J’ai lu : La mémoire kidnappée, de Thierry Robberecht

25 04 2022

La mémoire kidnappée

Thierry Robberecht

Résumé : Quand il ouvre les yeux, le jeune personnage de l’histoire se rend bien compte que quelque chose ne va pas. Il est dans une chambre d’hôpital. Comment est-il arrivé là ? Il ne se souvient pas. Pire encore, il ne se souvient de rien, même pas de son nom. Plus tard, quand ses parents viennent lui rendre visite, il apprend qu’il s’appelle Walter. Étrange… ce prénom-là ne lui dit rien. Et puis, le personnel même de l’hôpital est étrange : son médecin, le docteur Delas tente bien de le rassurer, mais rien n’y fait ; quant à son infirmière, elle est très antipathique et la seule chose qui l’importe, est que Walter prenne bien ses pilules. Le jeune garçon aimerait bien faire confiance au sourire de sa mère, mais même là, il sent que quelque chose cloche. A la fin de son hospitalisation, il s’en va avec ses parents, mais un incident lui laissera une étrange impression. Et s’il était en danger ? 

Mon avis : Un petit roman bien sympathique qu’on lit très rapidement. L’auteur met bien l’intrigue en place. On sent dès le départ qu’il y a quelque chose qui cloche et on ne peut s’empêcher d’émettre des hypothèses, parfois un peu folles. C’est ce que j’ai fait en tout cas, j’ai imaginé plein d’alternatives (comme je l’avais fait en lisant Un hiver en enfer, de Jo Witek), dont je ne vous ferai pas part. Faites-vous les vôtres en lisant ce roman. Vous ne regretterez pas.

Extrait : « Soudain, j’ai ouvert les yeux. J’étais couché dans un lit. J’ignore pourquoi, mais j’ai su tout de suite que j’étais resté longtemps inconscient. Il s’était passé quelque chose, mais quoi ? Je ne me souvenais de rien. Quelque chose de grave, c’était certain. Mon corps était sans forces. J’ai voulu rassembler mes souvenirs, mais il n’y avait rien à rassembler. J’avais tout oublié. Même mon nom. J’avais beau tenter de revenir en arrière, je ne pouvais aller nulle part. je butais contre un mur, toujours le même : le moment précis où j’avais repris conscience. Mon cerveau tournait en rond comme un ordinateur affolé. J’avais perdu la mémoire ! Cette idée m’a tellement paniqué que mon corps a retrouvé des forces et que je me suis assis sur le lit. J’ai regardé autour de moi comme un animal inquiet. Pas de doute, j’étais dans une chambre d’hôpital. »

 




J’ai lu : L’île du crâne, d’Anthony Horowitz

17 02 2022

L’île du crâne

Anthony Horowitz

Résumé : David Eliot, 12 ans, vient d’être renvoyé de son collège. Son père, Edward Eliot est véritablement furieux ! Il ne sait pas quoi faire de son fils. De son temps, les choses ne se passaient pas ainsi… Mais ne voilà-t-il pas que, comme par hasard, il reçoit un courrier d’une école particulière : Groosham Grange, située sur l’île du crâne, au large de l’Angleterre. David n’a aucune envie d’y aller, mais il n’a pas vraiment le choix. Le voici donc expédié dans cette école plus qu’étrange : le directeur adjoint, M. Kilgraw est blafard et ne présente aucun reflet dans les miroirs, les cours n’ont rien de classique et les professeurs sont extrêmement déconcertants… Heureusement, David rencontre Jill et Jeffrey, avec lesquels il se lie d’amitié. Pourtant, il ne se sent pas à l’aise dans cet établissement. Et si jamais il courait un réel danger ? Pourrait-il seulement s’échapper ?

Mon avis : J’ai regardé une vidé Youtube dans laquelle l’animateur disait que Harry Potter à l’école des sorciers était le plagiat de L’île du crâne. Du coup, ça m’a tout de suite intriguée et j’ai décidé de me faire ma propre idée. Ce que je peux en dire, c’est qu’il ne fait nul doute que J. K. Rowling s’est inspirée de L’île du crâne pour écrire Harry Potter, mais ça s’arrête là, selon moi. De là à dire qu’il s’agit d’un plagiat, je ne suis pas d’accord. En toute franchise, j’ai été déçue par cet ouvrage. Il m’a été difficile d’entrer dans l’histoire. Je trouve que l’auteur n’a pas assez développé ses personnages, ce qui fait qu’on a du mal à s’y attacher. L’histoire en elle-même n’est pas mal, mais tout ça reste trop superficiel à mon goût… Lisez-le et faites-vous votre propre idée, pour ma part, je n’ai pas aimé plus que ça.

