J’ai lu : La mémoire kidnappée, de Thierry Robberecht

25 04 2022

La mémoire kidnappée

Thierry Robberecht

Résumé : Quand il ouvre les yeux, le jeune personnage de l’histoire se rend bien compte que quelque chose ne va pas. Il est dans une chambre d’hôpital. Comment est-il arrivé là ? Il ne se souvient pas. Pire encore, il ne se souvient de rien, même pas de son nom. Plus tard, quand ses parents viennent lui rendre visite, il apprend qu’il s’appelle Walter. Étrange… ce prénom-là ne lui dit rien. Et puis, le personnel même de l’hôpital est étrange : son médecin, le docteur Delas tente bien de le rassurer, mais rien n’y fait ; quant à son infirmière, elle est très antipathique et la seule chose qui l’importe, est que Walter prenne bien ses pilules. Le jeune garçon aimerait bien faire confiance au sourire de sa mère, mais même là, il sent que quelque chose cloche. A la fin de son hospitalisation, il s’en va avec ses parents, mais un incident lui laissera une étrange impression. Et s’il était en danger ? 

Mon avis : Un petit roman bien sympathique qu’on lit très rapidement. L’auteur met bien l’intrigue en place. On sent dès le départ qu’il y a quelque chose qui cloche et on ne peut s’empêcher d’émettre des hypothèses, parfois un peu folles. C’est ce que j’ai fait en tout cas, j’ai imaginé plein d’alternatives (comme je l’avais fait en lisant Un hiver en enfer, de Jo Witek), dont je ne vous ferai pas part. Faites-vous les vôtres en lisant ce roman. Vous ne regretterez pas.

Extrait : « Soudain, j’ai ouvert les yeux. J’étais couché dans un lit. J’ignore pourquoi, mais j’ai su tout de suite que j’étais resté longtemps inconscient. Il s’était passé quelque chose, mais quoi ? Je ne me souvenais de rien. Quelque chose de grave, c’était certain. Mon corps était sans forces. J’ai voulu rassembler mes souvenirs, mais il n’y avait rien à rassembler. J’avais tout oublié. Même mon nom. J’avais beau tenter de revenir en arrière, je ne pouvais aller nulle part. je butais contre un mur, toujours le même : le moment précis où j’avais repris conscience. Mon cerveau tournait en rond comme un ordinateur affolé. J’avais perdu la mémoire ! Cette idée m’a tellement paniqué que mon corps a retrouvé des forces et que je me suis assis sur le lit. J’ai regardé autour de moi comme un animal inquiet. Pas de doute, j’étais dans une chambre d’hôpital. »

 




J’ai lu : Week-end mortel de jean-Paul Nozière

9 06 2021

Week-end mortel

Jean-Paul Nozière

Résumé : Irma Cole est invitée par sa meilleure amie, Angéline Cosma, à passer un week-end au Moulin du Bief, la maison de campagne d’un ami d’Angéline. Si au début Irma se montre très enthousiaste à cette idée, elle déchante rapidement : pour partir en week-end, elle doit mentir à ses parents, elle leur  dit qu’il n’y aura qu’elle et Angéline au moulin, alors qu’en réalité, trois autres garçons seront présents. De plus, tous les autres sont des gosses de riches, ce qui n’est pas le cas d’Irma… Mais, tout est déjà décidé et voilà qu’elle prend le train, direction le Moulin du Bief. Ce week-end, qui s’annonçait radieux ne se déroule pas comme prévu. En effet, Irma, quoique très impressionnée par le luxe environnant, perçoit très vite une atmosphère tendue entre les autres adolescents. Jean-Alain Ménétrier, le fils des propriétaires de la maison, passe son temps à l’humilier et semble avoir une emprise très forte sur les trois autres. L’ambiance malsaine qui pèse dans le Moulin du Bief laisse à penser qu’un secret lie les adolescents, un secret peu reluisant. Irma ne se sent pas à l’aise. Elle veut rentrer chez elle. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Mon avis : ça fait un moment que ce livre est au CDI et j’avoue que la première de couverture ne m’attirait pas énormément. Mais bon, c’est la fin de l’année et je me suis dit, pourquoi ne pas tenter la lecture. Je n’ai pas été déçue du tout, bien au contraire. Franchement, l’écriture est fluide, limpide et l’auteur a su avec brio créer une atmosphère angoissante dans son roman de seulement 146 pages ! Le personnage d’Irma dénote totalement avec les autres. Il s’agit d’une fille réfléchie et responsable (quand elle ne ment pas à ses parents pour aller se détendre pendant un week-end), qui ne se laisse pas facilement impressionner par l’argent des autres. Elle connaît la valeur des choses. Sa meilleure amie, Angéline, paraissait être une fille intéressante au début du roman : garçon manqué qui s’habille toujours en noir, elle donnait l’impression d’être un peu rebelle sur les bords. Mais on final, on découvre au fil de l’histoire que c’est juste une façade, c’est une nunuche prête à tout pour plaire à Jean-Alan Ménétrier. ce dernier, que peut-on en dire, à part qu’il s’agit d’un fils à papa gâté pourri, auquel on passe tous les caprices. Il a une emprise malsaine sur Angéline, Alphonse et Luc, les deux autres personnages. Luc est du genre anxieux, il semble vouloir se rebeller, mais ne le fait jamais vraiment. Irma est attiré par lui, mais en même temps, la violence sous-jacente qu’elle perçoit en lui l’effraie un peu. Franchement, je ne pourrai vous dire qu’une chose : LISEZ-LE !

