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Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

La morale n’est-elle que le fruit d’une éducation relative (conformisme) ou d’une capacité innée en l’homme (raison/sentiment) ?

La question de savoir ce qui rend une action bonne ressort du domaine de la réflexion morale. Il convient donc d’abord de connaitre une distinction essentielle en philosophie morale, celle entre éthique et morale.

A l’origine les deux termes désignaient la même chose, dérivant du mot « mores » qui signifie moeurs, la manière de vivre de façon réglée. La seule différence entre eux, c’était que le terme d’éthique était grec et le terme de morale était latin.

La morale désigne toujours les moeurs et plus précisément un ensemble de préceptes préconstitués( ex: le décalogue).  Les moeurs désignent l’ensemble des valeurs établies et transmises par la société. On parle d’ailleurs autant de morales que de sociétés et d’époques. les valeurs morales issues des moeurs sont ainsi relatives et variables et non pas universelles et absolues. Mais est-ce à dire que la morale se réduise aux moeurs, et donc constitue un simple conformisme (conventionnalisme)? Ne peut-on pas espérer, tendre vers une universalisation de la morale, (et plus généralement du juste par exemple avec des institutions comme la déclaration des droits de l’homme et du citoyen ou même le tribunal pénal international ?)

C’est ce que pourrait permettre l’éthique, c’est-à-dire la réflexion sur la morale. La morale dit par exemple, : « il ne faut pas tuer ». L’éthique demande : « pourquoi ne faut-il pas tuer? »; sur quoi est fondé ce précepte en l’homme? » et plus généralement elle pourra se demander : comment définir une action bonne ? qu’est-ce qui fait qu’une action est morale ?; d’où vient la morale?…

Ainsi si on considère que la morale se réduit à des préceptes appris, à une certaine culture, (même si on nous éduque à ressentir du dégout, de la honte/fierté, honneur, mérite), l’éthique n’a pas lieu d’être puisque la réponse sera toujours relative à une certaine société. C’est l’usage ou la coutume qui justifieront un comportement. Il suffirait alors pour être moral de se conformer sans réfléchir à ce que l’on doit faire, sans autre raison qu’il en a toujours été ainsi. (cf. Texte Pascal la justice)

En revanche, si l’on s’indigne, si l’on est choqué par un comportement de sa propre culture ou d’une autre, c’est que l’on refuse de le justifier par le fait, de confondre être et devoir-être.

Pour Platon, « nul n’est méchant volontairement » (Protagoras). Si nous faisons le mal, c’est par ignorance. Nous pensons que cela nous est profitable, mais nous nous trompons : le mal que nous commettons induit des conséquences néfastes pour son auteur. La conscience morale équivaut donc à une juste connaissance du bien et du mal. (intellectualisme moral)

Mais alors sur quoi se fonderait la morale ? Serait-ce sur un sentiment universel, sur une conscience morale en chacun de nous ? Ou bien sur la faculté de l’universel en l’homme, c’est-à-dire, la raison ? C’est ce qui oppose Kant et Rousseau.

Est-elle cet « instinct divin », cette « voix céleste », ce « guide assuré » de l’individu « intelligent et libre » évoqué par Rousseau dans L’Émile (« Profession du vicaire savoyard », 1762) ?

Il est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l’amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce. (…) C’est, en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l’éducation (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755).

Explication du texte de Rousseau

Il reste que l’on peut expliquer cette répugnance devant la souffrance de l’autre moins par un sens moral aigu que par la crainte égoïste de devoir l’endurer à son tour. Ce serait donc l’amour-propre en dernière analyse qui nous ferait fuir et éviter la souffrance d’autrui. En effet, la compassion est aussi une souffrance pour soi ! Et lorsque la menace ne se fait pas précise et pressante, on peut constater tous les jours que chacun s’accommode finalement sans trop de difficultés de la souffrance des autres. L’indifférence fait légion. Est-ce à dire que l’égoïsme définisse la condition humaine ? Pire, ne sommes-nous moraux que en apparence, et seulement par intérêt ? Que dire alors des vertus de charité, d’altruisme et de solidarité ? Seraient-elle des illusions, des prétextes pour se donner bonne conscience, pour se rassurer ?

posted by charlierenard in autrui,conscience,liberté,morale and have Comments (3)

3 comments

  1. Ping by Plan du cours : La morale | PhiloStjo on 5 janvier 2016 at 19 h 34 min

    […] N’est-elle que le fruit d’une éducation relative (conformisme) ou d’une capacité… […]

  2. Commentaire by Augustin on 12 juin 2016 at 15 h 22 min

    Je ne comprends pas en quoi « l’éthique n’a pas lieu d’être », si l’éthique est la réflexion de la morale elle est donc indépendante des différentes cultures qui influencent la morale non ?

  3. Commentaire by charlierenard on 12 juin 2016 at 22 h 11 min

    Oui si justement l’éthique se réduit à la morale, à des préceptes appris, des conventions, elle n’existe plus.

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