J’ai lu : Alice, de David Moitet

13 10 2020

Alice

David Moitet

Résumé : Samantha O’Donnel a un problème. Son ami Arnaud — en fait, son seul et unique ami — a changé d’école. Il a intégré le prestigieux institut Alice, qui recrute les meilleurs élèves, les surdoués. Samantha, surdouée elle aussi, a été très heureuse pour Arnaud, mais sa joie a été de courte durée : depuis qu’il a intégré l’institut, Arnaud ne lui donne plus signe de vie. il reste sourd à tous les messages qu’elle lui envie. Pour Sam, il y a forcément un problème… Elle décide à son tour d’intégrer cet institut pour savoir ce qui s’y passe. Elle est loin d’imaginer tout ce qu’elle va découvrir !

Mon avis : Un petit roman de SF assez sympa, quoique assez prévisible sur la fin. L’histoire est tout de même prenante. Toutefois, je suis restée sur ma fin. J’ai trouvé que l’idée de départ était très intéressante, mais pas assez fouillée. Tout va très vite et en deux temps trois mouvements, tout est plié. Le dénouement est trop vite expédié et c’est dommage. Ce qui m’ aussi un peu dérangée, c’est que les personnages, qui sont des ados, réussissent là où des adultes, experts dans leur domaine, ont lamentablement échoué. je veux bien qu’ils soient surdoués, mais tout de même, je n’ai pas trouvé ça très crédible. N’empêche que l’histoire reste sympathique.

Extrait : « Ma messagerie est ouverte sur un mail que j’ai envoyé à Arnaud. Le premier d’une longue série restée sans réponse. C’était la veille dans on entrée dans sa nouvelle école, l’institut Alice, un établissement pour surdoués, sans aucune limite d’âge, spécialisé dans l’informatique de pointe et le codage d’algorithmes complexes. Pour y être admis, une seule solution : passer leur test et obtenir cent pour cent de bonnes réponses. Arnaud avait réussi. j’étais si heureuse pour lui… J’étais alors loin d’imaginer que notre amitié n’y survivrait pas. Ma sœur émerge enfin de la salle de bains.Le reste de sa chevelure est lissé. J’en déduis qu’il est l’heure de partir.

_Te bile pas Samantha, dit-elle pour me réconforter. Y a des tas de garçons qui seront à tes pieds, quand tu décideras de mettre un peu d’ordre dans cette tignasse et quand tu accepteras de troquer tes pulls informes contre un petit top bien classe.

Encore une fois, je préfère me taire. Comment lui dire que ma relation avec >Arnaud est différente de ce qu’elle peut connaître avec ses mecs ? Que nous avons tellement parlé que je le connais mieux que personne ? Que son silence est tout sauf normal ? et qu’il est vital que je comprenne pourquoi il ne me répond pas…« 




J’ai lu : Le mystère Malala, de Stéphane Daniel

21 03 2019

Le mystère Malala

Stéphane Daniel

Résumé : Les mousquetaires de Belleville, une bande de collégiens, se retrouvent confrontés à un problème. Joseph, surnommé Bouboule est dans la lune. Oui, il est amoureux. il passe son temps à guetter une jeune fille dans le parc. Loin de l’embêter sur le sujet, ses amis Diembi, Miki, Hakim et Lisa remarquent surtout que le jeune fille en question a un drôle de comportement : elle garde toujours les yeux baissés, elle ne parle à personne, elle a l’air apeurée. Et pourquoi ne va-t-elle pas à l’école, alors qu’elle à peu près leur âge ? Les mousquetaires de Belleville ont décidé d’éclaircir ce mystère et de rendre le sourire à leur ami Bouboule. Quel secret vont-ils découvrir ?

Mon avis : Un très beau petit roman qui aborde le thème de l’esclavage moderne. Les collégiens se rendent bien compte que la jeune fille dont Bouboule est amoureux a un problème. Ils mettent tout en œuvre pour trouver ce qu’elle cache et essayent de l’aider. Une histoire fluide et bien écrite qui mérite d’être lue.

Extrait : « Bouboule s’engouffra une barre de Mars et la mastiqua sans plaisir. il suivait d’un œil morne la partie de ping-pong que disputaient Hakim et Miki, rythmée par le crissement de leurs semelles sur le lino et leurs ahans de bûcheron. La maison de quartier les abritait en ce mercredi pluvieux. Le regard de Bouboule s’enfuit par la fenêtre et alla se planter dans le gris d’un nuage chargé de nouvelles averses. il ne la verrait pas aujourd’hui. Elle ne promenait l’enfant qu’en fin d’après-midi, lorsque la météo le permettait. Avec la flotte du jour, c’était cuit.