Extrait : « Alphonse se colla au grillage du court. Jean-Alain apparut dans l’allée. il tenait un radiocassette sur l’épaule et marchait du pas chaloupé des frimeurs. C’est du moins ce qu’estima Irma, mais son envie de rire s’étrangla quand elle découvrit la tension des autres. Ils suivaient l’approche du garçon sans prononcer un mot. Jean-Alain s’arrêta assez loin de la clôture.

_Tu joues avec moi ? Luc est fatigué. Irma le remplacera, annonça Angéline.

Elle ne manquait pas de culot. Luc ne contesta pas cette décision prise sans son accord. Jean-Alain sourit.

_Je vous entends brailler depuis la maison.

« Pas un vrai sourire, pensa Irma, une gesticulation des lèvres dissimulant sa colère ».

Alphonse s’empressa.

_Excuse-nous, on ne se rendait pas compte. Si tu remplaces Luc, le jeu sera plus équilibré et on criera moins.

Jean-Alain montra le tuyau d’arrosage.

_Et vous mettrez moins de flotte sur le court ? Je ne joue pas. Je vous regarderai, comme ça je comprendrai pourquoi vous beuglez comme des veaux à l’abattoir.

Les mots humiliants s’accompagnaient du sourire.

_Allez, joue avec moi ! insista Alphonse.

_Non, avec moi ! s’écria Angéline.

Le regarde de Jean-Alain passa de l’un à l’autre. Le sourire disparut. un soupir.

_Vous êtes sourds ? J’écoute de la musique, on verra après !

J’ai une cassette super, mets-là ! proposa Angéline.

Elle courut vers la chaise d’arbitre, fourragea dans son sac. Pendant ce temps, Luc ramassait les balles. Jean-Alain l’interpella.

_Eh Luc, il y en a trois dans l’herbe, dehors. c’est toi le pro qui confond tennis et badminton ?

Luc continua tranquillement à rassembler  les balles. Il attendit qu’Angéline revienne vers le groupe pour dire :

_J’en ai marre du tennis? Je ne joue plus.

_Du rap, annonça Angéline.

Jean-Alain s’approcha de la clôture et tendit la main à travers un trou du grillage.

Du rap ? La musique des banlieues ! Tu écoutes ces connards ? Tu trouves qu’ils ne nous font pas assez chier comme ça !

Les mâchoires du garçon se soudèrent l’une à l’autre. Les fossettes s’ouvrirent aussi profondément que s’il riait.

_Voilà ce que j’en fais de ta musique de singe !

Son bras décrivit une courbe. La cassette monta haut, passa par-dessus la haie de résineux et disparut de leur vue.

Plus un bruit, à part le roucoulement d’un pigeon qu’ils ne voyaient pas. le sourire de Jean-Alain était revenu. Son regard se posa sur leurs visages. L’un après l’autre. Longtemps. Il les défiait. Leur disait : « Râlez, je vous écoute. » Irma attendit son tour.

_Tu n’es qu’un sale con, dit-elle, sans hausser la voix. Je vais jusqu’à la ferme, ça me donnera l’occasion de respirer l’air pur.

_Je t’accompagne, annonça Luc.

Jean-Alain éclata de rire.

_Bonne idée ! Rapportez donc une douzaine d’œufs, au moins vous rendrez service. Irma, surveille Luc : il a un air de chien battu, mais ne t’y fie pas, c’est un dragueur ! »




J’ai lu : Le photographe, d’Irina Drozd

20 01 2021

Le photographe

Irina Drozd

Résumé : Vivien Claret est un jeune garçon qui vit à Tignes avec ses parents depuis un an. Même si Paris lui manque, il est tout de même heureux d’avoir déménagé, car ça lui a permis de se faire deux bons amis, Luc et sa jumelle Annie, dont Vivien est secrètement amoureux. Un jour, il rencontre Lucien Mortagne, un photographe qui désire faire de lui son modèle. Vivien accepte et se prête volontiers aux séances du Lucien. Cependant, il est de plus mal à l’aise par les demandes excentriques de l’homme. Pourquoi veut-il toujours que Vivien prenne un air effrayé sur les photos. Et pourquoi, depuis qu’il a commencé les séances, Vivien se sent-il si fatigué et effrayé ? Il y a visiblement quelque chose qui cloche, mais quoi ?

