! Jessica est morte de peur, d’autant plus que le fameux Axel Michelin est un drôle de numéro. Il veut à tout prix qu’elle participe aux concours de nouvelles policières de Saint-Nazaire ! Pour la convaincre, il la lance dans une enquête littéraire sur la mystérieuse Jessica White-Jones, l’auteure de Pour l’amour d’une enfant, que Jessica a lu… ou plutôt fait semblant de lire, parce que l’auteure porte le même prénom qu’elle et pour tenter d’épater Kévin…
Mon avis : J’ai pris plaisir à lire cette petite histoire. L’héroïne est rafraîchissante et drôle. Par amour, elle se laisse entraîner dans une drôle d’histoire littéraire. Axel Michelin lui raconte la vie de Jessica White-Jones, une vie haute en couleur et passionnante, digne des Misérables de Victor Hugo ! Mais en faisant quelques recherches, Jessica se rend compte qu’Axel ne lui a raconté que des bobards ! C’était sans doute le meilleur moyen de la faire plonger dans la littérature. Et ça a marché. Jessica n’est peut-être pas douée pour écrire et encore moins pour lire de gros livres, mais elle est tenace et téméraire ! Et surtout, elle est prête à tout pour séduire Kévin. Le personnage de Kévin est assez transparent, je trouve. Le gentil garçon propre sur lui, un peu intello sur les bords. Rien de bien transcendant. Par contre, j’ai bien apprécié le personnage de Pauline Turk qui, il est vrai, est une peau de vache, mais l’est avec panache ! Elle sait écrire, elle au moins et même quand elle parle, elle le fait avec un ton si snob que c’en est presque ridicule ! Et c’est d’ailleurs ce qui est bien. Un coup de chapeau aussi à Aline Bureau, l’illustratrice, qui a su donner vie aux différents personnages. Je vous invite à lire cet ouvrage, certes, plus adapté aux 6ème-5ème, mais bien tout de même. Moi, j’ai bien rigolé en tout cas.
Extrait : « _Tu as vu ? L’atelier d’écriture sera animé par un écrivain super ! C’est l’auteur de Massacre dans les choux-fleurs, tu sais, le polar génial que je t’ai prêté la semaine dernière.
_Quelle affreuse malchance ! a répondu cette hypocrite de Pauline, qui parle comme si elle avait avalé trois dictionnaires et deux manuels de grammaire. Je crains d’être absente pendant la première semaine des vacances. Je vais mourir d’ennui et d’inanition dans la chaumière de ma grand-mère à Perros-Guirec. J’aurais tant amié t’inviter, Kévin, mais tu connais l’esprit rétrograde des grands-mères…
_Moi, je vais m’inscrire à cet atelier ! J’apporterai le roman que j’ai commencé à écrire. Et l’écrivain va m’aider à le mettre en forme pour être publié. ça va être giga !
_Si je téléphonais à ma grand-mère, peut-être que…
Mais Kévin n’écoutait plus Pauline.Déjà, il devait penser au prix littéraire qu’il allait récolter. En deux enjambées, il a disparu et Pauline Turk est restée là à fixer le panneau d’affichage derrière ses grosses lunettes. Bien fait pour elle !
Je me suis approchée, mine de rien. Pauline m’a adressé un sourire de travers :
_Dis donc, Jessica Radis, tu n’aurais pas un bout de chocolat pour une affamée de basses nourritures terrestres ?
_Non, ma vieille. Et tu ferais mieux de penser à ton régime plutôt qu’à te goinfrer.
_Jessica Radis Noir est dans ses bons jours, à ce que je vois. Elle a dû encore faire des étincelles en classe. Vite, mes lunettes de soleil : son intelligence m’éblouit !
_Je ne me suis jamais sentie aussi bien ma vieille. Et d’abord, je t’interdis de m’appeler comme ça.
_ Tu t’appelles bien Jessica Radis, non ? Moi, j’aime bien ajouter une couleur en fonction de l’état d’esprit du personnage.
_D’accord, Pauline Trucmuche. Quand tu auras dépassé cent dix kilos, tu me feras signe.
Pauline s’est détournée et a scruté le panneau. J’ai décidé d’être encore plus vache :
_Pas de chance pour l’atelier d’écriture, ma vieille. Mais tu vas t’éclater chez ta grand-mère à Perros-Guirec ! N’oublie pas ton jeu de petits chevaux.
_Jessica Radis Rouge écoute les conversations des autres, à ce que je vois ?
_Je me trouvais là par hasard, mademoiselle Pauline Tête de Turc. Tu aurais dû voir ta tête ! Tu faisais pitié, pauvre petite chérie.
_C’est toi devrais t’inscrire à cet atelier. Tu ne sais même pas faire la différence entre Balzac et un annuaire téléphonique ! Mais ton cas est désespéré. En découvrant tes lacunes, n’importe quel écrivain se suicide dans l’heure qui suit.
La sonnerie a retenti. Déjà, j’entendais les vociférations de ma classe qui grimpait les escaliers. J’ai tourné le dos à Pauline. J’ai attrapé mon cartable et j’ai filé. Elle m’avait traitée de nulle ? Eh bien ! Elle allait voir ! »