Extrait : « David recula vers la porte, mais M. Kilgraw l’arrêta.

« Je veux que tu sois heureux ici, David. A Groosham Grange, nous prenons vos intérêts à cœur. Nous sommes là pour vous aider. une fois que tu l’auras admis, je te promets que tu ne regarderas plus jamais en arrière. Crois-moi. »

David n’avait pas la moindre intention d’en discuter maintenant. Il gagna la porte aussi vite que possible, en se retentant pour ne pas courir. Car il avait vu ce qui clochait avec le miroir. Il l’avait vu après avoir signé son nom en lettres de sang, au moment où il se détournait du bureau.

Le miroir renvoyait l’image de tout ce qui se trouvait dans la pièce. Le bureau, les livres, les rideaux, le mobilier, le tapis, et David lui-même. Tout, sauf M. Kilgraw. »




J’ai lu : Chambre 1408, de Stephen King

4 02 2022

Chambre 1408

Stephen King

Résumé : Mike Enslin est un chasseur de fantômes. Il dort dans des endroits dits hantés : manoirs, cimetières, châteaux, rien ne lui échappe. Il publie ses aventures et jouit d’un certain succès. Grisé par son expérience, il décide de s’attaquer à l’Hôtel Dolphin et sa tristement célèbre chambre 1408. Mike décide d’y passer la nuit et ce ne sont pas les mises en garde d’Olin, le gérant de l’hôtel, qui le feront reculer. Pourtant, quand il arrive devant la fameuse porte 1408, il sent bien que ce ne sera pas comme d’habitude, cette fois…

Mon avis : J’aime bien les romans de Stephen King, pourtant, cette fois-ci, je suis restée sur ma faim. C’est peut-être parce que ça tient plus d’une nouvelle que d’un roman mais je m’attendais vraiment à plus. Déjà, l’intrigue prend du temps à se mettre en place. Mike rencontre Olin qui le met en garde et lui raconte les faits étranges qui se sont déroulés dans la chambre 1408 et j’ai trouvé que ce passage a trop trainé en longueur. Et quand, enfin, Mike entre dans la fameuse chambre… c’est un peu la déception. N’empêche que si vous aimez jouer à vous faire peur, vous pouvez emprunter cet ouvrage sans problème.

Extrait : « Ses problèmes, avec la 1408, commencèrent avant qu’il en ait franchi la porte.

Laquelle porte était de travers.

Pas de beaucoup, mais elle était incontestablement de travers, inclinée un poil sur la gauche. Elle lui faisait penser à ces films d’épouvante dans lesquels le metteur en scène cherche à traduire l’état de détresse mentale d’un des protagonistes en inclinant la caméra dans ses cadrages. Association d’idées qui fut suivie d’une autre : l’aspect que prennent parfois les portes sur un bateau lorsque la mer est mauvaise. Elles vont et viennent, s’inclinent d’un côté et de l’autre, claquent et grincent, jusqu’à ce qu’on finisse par être gagné par la nausée. Non pas qu’il ait éprouvé quelque chose de ce genre dans sa tête ou son estomac, mais…

Mais si, un peu. »




J’ai lu : Nox : Ici-bas, d’Yves Grevet

23 11 2020

Nox : ici-bas (tome 1)

Yves Grevet

Résumé : Nox. C’est ainsi qu’on appelle l’épais brouillard qui recouvre la ville basse, celle qui ne voit jamais la lumière du soleil. Les habitants de la ville basse sont régis par un système d’ascension géographique : il existe plusieurs niveaux et plus on habite vers le haut, plus on est côté. Cela va des Moincents aux habitants de la ville haute. Pour ces derniers, tout est normal, ils mènent une vie parfaite dont sont exclus les « sauvages de la ville basse ». Lucen appartient à cette dernière catégorie, la catégorie de ceux qui ne voient jamais la lumière du soleil, qui ne mangent que des produits reconstitués et qui doivent s’alimenter eux-même en électricité par un système de chenillettes aux pieds et de pédalage derrière les murs. Il est amoureux de Firmie, une amie d’enfance qu’il rêve d’épouser, malgré le désaccord de ses parents. Sans compter que ses relations avec ses meilleurs amis se dégrade de plus en plus : Gerges, le fils du chef des miliciens violents et arbitraires, marche sur les pas de son père, tandis que Maurce et Jéa rejoignent des groupuscules terroristes, qui veulent l’égalité entre les gens d’en bas et ceux d’en haut. Tout change, la tension monte et atteint son summum quand Ludmilla, une jeune fille riche de la ville haute fait irruption dans la vie de Lucen

