Le téléphone est aujourd’hui le prolongement de la main des jeunes. Ils ont inventé tout un nouveau vocabulaire propre à leur génération : ils « like », « follow » et « instagram ». Dans la cour, les Smartphones remplacent progressivement les conversations et occupent une place centrale, ils font absolument tout (sauf peut-être le café !). Ils leur servent essentiellement pour se divertir ou discuter. On remercie les parties de poker, Minecraft ou les challenges tiktok ! Cependant, les outils informatiques possèdent aussi de nombreux atouts.

« Rangez vos téléphones ! » « Enlevez vos écouteurs ! » « Arrêtez de snapper en classe ! »

Et si nous arrêtions ces injonctions et apprenions plutôt aux élèves à faire la part des choses. J’estime que même nous, en tant qu’enseignants, nous avons parfois du mal à décrocher des téléphones, des ordinateurs, des tablettes… Qui n’a jamais regardé une série jusqu’à pas d’heure la nuit ? L’idée serait plutôt d’apprendre aux élèves à se servir des outils numériques à des fins pédagogiques et participatives. En effet, lorsqu’ils seront dans le monde du travail, ils auront forcément leur téléphone sur eux… Le tout est de savoir faire la part des choses : répondre aux messages privés sur le temps de pause et pouvoir s’en servir si nécessaire (car oui, ils sont utiles… et tout le monde n’a pas de téléphone professionnel). L’élève doit être acteur de son apprentissage et non esclave d’un outil.

On pense souvent à tort que puisque les élèves sont souvent sur leur téléphone, ils savent manipuler les outils numériques. Mais demandez-leur d’utiliser Word, Excel ou PowerPoint… Les compétences sont parfois limitées. Il est donc essentiel de travailler le numérique en classe. Par ailleurs, les outils informatiques ont pris toute leur place depuis le premier confinement en mars 2020 avec la mise en place d’un enseignement en distanciel, aujourd’hui parfois hybride.

L’enseignant peut proposer tout un panel d’activités numériques sur différents supports : des ordinateurs fixes (au CDI par exemple) ou portables, des tablettes, ou même leur propre téléphone. Les compétences travaillées sont transversales : créer des diaporamas, rédiger des flyers, oraliser un discours, filmer, rendre compte, travailler seul ou en groupe… Tant de choses sont possibles !

Attention, le numérique peut parfois être assez chronophage : l’enseignant doit maîtriser son outil (donc passer quelques heures à le manipuler) et les élèves doivent apprendre à s’exercer. Si les compétences numériques sont mises en avant dans l’ensemble des programmes, il ne faut tout de même pas « faire du numérique pour du numérique ». Il faut penser à ce qu’il y ait un véritable apport disciplinaire derrière. Le numérique permet à l’enseignant d’être véritablement dans un rôle accompagnateur (et de ne pas déverser un savoir vertical).

Il serait impossible de lister toutes les applications utiles en classe mais voici quelques exemples :

Le numérique est donc un vecteur important de l’enseignement. C’est d’ailleurs pour cela que les programmes mettent l’accent sur l’éducation aux médias et à l’information. Le CLEMI propose de nombreuses ressources pédagogiques adaptables à tous les niveaux scolaires. Cet apport transdisciplinaire concerne autant les enseignants de lettres-histoire que les professeurs d’EPS, d’économie-gestion, de PSE et de langues vivantes.

L’accès à l’information en 2021

Il est faux de dire que les élèves n’ont pas accès aux informations. La transmission est aujourd’hui différente : certes, ils ne vont pas se ruer sur le journal quotidien mais le numérique leur permet d’avoir accès, tout comme les adultes, à bon nombre d’actualités et d’informations diverses et variées. Les informations leur arrivent via des notifications. Ils ont parfois même des abonnements numériques à des magazines tels que Le Parisien ou le journal local. Il y a quelques années, les informations étaient traitées souvent le soir à table durant le journal de 20 h. Elles étaient filtrées par l’adulte accompagnateur. Tandis que maintenant, les jeunes ont souvent accès aux informations dans des moments d’ennui et de solitude (dans les transports en commun, dans leur chambre, dans les couloirs quand ils attendent…). Cependant, quelques dangers existent : les lycéens (et parfois les adultes aussi…) ne lisent souvent que le titre sans lire le contenu de l’article, ne vérifient pas les sources, ou ne confrontent pas les informations. Sans compter les algorithmes qui confrontent les élèves toujours aux mêmes sujets… On peut prendre l’exemple des fameuses théories du complot qui empirent au fur et à mesure des visionnages.

Par ailleurs, les jeunes ne vont plus vers l’information. C’est elle qui vient souvent à eux via les notifications sur le téléphone ou par les infomédiaires tels que Facebook, Instagram, Snapchat, twitter etc… La méthode « Push » permet de gagner du temps et de mettre à jour son actualité mais l’information n’est pas forcément désirée ou filtrée… Surtout en cette période de covid-19 où cette infobésité est beaucoup trop anxiogène. Tous les soirs, nous recevons le nombre de personnes en lit de réanimation sur notre téléphone… C’est de l’info pour de l’info… sans forcément la recontextualiser.

Derrière son écran, quelle image donne-t-on ?

Et quid de la parole légitime de l’enseignant lorsque l’élève peut écouter un influenceur ? En étudiant les camps de la mort avec ma classe de 3e professionnelle, quelques élèves m’ont affirmé avoir regardé une vidéo où « Tibo in shape », influenceur sportif, se mettait en scène à Auschwitz. J’étais extrêmement sceptique au début mais cela a au moins le mérite de vulgariser certains apports théoriques auprès d’un public qui ne regarderait pas de lui-même un documentaire sur le sujet. Et c’est également l’occasion d’organiser un débat autour de la polémique que la vidéo a pu susciter.

Partir des influenceurs est aussi un bon moyen d’interroger les élèves sur l’identité numérique. Ils doivent prendre conscience que tout ce qu’ils font sur Internet laisse des traces. Il est donc essentiel qu’ils mesurent l’importance de leur identité numérique. Il y a quelques années, tandis que mes élèves de 2nde professionnelle recherchaient des stages, ils sont arrivés en classe. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils ont aperçu sur leur table respective une petite feuille ! Je les avais tous « Googlisé ». Certains d’entre eux n’avaient aucune information (Soit ils ne possédaient pas de réseaux, ou ils portaient des noms trop communs et leur identité numérique était noyée dans les informations). D’autres au contraire ont été drôlement surpris : ils n’avaient sécurisé aucun réseau social… Une fois la période de surprise passée, nous avons analysé leurs identités numériques afin de les « nettoyer » tant que possible. Les réseaux sociaux peuvent être utilisés afin de pouvoir travailler la communication, l’image que l’on renvoie de nous-mêmes (dans le monde professionnel) mais aussi l’autobiographie : comment le selfie permet-il de montrer une facette de notre identité ? Montre-t-on vraiment qui on est réellement ?

Par ailleurs, j’ai également travaillé sur l’épisode « Chute libre » de Black Mirror. Il est vraiment génial pour montrer comment les réseaux peuvent influencer la « vraie » vie, quitte à oublier qui nous sommes réellement.

Une sensibilisation doit absolument être mise en place et ce, quelque soit la discipline enseignée. Elle peut concerner le cyber-harcèlement, dont les enseignants et les élèves sont de plus en plus informés. Elle peut concerner également les limites de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux. On peut organiser des débats sur des exemples concrets ou des scénettes montrant que les commentaires rédigés derrière un écran seraient parfois complètement impossibles à répéter dans la « vraie » vie.

 

Une chronique de Noëlyne Candas

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