J’ai lu : Le Mystère Jessica, de Michel Amelin

16 11 2018

Le Mystère Jessica

Michel Amelin

Résumé : Quel destin peut-on bien avoir quand on s’appelle Jessica Radis, qu’on est folle amoureuse de Kévin Coste qui aime la lecture et rêve de devenir un grand écrivain ? Il ne peut être que rocambolesque ! Jessica s’est mise dans une drôle de situation. Kévin, passionné de littérature, s’est inscrit à l’atelier d’écriture proposé par la Maison des Jeunes, pendant les vacances de Pâques, et qui sera animé par l’écrivain Axel Michelin, auteur de romans policiers. Qu’à cela ne tienne, Jessica fait comme lui, heureuse de pouvoir rester à ses côtés. Problème : elle est nulle en littérature et son orthographe laisse grandement à désirer. En plus, Pauline Turk, la meilleure amie moche de Kévin s’est inscrite aussi ! Mais, le pire reste à venir ! Le jour de l’atelier, Jessica se retrouve seule avec Axel Michelin. Kévin est malade et Pauline, qui n’avait pas reçu l’autorisation de sa mère pour s’inscrire, a été expédiée chez sa grand-mère ! Jessica est morte de peur, d’autant plus que le fameux Axel Michelin est un drôle de numéro. Il veut à tout prix qu’elle participe aux concours de nouvelles policières de Saint-Nazaire ! Pour la convaincre, il la lance dans une enquête littéraire sur la mystérieuse Jessica White-Jones, l’auteure de Pour l’amour d’une enfant, que Jessica a lu… ou plutôt fait semblant de lire, parce que l’auteure porte le même prénom qu’elle et pour tenter d’épater Kévin

Mon avis : J’ai pris plaisir à lire cette petite histoire. L’héroïne est rafraîchissante et drôle. Par amour, elle se laisse entraîner dans une drôle d’histoire littéraire. Axel Michelin lui raconte la vie de Jessica White-Jones, une vie haute en couleur et passionnante, digne des Misérables de Victor Hugo ! Mais en faisant quelques recherches, Jessica se rend compte qu’Axel ne lui a raconté que des bobards ! C’était sans doute le meilleur moyen de la faire plonger dans la littérature. Et ça a marché. Jessica n’est peut-être pas douée pour écrire et encore moins pour lire de gros livres, mais elle est tenace et téméraire ! Et surtout, elle est prête à tout pour séduire Kévin. Le personnage de Kévin est assez transparent, je trouve. Le gentil garçon propre sur lui, un peu intello sur les bords. Rien de bien transcendant. Par contre, j’ai bien apprécié le personnage de Pauline Turk qui, il est vrai, est une peau de vache, mais l’est avec panache ! Elle sait écrire, elle au moins et même quand elle parle, elle le fait avec un ton si snob que c’en est presque ridicule ! Et c’est d’ailleurs ce qui est bien. Un coup de chapeau aussi à Aline Bureau, l’illustratrice, qui a su donner vie aux différents personnages. Je vous invite à lire cet ouvrage, certes, plus adapté aux 6ème-5ème, mais bien tout de même. Moi, j’ai bien rigolé en tout cas.

Extrait : « _Tu as vu ? L’atelier d’écriture sera animé par un écrivain super ! C’est l’auteur de Massacre dans les choux-fleurs, tu sais, le polar génial que je t’ai prêté la semaine dernière.

_Quelle affreuse malchance ! a répondu cette hypocrite de Pauline, qui parle comme si elle avait avalé trois dictionnaires et deux manuels de grammaire. Je crains d’être absente pendant la première semaine des vacances. Je vais mourir d’ennui et d’inanition dans la chaumière de ma grand-mère à Perros-Guirec. J’aurais tant amié t’inviter, Kévin, mais tu connais l’esprit rétrograde des grands-mères…

_Moi, je vais m’inscrire à cet atelier ! J’apporterai le roman que j’ai commencé à écrire. Et l’écrivain va m’aider à le mettre en forme pour être publié. ça va être giga !

_Si je téléphonais à ma grand-mère, peut-être que…

Mais Kévin n’écoutait plus Pauline.Déjà, il devait penser au prix littéraire qu’il allait récolter. En deux enjambées, il a disparu et Pauline Turk est restée là à fixer le panneau d’affichage derrière ses grosses lunettes. Bien fait pour elle !

Je me suis approchée, mine de rien. Pauline m’a adressé un sourire de travers :

_Dis donc, Jessica Radis, tu n’aurais pas un bout de chocolat pour une affamée de basses nourritures terrestres ?

_Non, ma vieille. Et tu ferais mieux de penser à ton régime plutôt qu’à te goinfrer.