Mon avis : Alors j’avais déjà lu « Un tueur à ma porte » de la même auteure et j’avais beaucoup aimé. Par contre, pour Le photographe, je l’ai trouvé assez moyen. L’intrigue est originale, il y a certes un petit côté surnaturel qui rappelle un peu celui du roman Le miniaturiste de Virginie Lou, mais j’ai eu du mal à accrocher. C’est peut-être parce que le livre a moins de 100 pages et que les personnages ne sont pas assez développés à mon goût. Je n’ai pas réussi à avoir de connexion avec les personnages : Lucien est rebutant dès le début, Vivien continue à accepter les séances photos malgré le fait qu’il sente bien qu’il y a un problème et Luc et Annie prennent bien part à l’action, mais en même temps, ils sont tellement effacés dans l’histoire que ça n’est pas crédible. C’est dommage, parce que ça aurait pu donner quelque chose de vraiment pas mal. Lisez-le et faîtes-vous votre propre idée.

Extrait : « Vivien se retourna dans son lit. Il se sentait très fatigué et pourtant ne parvenait pas à trouver le sommeil. Dès qu’il laissait vagabonder son esprit, les séances de pose lui revenaient en tête. il se revoyait adossé à un arbre, le visage livide, imaginant un monstre à sa poursuite, ou bien recroquevillé dans un fauteuils de Lucien, attendant qu’une hideuse sorcière s’empare de lui. Il avait essayé de demander à Lucien d’abandonner pour quelques séances son thème fantastique, mais le photographe avait fait la sourde oreille, arguant qu’il avait presque fini la série, refusant de l’écouter.

Vivien poussa un profond soupir. il avait promis au photographe de faire toute la série mais, à présent, il regrettait sa promesse tout en n’envisageant pas une seconde de ne pas la tenir. Il se jura d’essayer encore de convaincre Lucien de faire des photos « normales » au moins le temps de le laisser se remettre un peu. Pour une fois, Vivien se reprocha d’avoir trop d’imagination.« 




J’ai lu : Deux roues de travers, de Jean-Christophe Tixier

6 01 2021

Deux roues de travers

Jean-Christophe Tixier

Résumé : Eva rêve d’être comme toutes les autres adolescentes ; malheureusement pour elle, elle n’a jamais pu marcher et passe sa vie dans un fauteuil. A cause de cela, sa mère la surprotège et l’étouffe. C’est pourquoi, quand Mika, son grand-frère de 20 ans, l’emmène en vacances à Hendaye, elle est heureuse comme jamais. C’est enfin la liberté ! En plus, elle adore son grand-frère, car il est le seul à ne pas la regarder comme une handicapée et à comprendre son besoin d’autonomie et d’indépendance. Eva se fait une joie de ce voyage. Pourtant, quand Mika vient la chercher, elle se rend bien compte qu’il y a un problème. Il paraît plus soucieux et secret que d’habitude. D’où vient cette décapotable qu’il conduit ? Comment se l’est-il procurée ? Et puis, c’est quoi cette obstination à vouloir exhiber le fauteuil roulant de sa sœur sur le siège arrière, alors qu’il pourrait très bien le ranger dans le coffre ? Eva se pose mille et une questions auxquelles Mika n’est pas enclin à répondre. Elle se rendra vite compte que ce voyage synonyme de liberté qu’elle attendait tant se transformera en un cauchemar angoissant.

Mon avis : Petit ouvrage certes, mais intrigue bien menée. L’histoire se déroule à travers les yeux d’Eva. L’auteur dépeint bien ses émotions, ses peurs, son besoin d’émancipation. Eva est en fauteuil roulant oui, mais elle a surtout beaucoup de caractère. Elle ne veut pas de la pitié des autres, elle ne veut pas obtenir de privilège à cause de son handicap, elle veut vivre comme tout le monde. Même si elle est consciente de tout ce qu’elle doit à sa mère, elle ne supporte plus que cette dernière décide de tout à sa place et la considère comme une petite fille fragile. L’aventure haletante qu’elle vivra avec son frère à Hendaye lui montrera que même si elle est forte, elle a aussi besoin des autres et que l’aide qu’ils peuvent lui apporter n’est pas toujours synonyme de pitié. Je vous invite vraiment à lire cette ouvrage qui traite du thème du handicap d’une façon assez originale et qui propose une intrigue prenante. Je l’ai lu en un pu moins de deux heures, tant je me suis laissée prendre par le flot du suspense. je voulais à tout prix savoir ce qui allait arriver aux personnages. Pour ceux qui ont peur des gros livres, ce petit roman d’une centaine de pages est fait pour vous !

Extrait : « _ça va ? interrogea Eva alors que son frère vidait un des sacs pour en vérifier le contenu. A ces mots, Michael suspendit son geste.

_Pourquoi tu me demandes ça ? s’étonna-t-il en la fixant dans les yeux.

Eva sentit une légère pointe d’agacement dans sa question.

_Je voulais m’assurer que tu tiendrais mon rythme, plaisanta-t-elle pour se redonner un peu de contenance. Le visage de son frère aussitôt se détendit et s’illumina d’un sourire.

_Plus endurant que moi, tu meurs, plaisanta-t-il à son tour. En fin de semaine prochaine, tu imploreras ma pitié et tu ne rêveras que d’une seule chose, retrouver ta mère.