Mon avis : Je l’ai dévoré ! Si vous avez lu mes posts sur la saga Méto, vous devez savoir que je suis fan d’Yves Grevet. Il a l’art et la manière de nous plonger dans des univers clos, plein de mystères et de rebondissements. L’univers de la ville basse est très bien dépeint et on arrive sans peine à nous imaginer la vie des personnages qui y vivent. Ce système d’élévation sociale par rapport au lieu d’habitation est très bien expliqué par l’auteur : les moincents, ceux qui vivent au dessous du niveau cent, sont vraiment considérés comme les moins que rien, alors que plus on monte, 600, 700, 800 et 900, mieux on est perçu. On respire mieux la-haut, la Nox y est moins présente. Ainsi, la mère de Lucen refuse que son fils épouse Firmie qui est d’un niveau social inférieur au sien, verrait plus son fils avec Mihele, qui habite au niveau 400. L’auteur aborde aussi le thème de l’amitié qui se brise : finie l’innocence de l’enfance, quand on restait ami même si les parents se détestaient. Là, en grandissant, les enfants reproduisent les actes de leurs parents, tout comme Gerges qui intègre la milice et commet des actes que Maurce et Jéa réprouvent. Même Lucen, qui est souvent neutre, a du mal à fermer les yeux sur les exactions commises tous les jours. Quant à ceux qui vivent dans la ville haute, ils s’encombrent facilement des mensonges véhiculés sur ceux d’en bas : sauvages, sales, violents… Sauf Ludmilla, dont la gouvernante, Martha, lui a parlé de tout ça. Elle sait qu’elle n’a pas le droit de les côtoyer, mais elle veut les aider.

Ce sont plusieurs histoires imbriquées en une seule qu’Yves Grevet nous donne à lire. Je vous recommande fortement d’emprunter ce livre.

Extrait : »Je pédale en écrivant pour alimenter la plaque chauffante et la petite ampoule qui éclaire les casseroles. Ici, dans la ville basse, la seule énergie dépensée est celle que nous produisons nous-mêmes à la force de nos muscles. La-haut, chez les riches, les lampes s’allument quand on appuie sur un bouton et brillent sans qu’on s’en occupe. On nous l’a expliqué à l’école professionnelle. Y en a qui ont de la chance.

Ici les rues sont obscures même dans la journée car un brouillard noir et opaque enveloppe la ville basse en permanence. On appelle ça la nox. Depuis qu’on sait marcher, on est tous équipé de chenillettes sous les chaussures. Leur frottement sur le sol entraîne un mécanisme qui conduit l’énergie produite jusqu’à une dynamo qui elle-même convertit notre force motrice en éclairage. C’est le fonctionnement en mode lumière. On peut aussi, quand on sait se diriger dans le noir, se mettre en mode stockage et remplir des piles-réserves que l’on utilisera par exemple pour alimenter le frigo familial. Nos muscles des jambes, travaillant sans arrêt sans qu’on y fasse d’ailleurs attention, se développent excessivement et sous la peau apparaissent de grosses veines violettes et disgracieuses. Les mollets sont donc la partie du corps dont tout le monde a honte ici.« 




J’ai lu : Vango, un prince sans royaume, de Timothée de Fombelle

19 11 2019

Vango : Un prince sans royaume

Timothée de Fombelle

Résumé : Vango est toujours à la recherche de son passé. Voloï Viktor, son ennemi invisible ne cesse de le traquer et pour cela, tous les moyens sont bons. Il s’attaque à ceux qui sont chers à Vango : Mademoiselle, Ethel, Zefiro. Mademoiselle est enlevée, Zefiro, poursuivi lui aussi par Viktor, doit sortir de sa cachette et cherche à se venger. Ethel, qui essaie de retrouver Vango, est utilisée comme appât. l’étau se resserre de plus en plus autour du jeune homme, tandis que gronde la fureur de la Seconde Guerre Mondiale. Dans une Europe occupée, Vango est en plein dilemme : abandonner tout espoir de découvrir la vérité sur son identité, protéger ses proches en restant caché ou chercher à savoir, au risque de faire couler plus de sang… Que va-t-il choisir ? Connaîtrons-nous enfin le fin mot de l’histoire ?

