J’ai lu : L’île du crâne, d’Anthony Horowitz

17 02 2022

L’île du crâne

Anthony Horowitz

Résumé : David Eliot, 12 ans, vient d’être renvoyé de son collège. Son père, Edward Eliot est véritablement furieux ! Il ne sait pas quoi faire de son fils. De son temps, les choses ne se passaient pas ainsi… Mais ne voilà-t-il pas que, comme par hasard, il reçoit un courrier d’une école particulière : Groosham Grange, située sur l’île du crâne, au large de l’Angleterre. David n’a aucune envie d’y aller, mais il n’a pas vraiment le choix. Le voici donc expédié dans cette école plus qu’étrange : le directeur adjoint, M. Kilgraw est blafard et ne présente aucun reflet dans les miroirs, les cours n’ont rien de classique et les professeurs sont extrêmement déconcertants… Heureusement, David rencontre Jill et Jeffrey, avec lesquels il se lie d’amitié. Pourtant, il ne se sent pas à l’aise dans cet établissement. Et si jamais il courait un réel danger ? Pourrait-il seulement s’échapper ?

Mon avis : J’ai regardé une vidé Youtube dans laquelle l’animateur disait que Harry Potter à l’école des sorciers était le plagiat de L’île du crâne. Du coup, ça m’a tout de suite intriguée et j’ai décidé de me faire ma propre idée. Ce que je peux en dire, c’est qu’il ne fait nul doute que J. K. Rowling s’est inspirée de L’île du crâne pour écrire Harry Potter, mais ça s’arrête là, selon moi. De là à dire qu’il s’agit d’un plagiat, je ne suis pas d’accord. En toute franchise, j’ai été déçue par cet ouvrage. Il m’a été difficile d’entrer dans l’histoire. Je trouve que l’auteur n’a pas assez développé ses personnages, ce qui fait qu’on a du mal à s’y attacher. L’histoire en elle-même n’est pas mal, mais tout ça reste trop superficiel à mon goût… Lisez-le et faites-vous votre propre idée, pour ma part, je n’ai pas aimé plus que ça.

Extrait : « David recula vers la porte, mais M. Kilgraw l’arrêta.

« Je veux que tu sois heureux ici, David. A Groosham Grange, nous prenons vos intérêts à cœur. Nous sommes là pour vous aider. une fois que tu l’auras admis, je te promets que tu ne regarderas plus jamais en arrière. Crois-moi. »

David n’avait pas la moindre intention d’en discuter maintenant. Il gagna la porte aussi vite que possible, en se retentant pour ne pas courir. Car il avait vu ce qui clochait avec le miroir. Il l’avait vu après avoir signé son nom en lettres de sang, au moment où il se détournait du bureau.

Le miroir renvoyait l’image de tout ce qui se trouvait dans la pièce. Le bureau, les livres, les rideaux, le mobilier, le tapis, et David lui-même. Tout, sauf M. Kilgraw. »




J’ai lu : Chambre 1408, de Stephen King

4 02 2022

Chambre 1408

Stephen King

Résumé : Mike Enslin est un chasseur de fantômes. Il dort dans des endroits dits hantés : manoirs, cimetières, châteaux, rien ne lui échappe. Il publie ses aventures et jouit d’un certain succès. Grisé par son expérience, il décide de s’attaquer à l’Hôtel Dolphin et sa tristement célèbre chambre 1408. Mike décide d’y passer la nuit et ce ne sont pas les mises en garde d’Olin, le gérant de l’hôtel, qui le feront reculer. Pourtant, quand il arrive devant la fameuse porte 1408, il sent bien que ce ne sera pas comme d’habitude, cette fois…

Mon avis : J’aime bien les romans de Stephen King, pourtant, cette fois-ci, je suis restée sur ma faim. C’est peut-être parce que ça tient plus d’une nouvelle que d’un roman mais je m’attendais vraiment à plus. Déjà, l’intrigue prend du temps à se mettre en place. Mike rencontre Olin qui le met en garde et lui raconte les faits étranges qui se sont déroulés dans la chambre 1408 et j’ai trouvé que ce passage a trop trainé en longueur. Et quand, enfin, Mike entre dans la fameuse chambre… c’est un peu la déception. N’empêche que si vous aimez jouer à vous faire peur, vous pouvez emprunter cet ouvrage sans problème.

Extrait : « Ses problèmes, avec la 1408, commencèrent avant qu’il en ait franchi la porte.

Laquelle porte était de travers.