_Il n’y a pas de risque, grogna Eva en accompagnant sa remarque d’une grimace.

_Tu es dure avec elle, tempéra son frère. Elle ne le mérite pas.2

_Et si on s’occupait de mes affaires ? se déroba Eva, qui refusait d’entrer dans un débat sans fin. J’ai décidé que cette semaine à Hendaye serait la plus belle de ma vie, lança-t-elle dans une effusion de joie.

_Ce ne sont que des vacances, rétorqua Michael en évitant son regard.

Elle sentit que quelque chose le préoccupait. Quelque chose d’intense, de grave, qui fit glisser une ombre dans ses yeux. Elle se remémora ses paroles sur la terrasse, juste avant le repas. « Si je vous dis que dans huit jours tout sera réglé, vous pouvez me croire. » Ce n’était pas tant les mots qui avaient surpris Eva, que le ton employé. Un mélange d’impatience et d’anxiété. Comme si son frère appréhendait un péril imminent. Alors que Michael sortait un à un les vêtements du premier sac, Eva détailla les traits de son visage. Que lui cachait-il ? »




J’ai lu : Ippon, de Jean-Hugues Oppel

5 01 2021

Ippon

Jean-Hugues Oppel

Résumé : Sébastien espère passer une bonne soirée, il a tout prévu : de sortie chez des amis, ses parents l’ont laissé avec Justine, une étudiante qui l’aide à faire ses devoirs. Ah Justine, si belle… Sébastien aimerait bien lui plaire, mais il n’a que treize ans… La soirée se déroulait bien, il s’était arrangé avec la jeune fille pour ne pas faire ses devoirs et lui permettre à elle, de travailler de son côté. Tout était prévu pour qu’après le match de foot à la télé, elle vienne le border dans son lit. Mais, rien ne se passe comme prévu. Alors que Justine doit lui ramener un verre d’eau pour qu’il prenne ses médicaments, elle ne vient pas. Que se passe-t-il ? Sébastien s’inquiète. Et s’ils n’étaient pas seuls dans la maison…

Mon avis : En commençant ma lecture, je n’ai pas du tout accroché avec le style d’écriture de l’auteur. Une écriture hachée, comme coupée au couteau, dure, brute de décoffrage. Il a planté un décor glauque, sale, dans lequel on n’a vraiment pas envie de traîner les pieds. Mais, au fur et à mesure de ma progression dans l’histoire, ce style haché est devenu approprié parce qu’il a donné une cadence, un rythme haletant à l’intrigue. Sébastien se retrouve nez à nez avec un intrus dans sa maison et il doit se débrouiller pour rester en vie. L’histoire rappelle un peu celle de « Un tueur à ma porte » d’Irina Drozd, mais elle est plus noire, plus intense. C’est un petit roman de 83 pages, pour les petits lecteurs. Je vous invite à le lire, il n’est pas mal.

Extrait : « A 23 : 34, il n’en peut plus et se lève. Sort de son lit et s’habille sommairement, pantalon et polo. Il enfile ses chaussons, des mules en velours côtelé à semelle élastomère, modèle économique en vente dans les supermarchés. il en use une demi-douzaine de paires durant l’année. Ne peut pas souffrir les pantoufles, ça tient trop chaud et ça conserve les odeurs.

Il quitte sa chambre. S’arrête un instant dans le couloir et écoute.

Rien.

Pas même un murmure de voix étouffée, ou les roucoulades que pousse Justine chaque fois qu’elle parle à son chéri au téléphone. Sébastien descend l’escalier, un peu alarmé. il lui est arrivé quelque chose, un malaise, elle est tombée dans les pommes, ce n’est pas possible autrement. Ou elle se cache pour le taquine. Hypothèse saugrenue, l’étudiante a passé l’âge de se livrer à ces jeux puérils. Sébastien atteint le niveau du salon. De l’autre côté, un peu de lumière se reflète dans les carreaux dépolis de la porte vitrée entrouverte. Elle vient de la cuisine, située en retrait. Silence total dans la maison. Sébastien n’ose pas appeler, les mots restent bloqués dans sa bouche. il se sent stupide. Très enfant tout à coup. Trop. C’est ridicule. La semaine dernière encore, au club, il ratatinait son copain Fernand qui est pourtant plus vieux que lui, et ceinture marron. Bientôt ceinture noire, même. Le salon est éclairé, touts les appliques halogènes accrochées aux murs sont allumées. Les affaires de Justine n’ont pas bougé du canapé, devant la télévision éteinte ; il peut les apercevoir d’où il se tient. Sa veste en jean et son sac à main sont pendus au dossier d’un gros fauteuil occupant un coin de la vaste pièce.