Depuis l’épisode du jardin, la veille, il se sentait mieux. Les copains connaissaient son secret sans qu’il ait besoin de le leur confier. Il pouvait passer du temps avec eux sans risquer de se faire chambrer à tout bout de champ.

_Prends ça dans ton score, pourri !

Hakim venait de réussir un smash et il avait le triomphe discret… Bouboule sourit et tenta de suivre la partie, mais ses pensées prirent un autre chemin.

Cette fille, il l’avait croisée pour la première fois rue Jouye-Rouve deux semaines plus tôt. Ils avaient eu un échange regards, une seconde, une seconde seulement, mais assez longtemps pour qu’il sente son cœur se court-circuiter, comme si elle avait dénudé les fils de ses artères. Cette rencontre avait eu un effet désastreux car depuis, pour la première fois de sa vie, il se voyait comme un gnocchi géant, emprisonné dans un autre Bouboule, trop gros, prenant trop de place. mais elle ne quittait pas son esprit. Aussi parce qu’il y avait quelque chose dans son visage, son attitude qui le tourmentait. il devait découvrir ce que c’était. Ou simplement s’inventer une autre raison pour s’approcher d’elle. »




J’ai lu : Le Mystère Jessica, de Michel Amelin

16 11 2018

Le Mystère Jessica

Michel Amelin

Résumé : Quel destin peut-on bien avoir quand on s’appelle Jessica Radis, qu’on est folle amoureuse de Kévin Coste qui aime la lecture et rêve de devenir un grand écrivain ? Il ne peut être que rocambolesque ! Jessica s’est mise dans une drôle de situation. Kévin, passionné de littérature, s’est inscrit à l’atelier d’écriture proposé par la Maison des Jeunes, pendant les vacances de Pâques, et qui sera animé par l’écrivain Axel Michelin, auteur de romans policiers. Qu’à cela ne tienne, Jessica fait comme lui, heureuse de pouvoir rester à ses côtés. Problème : elle est nulle en littérature et son orthographe laisse grandement à désirer. En plus, Pauline Turk, la meilleure amie moche de Kévin s’est inscrite aussi ! Mais, le pire reste à venir ! Le jour de l’atelier, Jessica se retrouve seule avec Axel Michelin. Kévin est malade et Pauline, qui n’avait pas reçu l’autorisation de sa mère pour s’inscrire, a été expédiée chez sa grand-mère ! Jessica est morte de peur, d’autant plus que le fameux Axel Michelin est un drôle de numéro. Il veut à tout prix qu’elle participe aux concours de nouvelles policières de Saint-Nazaire ! Pour la convaincre, il la lance dans une enquête littéraire sur la mystérieuse Jessica White-Jones, l’auteure de Pour l’amour d’une enfant, que Jessica a lu… ou plutôt fait semblant de lire, parce que l’auteure porte le même prénom qu’elle et pour tenter d’épater Kévin

Mon avis : J’ai pris plaisir à lire cette petite histoire. L’héroïne est rafraîchissante et drôle. Par amour, elle se laisse entraîner dans une drôle d’histoire littéraire. Axel Michelin lui raconte la vie de Jessica White-Jones, une vie haute en couleur et passionnante, digne des Misérables de Victor Hugo ! Mais en faisant quelques recherches, Jessica se rend compte qu’Axel ne lui a raconté que des bobards ! C’était sans doute le meilleur moyen de la faire plonger dans la littérature. Et ça a marché. Jessica n’est peut-être pas douée pour écrire et encore moins pour lire de gros livres, mais elle est tenace et téméraire ! Et surtout, elle est prête à tout pour séduire Kévin. Le personnage de Kévin est assez transparent, je trouve. Le gentil garçon propre sur lui, un peu intello sur les bords. Rien de bien transcendant. Par contre, j’ai bien apprécié le personnage de Pauline Turk qui, il est vrai, est une peau de vache, mais l’est avec panache ! Elle sait écrire, elle au moins et même quand elle parle, elle le fait avec un ton si snob que c’en est presque ridicule ! Et c’est d’ailleurs ce qui est bien. Un coup de chapeau aussi à Aline Bureau, l’illustratrice, qui a su donner vie aux différents personnages. Je vous invite à lire cet ouvrage, certes, plus adapté aux 6ème-5ème, mais bien tout de même. Moi, j’ai bien rigolé en tout cas.

Extrait : « _Tu as vu ? L’atelier d’écriture sera animé par un écrivain super ! C’est l’auteur de Massacre dans les choux-fleurs, tu sais, le polar génial que je t’ai prêté la semaine dernière.