_Jessica Radis Noir est dans ses bons jours, à ce que je vois. Elle a dû encore faire des étincelles en classe. Vite, mes lunettes de soleil : son intelligence m’éblouit !

_Je ne me suis jamais sentie aussi bien ma vieille. Et d’abord, je t’interdis de m’appeler comme ça.

_ Tu t’appelles bien Jessica Radis, non ? Moi, j’aime bien ajouter une couleur en fonction de l’état d’esprit du personnage.

_D’accord, Pauline Trucmuche. Quand tu auras dépassé cent dix kilos, tu me feras signe.

Pauline s’est détournée et a scruté le panneau. J’ai décidé d’être encore plus vache :

_Pas de chance pour l’atelier d’écriture, ma vieille. Mais tu vas t’éclater chez ta grand-mère à Perros-Guirec ! N’oublie pas ton jeu de petits chevaux.

_Jessica Radis Rouge écoute les conversations des autres, à ce que je vois ?

_Je me trouvais là par hasard, mademoiselle Pauline Tête de Turc. Tu aurais dû voir ta tête ! Tu faisais pitié, pauvre petite chérie.

_C’est toi devrais t’inscrire à cet atelier. Tu ne sais même pas faire la différence entre Balzac et un annuaire téléphonique ! Mais ton cas est désespéré. En découvrant tes lacunes, n’importe quel écrivain se suicide dans l’heure qui suit.

La sonnerie a retenti. Déjà, j’entendais les vociférations de ma classe qui grimpait les escaliers. J’ai tourné le dos à Pauline. J’ai attrapé mon cartable et j’ai filé. Elle m’avait traitée de nulle ? Eh bien ! Elle allait voir ! »

 

 




J’ai lu : Quand la banlieue dort, de Benjamin et Julien Guérif

12 10 2018

Quand la banlieue dort

Benjamin et Julien Guérif

Résumé : Matthieu s’ennuie ferme dans sa banlieue chic. Ses parents ont acheté un pavillon à Pré-Fleuri, un lieu sans surprise pour l’adolescent. Tous les pavillons sont les mêmes, sans exception. Alors, pour tromper son ennui, le jeune garçon pratique un jeu pour le moins dangereux : entrer par effraction chez ses voisins. Il ne s’est jamais fait prendre. En jeune homme prudent, il observe ses voisins et leurs habitudes, et il pénètre chez eux, en leur absence. Matthieu ne vole jamais rien, il se contente d’observer, de fouiller l’intimité des autres. Il se sert de ce qu’il a découvert contre eux, parfois, comme avec Kévin, ce camarade de classe qu’il déteste cordialement. Tout roule comme des roulettes, ou presque… Matthieu a commis une erreur : il a parlé de son petit jeu à Tristan, son seul pote. Et Tristan, en plus d’être un vrai looser, est entêté. Il veut à tout prix que Matthieu l’emmène dans l’une de ses expéditions. Il ne lâche pas l’affaire, Matthieu n’a pas le choix. Leur prochaine victime, ils l’ont déjà choisie. Ce sera Lucas Bartin, le fils d’un célèbre avocat. Matthieu hésite un peu, car Lucas n’habite pas au Pré-Fleuri. Il ne connaît pas l’intérieur de sa maison. Mais, il se laisse tenter par Tristan et l’emmène avec lui. Au début, tout va bien, mais rapidement, la « visite » ne va pas se dérouler comme prévu… Et c’est le début de la descente aux enfers pour les deux adolescents…

Mon avis : C’est un livre que j’ai emprunté à la BDP, il m’a paru sympa. Deux élèves l’ont lu avant moi et ont littéralement adoré. Du coup, je l’ai lu. Alors, je ne dirai pas que j’ai adoré, mais l’histoire reste prenante. Elle est loin d’être aussi haletante que celle d’A plein tube ! de Librini, mais elle reste très cohérente. Surtout la fin, que j’ai trouvé très réaliste et que, bien entendu, je ne vous raconterai pas ! Par contre, j’ai eu du mal à apprécier pleinement Matthieu, le personnage principal. C’est un garçon solitaire certes, mais qui regarde un peu tout le monde de haut. Je trouve qu’il se donne un petit air supérieur. Lors de l’expédition chez les Bartin, certes, l’inexpérience, voire la bêtise de Tristan les met à mal, mais l’histoire aurait pu s’arrêter sans encombre, si Matthieu n’avait pas commis une bourde monumentale ! Du coup… le personnage ne m’a pas vraiment accroché le cœur. Et Tristan ne m’a pas davantage fait bonne impression : c’est un fanfaron, mais qui perd trop facilement ses moyens. C’est un gamin, sans plus. Mis à part ça, vous pouvez lire cet ouvrage, sans aucune hésitation (sauf peut-être le langage très familier qu’utilisent leurs auteurs, mais bon… on ferme les yeux là-dessus, hein…), je vous assure que vous passerez un bon moment.