Pas de beaucoup, mais elle était incontestablement de travers, inclinée un poil sur la gauche. Elle lui faisait penser à ces films d’épouvante dans lesquels le metteur en scène cherche à traduire l’état de détresse mentale d’un des protagonistes en inclinant la caméra dans ses cadrages. Association d’idées qui fut suivie d’une autre : l’aspect que prennent parfois les portes sur un bateau lorsque la mer est mauvaise. Elles vont et viennent, s’inclinent d’un côté et de l’autre, claquent et grincent, jusqu’à ce qu’on finisse par être gagné par la nausée. Non pas qu’il ait éprouvé quelque chose de ce genre dans sa tête ou son estomac, mais…

Mais si, un peu. »




J’ai lu : Le photographe, d’Irina Drozd

20 01 2021

Le photographe

Irina Drozd

Résumé : Vivien Claret est un jeune garçon qui vit à Tignes avec ses parents depuis un an. Même si Paris lui manque, il est tout de même heureux d’avoir déménagé, car ça lui a permis de se faire deux bons amis, Luc et sa jumelle Annie, dont Vivien est secrètement amoureux. Un jour, il rencontre Lucien Mortagne, un photographe qui désire faire de lui son modèle. Vivien accepte et se prête volontiers aux séances du Lucien. Cependant, il est de plus mal à l’aise par les demandes excentriques de l’homme. Pourquoi veut-il toujours que Vivien prenne un air effrayé sur les photos. Et pourquoi, depuis qu’il a commencé les séances, Vivien se sent-il si fatigué et effrayé ? Il y a visiblement quelque chose qui cloche, mais quoi ?

Mon avis : Alors j’avais déjà lu « Un tueur à ma porte » de la même auteure et j’avais beaucoup aimé. Par contre, pour Le photographe, je l’ai trouvé assez moyen. L’intrigue est originale, il y a certes un petit côté surnaturel qui rappelle un peu celui du roman Le miniaturiste de Virginie Lou, mais j’ai eu du mal à accrocher. C’est peut-être parce que le livre a moins de 100 pages et que les personnages ne sont pas assez développés à mon goût. Je n’ai pas réussi à avoir de connexion avec les personnages : Lucien est rebutant dès le début, Vivien continue à accepter les séances photos malgré le fait qu’il sente bien qu’il y a un problème et Luc et Annie prennent bien part à l’action, mais en même temps, ils sont tellement effacés dans l’histoire que ça n’est pas crédible. C’est dommage, parce que ça aurait pu donner quelque chose de vraiment pas mal. Lisez-le et faîtes-vous votre propre idée.

Extrait : « Vivien se retourna dans son lit. Il se sentait très fatigué et pourtant ne parvenait pas à trouver le sommeil. Dès qu’il laissait vagabonder son esprit, les séances de pose lui revenaient en tête. il se revoyait adossé à un arbre, le visage livide, imaginant un monstre à sa poursuite, ou bien recroquevillé dans un fauteuils de Lucien, attendant qu’une hideuse sorcière s’empare de lui. Il avait essayé de demander à Lucien d’abandonner pour quelques séances son thème fantastique, mais le photographe avait fait la sourde oreille, arguant qu’il avait presque fini la série, refusant de l’écouter.

Vivien poussa un profond soupir. il avait promis au photographe de faire toute la série mais, à présent, il regrettait sa promesse tout en n’envisageant pas une seconde de ne pas la tenir. Il se jura d’essayer encore de convaincre Lucien de faire des photos « normales » au moins le temps de le laisser se remettre un peu. Pour une fois, Vivien se reprocha d’avoir trop d’imagination.« 




J’ai lu : Ippon, de Jean-Hugues Oppel

5 01 2021

Ippon

Jean-Hugues Oppel

Résumé : Sébastien espère passer une bonne soirée, il a tout prévu : de sortie chez des amis, ses parents l’ont laissé avec Justine, une étudiante qui l’aide à faire ses devoirs. Ah Justine, si belle… Sébastien aimerait bien lui plaire, mais il n’a que treize ans… La soirée se déroulait bien, il s’était arrangé avec la jeune fille pour ne pas faire ses devoirs et lui permettre à elle, de travailler de son côté. Tout était prévu pour qu’après le match de foot à la télé, elle vienne le border dans son lit. Mais, rien ne se passe comme prévu. Alors que Justine doit lui ramener un verre d’eau pour qu’il prenne ses médicaments, elle ne vient pas. Que se passe-t-il ? Sébastien s’inquiète. Et s’ils n’étaient pas seuls dans la maison…

Mon avis : En commençant ma lecture, je n’ai pas du tout accroché avec le style d’écriture de l’auteur. Une écriture hachée, comme coupée au couteau, dure, brute de décoffrage. Il a planté un décor glauque, sale, dans lequel on n’a vraiment pas envie de traîner les pieds. Mais, au fur et à mesure de ma progression dans l’histoire, ce style haché est devenu approprié parce qu’il a donné une cadence, un rythme haletant à l’intrigue. Sébastien se retrouve nez à nez avec un intrus dans sa maison et il doit se débrouiller pour rester en vie. L’histoire rappelle un peu celle de « Un tueur à ma porte » d’Irina Drozd, mais elle est plus noire, plus intense. C’est un petit roman de 83 pages, pour les petits lecteurs. Je vous invite à le lire, il n’est pas mal.