_Quelle affreuse malchance ! a répondu cette hypocrite de Pauline, qui parle comme si elle avait avalé trois dictionnaires et deux manuels de grammaire. Je crains d’être absente pendant la première semaine des vacances. Je vais mourir d’ennui et d’inanition dans la chaumière de ma grand-mère à Perros-Guirec. J’aurais tant amié t’inviter, Kévin, mais tu connais l’esprit rétrograde des grands-mères…

_Moi, je vais m’inscrire à cet atelier ! J’apporterai le roman que j’ai commencé à écrire. Et l’écrivain va m’aider à le mettre en forme pour être publié. ça va être giga !

_Si je téléphonais à ma grand-mère, peut-être que…

Mais Kévin n’écoutait plus Pauline.Déjà, il devait penser au prix littéraire qu’il allait récolter. En deux enjambées, il a disparu et Pauline Turk est restée là à fixer le panneau d’affichage derrière ses grosses lunettes. Bien fait pour elle !

Je me suis approchée, mine de rien. Pauline m’a adressé un sourire de travers :

_Dis donc, Jessica Radis, tu n’aurais pas un bout de chocolat pour une affamée de basses nourritures terrestres ?

_Non, ma vieille. Et tu ferais mieux de penser à ton régime plutôt qu’à te goinfrer.

_Jessica Radis Noir est dans ses bons jours, à ce que je vois. Elle a dû encore faire des étincelles en classe. Vite, mes lunettes de soleil : son intelligence m’éblouit !

_Je ne me suis jamais sentie aussi bien ma vieille. Et d’abord, je t’interdis de m’appeler comme ça.

_ Tu t’appelles bien Jessica Radis, non ? Moi, j’aime bien ajouter une couleur en fonction de l’état d’esprit du personnage.

_D’accord, Pauline Trucmuche. Quand tu auras dépassé cent dix kilos, tu me feras signe.

Pauline s’est détournée et a scruté le panneau. J’ai décidé d’être encore plus vache :

_Pas de chance pour l’atelier d’écriture, ma vieille. Mais tu vas t’éclater chez ta grand-mère à Perros-Guirec ! N’oublie pas ton jeu de petits chevaux.

_Jessica Radis Rouge écoute les conversations des autres, à ce que je vois ?

_Je me trouvais là par hasard, mademoiselle Pauline Tête de Turc. Tu aurais dû voir ta tête ! Tu faisais pitié, pauvre petite chérie.

_C’est toi devrais t’inscrire à cet atelier. Tu ne sais même pas faire la différence entre Balzac et un annuaire téléphonique ! Mais ton cas est désespéré. En découvrant tes lacunes, n’importe quel écrivain se suicide dans l’heure qui suit.

La sonnerie a retenti. Déjà, j’entendais les vociférations de ma classe qui grimpait les escaliers. J’ai tourné le dos à Pauline. J’ai attrapé mon cartable et j’ai filé. Elle m’avait traitée de nulle ? Eh bien ! Elle allait voir ! »

 

 




J’ai lu : Felicidad, de Jean Molla

1 11 2018

Felicidad

Jean Molla

Résumé : La ville de Felicidad, dans la Grande Europe, se veut le prototype de la ville parfaite. Le Bonheur y est obligatoire. Il y a même un Ministre du bonheur ! Le gouvernement fait tout pour que la perfection soit le maître mot du peuple. L’immense groupe Génégène a fabriqué des parumains, des androïdes destinés à servir les humains. Ils ont quasiment toutes les caractéristiques humaines, mais ils sont génétiquement modifiés pour ne pas se rebeller. Mais, ne voila-t-il pas qu’un groupe de parumains, les Delta 5, montre des signes de rébellion. Ils sont même accusés d’avoir tués, Julien Choelcher, le généticien génial qui les a créés. Quand on découvre que Claude Buisson, le ministre du Bonheur obligatoire, a lui aussi été assassiné, rien ne va plus. La Sécurité intérieure fait donc appel à Alexis Decked, un flic de renom, et le charge de retrouver ces parumains défectueux, afin qu’ils soient éliminés. Mais cette enquête, qui ne devait être qu’une simple quête, se révélera être la source de révélations qui auraient mieux valu de rester dans l’ombre…

Mon avis : Je ne suis en général pas fan de la SF, mais là, c’est un roman à lire. L’histoire est prenante, l’auteur écrit bien, même si le thème des androïdes a déjà été battu et rebattu ! J’ai beaucoup aimé le personnage de Decked et j’ai aussi apprécié que les personnages principaux soient des adultes, pour une fois ! Decked est un bon petit soldat. Il a été mandaté pour retrouver des parumains et il fait ce qu’on lui demande de faire. Et malgré toutes les questions qu’il se pose, malgré Majhina, la parumaine dont il est fou amoureux. Il se plie aux ordres. Jusqu’où ira-t-il et surtout, quelles vérités mettra-t-il à jour ? Je vous laisse le découvrir. Vraiment, je vous invite vivement à lire cet ouvrage qui pose des questions existentielles. Qui sait, vu à quelle vitesse évolue le monde aujourd’hui, peut-être serons-nous un jour amenés à nous poser les mêmes.

