Le jazz fusion, est un courant musical lancé vers 1970, mêlant des éléments extraits du jazz avec d’autres courants musicaux comme le rock et le funk. Le jazz-rock a permis d‘élargir considérablement le public du jazz, qui s’était beaucoup réduit avec le free jazz, et a généré de nombreux succès commerciaux. Le mouvement est surtout marqué, entre autres, par Miles Davis, John McLaughlin, Stanley Clarke, Herbie Hancock et les groupes Weather Report, Mahavishnu Orchestra, Return To Forever. À la fin des années 1960, certains musiciens de jazz, emmenés par Miles Davis (In a Silent Way, 1969, suivi de Bitches Brew, 1970), expérimentent le mélange des formes et des techniques d’improvisation du jazz avec les instruments électriques du rock ainsi que les rythmes de la musique soul et du rhythm and blues. Parallèlement, quelques artistes issus du rock commencent à intégrer des éléments venus du jazz à leur musique ; Frank Zappa fut un pionnier avec son album Hot Rats de 1969. C’est au cours des années 1970 que la fusion connaît son heure de gloire mais le style continue à évoluer. Plutôt qu’un style musical clairement codifié, le jazz fusion peut être considéré sous l’angle d’une tradition ou d’une approche particulière de la musique. Une partie du rock progressif est également classée sous l’appellation de fusion.
Le jazz fusion est typiquement une musique instrumentale. Les morceaux sont généralement longs, avec de longues phases d’improvisation, des motifs et des signatures rythmiques souvent complexes, (ex : Actual Proof de Herbie Hancock ou Nite Sprite de Chick Corea), des caractéristiques qu’on retrouve rarement dans les autres formes de musique occidentale. De nombreux musiciens de jazz fusion sont connus pour être des virtuoses.
Le trompettiste et compositeur Miles Davis est un acteur majeur de la naissance et du développement du jazz fusion. Après avoir enregistré un grand nombre d’albums entre 1959 et 1963 et avoir popularisé plusieurs genres de jazz, en particulier le cool jazz et le jazz modal, Miles Davis entre dans une période particulièrement productive à partir de 1964, avec un quintette formé de Wayne Shorter, Ron Carter, Herbie Hancock et Tony Williams. Le quintet est source d’une formidable jubilation pour Davis, qui trouve une grande satisfaction dans le jeu de ses partenaires. L’album de 1966 Miles Smiles incorpore déjà des mélanges de métrique qui deviendraient caractéristiques du jazz-rock.
À ses débuts, Weather Report est un groupe de fusion tournée vers l’avant-garde expérimentale, dans la lignée de In a Silent Way. Le groupe est particulièrement remarqué à la sortie de ses premiers albums studio et live, comprenant des chansons dont la durée excède parfois les trente minutes. Plus tard le groupe adopte un son plus commercial et remporte un grand succès avec la chanson Birdland. On peut également remarquer dans les albums du groupe des influences de différents styles musicaux latins ou africains, qui créent un nouveau courant de fusion lié à la world music. Jaco Pastorius, un bassiste électrique à l’approche innovante et techniquement spectaculaire, rejoint le groupe en 1976 sur l’album Black Market et est particulièrement mis en avant dans l’album live de 1979 8:30.
Heavy Weather est un des disques de jazz-rock ayant remporté le plus grand succès populaire. Au Royaume-Uni, le mouvement de jazz fusion est mené par le groupe Nucleus de Ian Carr et dont les deux membres clef Karl Jenkins et John Marshall rejoignent plus tard le groupe emblématique Soft Machine; ses leaders seront plus tard connus sous le nom d’école de Canterbury. Leur album le plus vendu, Third (1970), est un double album comprenant une piste par face, dans le style des enregistrements de Miles Davis mentionnés plus haut. Un autre groupe britannique notable dans la lignée du jazz-rock de Blood, Sweat and Tears et Chicago est If, qui produit un total de sept albums dans les années 1970.l
Vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, une grande partie du mouvement jazz-fusion original se trouve dilué dans d’autres branches de jazz et de rock, tout spécialement le smooth jazz. Le mélange de jazz et de musique pop/rock prend un tournant moins avant-gardiste et plus commercial, sous la forme de compositions aux sonorités plus douces, plus proches du soft rock et susceptibles de connaître une plus large diffusion, radiophonique notamment. Selon l’article de AllMusic sur la fusion, en devenant plus commercial, la musique désignée sous le nom de « fusion » finit par n’être plus qu’une combinaison de jazz, d’easy-listening, de pop music et de R&B. Portés par l’énorme succès d’un Al Jarreau, George Benson, ou du groupe Manhattan Transfer (comptant à eux 3 de nombreux Grammy Awards en récompense) d’autres artistes se popularisent tels Kenny G, Bob James et David Sanborn, ou les guitaristes Lee Ritenour et Larry Carlton, figures de cette fusion teintée de pop (aussi connue sous le nom de « west coast » ou « AOR fusion » dont 2 des producteurs majeurs furent Jay Graydon -également immense guitariste solo- et David Foster -immense pianiste mélodiste). Ce courant, fréquemment désigné sous le nom de smooth jazz, est sujet de controverses aussi bien chez les amateurs de jazz populaire que de jazz fusion, qui considèrent qu’il est trop commercial et manque des qualités qui avaient caractérisé le jazz depuis plusieurs décennies, en particulier sur le plan de l’improvisation.
https://www.youtube.com/watch?v=MO-SxghBK_0
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