Extrait : « A 23 : 34, il n’en peut plus et se lève. Sort de son lit et s’habille sommairement, pantalon et polo. Il enfile ses chaussons, des mules en velours côtelé à semelle élastomère, modèle économique en vente dans les supermarchés. il en use une demi-douzaine de paires durant l’année. Ne peut pas souffrir les pantoufles, ça tient trop chaud et ça conserve les odeurs.

Il quitte sa chambre. S’arrête un instant dans le couloir et écoute.

Rien.

Pas même un murmure de voix étouffée, ou les roucoulades que pousse Justine chaque fois qu’elle parle à son chéri au téléphone. Sébastien descend l’escalier, un peu alarmé. il lui est arrivé quelque chose, un malaise, elle est tombée dans les pommes, ce n’est pas possible autrement. Ou elle se cache pour le taquine. Hypothèse saugrenue, l’étudiante a passé l’âge de se livrer à ces jeux puérils. Sébastien atteint le niveau du salon. De l’autre côté, un peu de lumière se reflète dans les carreaux dépolis de la porte vitrée entrouverte. Elle vient de la cuisine, située en retrait. Silence total dans la maison. Sébastien n’ose pas appeler, les mots restent bloqués dans sa bouche. il se sent stupide. Très enfant tout à coup. Trop. C’est ridicule. La semaine dernière encore, au club, il ratatinait son copain Fernand qui est pourtant plus vieux que lui, et ceinture marron. Bientôt ceinture noire, même. Le salon est éclairé, touts les appliques halogènes accrochées aux murs sont allumées. Les affaires de Justine n’ont pas bougé du canapé, devant la télévision éteinte ; il peut les apercevoir d’où il se tient. Sa veste en jean et son sac à main sont pendus au dossier d’un gros fauteuil occupant un coin de la vaste pièce.

Difficile d’imaginer décor moins effrayant. Mis à part le silence anormal. »




J’ai lu : Le mystère Malala, de Stéphane Daniel

21 03 2019

Le mystère Malala

Stéphane Daniel

Résumé : Les mousquetaires de Belleville, une bande de collégiens, se retrouvent confrontés à un problème. Joseph, surnommé Bouboule est dans la lune. Oui, il est amoureux. il passe son temps à guetter une jeune fille dans le parc. Loin de l’embêter sur le sujet, ses amis Diembi, Miki, Hakim et Lisa remarquent surtout que le jeune fille en question a un drôle de comportement : elle garde toujours les yeux baissés, elle ne parle à personne, elle a l’air apeurée. Et pourquoi ne va-t-elle pas à l’école, alors qu’elle à peu près leur âge ? Les mousquetaires de Belleville ont décidé d’éclaircir ce mystère et de rendre le sourire à leur ami Bouboule. Quel secret vont-ils découvrir ?

Mon avis : Un très beau petit roman qui aborde le thème de l’esclavage moderne. Les collégiens se rendent bien compte que la jeune fille dont Bouboule est amoureux a un problème. Ils mettent tout en œuvre pour trouver ce qu’elle cache et essayent de l’aider. Une histoire fluide et bien écrite qui mérite d’être lue.

Extrait : « Bouboule s’engouffra une barre de Mars et la mastiqua sans plaisir. il suivait d’un œil morne la partie de ping-pong que disputaient Hakim et Miki, rythmée par le crissement de leurs semelles sur le lino et leurs ahans de bûcheron. La maison de quartier les abritait en ce mercredi pluvieux. Le regard de Bouboule s’enfuit par la fenêtre et alla se planter dans le gris d’un nuage chargé de nouvelles averses. il ne la verrait pas aujourd’hui. Elle ne promenait l’enfant qu’en fin d’après-midi, lorsque la météo le permettait. Avec la flotte du jour, c’était cuit.

Depuis l’épisode du jardin, la veille, il se sentait mieux. Les copains connaissaient son secret sans qu’il ait besoin de le leur confier. Il pouvait passer du temps avec eux sans risquer de se faire chambrer à tout bout de champ.

_Prends ça dans ton score, pourri !

Hakim venait de réussir un smash et il avait le triomphe discret… Bouboule sourit et tenta de suivre la partie, mais ses pensées prirent un autre chemin.

Cette fille, il l’avait croisée pour la première fois rue Jouye-Rouve deux semaines plus tôt. Ils avaient eu un échange regards, une seconde, une seconde seulement, mais assez longtemps pour qu’il sente son cœur se court-circuiter, comme si elle avait dénudé les fils de ses artères. Cette rencontre avait eu un effet désastreux car depuis, pour la première fois de sa vie, il se voyait comme un gnocchi géant, emprisonné dans un autre Bouboule, trop gros, prenant trop de place. mais elle ne quittait pas son esprit. Aussi parce qu’il y avait quelque chose dans son visage, son attitude qui le tourmentait. il devait découvrir ce que c’était. Ou simplement s’inventer une autre raison pour s’approcher d’elle. »