Extrait : « A ce jour, personne n’aurait pu s’en passer, même si certains économistes avaient pointés les effets pervers induits par l’arrivée des parumains sur le marché de l’emploi : baisse généralisée des salaires les plus faibles, augmentation du chômage dans les milieux modestes, fragilisation de certaines catégories socioprofessionnelles. Les analystes évoluant des les hauts sphères gouvernementales préféraient souligner que les parumains avaient permis de fermer définitivement les frontières de la Grande Europe aux candidats à l’immigration tout en compensant le déficit démographique lié à une dénatalité préoccupante.

Alexis soupira. Ces arguments étaient-ils moralement défendables ? Il n’en savait rien. Ce n’était pas à lui de changer la société. Elle fonctionnait très bien en l’état. Il en était un des rouages, les parumains un autre.

Majhina revint vers sa table et posa devant lui une cafetière fumante, une tasse et un panier rempli de croissants.

_Je t’ai dit que je n’ai pas faim ! protesta Decked.

La parumaine lui adressa un sourire désarmant.

_Je sais, mais j’ai été créée pour faire le bien. Et le bien, c’est que tu t’alimentes correctement avant de tomber d’inanition. (…)

_Dis-moi, est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’avoir envie de renverser un verre sur la tête d’un client particulièrement goujat ?

_Souvent, admit Majhina.

_ Et pourquoi ne l’as-tu jamais fait ?

D’un geste tendre, la parumaine effleura la joue de Decked.

_Parce que je ne le peux pas, Alexis. Un biocontrôle m’en empêche. Je te l’ai dit, j’ai été créée pour faire le bien et soulager ton portefeuille.

_Et le bien, c’est d’accepter n’importe quoi d’un humain ?

_Selon mes concepteurs, oui.

_Et selon toi ?

Elle éclata de rire.

_Il n’y a pas de « selon moi ». C’est mon plus gros défaut. Ou ma plus grande qualité peut-être. A toi de cocher la bonne case ! »




J’ai lu : Traces, de Florence Hinckel

12 10 2018

Traces

Florence Hinckel

Résumé : Thomas Codislo, 13 ans, vit un véritable cauchemar. Le nouveau logiciel de détection des crimes, Traces, a prédit qu’il commettrait un meurtre, le 13 août, à 15 heures. Thomas tombe des nues, quand la police vient l’interpeller chez lui, devant tout le monde. Heureusement, il peut s’enfuir. Sa cavale commence alors. Entre les détracteurs de Traces qui croient en l’innocence du jeune garçon et le Préfet de police qui ne veut pas perdre la face, Thomas aura fort à faire pour prouver son innocence. Y parviendra-t-il ?

Mon avis : Pour ceux qui ont vu le film Minority Report, ils ne seront pas du tout impressionnés par ce roman. C’est exactement le même principe. Un système prédit les délits avant qu’ils ne se produise et ce, pour faire diminuer la criminalité. Un personnage accusé à tort est traqué à travers toute la ville (connectée de partout, bien évidemment, sinon ce n’est pas drôle) et doit prouver son innocence. Voilà. Du coup, rien d’original. Néanmoins, l’histoire est prenante, le suspense, bien présent. L’auteure fait référence à des organismes français bien connus (CNIL, Médiapart, Anonymous…) et donne un caractère réel à sa fiction. Alors franchement, cet ouvrage ne changera sans doute pas votre vie, mais vous ne vous ennuierez pas en le lisant.

Extrait : « C’est alors qu’une agitation inhabituelle se manifeste dans la cage d’escalier. Est-ce encore le couple du troisième étage qui se dispute ? Lorsque cela arrive, ma mère entrouvre la porte de l’appartement, tout en chuchotant :

_Si ça dégénère, je cours protéger le petit Léo.

Léo est le fils de ces voisins agités. Il a quatre ans, une bouille d’ange, un sourire à tomber raide… sauf quand il pleure, bien sûr, la plupart du temps à cause de ces disputes parentales.