Difficile d’imaginer décor moins effrayant. Mis à part le silence anormal. »




J’ai lu : Cherub Mission 01 : 100 jours en enfer, de Robert Muchamore

23 11 2020

Cherub Mission 01 : 100 jours en enfer

Robert Muchamore

Résumé : James Choke est un garçon un peu mal dans sa peau. Sa mère, obèse et alcoolique, vit de revente d’objets volés. Elle a eu un autre enfant avec Ron, une fille, Lauren, que James adore. Mais Ron est un moins que rien, qui passe son temps à soutirer de l’argent à sa mère. Concernant la scolarité de James, ce n’est guère brillant : l’école l’ennuie. Suite à un accrochage avec une peste de sa classe, il se fait exclure. Voilà sa vie, une vie médiocre dont il ne sait que faire. A la mort de sa mère, il se retrouve dans un orphelinat minable, le Centre Nebraska, dans lequel il ne tarde pas à se lier d’amitié avec les mauvaises personnes. Il tombe dans la délinquance. Heureusement, il est recruté par CHERUB, une organisation qui vise à former des espions. Mais pas n’importe lesquels : ce sont tous des enfants et des adolescents. Afin de devenir un espion de premier ordre et rejoindre les rangs de CHERUB, il va devoir suivre un entraînement infernal de 100 jours, entrainement durant lequel ses nerfs et son corps seront mis à rude épreuve. James parviendra-t-il à le suivre jusqu’au bout ? Et Lauren qui a été vivre chez son père Ron, pourra-t-il la retrouver ?

Mon avis : J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, parce que franchement, bien que le récit soit fluide et l’intrigue haletante, ça reste un peu tiré par les cheveux pour moi. James a 11 ans et la plupart de ses « collègues » aussi. Pourtant, quand on lit le récit de l’entraînement qu’ils doivent subir, leurs aptitudes et même certaines de leurs réactions, on a l’impression de faire face à des adultes. C’est déconcertant et peu crédible parfois. Si James avait eu 15 ans, ça serait mieux passé. Mis à part ça, c’est un roman qui se lit facilement, l’histoire est prenante et on a envie de lire les autres tomes, évidemment. Alors, n’hésitez pas à l’emprunter, il vous attend au CDI !

Extrait : « James pénétra dans une pièce dont les murs, à l’exception de deux hautes fenêtres et d’une cheminée, étaient entièrement recouverts de livres reliés de cuir. Un homme au crâne dégarni, grand et mince, d’une soixantaine d’années, se leva de son bureau pour lui serrer la main avec énergie.

_Bienvenue au campus de CHERUB, James. Je suis le docteur McAfferty, directeur de cet établissement. Mais tout le monde m’appelle Mac. Assieds-toi, s’il te plaît.

James tira l’une des chaises placées devant le bureau.

_Non, pas ici. installons-nous près de la cheminée. Nous avons beaucoup de choses à nous dire. Ils s’installèrent dans de profonds fauteuils de cuir. James ne s’attendait pas à un tel traitement. Il se demandait si son hôte n’allait pas lui poser une couverture sur les genoux et lui offrir une tasse de thé.

_Je sais que ça peut paraître dingue, mais je vous avoue que je n’ai pas la moindre idée de la façon dont je suis arrivé ici.

Mac sourit.

_La personne qui t’a conduit jusqu’à nous t’a administré une piqûre sédative pour t’aider à dormir. C’était plutôt agréable, non ? Je suppose que tu ne ressens aucun effet secondaire.« 




J’ai lu : Vango, un prince sans royaume, de Timothée de Fombelle

19 11 2019

Vango : Un prince sans royaume

Timothée de Fombelle

Résumé : Vango est toujours à la recherche de son passé. Voloï Viktor, son ennemi invisible ne cesse de le traquer et pour cela, tous les moyens sont bons. Il s’attaque à ceux qui sont chers à Vango : Mademoiselle, Ethel, Zefiro. Mademoiselle est enlevée, Zefiro, poursuivi lui aussi par Viktor, doit sortir de sa cachette et cherche à se venger. Ethel, qui essaie de retrouver Vango, est utilisée comme appât. l’étau se resserre de plus en plus autour du jeune homme, tandis que gronde la fureur de la Seconde Guerre Mondiale. Dans une Europe occupée, Vango est en plein dilemme : abandonner tout espoir de découvrir la vérité sur son identité, protéger ses proches en restant caché ou chercher à savoir, au risque de faire couler plus de sang… Que va-t-il choisir ? Connaîtrons-nous enfin le fin mot de l’histoire ?

Mon avis : Tout simplement MA-GIS-TRAL ! L’auteur mêle suspense, humour et poésie avec brio. On suit les pérégrinations des personnages, on respire avec eux, on sursaute avec eux, on pleure avec eux, on s’énerve avec eux ! On a envie que ça avance, mais l’auteur, par la magie de sa plume, nous freine, nous frustre, limite nous agace, tant il arrive à retourner les situations, à déjouer les plans, à échafauder des rebondissements… Cette histoire est haletante et elle fait frissonner jusqu’au bout. Qui est vraiment Vango et pourquoi veut-on le tuer ? Ethel arrivera-t-elle enfin à le retrouver ? Zefiro pourra-t-il finalement se venger de l’odieux Voloï Viktor ? Vous n’aurez toutes ces réponses qu’en lisant ce deuxième tome de la saga Vango ! Moi, j’en frissonne encore…

Extrait : « Vango ferma brièvement les yeux et les rouvrit. Son regard caressa ce mystérieux avion blanc. Et là, sous l’appareil, blotti contre la roue, il vit quelqu’un.