Mon avis : Tout simplement MA-GIS-TRAL ! L’auteur mêle suspense, humour et poésie avec brio. On suit les pérégrinations des personnages, on respire avec eux, on sursaute avec eux, on pleure avec eux, on s’énerve avec eux ! On a envie que ça avance, mais l’auteur, par la magie de sa plume, nous freine, nous frustre, limite nous agace, tant il arrive à retourner les situations, à déjouer les plans, à échafauder des rebondissements… Cette histoire est haletante et elle fait frissonner jusqu’au bout. Qui est vraiment Vango et pourquoi veut-on le tuer ? Ethel arrivera-t-elle enfin à le retrouver ? Zefiro pourra-t-il finalement se venger de l’odieux Voloï Viktor ? Vous n’aurez toutes ces réponses qu’en lisant ce deuxième tome de la saga Vango ! Moi, j’en frissonne encore…

Extrait : « Vango ferma brièvement les yeux et les rouvrit. Son regard caressa ce mystérieux avion blanc. Et là, sous l’appareil, blotti contre la roue, il vit quelqu’un.

Il la vit mais son esprit refusa de la reconnaître.

Pourtant, Ethel le regardait de ses yeux verts qui le transperçaient.

L’homme à la mitraillette tendit l’oreille. il espérait entendre approcher l’automobile du lieutenant. Ses bras se fatiguaient sous le poids de l’arme. Il n’avait jamais demandé à être là, à mille kilomètres de chez lui, avec ce costume et cette ferraille. Dans sa ville, il était cordonnier (…)

Ethel laissa la terreur la quitter lentement. Elle était entrée dans la grange, avant d’aller détacher un cheval sous les arbres, pour vérifier que son avion était toujours là. Elle ne savait pas qu’en passant la tête entre ces planches, elle franchissait une ligne sacrée. Vango était mort depuis six ans mais il était assis dans la paille devant elle. Vango était mort mais il tenait ses genoux dans le creux de ses coudes.En passant la tête dans le trou de cette palissade, elle retrouvait la vie. Elle avait donc rampé jusqu’à l’avion et, là, il l’avait vue, lui aussi.

Pendant ces instants, quelques secondes à peine, il passa entre eux un flot agité. Un désordre de vie, de peurs, de souvenirs se promena sur cet étroit chemin. On se serait cru sur une route nationale dans la marée humaine de l’exode de juin 1940. Mais cela, sans un bruit, sans un cri, sans un coup de Klaxon, comme dans un film muet.

Ce face à face retourna le cœur de Vango. Sa vie était là à le regarder, sa vie recroquevillée sous une aile blanche d’avion. Il ressentit l’évidence de ce qu’il désirait. Ethel avait frappé à la porte, le 8 août 1929, en entrant dans la cuisine du Graf Zeppelin, suspendue dans le ciel de New York. Des années plus tard, il lui ouvrait enfin. Une force puissante envahit aussi Ethel. Elle avait ressenti le basculement de Vango. »




J’ai lu : Vango, entre ciel et terre de Timothée de Fombelles

19 11 2019

Vango, entre ciel et terre

Timothée de Fombelles

Résumé : En 1934, à Paris, le jeune Vango Romano, 19 ans, est sur le point de prononcer ses vœux. Mais, rien ne se déroulera comme prévu : Vango est poursuivi. Par qui ? Par le commissaire Boulard et ses hommes, mais aussi par des individus louches et sans scrupules. Son crime ? On l’accuse d’avoir tué le père Jean. Mais est-ce seulement pour cette raison que Vango est traqué, comme un animal ? Sa vie a toujours été auréolée de mystère. il ne sait pas qui il est, il ne connaît rien de son passé. Mademoiselle, sa nourrice, ne veut rien lui dire et se mure dans les secrets. Alors Vango doit fuir, fuir pour protéger sa vie et celle de ceux qu’il aime : le père Zefiro, la Taupe, Ethel. Aucun d’entre eux n’arrive à le cerner, le garder. Il reste insaisissable, même pour eux. La vie de Vango n’est qu’une course effrénée…

Mon avis : A lire absolument ! Ce roman est une vraie merveille, mais attention, on n’y jette pas les yeux à la légère ! Il faut être attentif au moindre détail, car chacun a son importance dans l’histoire. J’avais déjà entendu parler de ce roman depuis longtemps, mais je ne m’y étais jamais vraiment intéressée. Je suis vraiment contente de l’avoir lu et de m’être laissée transporter dans l’univers de ce personnage haut en couleurs, attachant et tellement énigmatique! On en apprend sur sa vie en même temps que lui et c’est extrêmement frustrant, quand on arrive à la fin du premier tome et qu’on se rend compte, qu’on n’a rien appris sur Vango. L’auteur a été magistral sur ce point ! On ne peut que lire le deuxième tome, obligé !

Extrait : « C’est alors que l’un d’eux se leva. Il n’était pas très grand. Sa robe était lourde de pluie. Son visage ruisselait. Il fit un tour sur lui-même au milieu de ces corps qui n’avaient pas bougé. De tous côtés, des agents en civil  sortirent des rangs et avancèrent d’un pas vers lui. Le jeune homme rassembla ses mains, puis les laissa tomber. Dans son regard passaient tous les nuages du ciel.

