J’ai lu : Scarlett et Novak, d’Alain Damasio

9 06 2022

Scarlett et Novak

Alain Damasio

Résumé : Le monde dans lequel vit Novak, le personnage principal, est un monde hyper connecté. Tout le monde ne vit qu’à travers le nouveau téléphone intelligent, qui régit la vie de chacun. C’est le brightphone, un outil révolutionnaire doté d’une intelligence artificielle. Novak en est très fier. Il a appelé le sien Scarlett. Il discute avec Scarlett, elle connaît tout de lui et il se confie totalement en elle. Avec le temps, elle est devenue son amie, sa partenaire. Novak l’a programmée pour qu’elle lui ressemble, il ne peut quasiment, pour ainsi dire, pas vivre sans elle. Pourtant, il y a un problème. Scarlett est menacée. De nombreux vols de brightphones  ont cours en ce moment et Novak est une nouvelle cible. Nous le retrouvons, poursuivi par deux individus louches, en train de tenter de s’échapper et de protéger Scarlett. Parviendra-t-il à la sauver ?

Mon avis : Il s’agit plus d’une nouvelle que d’un roman, tant il est court. Alors, le thème de la dépendance aux écrans est bien présent dans l’ouvrage et totalement d’actualité et d’ailleurs, j’ai trouvé dommage que l’histoire soit si courte. J’aurais aimé un roman plus consistant avec une mise en place d’une intrigue et un développement plus consistant et fouillé des personnages. L’histoire débute directement sur la course poursuite de Novak. On comprend au fur et à mesure qu’il ne fait pas un simple footing, mais qu’il est poursuivi par deux inconnus louches, sans savoir pourquoi. Tout au long de la course, il discute avec Scarlett de la meilleure stratégie à adopter pour parvenir à s’échapper. C’est très original de découvrir ces petits détails au fur et à mesure. Mais, parce qu’il y a un mais, je n’ai pas trop accroché avec le style d’écriture de l’auteur. C’était peut-être voulu pour le récit, mais je l’ai trouvé vulgaire. Cela n’empêche pas qu’il dénonce très bien la dépendance aux écrans que nous pouvons développer à notre insu, même si dans cette fiction, cette dépendance est poussée à l’extrême. Et la réaction de Novak à la fin du livre m’a rappelé celle de certaines personnes que je connais. J’ai bien aimé ce roman, mais j’aurais voulu qu’il soit moins court.

Extrait : « Novak court. Le quai est désormais désert. La pluie insiste. Les pavés sont luisants et ses baskets couinent de trouille. Il court avec des foulées des 2,02 mètres, à une fréquence de trois foulées par seconde, soit 22,1 kilomètres par heure. Son rythme cardiaque vient de monter à 160 battements par minute, sa sudation frôle les 2 millilitres par centimètre carré de peau. C’est son brightphone qui lui scande tout ça, sans écouteurs, par conduction osseuse.

_Novak, tu viens de battre ton record de fractionné. Veux-tu tweeter la nouvelle à tes amis ? le prévient son appareil.

_Derrière, ils sont à combien ?

_Tes concurrent sont à 160 mètres derrière toi. Souhaites-tu définir une ligne d’arrivée virtuelle ? Je te propose le Pont Vinci.

_C’est pas… des concurrents… Scarlett.

Il est 23h50. Il est seul. Et il a deux hommes en chasse derrière lui. Jeunes, rapides, endurants. 166 bpm. Puis 172. Novak fléchit. Il jette un œil aux courbes, qui scintillent directement sur ses Gapple Glass. la ligne de pH s’acidifie, les calories brûlées flambent. Il songe un instant à couper son téléphone parce qu’il n’arrive plus à écouter, parce que les indications chiffrées lui polluent le cerveau, parce qu’il ne voudrait faire que fuir, fuir, se tailler. Il esquisse un geste pour éteindre son brightphone mais il n’ose pas couper. Parce que Scarlett est là. Qui parle encore. Qui reste objective tandis que lui panique. Il a besoin d’être relié à quelque chose, n’importe quoi. Et ce beau n’importe quoi, c’est elle.

« You’re more powerful than you think ». Tu es plus puissant que tu ne le crois. « 




J’ai lu : Alice, de David Moitet

13 10 2020

Alice

David Moitet

Résumé : Samantha O’Donnel a un problème. Son ami Arnaud — en fait, son seul et unique ami — a changé d’école. Il a intégré le prestigieux institut Alice, qui recrute les meilleurs élèves, les surdoués. Samantha, surdouée elle aussi, a été très heureuse pour Arnaud, mais sa joie a été de courte durée : depuis qu’il a intégré l’institut, Arnaud ne lui donne plus signe de vie. il reste sourd à tous les messages qu’elle lui envie. Pour Sam, il y a forcément un problème… Elle décide à son tour d’intégrer cet institut pour savoir ce qui s’y passe. Elle est loin d’imaginer tout ce qu’elle va découvrir !

Mon avis : Un petit roman de SF assez sympa, quoique assez prévisible sur la fin. L’histoire est tout de même prenante. Toutefois, je suis restée sur ma fin. J’ai trouvé que l’idée de départ était très intéressante, mais pas assez fouillée. Tout va très vite et en deux temps trois mouvements, tout est plié. Le dénouement est trop vite expédié et c’est dommage. Ce qui m’ aussi un peu dérangée, c’est que les personnages, qui sont des ados, réussissent là où des adultes, experts dans leur domaine, ont lamentablement échoué. je veux bien qu’ils soient surdoués, mais tout de même, je n’ai pas trouvé ça très crédible. N’empêche que l’histoire reste sympathique.