Extrait : « Dong ! Tristan sursaute. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Minuit et demi. On ne va pas s’éterniser. J’ai cru entendre un bruit, mais ça doit être un coup de vent. Ou une voiture qui passe, là-bas. Ou mon imagination.

_Bon, on ferait mieux de se tirer, maintenant.

_Attends, on n’a pas tout exploré.

Je ne suis pas tranquille. on ne va pas fouiller chaque pièce, on n’a pas le temps et, de toute façon, on ne veut rien voler.

_Viens, on bouge.

_Attends…

Tristan semble soudain plus à l’aise. Typique de l’abruti qui se sent en sécurité alors qu’il ne devrait pas.

_Attends quoi ? Tu te souviens de ce qu’on avait décidé !

_Ouais, je sais, c’est chacun pour soi. En cas de problème, on balance pas l’autre. Mais ça risque pas d’arriv…

_Non, abruti. On rentre, on visite et on trace !

_Mec, arrête de flipper, tu vois bien qu’y a pas de problème. En plus…

Mon estomac se noue brutalement. Le silence se fait pesant. J’ai l’impression d’avoir entendu un truc grincer. Tristan me dévisage.

_Matthieu, qu’est-ce qu’il y a ?

Mon index sur mes lèvres, je tends l’oreille.

_Arrête d’essayer de me faire f…

_Merde, tais-toi !

Là, j’en suis sûr, j’ai entendu quelque chose. Des voix en bas. C’est pas vrai, on n’était pas tout seuls, alors qu’il n’y avait ni lumière ni caisses !

_Y a quelqu’un, on se tire !

Tristan se pétrifie. Je le pousse vers le salon.

_Grouille.

A la porte du bureau, je me fige. Quelqu’un a allumé la lumière en bas. L’étage est toujours plongé dans les ténèbres, mais le chemin de la sortie me paraît soudain bien risqué. On quitte la pièce à quatre pattes. Ne reste plus qu’à traverser le palier et grimper l’escalier jusqu’à la chambre de Lucas. Des rires éclatent en bas.

Ils sont plusieurs !

_Bon c’est parfait. on boit un verre ?

Merde ! J’agrippe la manche de Tristan et le traîne derrière moi dans un recoin sombre. Je n’entends pas de bruit de pas sur les marches. Je me faufile vers l’escalier et risque un oeil au rez-de-chaussée. Trois types, six mètres plus bas, devant la porte entrouverte. Je reconnais le père de Lucas, mais pas les deux autre (…) Soudain, le père de Lucas leur fait signe de se taire. Il tend l’oreille, regarde autour de lui, lève les yeux. il a entendu quelque chose. Je me retourne pour dire à Tristan qu’on se tire, mais il n’est plus là. Pris de panique, je scrute le palier et le salon plongés dans les ténèbres. il n’est nulle part. Le con. »




J’ai lu : Naufragés 2 : Fête macabre, de Siobhan Curham

19 04 2018

Naufragés 2 : Fête macabre

Siobhan Curham

Résumé : Nous retrouvons nos naufragés. Tandis que Todd, Jenna, Ron et Cariss se sont enfuis de l’île, Grace, Yago, Dan, Jimmy et Belle trouvent un bateau et des vivres. Ils pourront enfin quitter cette île de malheur, eux aussi ! Enfin, c’est ce qu’ils croient, car un champ de force mystérieux les empêche de s’éloigner. Ils accostent alors sur un autre versant de l’île de sang. Là, ils rencontrent Lola et Mickael, un couple venu faire une retraite en pleine nature. Mais si Lola est très accueillante, ce n’est pas le cas de Mickael qui les agresse littéralement. Il vient de rompre avec Lola et vit, visiblement, très mal cette situation. Lola, elle, conduit le groupe au centre de retraite spirituelle, géré par une mystérieuse et charismatique Ruby. Cette dernière informe le groupe que la fête de la Lune noire approche et qu’à ce moment-là seulement, ils pourront l’île. Au fil des jours et sans qu’elle en comprenne bien la raison, Grace se sent de plus en plus mal à l’aise. Elle sent encore la présence d’Hortense dans les lieux. Est-ce un effet de son imagination ? Et qu’en est-il de Ruby ? Les autres ont-ils raison de lui faire confiance ?