J’ai lu : Version Beta, de Rachel Cohn

17 01 2019

Version Beta

Rachel Cohn

Résumé : L’histoire se situe sur l’île de Desmene, une île paradisiaque où tout est fait pour rendre la vie la plus belle possible aux habitants les plus fortunés. Et pour servir ces habitants, les plus grands scientifiques, comme le Dr Lusardi, ont développé le clonage. Elysia, est l’une d’entre eux, mais elle est particulière : elle fait partie des tous premiers clones adolescents. Elle est née à 16 ans, c’est une version BETA, un prototype. Elle est parfaite, comme doit l’être tout ce qui vit sur Desmene. Elle est achetée par Mme Bratton, la femme du Gouverneur de Desmene et est exposée comme un trophée de grand luxe. Elysia a été conçue pour servir, elle ne doit ressentir aucune émotion, rester insensible. Après tout, elle n’a pas d’âme, ce n’est qu’un clone. Mais, petit à petit, elle réalisera qu’il y a un problème : elle est défaillante. Elle ressent des choses qu’elle ne devrait pas ressentir. Pire, elle a des souvenirs de son originale… Si jamais les humains s’en aperçoivent, elle risque sa vie.

Mon avis : En voyant la couverture rose bonbon et irisée du livre, j’aurais dû me douter que je ne l’aimerais pas… Mais bon, le résumé était accrocheur, je me suis laissée tenter et bien entendu, j’ai été déçue. Je n’ai pas du tout aimé le personnage d’Elysia. En fait je n’ai aimé aucun personnage… Elysia est décrite comme étant parfaite, physiquement en tout cas. Du coup, toutes les trois pages, l’auteure en rajoute des couches : ses beaux cheveux soyeux, sa peau veloutée, ses yeux merveilleux… au bout d’un moment, ça devient lassant ! Il en est de même pour tous les personnages qui tiennent un rôle important, comme Tahir ou encore Alexander. L’intrigue en elle-même aurait pu être intéressante, avec la révolte des clones, l’insurrection, la quête de liberté, mais malheureusement, je trouve que les personnages ne suivent pas, particulièrement Elysia qui parfois, fait des choix complètement stupides ou incohérents ! Bref… j’ai détesté ! J’ai de loin préféré Félicidad de Jean Molla, ou encore Genesis Alpha de Rune Michaels, qui traitent eux aussi du thème du clonage.

Extrait : « A en croire le Dr Lusardi, je suis la plus réussie des versions BETA, adolescents et adultes confondus. Mon physique personnifie le mode de vie sur Desmene, et c’est ce qu’on attend des clones. Ma brochure holographique indique que j’ai des mensurations de « top model ». Mes membres fuselés laissent penser que mon Originale était athlète ou danseuse. Le Dr Lusardi me trouve « délicieuse ». Je peux me vanter d’avoir une superbe chevelure miel, un teint éclatant et hâlé. La partie la plus délicate de sa création, selon le savant, à savoir mes yeux, est à la hauteur de ses attentes : des pastilles d’un fuchsia éclatant, des paupières en forme d’amande et d’épais cils bruns, conçus pour souligner la docilité — et éviter d’effrayer les futurs propriétaires. De loin les prunelles lumineuses des clones sont censées attirer les humains, tout en leur procurant une sensation de sécurité. De près, elles semblent vides. Pour cette raison, les hommes évitent, le plus souvent, de plonger leurs yeux dans les nôtres : les regards sans âme tendent à effrayer ceux qui en ont une.

_ Tu vas devenir une compagne, alors, remarque Becky. C’est formidable pour toi.

Mon cœur se serre soudain, comme si j’allais regretter cette autre version BETA. Je connais la vraie cause de cette réaction: mon interface a été programmée pour imiter les sentiments humains. Je suis incapable, en réalité, de souffrir de cette séparation. Nous n’éprouvons rien l’une pour l’autre. Nous n’en avons pas besoin. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi j’ai aussi un creux au ventre, à la perspective de cet éloignement. J’ai tant à apprendre sur cette île, sur le fonctionnement de mon corps… Mon existence est si récente !

_Tu viens juste d’arriver sur le marché, ajoute Becky. La vente a été rapide, félicitations.

_ Une fois installée dans mon nouveau foyer, je pourrais me renseigner sur la possibilité d’une place pour toi…

Feignant de m’être reconnaissante d’une promesse que je serai, nous le savons toutes les deux, sans doute incapable de tenir, Becky me répond :

_ Merci. Le poste que j’occupe ici m’apporte pleine satisfaction, de toute façon. »




