PhiloStjo

Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

HLP Term : Notes atelier suis-je mon corps ?

Les différentes images ont fait surgir des questions sur le rapport du corps au soi.

La différence entre le corps vécu et le corps perçu/ la création de son corps vs sa normalisation / les aspects incontrôlables, qui nous échappent du corps (passif.actif) /

 

Suis-je mon corps ?

Question bizarre !

Dans Le Sentiment même de Soi, Damasio pose la question : nous constatons que « un corps unique va de pair avec un soi unique. ». De fait, les individus souffrants de troubles de la personnalité, se prenant pour deux personnes, sont considérés comme des cas pathologiques. Et chaque corps a son esprit : les jumeaux, tout en ayant des corps semblables, ont des esprits qui leur sont propres. Fait banal sur lequel on peut s’interroger : « Voilà qui est surprenant, non ? Pourquoi ne devrions-nous pas en règle générale, trouver deux ou trois personnes dans un seul corps ? Quelle économie de tis- su biologique ! Ou pourquoi des personnes de grande capacité intellectuelle et de grande imagination n’habiteraient-elles pas deux ou trois corps ? Que se serait amusant, quel monde de possibilités ! Pourquoi n’y aurait-il pas des personnes sans corps dans notre voisinage, vous savez, des fantômes, des es- prits, des créatures sans poids et sans couleur ? Pensez aux économies d’espace ! Mais le fait est, purement et simplement que de telles créatures n’existent pas en ce moment, et rien n’indique qu’elles aient jamais existé, et la raison pour laquelle il en est ainsi est qu’un esprit, ce qui définit une personne, re- quiert un corps et qu’un corps, un corps humain assurément, engendre naturellement un seul esprit. ».

On parle plus souvent du corps comme un avoir. On dit j’ai un corps « en bonne santé » par ex et pas je suis un corps en bonne santé ! Mais dire « avoir » est-ce suggérer qu’il serait possible de distinguer radicalement le sujet de son corps comme n’importe quel objet extérieur ? Ce corps que je dis avoir, n’est-il pas plutôt celui que je suis en tant que JE n’est pas dissociable de ce par quoi je m’insère dans le monde, le perçois et agis en lui ? Apparemment on ne le considère pas comme un simple objet.

Mais suis-je mon corps sans écart au point de coïncider avec lui ? Ne le vit-on pas parfois comme une étrangeté, quelque chose dans quoi on ne se reconnait pas ?

 

On a l’habitude de penser le corps comme quelque chose qui ne se suffirait pas à lui-même. On le pense souvent dans son rapport à l’âme, l’esprit, la conscience.

 

La plupart du temps, la priorité est mise sur ces derniers et non sur le corps pour qualifier la personne, son identité, le soi. Cette dichotomie que pose le sujet est donc courante, ne serait-ce que dans notre langage courant.

 

On pourrait se demander si le corps est une prison, un obstacle au « devenir soi-même », à « l’être soi-même » ou bien s’il est un moyen d’expression de soi, de devenir soi ?

 

Peut-être y a t-il encore un problème à le considérer comme un moyen, outil, un instrument à disposition, qu’on aurait « sous la main » ? Locke dans son Second Essai sur le Gouver- nement Civil définit le corps comme notre première propriété et par là il jette les bases d’un droit de vendre sa force de travail. « Chacun a un droit particulier sur sa propre personne, sur laquelle nul autre ne peut avoir aucune prétention. Le travail de son corps et l’ouvrage de ses mains sont son bien propre. ». Notre corps est vu comme notre première propriété, au fonde- ment de nos autres propriété puisque c’est le corps qui travaille. Penser le corps comme producteur est-ce vraiment lui recon- naître la dignité qu’il mérite ? Car il devient un outil exploité et son exploitation fait disparaître toute finalité.

 

Ex : les nouvelles technologies bio-médicales ont introduit une crise dans les conceptions juridiques et philosophiques qui concernent le statut du corps humain et son rapport avec la personne.

 

Inviolabilité du corps humain : ex : prélèvement d’organes sur un mourant lorsque l’absence de refus explicite est tenu pour un consentement tacite. Mais, si les textes reconnaissent à la personne le droit de s’opposer à toute atteinte à son intégrité physique, ils admettent également que celle-ci a le droit d’autoriser une telle atteinte.