Il la vit mais son esprit refusa de la reconnaître.

Pourtant, Ethel le regardait de ses yeux verts qui le transperçaient.

L’homme à la mitraillette tendit l’oreille. il espérait entendre approcher l’automobile du lieutenant. Ses bras se fatiguaient sous le poids de l’arme. Il n’avait jamais demandé à être là, à mille kilomètres de chez lui, avec ce costume et cette ferraille. Dans sa ville, il était cordonnier (…)

Ethel laissa la terreur la quitter lentement. Elle était entrée dans la grange, avant d’aller détacher un cheval sous les arbres, pour vérifier que son avion était toujours là. Elle ne savait pas qu’en passant la tête entre ces planches, elle franchissait une ligne sacrée. Vango était mort depuis six ans mais il était assis dans la paille devant elle. Vango était mort mais il tenait ses genoux dans le creux de ses coudes.En passant la tête dans le trou de cette palissade, elle retrouvait la vie. Elle avait donc rampé jusqu’à l’avion et, là, il l’avait vue, lui aussi.

Pendant ces instants, quelques secondes à peine, il passa entre eux un flot agité. Un désordre de vie, de peurs, de souvenirs se promena sur cet étroit chemin. On se serait cru sur une route nationale dans la marée humaine de l’exode de juin 1940. Mais cela, sans un bruit, sans un cri, sans un coup de Klaxon, comme dans un film muet.

Ce face à face retourna le cœur de Vango. Sa vie était là à le regarder, sa vie recroquevillée sous une aile blanche d’avion. Il ressentit l’évidence de ce qu’il désirait. Ethel avait frappé à la porte, le 8 août 1929, en entrant dans la cuisine du Graf Zeppelin, suspendue dans le ciel de New York. Des années plus tard, il lui ouvrait enfin. Une force puissante envahit aussi Ethel. Elle avait ressenti le basculement de Vango. »




J’ai lu : Vango, entre ciel et terre de Timothée de Fombelles

19 11 2019

Vango, entre ciel et terre

Timothée de Fombelles

Résumé : En 1934, à Paris, le jeune Vango Romano, 19 ans, est sur le point de prononcer ses vœux. Mais, rien ne se déroulera comme prévu : Vango est poursuivi. Par qui ? Par le commissaire Boulard et ses hommes, mais aussi par des individus louches et sans scrupules. Son crime ? On l’accuse d’avoir tué le père Jean. Mais est-ce seulement pour cette raison que Vango est traqué, comme un animal ? Sa vie a toujours été auréolée de mystère. il ne sait pas qui il est, il ne connaît rien de son passé. Mademoiselle, sa nourrice, ne veut rien lui dire et se mure dans les secrets. Alors Vango doit fuir, fuir pour protéger sa vie et celle de ceux qu’il aime : le père Zefiro, la Taupe, Ethel. Aucun d’entre eux n’arrive à le cerner, le garder. Il reste insaisissable, même pour eux. La vie de Vango n’est qu’une course effrénée…

Mon avis : A lire absolument ! Ce roman est une vraie merveille, mais attention, on n’y jette pas les yeux à la légère ! Il faut être attentif au moindre détail, car chacun a son importance dans l’histoire. J’avais déjà entendu parler de ce roman depuis longtemps, mais je ne m’y étais jamais vraiment intéressée. Je suis vraiment contente de l’avoir lu et de m’être laissée transporter dans l’univers de ce personnage haut en couleurs, attachant et tellement énigmatique! On en apprend sur sa vie en même temps que lui et c’est extrêmement frustrant, quand on arrive à la fin du premier tome et qu’on se rend compte, qu’on n’a rien appris sur Vango. L’auteur a été magistral sur ce point ! On ne peut que lire le deuxième tome, obligé !

Extrait : « C’est alors que l’un d’eux se leva. Il n’était pas très grand. Sa robe était lourde de pluie. Son visage ruisselait. Il fit un tour sur lui-même au milieu de ces corps qui n’avaient pas bougé. De tous côtés, des agents en civil  sortirent des rangs et avancèrent d’un pas vers lui. Le jeune homme rassembla ses mains, puis les laissa tomber. Dans son regard passaient tous les nuages du ciel.

Le commissaire lui cria :

_Vango Romano?

Le garçon inclina la tête.

Dans la foule, quelque part, des yeux verts s’agitaient dans tous les sesn, comme des papillons dans un filet. Que voulait-on à Vango ?

Celui-ci se mit alors en mouvement et marcha vers le commissaire. Les policiers approchaient peu à peu. En s’avançant, Vango retira le blanc de sa robe et apparut en vêtements noirs. Il s’arrêta devant le cardinal, mit les genoux à terre.

_Pardonnez-moi, mon père.

_Qu’est-ce que tu as fait, Vango ?