J’ai lu : Ils m’ont appelée Eva, de Joan M. Wolf

14 01 2019

Ils m’ont appelée Eva

Joan M. Wolf

Résumé : Nous sommes en mai 1942. Milada est une petite fille tchèque de dix ans qui vit dans la ville de Lidice, en Tchécoslovaquie. Elle coule des jours heureux au milieu de sa famille : ses parents Antonin et Jana, son grand-frère Jaroslav, sa petite-sœur Anechka et Babichka, sa grand-mère. Malgré la présence étouffante des nazis, la vie n’est pas si mal ; Milada a même pu fêter ses dix ans et programme dejà celui de Terezie, sa meilleure amie. Pourtant, sa vie va basculer trois semaines après son anniversaire. Un soir, des soldats allemands font irruption chez ses parents et les emmènent. La famille est séparée : sa grand-mère, sa mère, sa petite sœur et elle d’un côé, son père et son grand-frère de l’autre . Milada ne les reverra jamais. Plus tard, elle sera séparée de sa mère et envoyée dans ce que l’on appelle un « Centre« . Elle comprendra que ses cheveux blonds et ses yeux bleus l’ont sauvée du massacre : elle a les traits aryens que recherchent les nazis. A partir de ce jour, Milada devra oublier qui elle est, d’où elle vient, pour devenir une parfaite petite allemande au service du führer, Adolph Hitler. Elle deviendra Eva. Mais, elle ne peut oublier ce que lui a dit Babichka, en lui remettant sa broche en grenat : « Tu dois la garder et ne rien oublier. Rappelle-toi toujours qui tu es. Rappelle-toi d’où tu viens. Toujours« .

Mon avis : Ce roman, inspiré de faits réels, est tout simplement bouleversant. Je ne savais pas que les nazis kidnappaient les yeux aux « traits aryens » pour les « rééduquer » de la sorte. Ils appelaient cela le programme Lebensborn, la « source de vie« . La petite Milada ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle est totalement désorientée, mais qui ne le serait pas ? Séparée de sa famille, elle est forcée de devenir une autre : elle doit apprendre une nouvelle langue, oublier sa famille, sa vie d’avant, jusqu’à son prénom qui sera transformé en Eva, un prénom bien allemand. Tout cela parce qu’elle a des cheveux blonds et des yeux bleus. Le récit, écrit à la première personne, décrit bien la peur qu’a Milada d’oublier sa vie d’avant. On se rend compte qu’au fur et à mesure, elle oublie sa langue, son prénom, la voix de ses proches, ses souvenirs s’embrouillent. Elle se bat désespérément contre l’oubli et le désespoir, la broche que lui a donné sa grand-mère est son repère, son point d’ancrage. Plus tard, quand elle sera adoptée par la famille Werner, elle aura du mal à ne pas s’attacher à sa nouvelle famille, particulièrement Elsbeth, sa sœur adoptive. Exécuter le salut hitlérien deviendra une habitude, presque un réflexe… L’auteure décrit bien le processus des nazis pour laver le cerveau des enfants qu’ils enlevaient sans aucun scrupule à leurs parents. Les sentiments des enfants sont aussi très bien exprimés : angoisse, confusion, dépression… Pourtant, ce n’est pas le cas de tous : Ruja, qui vient de Lidice comme Milada, oublie très vite son passé et entre avec une facilité déconcertante dans la peau de Franziska, une parfaite petite nazie… Je vous recommande ce livre, inspiré de faits réels, à lire avec du recul tout de même.

Extrait : « Et d’un seul coup, j’ai revu très nettement tout ce qui s’était passé à Lidice : le visage de Papa, sa main qui ne lâchait pas celle de mMaman jusqu’àce qu’on l’entraîne, ses yeux exprimant une telle souffrance. Et j’ai senti à nouveau l’odeur du foin dans le gymnase où nous avions attendu des heures, des jours. Et j’ai retrouvé le contact des doigts de Maman sur les miens juste avant qu’on m’emmène. Furieuse d’un sel coup, j’ai rejeté mes couvertures. Franziska s’est assise dans son lit et je me suis tournée vers elle :

« Tu t’en souviens. Tu étais là. On t’a enlevée, toi aussi.

_ Non », a-t-elle répondu d’une voix très assurée.

Ce « non » m’a fait aussi mal que la gifle de Fraülein Krüger le premier jour au Centre.

« Quoi ? ça veut dire quoi, « non » ? Comment peux-tu avoir oublié ? Les soldats, les fusils, les camions, le gymnase ? Qu’est-ce que tu racontes ? »

J’étais debout, maintenant, tellement en colère que j’en avais mal à la tête.

« Mes parents sont morts, ils ont été tués pendant un bombardement allié. »

Son ton était devenu bizarre, on aurait dit que les mots ne parvenaient plus à sortir de sa gorge. D’un seul coup, j’ai eu froid et ma fureur est retombée. (…)

Une fois au lit, j’ai caressé du doigt la petite broche de Babichka. C’était tout ce qui me restait de ma vie d’avant. Et j’ai repensé à mon beau téléscope, le cadeau d’anniversaire de Papa. Quelqu’un s’en servait-il maintenant pour observer les étoiles ? Je me suis souvenue aussi de ce soir où Terezie et moi avions fait des projets pour ma fête, discutant des chansons qu’on chanterait, des jeux qu’on organiserait. Puis nous avions regardé les étoiles. « Eva, regarde ! » s’était exclamée Terezie en désignant une étoile filante qui traversait le ciel.  Mais non, quelque chose n’allait pas. J’ai essayé de revoir la scène en entier. Terezie avait bien dit « Regarde ! » mais pas « Eva ». Elle ne m’avait pas appelée Eva — mais alors, comment ? J’ai brusquement eu peur. A la place de mon vrai nom, il y avait un blanc, comme le trou qu’on a dans la bouche après avoir perdu une dent. Longtemps, dans le noir, j’ai cherché, cherché, essayant de retrouver comment on m’appelait avant. Avant le Centre. Mais aucun nom ne m’est revenu.