Mon avis : Pas mal de suspense dans ce deuxième tome qui, je l’espère, ne sera pas le dernier, car, il faut bien le dire, je suis restée sur ma faim ! Un troisième tome s’impose ! Les naufragés font la rencontre de nouveaux personnages et découvre avec stupéfaction qu’ils ne sont pas les seuls sur l’île. Pourtant, cela n’a rien de bien rassurant. Ils ne pourront s’en aller qu’après la fête de la Lune noire et doivent, en attendant, cohabiter avec Lola, une fanatique de Ruby, Mickael qui semble détester la terre entière et Ruby, qui ne leur inspire pas vraiment confiance. Et finalement, leurs camarades qui les avaient abandonnés sont de retour. Ils n’ont pas pu quitter l’île, eux non plus. L’ambiance n’est donc pas au beau fixe. Ce tome nous en apprend un peu plus sur Hortense et ses motivations. Par contre, comme je le disais, j’espère vraiment que l’auteure se décidera à écrire un troisième tome, parce que la fin n’est vraiment pas satisfaisante. Je vous invite à le lire et je vous laisse en juger par vous-mêmes.

Extrait : « Concentre-toi Grace », me dis-je.

J’expire par la bouche, en essayant d’expulser ma peur avec mon souffle.

_Maintenant, prenez conscience des bruits autour de vous, continue Ruby.

J’entends les gloussements des perroquets dans la forêt, le bourdonnement d’un insecte, le soupir de Belle près de moi. Ainsi que le bavardage constant de mes pensées. Je dois découvrir si Ruby est réellement liée à Hortense d’une façon ou d’une autre. Mais comment m’y prendre ?

J’inspire une nouvelle bouffée d’air humide et chaud. je perçois ensuite un hurlement semblable à un rire, quelque part dans la forêt, et , plus loin, le cri perçant d’une mouette. Lorsque j’expire, une idée me vient à l’esprit. Si Ruby a quelque chose à voir avec Hortense, il y en a forcément des preuves dans sa maison. Je pense à l’échelle , à quelques mètres de nous seulement, qui donne accès à ses sombres secrets. Il se pourrait même qu’Hortense se trouve dans cette maison en ce moment, qu’elle nous épie et attende. Qu’elle m’attende, moi. La peur s’engouffre dans tout mon corps tel un courant d’air glacial. J’ouvre les yeux ; Ruby me regarde fixement. »   




J’ai lu : Like me de Thomas Feibel

8 03 2017

Like me

Thomas Feibel

Résumé : Jana-Maria Wolf, c’est la nouvelle. Elle vient de Hambourg et débarque comme un ouragan dans la classe de Caro. Comme un ouragan ? C’est peu dire ! Jana, c’est un peu une gravure de mode : elle est belle, sophistiquée, et même si ses notes sont en chute libre, quasiment tout le monde l’envie. Surtout Caro qui aimerait bien qu’elles soient amies. Son souhait se réalise quand elle se rend compte que Jana est elle aussi sur le réseau social à la mode : ON. Elles se rapprochent toutes les deux et intègrent aussi Eddie, dont Caro est secrètement amoureuse. ça tombe bien, ON organise un concours : le but est de récolter le maximum de points en postant des photos et des vidéos. Le gagnant deviendra le présentateur d’une émission de webtélé. Jana, Caro et Eddie font donc un pacte : ils doivent s’entraider pour gagner. Caro veut surtout impressionner Jana et être comme elle. Mais bientôt, elle se rend compte que cette dernière est vraiment prête à tout pour gagner, quitte à aller trop loin. Comment arrêter la spirale infernale des like ? Caro saura-t-elle s’arrêter à temps où basculera-t-elle dans l’irréparable ?

Mon avis : Ce roman traduit bien la société dans laquelle nous vivons : une société qui s’immerge de plus en plus dans le virtuel. C’est totalement le cas de Jana. Cette dernière s’est inventée une vie plus clinquante, plus glamour que la réalité. Elle ne vit qu’à travers le personnage qu’elle s’est créé. Dans son délire, elle entraîne Eddie qui semble amoureux d’elle et surtout Caro, fille effacée et timide, qui rêve d’obtenir la reconnaissance de Jana. Mais contrairement à cette dernière, Caro, elle, se pose des questions sur les conséquences de ses actes. Toutes les photos, les vidéos compromettantes qu’elle publie heurtent sa conscience. Elle commence à regretter de s’être laissée entraîner dans toute cette histoire, mais en même temps, elle ne sait pas comment s’arrêter. Auparavant une illustre inconnue sur ON, elle est petit à petit devenue populaire, au point même d’éclipser Jana ! Elle sait que ce qu’elle fait est répréhensible, mais en même temps, elle a du mal à renoncer au plaisir de la « célébrité » sur ON. L’auteur interpelle bien ses lecteurs sur ce qui est devenu un problème de société. Je vous invite donc à lire ce roman, dont le récit à la première personne vous permettra de mieux vous identifier au personnage de Caro.