Le commissaire lui cria :

_Vango Romano?

Le garçon inclina la tête.

Dans la foule, quelque part, des yeux verts s’agitaient dans tous les sesn, comme des papillons dans un filet. Que voulait-on à Vango ?

Celui-ci se mit alors en mouvement et marcha vers le commissaire. Les policiers approchaient peu à peu. En s’avançant, Vango retira le blanc de sa robe et apparut en vêtements noirs. Il s’arrêta devant le cardinal, mit les genoux à terre.

_Pardonnez-moi, mon père.

_Qu’est-ce que tu as fait, Vango ?

_Je ne sais pas, Monseigneur, je vous implore de me croire. Je ne sais pas.

Une minute cinquante.

Le vieux cardinal agrippait ses deux mains à la crosse. Il s’appuyait de tout son poids, le bras et l’épaule enroulés au bois doré, comme du lierre à un arbre. Il regardait tristement autour de lui. Il connaissait chacun de ces quarante jeunes gens par leur nom.

_Je te crois, mon petit, mais j’ai peur d’être le seul ici.

_C’est déjà beaucoup, si vous me croyez vraiment.

_ça ne suffira pas, murmura le cardinal.

Il avait raison. Boulard et ses compères n’étaient plus qu’à quelques pas.

_Pardonnez-moi, supplia Vango à nouveau.

_Que veux-tu que je pardonne si tu n’as rien fait ?

Au moment où le commissaire Boulard, juste derrière lui, posait la main sur son épaule, Vango répondit au cardinal:

_ Voilà ce que je veux que vous me pardonniez…

Et, d’une main ferme, il attrapa celle du commissaire, se releva et lui vrilla le bras dans le dos. Il le jeta vers l’un de ses hommes.

En quelques bonds, Vango échappa à deux agents qui s’étaient précipités sur lui. Un troisième brandit son arme.

_Ne tirez pas, hurla Boulard, toujours au sol. Une grande clameur souleva la foule, mais d’un simple geste de la paume, le cardinal la fit taire.

Vango avait franchi les quelques marches de l’estrade. Une volée d’enfants de chœur s’éparpilla sur son passage en criant. Les policiers croyaient traverser une cour d’école. A chaque pas, ils trébuchaient sur un enfant ou recevaient une tête blonde dans l’estomac. Boulard hurla au cardinal :

_Dites-leur de se ranger! A qui obéissent-ils ?

Le cardinal leva le doigt en l’air, ravi.

_A Dieu seul, monsieur le commissaire. »




J’ai lu : Ysée Le pas de la Dame Blanche, d’Evelyne Brisou-Pellen

11 04 2019

Ysée : Le pas de la Dame Blanche

Evelyne Brisou-Pellen

Résumé : Joffrey, qui a perdu ses titres de noblesse, doit courir les tournois pour retrouver son honneur. Il est assisté dans cette tâche par Ysée, toujours déguisée en Ysengrin. Mais notre héroïne a l’art et la manière de provoquer des catastrophes. Les Coquillards, toujours à sa recherche, la retrouvent à Semur, où elle attend Joffrey. Elle doit fuir au plus vite. Le long du chemin, elle laisse des indices au jeune homme pour qu’ils puissent se retrouver. Un soir, elle surprend un complot destiné à tuer le roi de France et l’instigateur a un regard qu’elle n’a jamais pu oublier : celui de l’homme qui l’avait enfermée dans le reliquaire d’argent, avant de l’abandonner au couvent de Saint-Orbe. Cet homme, un certain Monce, est-il son père ? Ysée en est certaine ! Parviendra-t-elle à lever le mystère de sa naissance ? Et Joffrey, le retrouvera-t-elle un jour ? Retrouvera-t-il enfin son honneur et épousera-t-il Blanche, sa fiancée ?

Mon avis : J’ai dévoré le troisième et dernier tome de la saga d’Ysée. Comme toujours, Evelyne Brisou-Pellen nous tient en haleine grâce à un suspense bien installé. Du coup, on ne peut que dévorer chaque chapitre pour savoir ce qui arrivera aux personnages. Ce tome nous permet aussi de voir l’évolution de la relation entre Ysée et Joffrey. Et évidemment, on apprend tout sur la naissance de notre intrépide héroïne. Évidemment, je ne vous dirai rien du tout et je vous conseille vraiment de lire cette saga rafraîchissante et drôle.