Les semaines suivantes, ce trou est devenu une espèce de brouillard qui a tout recouvert. J’ai essayé de continuer à sourire, à faire tout ce qu’on me demandait, à bien apprendre mes leçons, tellement j’avais peur d’être renvoyée comme Heidi et Elsa. Tous les soirs, je touchais du doigts la broche de Babichka en cherchant mon nom, mais sans le trouver, ce qui me rendait de plus en plus triste. par contre, je me rappelais très bien ce qu’elle m’avait dit en me la donnant : »Rappelle-toi toujours qui tu es. Rappelle-toi d’où tu viens. Toujours. »

Je n’avais pas tenu ma promesse. »




J’ai lu : Genesis Alpha, de Rune Michaels

11 01 2019

Genesis Alpha

Rune Michaels

Résumé : Max et Josh sont deux frères. Ils sont plus que ça même, Josh lui a sauvé la vie. Quand il était petit, Max était gravement malade, il avait le cancer. Josh est né pour le sauver, c’est ce qu’on appelle un bébé-médicament. Depuis ce jour, ils sont en symbiose, particulièrement quand ils jouent à Genesis Alpha, un jeu en ligne particulièrement prenant. C’est le lien qui les unit depuis que Max a quitté la maison pour l’université. Josh aime son grand-frère, c’est son idole. Mais un jour, leur vie à tous les deux bascule : Max est accusé d’avoir tué quelqu’un. Tout l’accuse ! Est-il vraiment le monstre que tout le monde décrit ? A-t-il vraiment commis ce crime affreux ? Et lui, Josh, le bébé-médicament ? N’est-il pas aussi responsable d’avoir sauvé la vie d’un présumé meurtrier ? C’est pourtant ce qu’affirment les médias et Rachel, la sœur de la victime. Josh ne sait plus quoi penser. Ce drame le fera plonger au plus profond de lui-même et découvrir des secrets qu’il aurait préféré ne jamais mettre en lumière.

Mon avis : Ce roman est très bien écrit et aborde des sujets douloureux avec justesse. L’auteure a vraiment la capacité de bien cerner le personnage principal. C’est Josh le narrateur, il raconte tous les événements tels qu’il les perçoit, tels qu’il les ressent. Le roman est surtout centré sur lui, on voit tout de son point de vue à lui. Tous ses questionnements sont incroyablement réalistes. Vraiment, je me suis plongée dans l’histoire mais pourtant, elle est très dérangeante. Elle aborde des thèmes tels que le statut des bébés-médicaments, qui ne naissent au final que pour sauver quelqu’un d’autre. Ont-ils une existence à part entière ? Et quand le bébé-médicament a sauvé la vie de quelqu’un qui sera accusé de meurtre des années plus tard, à qui la faute ? Toute l’histoire tourne autour de cette confusion. Josh est complètement perdu : il veut croire en son frère qu’il adule, mais tout l’accuse ! Et lui, dans tout ça, a-t-il vraiment joué un rôle dans ce qui s’est passé ? S’il n’avait pas sauvé Max en naissant, la victime serait probablement encore en vie. C’est ce que quasiment tout le monde s’accorde à croire, notamment Rachel, la petite sœur de la victime. Il est vrai que les discussions entre les deux personnages sont assez dérangeantes, notamment parce qu’on sent bien que Rachel est fragile psychologiquement, mais aussi parce que le sujet en lui-même est dérangeant. Rachel veut à tout prix démontrer à Josh que Max est un monstre et Josh a du mal à le défendre. Il a du mal à se défendre lui-même. Un petit bémol tout de même : Rachel et Josh ont quasiment le même âge, 14 et 13 ans et parfois j’ai trouvé que leurs réflexions étaient un peu trop poussées, trop philosophiques pour des ados de cet âge.

Franchement, cet ouvrage est très bien écrit, l’histoire est prenante, mais le thème est vraiment sombre. Je n’ai pas passé un bon moment à le lire, mais je ne regrette pas de l’avoir lu.

Extrait : « _ Josh, comment te sens-tu ?

C’est tout lui. Son fils aîné est en prison, accusé du plus horrible des crimes et c’est à moi qu’il propose une séance de thérapie.

_ Je vais bien.

Il se penche pour ramasser le journal. Il le pousse vers moi. Juste sous mon nez. je suis bien forcé de voir les deux photos, Max et moi, côte à côte.

_ Tu es d’accord avec ce qu’ils disent là-dedans ?

Je jette un coup d’œil vers les gros titre.

_ Que c’est ma faute, c’est ça ? Mais Max n’a rien fait, donc la question ne se pose pas.