Extrait : « Jana est arrivée de Hambourg à la rentrée. La place à côté de moi était libre, elle l’a prise et tous les garçons ont tourné la tête dans notre direction. Certains lui ont jeté des regards timides, d’autres l’ont dévisagée ouvertement. Pour beaucoup, c’était une première. S’étaient-ils seulement aperçus auparavant qu’il y avait des filles au collège Joseph-Weizenbaum ? Celles-ci ont eu des réactions extrêmes : soit elles ont imité Jana, soit elles l’ont détestée. Jan-Maria Wolf était tellement belle ! Tous les matins, elle débarquait au collège maquillée, ses longs cheveux blonds coiffés d’une manière différente : lâchés et raides, ou alors bouclés, relevés, parfois tressés. Elle portait toujours des talons. Jamais moins de dix centimètres, je te jure ! Du haut de ses quatorze ans – et de ses escarpins- Jana nous dépassait tous d’au moins une demi-tête. (…) La plupart du temps, elle affichait un air si revêche que personne n’osait lui parler. On avait beau être assises l’une près de l’autre, on n’échangeait que deux trois phrases par jour. De toute façon, comment avoir une vraie conversation avec quelqu’un qui passe sa vie sur son portable ? Son iPhone était protégé par une coque rose incrustée de fausses pierres précieuses. Mon téléphone était une antiquité à l’écran rayé, qui, en raison du règlement draconien de l’école, restait éteint au fond de ma poche. Mais le règlement de Jana… Elle était en permanence connectée à Internet, même pendant les cours, sans jamais se faire pincer. Elle lisait les nouveaux statuts postés sur ON ou en écrivait elle-même. Mais peut-être aurais-je agi de la même façon si j’avais déménagé loin de mes amis ? »




J’ai lu : Méto tome 1 : La maison, d’Yves Grevet

22 03 2016

Méto : La maisonméto

Yves Grevet

Résumé : Soixante-quatre garçons vivent dans une grande maison. Ils sont tous regroupés selon leur âge, et une couleur est attribuée à chaque tranche d’âge : le bleu pour les petits, le violet pour les pré-ados et le rouge pour les plus âgés. Ils sont strictement encadrés par les Césars (des gardes) et n’ont aucune liberté. Ils portent chacun un prénom romain (Servius, Rémus, Marcus, Claudius…). Leurs journées sont bien remplies et soumises à un emploi du temps cadré, où toutes les activités sont minutées. Tout atteinte au règlement est passible de punitions, telles que l’isolement au frigo, chambre froide dans laquelle sont enfermés les récalcitrants, parfois pendant plusieurs jours. Méto, le personnage principal, appartient aux rouges. Il prend en charge Crassus, un petit nouveau dans la maison. Mais, Méto veut en finir avec cet isolement. Il veut comprendre d’où il vient. Il se pose de plus en plus de questions : d’où vient-ils ? Et les autres, qui sont-ils ? Peut-il avoir confiance confiance en eux ? Surtout, pourquoi ceux qui grandissent trop vite disparaissent-ils tout à coup? Qu’y a-t-il au-delà de la maison ?

Mon avis : Ce roman est tout simplement génial !!! Je l’ai dévoré. Je savais qu’il existait en BD, mais je ne connaissais pas du tout le roman. J’ai beaucoup aimé le personnage de Méto qui est touchant, mais aussi très déterminé. Il veut savoir la vérité sur lui-même et sur tous les mystères qui les entourent. Contrairement à certains qui sont très agressifs et revanchards, lui est mesuré et sage. Il sait analyser les situations et il est digne de confiance et réfléchiméto2. Le seul bémol de cet ouvrage pour moi, c’est l’écriture de l’auteur. Même s’il possède une excellente plume, le récit est parfois très dense. Du coup, on a l’impression d’avoir affaire à un gros pavé alors que l’ouvrage ne compte qu’un peu plus de deux-cent pages. N’empêche, il est vraiment à lire. Je commanderai la suite, c’est sûr !

Extrait : « Crac !… Le bruit est à peine audible, mais il réveille tout le monde. Les respirations sont coupées. On attend dans un silence angoissant. Il est cinq ou six heures du matin. On sent poindre le jour à travers l’oculus. Soudain, Servius chuchote :

_C’est Quintus !

_Non, c’est pas moi ! répond l’autre, comme si on l’injuriait.

_Taisez-vous tous, gronde Claudius, taisez-vous ou ils vont venir. Allez ! Tout le monde dort, espérons que ça ne se verra pas. 