Extrait : « Ma messagerie est ouverte sur un mail que j’ai envoyé à Arnaud. Le premier d’une longue série restée sans réponse. C’était la veille dans on entrée dans sa nouvelle école, l’institut Alice, un établissement pour surdoués, sans aucune limite d’âge, spécialisé dans l’informatique de pointe et le codage d’algorithmes complexes. Pour y être admis, une seule solution : passer leur test et obtenir cent pour cent de bonnes réponses. Arnaud avait réussi. j’étais si heureuse pour lui… J’étais alors loin d’imaginer que notre amitié n’y survivrait pas. Ma sœur émerge enfin de la salle de bains.Le reste de sa chevelure est lissé. J’en déduis qu’il est l’heure de partir.

_Te bile pas Samantha, dit-elle pour me réconforter. Y a des tas de garçons qui seront à tes pieds, quand tu décideras de mettre un peu d’ordre dans cette tignasse et quand tu accepteras de troquer tes pulls informes contre un petit top bien classe.

Encore une fois, je préfère me taire. Comment lui dire que ma relation avec >Arnaud est différente de ce qu’elle peut connaître avec ses mecs ? Que nous avons tellement parlé que je le connais mieux que personne ? Que son silence est tout sauf normal ? et qu’il est vital que je comprenne pourquoi il ne me répond pas…« 




J’ai lu : Traces, de Florence Hinckel

12 10 2018

Traces

Florence Hinckel

Résumé : Thomas Codislo, 13 ans, vit un véritable cauchemar. Le nouveau logiciel de détection des crimes, Traces, a prédit qu’il commettrait un meurtre, le 13 août, à 15 heures. Thomas tombe des nues, quand la police vient l’interpeller chez lui, devant tout le monde. Heureusement, il peut s’enfuir. Sa cavale commence alors. Entre les détracteurs de Traces qui croient en l’innocence du jeune garçon et le Préfet de police qui ne veut pas perdre la face, Thomas aura fort à faire pour prouver son innocence. Y parviendra-t-il ?

Mon avis : Pour ceux qui ont vu le film Minority Report, ils ne seront pas du tout impressionnés par ce roman. C’est exactement le même principe. Un système prédit les délits avant qu’ils ne se produise et ce, pour faire diminuer la criminalité. Un personnage accusé à tort est traqué à travers toute la ville (connectée de partout, bien évidemment, sinon ce n’est pas drôle) et doit prouver son innocence. Voilà. Du coup, rien d’original. Néanmoins, l’histoire est prenante, le suspense, bien présent. L’auteure fait référence à des organismes français bien connus (CNIL, Médiapart, Anonymous…) et donne un caractère réel à sa fiction. Alors franchement, cet ouvrage ne changera sans doute pas votre vie, mais vous ne vous ennuierez pas en le lisant.

Extrait : « C’est alors qu’une agitation inhabituelle se manifeste dans la cage d’escalier. Est-ce encore le couple du troisième étage qui se dispute ? Lorsque cela arrive, ma mère entrouvre la porte de l’appartement, tout en chuchotant :

_Si ça dégénère, je cours protéger le petit Léo.

Léo est le fils de ces voisins agités. Il a quatre ans, une bouille d’ange, un sourire à tomber raide… sauf quand il pleure, bien sûr, la plupart du temps à cause de ces disputes parentales.

Ma mère est au boulot et je suis seul dans l’appartement. C’est mon devoir de m’assurer que Léo va bien. Mais il ne s’agit pas du tout des parents de Léo. J’entends d’autres voix inconnues, sèches et autoritaires. Puis celle de monsieur Foch, le voisin du premier, le type le plus râleur et le plus avide des commérages de la cité, qui leur répond :

_Thomas Codislo ? Oui, il habite au deuxième. Il a fait une connerie ? Les jeunes, de nos jours, tous des délinquants ! Oui, par là, porte 203.

Mon sang se glace dans mes veines. Thomas Codislo, c’est moi ! Et… des flics me recherchent ? POURQUOI ? Je fouille dans mes souvenirs récents. Avec les copains, quand on s’ennuie dans la cité, il arrive qu’on fasse une bêtise ou deux… mais jamais rien de très grave. Rien qui nécessite qu’on vienne me cueillir chez moi comme ça. Peut-être que c’est juste pour que je témoigne à cause d’un pote qui aurait dérapé ? Si ça se trouve, c’est Steven. Je dois toujours lui conseiller de s’arrête avant qu’il n’aille trop loin. Il se croit parfois dans un jeu sur son ordinateur, où les limites de la vraie vie sont repoussées, parfois même abolies. Pas le temps de réfléchir davantage : les flics reprennent leur ascension dans l’escalier, et monsieur Foch leur crie :

_ Il a fait quoi comme connerie ?

Une demi-seconde de silence, puis une voix grave et sans émotion lui répond :

_Rentrez chez vous, monsieur… Votre jeune voisin va commettre un meurtre. Nous sommes là pour l’en empêcher. »