Ma mère est au boulot et je suis seul dans l’appartement. C’est mon devoir de m’assurer que Léo va bien. Mais il ne s’agit pas du tout des parents de Léo. J’entends d’autres voix inconnues, sèches et autoritaires. Puis celle de monsieur Foch, le voisin du premier, le type le plus râleur et le plus avide des commérages de la cité, qui leur répond :

_Thomas Codislo ? Oui, il habite au deuxième. Il a fait une connerie ? Les jeunes, de nos jours, tous des délinquants ! Oui, par là, porte 203.

Mon sang se glace dans mes veines. Thomas Codislo, c’est moi ! Et… des flics me recherchent ? POURQUOI ? Je fouille dans mes souvenirs récents. Avec les copains, quand on s’ennuie dans la cité, il arrive qu’on fasse une bêtise ou deux… mais jamais rien de très grave. Rien qui nécessite qu’on vienne me cueillir chez moi comme ça. Peut-être que c’est juste pour que je témoigne à cause d’un pote qui aurait dérapé ? Si ça se trouve, c’est Steven. Je dois toujours lui conseiller de s’arrête avant qu’il n’aille trop loin. Il se croit parfois dans un jeu sur son ordinateur, où les limites de la vraie vie sont repoussées, parfois même abolies. Pas le temps de réfléchir davantage : les flics reprennent leur ascension dans l’escalier, et monsieur Foch leur crie :

_ Il a fait quoi comme connerie ?

Une demi-seconde de silence, puis une voix grave et sans émotion lui répond :

_Rentrez chez vous, monsieur… Votre jeune voisin va commettre un meurtre. Nous sommes là pour l’en empêcher. »




J’ai lu : Le miniaturiste, de Virginie Lou

5 12 2016

Le miniaturiste

Virginie Lou

MiniaturisteRésumé : Lei Chang, un miniaturiste chinois, ouvre sa petite boutique, rue Ambrosen, à Londres. Ses miniatures sont tellement bien réalisées, qu’elles paraissent vivantes. Alicia, bien qu’elle n’aime pas les miniatures, accepte d’accompagner Edmund, son meilleur ami, dans la boutique de Lei Chang. Edmund, dont Alicia est secrètement amoureuse, est passionné par ce que fait Lei Chang et jette son dévolu sur un modèle d’avion particulier, un Phantom. Il ne parle que de ça, et selon Alicia, cela vire à l’obsession. Mais, elle tient à Edmund et à son regard si particulier, alors, elle ne lui en parle pas. Alicia ne sait pas vraiment quoi penser de Lei Chang, qui derrière une amabilité sans borne, semble cacher une violence inassouvie. Edmund réussit à acquérir son Phantom et le montre à ses camarades de classe, émerveillés. Du coup, tout le monde se bouscule dans la boutique du miniaturiste. Alicia sent bien qu’il y a quelque chose qui cloche : Edmund a changé, son regard a changé. Et il en est de même pour Lil, la plus jolie fille de l’école, qui est tellement prête à tout pour obtenir une miniature, qu’elle pourrait peut-être vendre son âme.  Un jour qu’elle passe à la boutique, Alicia est interloquée : l’une des miniatures de Lei Chang a exactement le même sourire que celui de Lil. Elle commence à se poser des questions. Quand elle voit le vieil homme couper les ongles de ses miniatures et les traiter comme si elles étaient vivantes, elle se pose des questions et décide de mener son enquête.

Mon avis : Il est vrai que quand j’ai pris ce livre, je m’attendais à plus d’action. Mais je n’ai pas été déçue pour autant. L’auteure a su insuffler une ambiance angoissante à son roman. Le cadre même de l’histoire a de quoi faire peur. Nous sommes à Londres, mais dans un Londres brumeux, rempli par un épais brouillard. Quant aux personnages, ils ne sont pas en reste. Commençons avec le mystérieux Lei Chang, ce vieil homme si affable. Personnellement, il me mettait assez mal à l’aise. L’auteur le dépeint comme quelqu’un qui rebute, mais qui fascine à la fois. On le voit bien avec Alicia, qui sent bien que cet homme est malfaisant, mais qui cherche tout de même son approbation et son affection. L’auteure a aussi bien montré l’évolution des personnages : Edmund, auparavant si affectueux avec Alicia, devient petit à petit distant et froid. Son regard métallique si caractéristique perd subitement de son charme. Et Lil, qui était si jolie, qui charmait tout le monde d’un simple sourire, a subitement perdu sa joie de vivre. On se doute de quelque chose, mais on n’arrive pas tout à fait à mettre le doigt dessus. Vraiment, je vous conseille de lire ce roman qui ne m’a pas laissée indifférente.