Extrait : « Pénitence avait pris à travers champs, associant d’instinct le démarrage brusque avec la nécessité d’éviter les chemins. Sans le savoir, il venait de sauver sa maîtresse. Et comme Ysée oubliait de lui donner des ordres et qu’il n’avait pas envie de se briser une patte dans un trou, il marchait.

Il faut dire qu’Ysée avait l’esprit ailleurs. En révolution.

Ces yeux…

Au bout d’un moment, elle reprit conscience et se demanda pourquoi elle avait fui. Elle aurait dû rester, c’était le moment de régler ses comptes ! La stupéfaction, le désarroi en avaient décidé autrement.

L’instinct de survie.

Car cet homme était son père ! Les yeux étaient ceux de ses cauchemars, ceux qui s’étaient penchés sur elle à sa naissance ! Elle avait envie de hurler.

Pourtant, avoir comme père un pilier de taverne, quoi d’étonnant ? Elle s’en était toujours doutée, elle découvrait juste que la vérité était pire que ce qu’elle avait imaginé. Si son père ne l’avait pas tuée lui-même, s’il l’avait enfermée dans un reliquaire pour laisser le destin décider de son sort, c’était par peur de l’enfer !

Un homme capable de jouer ainsi la vie de son enfant n’était pas n’importe qui.

Non, pas n’importe qui.

Dans tous les sens de l’expression, puisque son père portait dans son blason le lys de France ! Des membres de la noblesse se livrant au brigandage, elle en avait déjà entendu parler mais, là il s’agissait de la plus grande famille de France… Quelle déchéance ! Un noble au coeur IGnoble, sans doute aigri de voir sur le trône une autre branche de la famille. »




J’ai lu : Le mystère Malala, de Stéphane Daniel

21 03 2019

Le mystère Malala

Stéphane Daniel

Résumé : Les mousquetaires de Belleville, une bande de collégiens, se retrouvent confrontés à un problème. Joseph, surnommé Bouboule est dans la lune. Oui, il est amoureux. il passe son temps à guetter une jeune fille dans le parc. Loin de l’embêter sur le sujet, ses amis Diembi, Miki, Hakim et Lisa remarquent surtout que le jeune fille en question a un drôle de comportement : elle garde toujours les yeux baissés, elle ne parle à personne, elle a l’air apeurée. Et pourquoi ne va-t-elle pas à l’école, alors qu’elle à peu près leur âge ? Les mousquetaires de Belleville ont décidé d’éclaircir ce mystère et de rendre le sourire à leur ami Bouboule. Quel secret vont-ils découvrir ?

Mon avis : Un très beau petit roman qui aborde le thème de l’esclavage moderne. Les collégiens se rendent bien compte que la jeune fille dont Bouboule est amoureux a un problème. Ils mettent tout en œuvre pour trouver ce qu’elle cache et essayent de l’aider. Une histoire fluide et bien écrite qui mérite d’être lue.

Extrait : « Bouboule s’engouffra une barre de Mars et la mastiqua sans plaisir. il suivait d’un œil morne la partie de ping-pong que disputaient Hakim et Miki, rythmée par le crissement de leurs semelles sur le lino et leurs ahans de bûcheron. La maison de quartier les abritait en ce mercredi pluvieux. Le regard de Bouboule s’enfuit par la fenêtre et alla se planter dans le gris d’un nuage chargé de nouvelles averses. il ne la verrait pas aujourd’hui. Elle ne promenait l’enfant qu’en fin d’après-midi, lorsque la météo le permettait. Avec la flotte du jour, c’était cuit.

Depuis l’épisode du jardin, la veille, il se sentait mieux. Les copains connaissaient son secret sans qu’il ait besoin de le leur confier. Il pouvait passer du temps avec eux sans risquer de se faire chambrer à tout bout de champ.

_Prends ça dans ton score, pourri !

Hakim venait de réussir un smash et il avait le triomphe discret… Bouboule sourit et tenta de suivre la partie, mais ses pensées prirent un autre chemin.