 

Indisponibilité du corps : ex : location d’utérus, de vente de tissus, d’organes, de gamètes. Problème : remise en cause de différenciation juridique entre ce qui est de l’ordre des biens et ce qui relève de la personne ( entre ce qui a un prix et ce qui a une dignité cf. Kant).

Ceci pose d’ailleurs la question plus générale de la vente des services de son corps au travail. Est-ce une aliénation ? (Cf. Marx)

 

Elles font du corps un objet. Camps de concentration : déshumanisation des corps, outil de travail, tatouage numéro. L’instrumentalisation du corps de l’autre (en faire un objet) est une déshumanisation. L’esclave enchaîné comme une bête de somme, le viol, la torture, nous rappellent cette importance de l’inviolabilité et l’indisponibilité du corps de la personne. Habeas Corpus en 1215

 

Un tic, une maladie, la fatigue, la faim, un handicap, les changements du corps à l’adolescence, l’effet des drogues, l’anorexie ou la boulimie sont autant d’exemples qui illustrent des cas où l’on ne contrôle plus son corps et où on peut avoir le sentiment que son corps n’est pas soi. Dans ce cas on serait tenté de dire qu’on a un corps sans l’être.

 

On dira par ex en vieillissant que « le corps ne suit plus » que « le corps nous échappe » et à l’inverse d’une personne à l’état végétatif qu’ « il n’est plus qu’un corps. », ou bien qu’il est « prisonnier de son corps ».

 

Cependant au sein de tous ces exemples on peut distinguer ceux qui sont considérés comme « normaux » c’est-à-dire qu’ils suivent la logique de croissance et de dégénérescence du corps (ce qui ne veut pas dire qu’ils ne font pas souffrir) et ceux qui sont accidentels (maladies, accidents).

 

Paradoxalement, en même temps qu’on sépare le corps du moi (on fait du corps un avoir, une propriété), on fait aussi l’expérience de leur lien intime. Par exemple, si j’ai honte parce que ma pudeur a été blessée, c’est bien parce que je ne considère pas mon corps comme un simple objet. Si l’on porte atteinte à l’intégrité de mon corps, cela m’insupporte (outre la douleur) Cf. expérience de pensée du changement de corps. Cf. Starters de Lissa Price.

 

De même le plaisir ou la douleur sont des expériences intimes, incommunicables, irréductiblement privées que je vis « dans » mon corps comme miennes mais qui me constituent tout autant.

 

 

 

Il n’y a pas de conscience sans corps. Il impose ses limites à la conscience (champ de vision, une capacité de déplacement même réduite, contraintes physiologiques etc.) Mais c’est surtout ce à partir de quoi il y a un monde pour le sujet. En ce sens un fantôme, ange sans corps est un paradoxe.

 

Une grande partie de mon identité passe par mon corps mais pas tout. Il suffit de voir une photo de soi prise il y a dix ans pour prendre conscience de cela.

 

Le rapport de son corps à soi est-il naturel ou culturel ? L’exemple de la pudeur, des normes vestimentaires (genre, profs etc), le maquillage, les tatouages semblent être davantage des éléments extérieurs qui modèlent notre corps, qu’une expression singulière de l’individu. Peut montrer la classe sociale, la fonction, les intentions (guerre, séduction…). Le corps montre et cache.

 

Le corps nous rappelle notre finitude (grandir, vieillir, mourir).

 

 

Comment penser les rapports du corps et de la conscience ? Le fait d’avoir un corps est-il pour l’homme un obstacle à l’épanouissement de sa rationalité ? Nous nous souvenons tous du Phédon et du corps défini comme « le tombeau de l’âme ». Certes, mais il y a des façons de penser plus pacifiquement les rapports du corps et de l’esprit, de les comprendre comme une complémentarité, une expression mutuelle.

 

Notre corps n’est pas seulement un corps parmi les corps, c’est un corps qui a conscience de ses sensations, qui a des perceptions conscientes, bref qui réfléchit les autres corps et réfléchit lui-même.

Conceptions du corps dans l’histoire :

Platon

Matérialisme antique

Descartes – La Mettrie – Sade

Kant

Nietzsche

Merleau-Ponty

 

Pour approfondir : https://www.philolog.fr/ai-je-un-corps-ou-suis-je-mon-corps/

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/old2/articles.php?lng=fr&pg=19129

https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-lundi-30-novembre-2020

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One comment

  1. Ping by Plan HLP Term : La recherche de soi – PhiloStjo on 27 octobre 2020 at 14 h 31 min

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