J’ai lu : La bague aux trois hermines, d’Evelyne Brisou-Pellen

16 11 2016

La bague aux trois hermines

Evelyne Brisou-Pellen

Résumé : Le comte Orderic souhaite marier sa fille, la très jolie Isabelle, a un seigneur qu’il aura lui-même choisi. Pour ce faire, il a invité tous les prétendants dans son château, afin de faire le meilleur choix possible, pour sa fille, mais aussi pour lui-même. Mais c’est sans compter sur la jeune servante d’Isabelle, Alix, qui ne veut pas de n’importe qui pour sa maîtresse ! Du coup, elle fait le tour des prétendants, fouine et interroge tout le monde, dans le but de choisir celui qu’il faut. Le compte Orderic a porté son choix sur le duc Jean, mais Alix, elle, préfère le chevalier Etienne de Peyrac, qui a l’avantage d’être jeune et agréable à regarder ! Mais, quand le duc Jean est retrouvé mort et que tous les soupçons se portent sur Etienne, Alix ne sait plus que penser ! Est-il vraiment le preux chevalier qu’il prétend être ? Elle doit à tout prix démêler le faux du vrai et résoudre ce mystère.

Mon avis : Franchement, je suis assez déçue de ce roman. J’aime pourtant beaucoup Evelyne Brisou-Pellen, mais là, je dois avouer que je n’ai pas vraiment adhéré à cette histoire. Ce n’est pas tant le récit qui me dérange, car il est très bien ficelé et l’intrigue est très prenante. Pour moi, le problème, c’est Alix, le personnage principal : selon l’histoire, elle est âgée de dix ans, mais elle parle, agit, réfléchit et fait des déductions comme quelqu’un de beaucoup plus âgé ! Ce n’est pas du tout crédible ! Alors qu’elle n’est qu’une servante, tout le monde lui passe tous ses caprices et même le maître des lieux, le comte Orderic, la laisse lui dicter la conduite à adopter. Franchement, si elle avait été âgée de seize ans, ce serait passé, mais là, non, je n’adhère pas. C’est vraiment dommage. bague aux trois hermines

Extrait : « Alix secoua sa crinière longue et frisée :

_Je vous connais bien, dit-elle, vous parlez de mes cheveux pour éviter de parler de votre mariage.

Isabelle poussa un soupir.

_J’essaie de ne pas trop y penser. C’est à mon père de décider, et mon père a beaucoup d’affection pour moi : je peux compter sur lui pour faire le meilleur choix.

_Un vieux père n’a pas forcément les mêmes goûts qu’une jeune fille de dix-huit ans, grogna Alix. Moi, parmi les prétendants qui sont arrivés aujourd’hui, je n’en choisirais aucun.

Isabelle tira rêveusement sur les cheveux embrouillés.

_Tu n’as que dix ans, tu ne comprends pas tous les problèmes.

_Ce que je comprends, c’est que votre père vous enferme ici pour pouvoir choisir tranquillement votre époux. Si votre mère avait vécu…

_Non Alix, tu exagères. Je suis sa fille unique, et il m’aime plus que tout. S’il me demande de m’enfermer dans ma chambre tant que les prétendants seront au château, c’est pour m’éviter des déceptions : puisque je ne verrai aucun des époux possibles, je n’aurai pas de regret lorsqu’on me présentera celui qui a été choisi !

_Je vous trouve beaucoup trop résignée. Ah non, alors ! Moi je ne supporterais pas une chose pareille. Quand j’en aurai l’âge, je choisirai seule mon mari !

Isabelle eut un pauvre sourire :

_Moi aussi, j’en rêvais, jusqu’à ce que je me rende compte que je suis l’héritière d’une grande fortune, de terres importantes… »




J’ai lu : L’assassin est au collège, de Marie-Aude Murail

20 05 2016

L’assassin est au collège

Marie-Aude Murail

Résumé : Il se passe des choses étranges au collège de Saint-Prix. Le principal, M. Agnelle reçoit d’étranges lettres anonymes, les copies du professeur d’histoire-géographie ont été volées et barbouillées de sang, une élève de 6ème raconte dans une rédaction qu’elle se fait toujours assassiner et quelques jours plus tard, elle se défenestre… Mais que se passe-t-il réellement dans cet établissement. Afin d’éclaircir ce mystère, l’inspecteur Berthier fait appel à Nils Hazard, étruscologue et Catherine Roque, sa charmante secrétaire. Nils remplacera le professeur d’histoire-géographie, en pleine dépression nerveuse. Malheureusement pour lui, il déteste les élèves. Mais ce n’est pas le pire : il risque sa vie, plus qu’il ne pourrait le croire…l'assassin est au collège

Mon avis : Franchement, je ne m’attendais pas du tout à ce genre d’histoire. J’avais imaginé, un peu naïvement peut-être, que l’enquête aurait été menée par des élèves. Pas du tout, les élèves ne tiennent pas de place particulière dans le roman, à part peut-être le rôle de chahuteurs. Toutefois, j’ai beaucoup apprécié le personnage de Nils Hazard, cet homme fasciné par les étrusques, maladroit, sarcastique et amoureux de sa belle secrétaire. Le tandem qu’il forme avec Catherine est détonnant. N’empêche que je suis tout de même restée sur ma fin. L’histoire était un peu précipitée par moments et la fin, prévisible.