_Je ne sais pas, Monseigneur, je vous implore de me croire. Je ne sais pas.

Une minute cinquante.

Le vieux cardinal agrippait ses deux mains à la crosse. Il s’appuyait de tout son poids, le bras et l’épaule enroulés au bois doré, comme du lierre à un arbre. Il regardait tristement autour de lui. Il connaissait chacun de ces quarante jeunes gens par leur nom.

_Je te crois, mon petit, mais j’ai peur d’être le seul ici.

_C’est déjà beaucoup, si vous me croyez vraiment.

_ça ne suffira pas, murmura le cardinal.

Il avait raison. Boulard et ses compères n’étaient plus qu’à quelques pas.

_Pardonnez-moi, supplia Vango à nouveau.

_Que veux-tu que je pardonne si tu n’as rien fait ?

Au moment où le commissaire Boulard, juste derrière lui, posait la main sur son épaule, Vango répondit au cardinal:

_ Voilà ce que je veux que vous me pardonniez…

Et, d’une main ferme, il attrapa celle du commissaire, se releva et lui vrilla le bras dans le dos. Il le jeta vers l’un de ses hommes.

En quelques bonds, Vango échappa à deux agents qui s’étaient précipités sur lui. Un troisième brandit son arme.

_Ne tirez pas, hurla Boulard, toujours au sol. Une grande clameur souleva la foule, mais d’un simple geste de la paume, le cardinal la fit taire.

Vango avait franchi les quelques marches de l’estrade. Une volée d’enfants de chœur s’éparpilla sur son passage en criant. Les policiers croyaient traverser une cour d’école. A chaque pas, ils trébuchaient sur un enfant ou recevaient une tête blonde dans l’estomac. Boulard hurla au cardinal :

_Dites-leur de se ranger! A qui obéissent-ils ?

Le cardinal leva le doigt en l’air, ravi.

_A Dieu seul, monsieur le commissaire. »




J’ai lu : Ysée Le pas de la Dame Blanche, d’Evelyne Brisou-Pellen

11 04 2019

Ysée : Le pas de la Dame Blanche

Evelyne Brisou-Pellen

Résumé : Joffrey, qui a perdu ses titres de noblesse, doit courir les tournois pour retrouver son honneur. Il est assisté dans cette tâche par Ysée, toujours déguisée en Ysengrin. Mais notre héroïne a l’art et la manière de provoquer des catastrophes. Les Coquillards, toujours à sa recherche, la retrouvent à Semur, où elle attend Joffrey. Elle doit fuir au plus vite. Le long du chemin, elle laisse des indices au jeune homme pour qu’ils puissent se retrouver. Un soir, elle surprend un complot destiné à tuer le roi de France et l’instigateur a un regard qu’elle n’a jamais pu oublier : celui de l’homme qui l’avait enfermée dans le reliquaire d’argent, avant de l’abandonner au couvent de Saint-Orbe. Cet homme, un certain Monce, est-il son père ? Ysée en est certaine ! Parviendra-t-elle à lever le mystère de sa naissance ? Et Joffrey, le retrouvera-t-elle un jour ? Retrouvera-t-il enfin son honneur et épousera-t-il Blanche, sa fiancée ?

Mon avis : J’ai dévoré le troisième et dernier tome de la saga d’Ysée. Comme toujours, Evelyne Brisou-Pellen nous tient en haleine grâce à un suspense bien installé. Du coup, on ne peut que dévorer chaque chapitre pour savoir ce qui arrivera aux personnages. Ce tome nous permet aussi de voir l’évolution de la relation entre Ysée et Joffrey. Et évidemment, on apprend tout sur la naissance de notre intrépide héroïne. Évidemment, je ne vous dirai rien du tout et je vous conseille vraiment de lire cette saga rafraîchissante et drôle.

Extrait : « Pénitence avait pris à travers champs, associant d’instinct le démarrage brusque avec la nécessité d’éviter les chemins. Sans le savoir, il venait de sauver sa maîtresse. Et comme Ysée oubliait de lui donner des ordres et qu’il n’avait pas envie de se briser une patte dans un trou, il marchait.

Il faut dire qu’Ysée avait l’esprit ailleurs. En révolution.

Ces yeux…

Au bout d’un moment, elle reprit conscience et se demanda pourquoi elle avait fui. Elle aurait dû rester, c’était le moment de régler ses comptes ! La stupéfaction, le désarroi en avaient décidé autrement.

L’instinct de survie.

Car cet homme était son père ! Les yeux étaient ceux de ses cauchemars, ceux qui s’étaient penchés sur elle à sa naissance ! Elle avait envie de hurler.

Pourtant, avoir comme père un pilier de taverne, quoi d’étonnant ? Elle s’en était toujours doutée, elle découvrait juste que la vérité était pire que ce qu’elle avait imaginé. Si son père ne l’avait pas tuée lui-même, s’il l’avait enfermée dans un reliquaire pour laisser le destin décider de son sort, c’était par peur de l’enfer !

Un homme capable de jouer ainsi la vie de son enfant n’était pas n’importe qui.

Non, pas n’importe qui.