Cette fille, il l’avait croisée pour la première fois rue Jouye-Rouve deux semaines plus tôt. Ils avaient eu un échange regards, une seconde, une seconde seulement, mais assez longtemps pour qu’il sente son cœur se court-circuiter, comme si elle avait dénudé les fils de ses artères. Cette rencontre avait eu un effet désastreux car depuis, pour la première fois de sa vie, il se voyait comme un gnocchi géant, emprisonné dans un autre Bouboule, trop gros, prenant trop de place. mais elle ne quittait pas son esprit. Aussi parce qu’il y avait quelque chose dans son visage, son attitude qui le tourmentait. il devait découvrir ce que c’était. Ou simplement s’inventer une autre raison pour s’approcher d’elle. »




J’ai lu : La boîte, d’Anne-Gaëlle Balpe

9 11 2018

La boîte

Anne-Gaëlle Balpe

Résumé : Malt vit à Edens, un trou paumé. Il passe son temps à squatter un banc dans un parc avec son meilleur pote Jonas, ou Jen, sa petite amie. Il s’ennuie et son plus grand rêve, c’est de quitter ce trou pourri. Un jour, alors qu’il traîne sur son habituelle parcelle de banc avec Jen, celle-ci remarque une boîte métallique, négligemment posée sur le banc. Intrigués, les deux amoureux ouvrent la boîte et y trouve de l’argent, un billet de 20 dollars et un feuillet sur lequel est noté un numéro de portable. Malt est dubitatif et aimerait jouer la carte de la prudence, mais Jen est tellement excitée par l’argent que sur ses conseils, Malt récupère le billet, sans s’occuper du numéro de téléphone. Le lendemain, rebelote : une nouvelle boîte l’attend sur le banc, avec deux billets de 20, cette fois. Et en plus du numéro de téléphone, un autre message : « Dernière boîte. Dernière chance. Un coup de fil et vous êtes riche. » Jen réussit à convaincre son petit ami d’appeler et Malt s’exécute. Le message qu’il entend au bout du fil est très clair : « Dix-mille demain. A huit heures sous le banc. Moyennant un petit service. Si tu acceptes, envoie un SMS à ce même numéro. Garde ton portable sur toi. On te fera signe« . Malt et Jen ont deux points de vue différents sur la marche à suivre. Jen rêve de partir d’Edens, elle veut cet argent ; Malt, lui, est plus prudent, il sent venir l’embrouille. Cette boîte ne serait-elle pas celle de Pandore ? Il aura tôt fait de s’en rendre compte.

Mon avis : Un roman haletant. L’auteure sait bien ménager le suspense et les rebondissements tout au long de l’histoire. Elle met en scène deux personnages bien différents. Malt est un jeune garçon blessé par la vie. Sa mère alcoolique, est gravement malade et il ne s’entend pas avec son père. Son meilleur ami, Jonas, vit dans un quartier dans lequel la misère règne en maître. Malt ne rêve que de sortir de cette gangue, voir ailleurs, aller plus loin. Mais c’est tout de même un garçon qui garde les pieds sur terre. Il se méfie tout de suite, quand il voit la boîte et il pressent que les choses risquent de mal tourner. Jen, au contraire, est d’une naïveté et d’une superficialité effarantes ! Elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez et elle ne pense qu’à ce que l’argent pourra lui apporter. Elle a toujours de bons arguments pour convaincre Malt et même quand celui-ci s’inquiète, avec raison, elle a du mal à comprendre qu’ils se sont mis dans de sales draps. Pour ceux qui aiment l’aventure, les courses-poursuites et le suspense, vous pouvez lire ce roman. Seul bémol pour moi : le langage utilisé par l’auteure pour faire parler ses personnages. On a l’impression que tous les jeunes ont un langage ordurier. C’est peut-être le cas, mais bon, moi ça m’a un peu dérangée tout de même.

Extrait : « Réveillé à 7 heures par la vibration du portable :

« Amour, on fé quoi ? On y va ?!! »

Jen. Le banc. Rendez-vous à 8 heures. Dix-mille. J’ai tenté d’émerger en me secouant la tête… J’avais les yeux explosés, pas le courage de taper une réponse, alors j’ai appelé.

_C’est moi, Jen. J’y ai pas mal pensé hier soir. Vaudrait mieux laisser tomber.

_ Quoi ?! Mais attend, on en a déjà parlé ! On risque rien tant qu’on a pas pris l’argent de toute façon, t’es d’accord ? Alors je vois pas ce qui peut se passer, non, moi je crois qu’on d…

_ Bon, on va jeter un œil. Juste un œil.

_ On dit dans un demi-heure devant chez Pat ?

_ ça marche.

_ Malt, tu te rends compte que notre vie va peut-être changer, là, dans quelques minutes ? Putain, j’ai pas dormi de la nuit !

_ A tout à l’heure, princesse.

Je suis retombé sur mon oreiller. Ouais… Notre vie allait peut-être bien changer, là, dans quelques minutes. ça, c’était même à peu près sûr. Mais pour aller dans quelle direction ?

En tout cas, Jen avait l’air en forme, pour quelqu’un qui n’avait pas dormi de la nuit. En forme et excitée comme un gosse à Disneyland. Encore un truc que j’aimais bien chez elle, ce côté gamine.