Une heure plus tard, le moment est venu de se lever. Chacun se redresse et descend lentement de son lit, puis en fait le tour en pinçant délicatement avec son pouce et son index les fines planches qui l’entourent. La plupart du temps , ce geste quotidien est presque un plaisir. En l’accomplissant, on s’assure que tout va bien. Ce matin, c’est différent, un lit a craqué pendant la nuit. Un de nous est en danger et vit peut-être ses dernières heures dans la Maison.

_C’est Quintus !

La phrase est par(ie comme une flèche, mais cette fois, on ne sait pas qui l’a prononcée. Quintus est assis par terre, la tête entre les mains. Tous les enfants passent près de lui. Certains lui touchent l’épaule en signe d’affection, les autres osent à peine le regarder. Marius pleure bruyamment. Nous nous dirigeons vers la salle des lavabos.  Marcus s’approche de moi et me glisse à l’oreille d’une voix hésitante :

_On ne peut pas continuer comme ça !

_Je sais, Marcus, dis-je sans le regarder. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? »




J’ai lu : L’enfant papillon, de Gabrielle Massat

1 03 2016

L’enfant papillon

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Résumé : L’histoire se déroule en l’an 97, après la Grande Épidémie qui a décimé la majeure partie de la population de la Cité. Depuis, les habitants vivent confinés entre les murs, afin de ne pas propager le virus, qui a survécu. Maïa Freeman, jeune recrue de l’armée, âgée de dix-sept ans, étouffe entre les murs. Elle ne rêve que de liberté et veut vivre à l’Extérieur. Du coup, quand Dimitri Bielinski, son mentor, est arrêté par sa faute et condamné au Châtiment, elle décide de tenter le tout pour le tout : le sauver et retrouver le mythique « Enfant Papillon », qui serait le seul à être sorti de la cité et avoir visité l’extérieur des murs. Dans sa quête, elle s’alliera à deux hommes : Zéphyr, un tueur à gage particulier et Nathanaël, un Lazul, c’est-à-dire un être atteint par la maladie, dont la caractéristique est d’avoir la peau blafarde et les cheveux bleus. Ensemble, ils chercheront le moyen de sortir et de recouvrer la liberté. Mais cette quête sera semée d’embûches.

 

Leur vie sera mise en jeu…

Mon avis : Je vous ai déjà présenté plusieurs livres ayant pour thème le confinement de la population (Dans les larmes de Gaïa, Le Monde d’En-Haut), mais celui-ci est de loin mon préféré ! Je l’ai tout simplement dévoré. Premièrement, l’histoire est beaucoup mieux construite. L’auteure a une façon d’écrire qui accroche et fait preuve d’un réel talent en matière de suspense. J’ai tremblé d’un bout à l’autre pour les personnages. Deuxièmement, j’ai beaucoup aimé les personnages : Maïa est une jeune fille au caractère bien trempé. Elle a un rêve et est prête à tout pour y parvenir. C’est un personnage en pleine évolution. Lorsqu’elle rencontre Nathanaël, au début, elle le méprise car c’est un Lazul et que les Lazuli sont considérés par la société comme des monstres. Mais leur collaboration lui permet de changer sa mentalité, à tel point, qu’elle finit par en tomber amoureuse. Nathanaël n’est pas un Lazul comme les autres : malgré les brimades et les injustices qu’il à subies, il ne baisse jamais la tête et se considère comme un être égal aux autres. Il refuse l’amour que Maïa lui porte, car il sait que la maladie qui sommeille en lui finira par l’emporter. Il est très touchant comme personnage. Zéphyr est un tueur à gages au grand cœur, qui a sauvé et recueilli Nathanaël, malgré sa condition de Lazul. Vraiment, je vous en recommande chaudement la lecture. C’est l’un de mes coups de cœur !!

Extrait : « _On ne peut pas sortir, répéta la mère de Maïa. Tu le sais aussi bien que moi. C’est l’Extérieur qui contrôle l’électricité des Murs.

_ça fait cent ans que la Grande Épidémie est finie ! Même toi, tu ne connais personne qui l’ait vécue ! Pourquoi ceux de l’Extérieur ne nous ont pas libérés depuis, hein ?

_Tu le sais très bien. L’armée est au fait de la situation. 