Il me fixe droit dans les yeux, comme il sait si bien le faire. Je suis incapable de détourner mon regard.

_ D’accord, mais si un jour, il commettait quelque chose de grave, que se passerait-il ? Crois-tu que, parce que tu lui as sauvé la vie, tu te sentirais responsable ?

La question essaie de s’insinuer dans mon esprit, mais je l’arrête en chemin. Elle n’a aucune raison d’être. Max n’a rien fait de mal.

_ Parce que je t’assure que ce serait absurde, Josh, reprend papa. Il y a une grande différence entre se sentir responsable de ses propres actions, et prendre sur ses épaules la responsabilité d’un acte qu’on n’a pas commis et qu’on ne pouvait ni prévoir ni empêcher. Tu le sais, au moins ?

Je murmure :

_ Je pense que oui.

Je replonge la tête dans ce qui me reste de céréales, pour éviter un nouveau débat philosophique avec papa. Je suppose qu’il a raison. Mais pourquoi cette différence dont il parle me semble-t-elle si difficile à concevoir ? »

 




J’ai lu : La boîte, d’Anne-Gaëlle Balpe

9 11 2018

La boîte

Anne-Gaëlle Balpe

Résumé : Malt vit à Edens, un trou paumé. Il passe son temps à squatter un banc dans un parc avec son meilleur pote Jonas, ou Jen, sa petite amie. Il s’ennuie et son plus grand rêve, c’est de quitter ce trou pourri. Un jour, alors qu’il traîne sur son habituelle parcelle de banc avec Jen, celle-ci remarque une boîte métallique, négligemment posée sur le banc. Intrigués, les deux amoureux ouvrent la boîte et y trouve de l’argent, un billet de 20 dollars et un feuillet sur lequel est noté un numéro de portable. Malt est dubitatif et aimerait jouer la carte de la prudence, mais Jen est tellement excitée par l’argent que sur ses conseils, Malt récupère le billet, sans s’occuper du numéro de téléphone. Le lendemain, rebelote : une nouvelle boîte l’attend sur le banc, avec deux billets de 20, cette fois. Et en plus du numéro de téléphone, un autre message : « Dernière boîte. Dernière chance. Un coup de fil et vous êtes riche. » Jen réussit à convaincre son petit ami d’appeler et Malt s’exécute. Le message qu’il entend au bout du fil est très clair : « Dix-mille demain. A huit heures sous le banc. Moyennant un petit service. Si tu acceptes, envoie un SMS à ce même numéro. Garde ton portable sur toi. On te fera signe« . Malt et Jen ont deux points de vue différents sur la marche à suivre. Jen rêve de partir d’Edens, elle veut cet argent ; Malt, lui, est plus prudent, il sent venir l’embrouille. Cette boîte ne serait-elle pas celle de Pandore ? Il aura tôt fait de s’en rendre compte.

Mon avis : Un roman haletant. L’auteure sait bien ménager le suspense et les rebondissements tout au long de l’histoire. Elle met en scène deux personnages bien différents. Malt est un jeune garçon blessé par la vie. Sa mère alcoolique, est gravement malade et il ne s’entend pas avec son père. Son meilleur ami, Jonas, vit dans un quartier dans lequel la misère règne en maître. Malt ne rêve que de sortir de cette gangue, voir ailleurs, aller plus loin. Mais c’est tout de même un garçon qui garde les pieds sur terre. Il se méfie tout de suite, quand il voit la boîte et il pressent que les choses risquent de mal tourner. Jen, au contraire, est d’une naïveté et d’une superficialité effarantes ! Elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez et elle ne pense qu’à ce que l’argent pourra lui apporter. Elle a toujours de bons arguments pour convaincre Malt et même quand celui-ci s’inquiète, avec raison, elle a du mal à comprendre qu’ils se sont mis dans de sales draps. Pour ceux qui aiment l’aventure, les courses-poursuites et le suspense, vous pouvez lire ce roman. Seul bémol pour moi : le langage utilisé par l’auteure pour faire parler ses personnages. On a l’impression que tous les jeunes ont un langage ordurier. C’est peut-être le cas, mais bon, moi ça m’a un peu dérangée tout de même.

Extrait : « Réveillé à 7 heures par la vibration du portable :

« Amour, on fé quoi ? On y va ?!! »

Jen. Le banc. Rendez-vous à 8 heures. Dix-mille. J’ai tenté d’émerger en me secouant la tête… J’avais les yeux explosés, pas le courage de taper une réponse, alors j’ai appelé.

_C’est moi, Jen. J’y ai pas mal pensé hier soir. Vaudrait mieux laisser tomber.

_ Quoi ?! Mais attend, on en a déjà parlé ! On risque rien tant qu’on a pas pris l’argent de toute façon, t’es d’accord ? Alors je vois pas ce qui peut se passer, non, moi je crois qu’on d…

_ Bon, on va jeter un œil. Juste un œil.

_ On dit dans un demi-heure devant chez Pat ?

_ ça marche.