J’ai traversé le couloir. La porte de ma mère était fermée. Après un rapide passage sous la douche, je suis descendue dans la cuisine. Mon père avait laissé un mot : « Parti à l’épicerie. Je reviens. »

C’est bizarre, mais au moment de sortir, j’ai pensé que c’était le dernier souvenir que j’aurais de lui. Fallait vraiment que j’arrête de m’imaginer des trucs. C’était qu’une boîte, après tout ! Dedans, il n’y aurait rien, et on passerait à autre chose. »




J’ai lu : Felicidad, de Jean Molla

1 11 2018

Felicidad

Jean Molla

Résumé : La ville de Felicidad, dans la Grande Europe, se veut le prototype de la ville parfaite. Le Bonheur y est obligatoire. Il y a même un Ministre du bonheur ! Le gouvernement fait tout pour que la perfection soit le maître mot du peuple. L’immense groupe Génégène a fabriqué des parumains, des androïdes destinés à servir les humains. Ils ont quasiment toutes les caractéristiques humaines, mais ils sont génétiquement modifiés pour ne pas se rebeller. Mais, ne voila-t-il pas qu’un groupe de parumains, les Delta 5, montre des signes de rébellion. Ils sont même accusés d’avoir tués, Julien Choelcher, le généticien génial qui les a créés. Quand on découvre que Claude Buisson, le ministre du Bonheur obligatoire, a lui aussi été assassiné, rien ne va plus. La Sécurité intérieure fait donc appel à Alexis Decked, un flic de renom, et le charge de retrouver ces parumains défectueux, afin qu’ils soient éliminés. Mais cette enquête, qui ne devait être qu’une simple quête, se révélera être la source de révélations qui auraient mieux valu de rester dans l’ombre…

Mon avis : Je ne suis en général pas fan de la SF, mais là, c’est un roman à lire. L’histoire est prenante, l’auteur écrit bien, même si le thème des androïdes a déjà été battu et rebattu ! J’ai beaucoup aimé le personnage de Decked et j’ai aussi apprécié que les personnages principaux soient des adultes, pour une fois ! Decked est un bon petit soldat. Il a été mandaté pour retrouver des parumains et il fait ce qu’on lui demande de faire. Et malgré toutes les questions qu’il se pose, malgré Majhina, la parumaine dont il est fou amoureux. Il se plie aux ordres. Jusqu’où ira-t-il et surtout, quelles vérités mettra-t-il à jour ? Je vous laisse le découvrir. Vraiment, je vous invite vivement à lire cet ouvrage qui pose des questions existentielles. Qui sait, vu à quelle vitesse évolue le monde aujourd’hui, peut-être serons-nous un jour amenés à nous poser les mêmes.

Extrait : « A ce jour, personne n’aurait pu s’en passer, même si certains économistes avaient pointés les effets pervers induits par l’arrivée des parumains sur le marché de l’emploi : baisse généralisée des salaires les plus faibles, augmentation du chômage dans les milieux modestes, fragilisation de certaines catégories socioprofessionnelles. Les analystes évoluant des les hauts sphères gouvernementales préféraient souligner que les parumains avaient permis de fermer définitivement les frontières de la Grande Europe aux candidats à l’immigration tout en compensant le déficit démographique lié à une dénatalité préoccupante.

Alexis soupira. Ces arguments étaient-ils moralement défendables ? Il n’en savait rien. Ce n’était pas à lui de changer la société. Elle fonctionnait très bien en l’état. Il en était un des rouages, les parumains un autre.

Majhina revint vers sa table et posa devant lui une cafetière fumante, une tasse et un panier rempli de croissants.

_Je t’ai dit que je n’ai pas faim ! protesta Decked.

La parumaine lui adressa un sourire désarmant.

_Je sais, mais j’ai été créée pour faire le bien. Et le bien, c’est que tu t’alimentes correctement avant de tomber d’inanition. (…)

_Dis-moi, est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’avoir envie de renverser un verre sur la tête d’un client particulièrement goujat ?

_Souvent, admit Majhina.

_ Et pourquoi ne l’as-tu jamais fait ?

D’un geste tendre, la parumaine effleura la joue de Decked.

_Parce que je ne le peux pas, Alexis. Un biocontrôle m’en empêche. Je te l’ai dit, j’ai été créée pour faire le bien et soulager ton portefeuille.

_Et le bien, c’est d’accepter n’importe quoi d’un humain ?

_Selon mes concepteurs, oui.

_Et selon toi ?

Elle éclata de rire.

_Il n’y a pas de « selon moi ». C’est mon plus gros défaut. Ou ma plus grande qualité peut-être. A toi de cocher la bonne case ! »