Maïa soupira. Le général des armées était le seul membre de la Cité à être en contact direct avec l’Extérieur via une ligne téléphonique privée. Les habitants ne savaient que ce que Solomon White voulait bien transmettre. On enseignait les raisons de l’enfermement aux jeunes dès les classes primaires. Les tracts en provenance de l’Extérieur, distribués régulièrement par l’armée, se chargeaient d’en remettre une couche. Et puis, il y avait les Lazuli, ces preuves vivantes de l’horreur du virus, qu’on stigmatisait dès l’enfance. Ces hommes et ces femmes aux cheveux bleus rappelaient au reste des habitants la raison d’être des Murs. »




J’ai lu : Un hiver en enfer, de Jo Witek

15 02 2016

Un hiver en enfer

Jo Witek

Résumé : Edward Barzac est un adolescent perturbé. Atteint de TOC (trouble obsessionnel compulsif), il a aussi une vie de famille compliquée. Ce n’est pas Paul-Thomas, son père, riche architecte, qui pose problème. Au contraire, selon Edward, c’est un père fantastique, aimant, cool, en un mot, Edward l’adore. Le problème, c’est Rose, sa mère, une pianiste émérite. Rose, maniaco-dépressive, qui passe de longues périodes en cure pour aller mieux. Rose qui ne sait pas comment aimer son fils. Edward ne sait pas s’il l’aime ou s’il la hait. Leurs relations sont tendues. Alors, quand Rose, qui revient d’une énième cure, lui annonce qu’elle est guérie et que tout va changer, Edward n’en croit pas un mot. Même, il se dispute avec son père, qui lui, veut y croire. Le même jour, ses parents, en visite chez une amie de sa mère, ont un grave accident de voiture. Paul-Thomas perd la vie, mais Rose survit. Edward est dévasté, il a du mal à surmonter la perte d’un être si cher, d’autant plus qu’il ne s’entend pas avec sa mère. Il perd pied et adopte un comportement auto-destructeur. Celle-ci, pour l’aider à surmonter sa douleur et se rapprocher de lui, l’emmène dans leur chalet, à Courchevel. Elle se montre, aimante, prévenante. Mais Edward n’a pas confiance en elle. Elle semble vouloir le couper du monde, l’étouffer. Les personnes qui entouraient petit à petit l’adolescent (Héléna, Florence), disparaissent sans explication. Rose est-elle vraiment guérie comme elle le soutient ? Ou alors, est-ce Edward qui sombre peu à peu dans une folie paranoïaque ?hiver enfer

Mon avis : Une fois entrée dans ce livre, je n’ai pas pu m’en détacher avant de l’avoir terminé ! Je l’ai trouvé tout simplement génial. Alors c’est vrai que le sujet n’est pas des plus réjouissants (la mort, la folie, le désespoir…), mais le livre est très bien écrit, d’autant plus que tout est abordé selon le point de vue d’un adolescent. Ce que j’ai aimé, c’est que l’intrigue est très bien ficelée, si bien qu’on se pose des questions sur les personnages. Lequel des deux est vraiment fou ? Est-ce Edward qui ne s’entend tellement pas avec sa mère qu’il a du mal à être objectif ou alors est-ce plutôt Rose, qui veut du mal à son fils en le maintenant dans un isolement quasi total ? On ne découvre la vérité qu’à la fin de l’ouvrage. Suspense prenant, haletant ! A dévorer !!!

Extrait : « Sa mère jouait du piano quand ils arrivèrent. Une suite de Philip Glass. De la musique contemporaine dans un mobilier design très épuré. Tout était calme, rangé à sa place. Un décor de magazine, sans bazar, ni bibelots. Rose s’interrompit à leur entrée dan le salon. Elle se contenta de tourner légèrement la tête vers lui, les mains en suspens sur le clavier.

_Bonsoir Edward. Je suis contente de te voir. Tu as bonne mine . Tu as eu des notes aujourd’hui ?

Il la détestait en réalité, même après quinze jours d’absence. Guérison ou pas, son sentiment demeurait intact. Il aurait voulu l’aimer, il avait espéré cet amour, mais ça n’avait pas été possible. ça ne s’était pas fait. Sa mère avait toujours été si distante avec lui et, depuis la mort de sa grand-mère deux ans auparavant, cela avait empiré. « Maniaco-dépressive ». Les médecins avaient ainsi mollement diagnostiqué l’étrange comportement de cette femme qui passait sa vie enfermée dans la maison à jouer du piano, à disparaître dans ses pensées ou à courir les magasins pour acheter quantité de vêtements qu’elle finissait par donner au personnel de la maison ou aux bonnes œuvres (…). La seule chose dont elle était capable, était de lui acheter des fringues qu’il ne mettait pas, des livres qu’il ne lisait pas. Elle était tarée, cette brute de Traval avait raison. Tarée et insensible. Incapable de le prendre dans ses bras, de lui organiser une fête d’anniversaire, de l’emmener à l’école, de lui faire des crêpes, un gâteau ou de lui offrir un de ces gestes tendres que les mères savent normalement prodiguer à leurs enfants. »