_ Malt, tu te rends compte que notre vie va peut-être changer, là, dans quelques minutes ? Putain, j’ai pas dormi de la nuit !

_ A tout à l’heure, princesse.

Je suis retombé sur mon oreiller. Ouais… Notre vie allait peut-être bien changer, là, dans quelques minutes. ça, c’était même à peu près sûr. Mais pour aller dans quelle direction ?

En tout cas, Jen avait l’air en forme, pour quelqu’un qui n’avait pas dormi de la nuit. En forme et excitée comme un gosse à Disneyland. Encore un truc que j’aimais bien chez elle, ce côté gamine.

J’ai traversé le couloir. La porte de ma mère était fermée. Après un rapide passage sous la douche, je suis descendue dans la cuisine. Mon père avait laissé un mot : « Parti à l’épicerie. Je reviens. »

C’est bizarre, mais au moment de sortir, j’ai pensé que c’était le dernier souvenir que j’aurais de lui. Fallait vraiment que j’arrête de m’imaginer des trucs. C’était qu’une boîte, après tout ! Dedans, il n’y aurait rien, et on passerait à autre chose. »




J’ai lu : Les regards des autres, d’Ahmed Kalouaz

8 11 2018

Les regards des autres

Ahmed Kalouaz

Résumé : Laure vit des moments difficiles au collège. Elle est victime de harcèlement, victime de la bande d’Emilie, cette fille qui la tourmente depuis son entrée en 6ème. Mais Laure se tait, elle se mure dans le silence. Après tout, elle n’est pas la seule à souffrir. Il y a aussi ce garçon en surpoids que les autres appellent « le sumo », ou encore Kenz, le syrien, qui vient d’arriver en France et ne parle pas très bien le français, ou encore ce petit haïtien adopté, dont la couleur de peau dérange… Laure trouve qu’elle ne devrait pas se plaindre, car eux, souffrent plus qu’elle. Pourtant, elle ne peut se débarrasser de l’angoisse qui la ronge de l’intérieur, elle ne peut nier cette envie de fuir qui la taraude, qui l’empêche de dormir. Elle n’arrive pas à en parler, elle a peur, car elle sait que si elle « balance », elle s’en mordra les doigts.

Mon avis : J’ai déjà lu plusieurs livres qui traitent du harcèlement en milieu scolaire et je dois dire que j’ai été frappée par celui-ci. Vraiment, les mots de l’auteur sonnent si juste. On se met aisément à la place de Laure, le personnage principal. Elle exprime tout en douceur l’horreur qu’elle vit chaque jour, à travers des monologues poignants de vérité. Ce que j’ai apprécié aussi, ce sont les discussions qu’elle a avec Léo, un harceleur d’une bande qui s’est donné le non de « Red Army », dans lesquelles le jeune homme exprime, avec une déconcertante franchise pourquoi il prend part à ce déchaînement de violence. Je dois avouer que ça m’a interpellée. Je me suis souvent demandé pourquoi les harceleurs faisaient ce qu’ils faisaient. Et là, la cruelle vérité m’a éclaté au visage : « J’aime bien cette impression d’être du côté des forts. De régner sur les autres, c’est tout ». Alors, si c’est vraiment le cas, qui est vraiment vulnérable, le harcelé qui subit des brimades tous les jours, ou le harceleur qui a besoin d’être entouré par d’autres pour sentir qu’il existe vraiment ? Laure parle aussi du regard des adultes. Elle ne se sent pas entourée, ni protégée par les enseignants ou la communauté éducative. Elle a l’impression que les adultes détournent le regard, ne savent pas comment faire, ce qui entraîne un sentiment d’impunité pour les harceleurs. Je pense vraiment qu’il faudrait que chacun, enfants comme adultes, ouvrent les yeux pour lutter contre ce fléau qui pullule dans nos établissements scolaires.

Extrait : « Dernièrement, j’ai appris par hasard que Léo, un copain de classe de l’an dernier, se trouve dans un de ces groupes de harceleurs. Quand je lui ai demandé ce qui l’animait, il m’a répondu qu’il était persuadé de ne rien faire de mal.

_J’aime bien cette impression d’être du côté des plus forts. De régner sur les autres, c’est tout.

_Et tu n’as jamais de remords ?

_ Non. Hier on a coincé l’Africain, le con, il a voulu se défendre.

_Quel Africain ?

_ Celui qui s’appelle Kenia, un truc comme ça…

_ Tu parles de Kenz ? C’est un Syrien, pas un Africain.

_ Peut-être. C’est pareil, bon, il est pas d’ici. Et d’abord, pourquoi j’aurais des remords? Mes parents sont sur mos dos et me gonflent à longueur de temps. Moi, ça me fait du bien de brimer les autres. Il dit aussi que persécuter les plus vulnérables décuple sa confiance en lui, et qu’il n’a pas l’impression, le soir, de souffrir seul dans son lit comme avant. Lorsqu’il veut bien parler avec moi, il le fait calmement, sans avoir l’impression de mal agir. »