http://classiques.uqac.ca/contemporains/gusdorf_georges/la_parole/la_parole.pdf
1-Exprimer (ou fonction expressive et logique):
c) les pensées
La parole est-elle le meilleur moyen d’échanger des idées ?
d)les sentiments
problème : pour que l’autre me comprenne, il faut que le langage de l’autre soit le mien. étouffe une voix originale ? cf expression
2) Communiquer (ou fonction informative) :
a)demander
b)nommer, prendre possession du monde, avoir, prendre, connaître la place de chaque chose dans le monde -mémoriser et transmettre la mémoire du passé
Cf. Peut-on parler tout seul ?
(monologue parole intérieure, (Dujardin, Faulkner, James Joyce Ulysse monologue intérieur d’un seul personnage pendant une journée)
mais ce n’est pas le paradigme de toute parole car ce que l’on se dit à soi meme on ne saurait le soutenir devant autrui : rêverie d’une existence qui n’a pas la force de se réaliser.) donc point de départ = dialogue . Le monologue est le commencement de la folie; l’affrontement avec autrui est le commencement de la sagesse.
http://medias.dunod.com/document/9782100578887/Feuilletage.pdf
Peut-on parler pour ne rien dire ?
3) La fonction sociale (phatique, performative et conative) :
a)phatique, entretenir le lien social (bavardage, faire la conversation…), interpeller, s’assurer du contact, réponse, réception, signifier une appartenance culturelle, sociale (même lexique, grammaire…) : argot, banlieu, jeune/vieux, armée, corps de métier…
La parole : condition du politique ? Une seule langue est-elle souhaitable ?
b)véhiculer règles, codes, valeurs, normaliser (interdits, tabous, blasphème, contexte, ce qu’il faut dire ou ne pas dire…; différences culturelles…) quand, à qui, comment je parle ….? ; loi du silence, omerta, non dits
c)véhicule une mise en forme du réel ( préjugés, croyances, discriminations…) qui reflète et entretient l’organisation sociale.
Ce que parler veut dire (Bourdieu): langue dominante/ dominée; instrument de domination
d) contracter : coopérer, négocier, échanger, promettre, s’engager, testament, rendre hommage, fêter, célébrer => début du droit (parole devant les autres– création de l’espace publique// démocratie / ésotérisme)…
parole comme action socio- politique : la parole au chef/au peuple (porte-parole), parler au nom du peuple
Faut-il donner la parole au peuple ?
La parole rapproche-t-elle les hommes ?
=> la parole : droits et devoirs (liberté d’expression)
droit de l’enfant : parole et expression
4) Quand dire c’est faire : la parole comme action (parler pour ne rien dire…)
On parle à quelqu’un, devant, pour les autres, la parole est donc un moyen d’agir sur les autres et sur le monde => éthique de la parole
a)pouvoir créateur de la parole – nommer c’est faire exister : religion, chamanisme, magie (invoquer, superstition…)/ parler de autrui : le reconnaitre comme sujet, nom propre mais rumeur, ragot, bavardage…
Le cratylisme politique : corriger le monde en se contentant de rectifier son langage
Quand le politicien parle au nom de, « leur » parle-t-il ?
b)Parole : pouvoir de en pouvoir sur => parler avec autrui : domination, persuader/convaincre, rhétorique, commander, faire faire, violence, menacer, injurier, blâmer, complimenter, flatter, séduire, maudire, la parole comme outil de contestation et de subversion (parole et violence) la parole : outil de domination ?
–1984 Orwell : appauvrir la parole pour dominer les hommes, Le langage totalitaire au prisme de l’analyse de discours
-bien dire (morale) : parole comme don, qui ouvre, donne la parole à l’autre (quand ? que ? à qui ?) parole consolante, motivante, guérir par la parole / discours fermé du dictateur, pub ou Etat qui prétend légiférer bonheur, désir des gens… /
–esthétique du dire (comment bien parler ? ) forme, intonation, figures de style, métaphore, parabole… plaisir, « changez de ton, mettre les formes, esprit de finesse, citation, poésie, rire, humour, plaisanterie, ironie…
CF. Suffit-il de communiquer pour dialoguer ?
« Au commencement était le Verbe »… nous voilà prévenus. La tradition des religions révélées ne tergiverse pas : il faut la Parole pour créer le monde. Le démiurge ressemble à l’écrivain : il doit nommer les choses pour leur donner l’existence. La parole sert à engendrer, à façonner, à communiquer, à traduire mais elle sert aussi à travestir et à tromper. Cette ambivalence est à la source même de sa richesse. « Words, words, words » s’exclame le Prince du Danemark, perdu dans le labyrinthe des mensonges et faux semblants qui enserrent son existence… Comment parvenir à la vérité des êtres s’ils vous mentent ? Comment accéder à autrui s’il s’échappe par le subterfuge du langage ?
Si on remonte aux origines, prêtons l’oreille à Esope : on raconte que son maître lui demanda un jour de disserter habilement devant les invités d’un banquet. Le docte esclave devait exposer ce qu’était la meilleure chose au monde. Il répondit que c’était la langue parce qu’elle servait à s’exprimer, à louer les dieux, à faire des serments d’amour… Le maître fut satisfait. Renouvelant plus tard l’expérience, il exigea d’Esope qu’il décrive devant les convives la pire des choses. L’esclave expliqua qu’il s’agissait de la langue qui sert à mentir et se parjurer, maudire les dieux et tromper qui vous aime… laissant maîtres et invités dans la plus grande des confusions.
No comments