J’ai lu : Robin, Jonas et moi de Séverine Vidal (Je bouquine n° 384)

29 01 2016

Robin, Jonas et moi

Séverine Vidal

Résumé : Lola et Robin, c’est une longue histoire d’amitié qui date de la cinquième. Ils partagent tout : les secrets inavouables, les recettes de cuisine les plus farfelues, le goût pour la musique, tout ! Ils sont inséparables. jusqu’au jour où leur relation change : Lola réalise avec effroi que Robin la regarde différemment. Et si l’amour venait s’immiscer dans l’amitié. La jeune fille a trop peur de tout perdre pour de bon. Que faire ? Et si elle s’inventait un petit ami, Jonas, histoire de décourager les sentiments de Robin ? Bonne idée ? Pas tant que ça ! Tout risque de tourner à la catastrophe… robin jonas et moi

Mon avis : C’est une petite histoire sympathique à lire pour se détendre. J’ai trouvé assez intéressante la façon dont l’héroïne s’enferre un peu plus chaque jour dans ses mensonges au lieu d’affronter la vérité et de discuter avec son ami. Il y a à peine quatre pages à lire, ne vous en privez pas.

Extrait : « Installée devant mon ordinateur, un pot géant de glace nougat-caramel sur les genoux, j’ai parcouru des dizaines et des dizaines de profils Instagram  avant de dénicher le parfait Jonas. Un Jonas de rêve : cheveux longs, parfois retenu en chignon, sourire glamour, dents blanches, look de surfeur, et pour couronner le tout : sur l’épaule, un super tatouage de Bender. (Mais si, vous savez, le personnage de Futurama !). Le Jonas rêvé. Parce que, oui, mon Jonas à moi était parfait. Merveilleux. Magnifique, fou d’amour pour moi, beau comme un dieu grec (ou un mannequin viking). Il avait de chouettes goûts musicaux, des rêves fous pour nous deux, des gestes fougueux mais pas trop, une jolie fossette sur la joue droite. Il n’avait finalement qu’un seul défaut ( et un gros !) : ne pas exister.

Inventé, Jonas. De A à Z. Par les bons soins de moi-même en personne, Lola Griffon, 3e D, pour faire la maligne, me la raconter un peu et donner à Robin l’envie de fuir plutôt que de m’embrasser sur la bouche. »




J’ai lu : La fille aux semelles de plomb de Jean Molla

10 12 2015

La fille aux semelles de plomb

Jean Molla

Résumé de l’histoire : A dix-sept ans, cette jeune fille oscille entre deux personnalités : Catherine la bonne élève, et Kate la provocante séductrice . Elle a une passion dévorante pour le théâtre et rêve de monter sur les planches et de vivre plusieurs vies. Mais Kate cultive le mensonge auprès de tous ses proches. Pour être bien dans sa peau et susciter l’admiration, elle a besoin d’inventer, de se réinventer. Et sa sincérité touche Mathieu, un comédien et même M. Delage, son professeur de français. Pourquoi, alors qu’elle a tout pour être heureuse (des parents qui l’aiment, une meilleure amie qui l’admire, un physique qui charme), Catherine a-t-elle toujours besoin de mentir, de travestir la réalité ? La frontière entre mensonge et vérité est beaucoup plus mince qu’elle ne le croie.

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Mon avis : Sans pour autant avoir été transcendée par l’histoire, j’ai apprécié de lire ce roman. Tout d’abord, je trouve que l’écriture de l’auteur est agréable à lire. Il arrive clairement à décrire, de façon presque poétique, les émotions ressenties par Catherine. Ensuite, j’ai apprécié le personnage de Catherine qui traduit bien les tourments de l’adolescence. C’est une jeune fille qui veut vivre pleinement ses passions, qui refuse la platitude de la vie quotidienne et a besoin d’exaltation pour se sentir vivante. Pourtant, dans sa quête frénétique du bonheur, elle ne perçoit pas qu’elle blesse justement ceux dont elle veut avoir l’attention. Je vous recommande la lecture de ce roman. 

Extrait : « Mon mensonge me revient en mémoire. Est-ce que c’est un mensonge d’ailleurs ? Je n’ai rien caché, rien dissimulé. Je n’ai pas menti pour porter atteinte à quelqu’un. Je n’ai pas commis un acte répréhensible selon la loi. Personne ne peut pâtir de ce que j’ai raconté. J’ai faussé un brin la réalité, je lui ai donné une épaisseur qu’elle n’a pas. Après tout, est-ce condamnable d’inventer sa vie si elle ne vous apporte qu’insatisfaction ? »