Dans tous les sens de l’expression, puisque son père portait dans son blason le lys de France ! Des membres de la noblesse se livrant au brigandage, elle en avait déjà entendu parler mais, là il s’agissait de la plus grande famille de France… Quelle déchéance ! Un noble au coeur IGnoble, sans doute aigri de voir sur le trône une autre branche de la famille. »




J’ai lu : Ysée, les diamants bleus, d’Evelyne Brisou-Pellen

21 03 2019

Ysée : Les diamants bleus

Evelyne Brisou-Pellen

Résumé : Il s’agit du deuxième tome des aventures d’Ysée. Nous l’avions laissée dans le tome 1 aux prises avec les Coquillards, des bandits. Toujours pleine de ressources, Ysée, qui se fait passer pour un garçon, fraîchement échappée du couvent de Puits-d’Orbe, arrive à intégrer la bande des brigands ; elle sait, fort heureusement pour elle, ou pas, crocheter les serrures, ce qui impressionne Regnault Dambourg, le chef, celui qu’on appelle le Roi de la Coquille. Il la recrute en temps que crocheteur. Mais… Ysée ne compte pas faire long feu dans la bande. Elle ne rêve que d’une chose : les quitter pour retrouver son père, qu’elle suppose être le duc de Bourgogne, afin que celui-ci la libère du couvent. Il est le seul à pouvoir le faire. Aidée de ses frères, elle met au point un stratagème pour quitter la bande, sans encourir de représailles. Mais, évidemment, tout ne se passe pas comme prévu et par un heureux hasard de circonstances, elle tombe sur Joffrey de Sansay, l’élu de son cœur. Elle devient son ménestrel et l’accompagne sur les routes jusqu’à Lille. mais… les routes sont-elles vraiment sûres ? Ysée, parviendra-t-elle à retrouver son père ? Joffrey se rendra-t-il compte de sa véritable identité ?

Mon avis : J’ai beaucoup aimé le premier tome et le deuxième, encore plus. L’histoire est très prenante, pleine de rebondissements de bout en bout et le personnage d’Ysée, toujours aussi haut en couleurs ! Ce tome nous permet de voir comment une relation de tendre complicité naît entre Ysée et Joffrey, même si de nombreuses incompréhensions remettent parfois en cause leur amitié. En effet, Ysée fuit les Coquillards avec lesquels elle a commis quelques larcins, mais Joffrey, d’une honnêteté et d’un sens de l’honneur démesurés, ne le sait pas. Cela donne donc souvent lieu à des quiproquos, parfois cocasses ! Je vous le conseille : Evelyne Brisou-Pellen écrit toujours très bien, comme d’habitude, le rythme est prenant, le suspense bien présent et évidemment, l’auteure distille un soupçon de romance entre les deux protagonistes. N’hésitez pas à venir l’emprunter. Moi, je suis déjà en attente du troisième tome.

Extrait : « Complètement dépassée par les événements, Ysée n’eut plus aucune idée de ce qu’elle devait faire. Pétrifiée, elle récupéra les rênes de pénitence qui piaffait, aussi affolé qu’elle (bien que pas pour les mêmes raisons). Ses frères s’éloignaient à travers bois, Paanin et Dimanche avaient disparu… Joffrey arrêta son cheval près d’elle.

_Tu n’as rien ?

Elle fut éblouie. Il portait une tenue de chasse en cuir roux, de hautes bottes à rabat et un chapeau de feutre à bec orné d’une plume de faisan. Elle ne sut que balbutier :

_Rien, messire… je… vous remercie, c’est grâce à vous.

(…) _ Tu m’as l’air encore bouleversé. je peux te raccompagner chez toi, si tu n’habites pas trop loin. Où est-ce ?

_Je… n’ai pas de maison, messire. Pas de parents. Je vis et chante sur les chemins.

Il l’observa en caressant pensivement une barbe blonde de deux jours:

_Comment t’appelles-tu ?

Prise de court, Ysée n’eut pas le temps de s’inventer un autre nom et répondit :

_Ysengrin, messire.

_Eh bien, Ysengrin, que dirais-tu d’avoir une maison et un travail ? Je ferais volontiers de toi mon ménestrel. Cela te conviendrait-il ?

Ysée eut l’impression que son cœur se décrochait. Elle bredouilla :

_Vous… me connaissez à peine, messire.

_Cela me suffit, mon garçon, j’ai confiance dans ton regard. Et tu es beaucoup trop jeune pour courir les routes seul. En réalité, je ne te laisse pas le choix, tu m’accompagnes.

Ysée eut l’impression qu’elle ne respirait plus, qu’elle allait tomber morte sur le chemin. mais au lieu de mourir, elle s’entendit répondre :

J’en serais très heureux, messire.

_A la bonne heure ! Dépêchons-nous !

Elle réalisa alors que Joffrey était son maître, qu’elle pourrait le côtoyer, le regarder, lui parler tant qu’elle voudrait, puisqu’elle était… un garçon ! Et c’était la meilleure occasion pour approcher le duc de Bourgogne ! »