Extrait : « Quelques ricanements me rappelèrent à moi. C’était les 4es1. Cherchant d’un regard en biais le défaut dans ma cuirasse, ils étaient déjà en train de m’inventer un surnom grotesque.

_La porte est fermée, claironna un rouquin.

J’avais la clef de la salle 401 qui devait être ma salle principale. Les élèves s’écartèrent sur mon passage. J’avançai la clef vers la serrure. Un gloussement m’avertit que j’allais me rendre ridicule. Je palpai mon blouson et je sortis de la poche intérieure le coupe-papier effilé de Catherine. Grâce à lui, je pus faire tomber de la serrure le plâtras qui l’obstruait. Je regardai le rouquin :

_15-0.

Et je tournai la clef. Je m’imaginais un peu vite les avoir impressionnés.

_Où en êtes-vous dans le programme de géographie ? demandai-je à une jeune fille du premier rang.

Elle était très brune de teint et de cheveux. J’appris par la suite qu’elle était iranienne et qu’elle s’appelait Naéma.

Elle baissa les yeux en marmonnant :

_Je ne sais pas.

La consigne avait été donnée : aucun contact avec l’ennemi. Les bons élèves, dont elle était, s’y pliaient par crainte de se faire traiter de lèche-bottes. 

_Eh bien, nous allons étudier la démographie des pays d’Europe de l’Ouest, dis-je en soupirant malgré moi. (…)

_Vous ne prenez jamais de notes ? demandai-je à Naéma.

_On ne sait pas.

_Alors vous allez copier sous ma dictée, dis-je, m’étranglant de fureur.

La classe s’ébroua au son de « T’as un stylo ? T’as une copie ? File-moi une cartouche ! » Cinq minutes plus tard, je dictai mon cours, me retournant parfois vers le tableau pour y inscrire des chiffres. Dans mon dos, j’entendis soudain un « banzaï ! » nettement claironné puis les néons s’éteignirent et quelques filles poussèrent un cri aigu.

_Y a plus de lumière, m’sieu !

_Merci. Je m’en suis rendu compte.

Je terminai mon cours dans le noir et au milieu du brouhaha. La haine, comme un fer chaud, me brûlait la nuque.

J’avais envie d’attraper un élève, n’importe lequel et d’aller lui cogner la tête contre celle de Sampan. La sonnerie vint me délivrer. Sans un regard, sans un salut, les 4es1 se ruèrent vers la sortie. Jules passant devant moi lança à la cantonnade :

_15-30 ! » 




J’ai lu : L’espionne du Roi-Soleil, d’Annie Pietri

18 04 2016

L’espionne du Roi-Soleil

Annie Pietri

Résumé : La marquise Catherine de Maison-Dieu se trouve dans une situation fort inconfortable : son mari est mort à la guerre et la laisse seule avec trois enfants (Alix et Clémence, deux jumelles et Louis-Etienne leur cadet). Les affaires de la famille sont confiées au frère du défunt, le baron Henri-Jules de Grenois. Ce dernier, être infâme, ne rêve que d’une chose : faire main-basse sur le patrimoine de la famille en épousant la marquise, qu’il poursuit des ses assiduités, et se débarrasser de l’héritier, Louis-Etienne. Il ne reculera devant rien pour cela. C’est sans compter sur Alix, intrépide cavalière, qui veut à tout prix sauver son frère et protéger sa famille. Elle décide donc d’en référer directement au Roi Louis XIV. Cette initiative la plongera au cœur des intrigues royales, semées de vol, de trahison et chasse aux sorcières…

Mon avis : Publié en 2002, ce roman est un prélude aux des Roses de Trianon. Les deux héroïnes se ressemblent parfaitement : elles sont toutes les deux de bonnes cavalières, elles pratiquent toutes les deux l’escrime, elles s’habillent toutes les deux en hommes et elles sont toutes les deux en mission secrète pour des personnages de la cour royale. Donc si vous avez aimé les aventures de Roselys (Les Roses de Trianon, d’Annie Jay), vous aimerez celles d’Alix. L’histoire est bien écrite et palpitante. Un bon petit moment de lecture.

Extrait :  « _Il suffit ! Vous m’insultez, et vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas !

_C’est un compliment que je vous retournerais volontiers ! Voilà maintenant deux ans que vous me persécutez et que vous vous occupez de mes affaires contre ma volonté !

Comme s’il venait de prendre conscience qu’il n’obtiendrait jamais rien d’une femme aussi déterminée, le baron arracha furieusement sa perruque et la jeta par terre en hurlant :

_Vous m’épouserez, Madame, ou je vous briserai ! Vous et toute votre famille ! J’irai trouver le Roi s’il le faut !

Dans le couloir de service, Alix, horrifiée, eut beaucoup de mal à retenir un cri. 

_De plus, continua-t-il, suffoquant de rage, à partir d’aujourd’hui, je ne signerai plus aucune facture pour payer vos entrepreneurs ! Puisque vous dîtes à qui veut l’entendre que le marquis a su épargner votre dot, vous n’aurez qu’à utiliser cette manne providentielle pour achever l’aménagement de votre nouvelle demeure !

La marquise, immobile, ne semblait plus l’entendre. Comme hypnotisée, elle fixait avec dégoût le crâne du baron, où un rare duvet gris collait à la peau moite, marbrée de veinules et tachées de plaques brunes.

Puis, très calmement, elle poussa du pied la touffe de boucles jaunâtres qui s’étalait sur le sol :

_Remettez vos cheveux, monsieur, vous êtes ridicule !

Vexé et ivre de colère, Henri-Jules récupéra sa perruque. Avant qu’il n’eût le temps de dire un seul mot, sa belle-sœur, qui avait recouvré ses esprits, lui désigna la porte d’un geste autoritaire et siffla entre ses dents serrées :

_Et sortez de chez moi !«  Lespionne-du-Roi-Soleil




J’ai lu : Les Roses de Trianon : Roselys, justicière de l’ombre, d’Annie Jay

23 02 2016

Les Roses de Trianon : Roselys, justicière de l’ombre

Annie Jay

Résumé : L’histoire se déroule en 1780, en France. Alors que la condition féminine réduit les femmes au mariage et à l’enfantement, Roselys d’Angemont est un vrai garçon manqué. Au contraire des autres jeunes filles de son âge qui sont éduquées au couvent, elle fait de l’équitation et pratique avec agilité l’art de l’escrime, au grand dam de sa mère et pour le plus grand plaisir de son père. Toutefois, il faut se conformer aux règles et faire de Roselys une femme accomplie et c’est Madame de Croisselle, la tante de la jeune fille qui s’en chargera. Roselys doit donc, à contre-cœur, quitter sa famille et sa campagne pour l’effervescence parisienne. Finis les vêtements d’homme, finies l’escrime et l’équitation ! Elle se retrouve face à sa tante, une femme stricte et acariâtre, qui ne permet aucune fantaisie ! Quant à sa cousine Aimée, fraîchement sortie du couvent, elle est extrêmement timide et réservée. heureusement qu’elle est sympathique. Roselys, si libre, est une vraie bouffée d’oxygène pour elle. Pourtant, quand Aimée est choisie par la reine Marie-Antoinette, éprise de théâtre, pour lui faire répéter son rôle, elle est si terrorisée que Roselys est contrainte de prendre sa place. C’est ainsi qu’au cœur de la cour royale, Roselys se retrouvera plongée en plein complot : qui est ce fameux Etienne de Valsens, à la fois mystérieux et charmeur ? Et Monsieur de Féron, le financier du Roi Louis XVI, est-il si honnête qu’il le prétend ? Quant à la société secrète Thémis, recherche-t-elle vraiment la justice ? Trop de questions pour que l’intrépide Roselys ne s’en mêle pas !

les-roses-de-trianon-tome-1-roselys-justiciere-de-l-ombreMon avis : J’avais déjà lu un extrait de cette histoire dans un numéro de Je bouquine et je l’avais beaucoup apprécié. Du coup, il fallait que je commande l’ouvrage pour le CDI, vous pensez bien ! J’ai énormément aimé cette histoire. le personnage de Roselys est à la fois intrépide, vif, intelligent et charmant. C’est une jeune fille qui refuse les règles de son temps et n’entend pas prendre mari contre son gré ! Où se trouve le mystère et les intrigues, se trouve aussi Roselys ! Mais, à être trop intrépide, elle se jette parfois dans la gueule du loup. Elle tire souvent des conclusions hâtives et juge ses semblables. Ainsi en est-il de l’insaisissable Etienne de Valsens ? Est-il vraiment l’homme volage et débauché qu’il prétend être ?